Grégory Desauvage Historien de l’art Musées de <strong>Liège</strong> Les beaux restes d’une reine de Babylone Restauration de la Séminaris de Christian Köh l e r Christian Köhler, un épigone pas comme les autres Né en 1809 à Werben en Allemagne, Christian Köhler est issu d’un milieu modeste. Il est engagé comme palefrenier au service du romancier K. G. S. Heun 1 . Conscient de l’intérêt de son employé pour les beaux-arts, l’écrivain le présente au peintre Wilhelm Schadow qui connaît à cette époque une renommée internationale pour avoir fondé, avec d’autres artistes, le mouvement nazaréen. Ce courant artistique du début du xix e siècle prône un retour à la spiritualité en peinture et encourage l’utilisation d’une technique sobre. Sa notoriété lui permettra, quelque temps plus tard, d’introduire Christian Köhler à l’Académie de Berlin où il commencera sa formation artistique. En 1826, Köhler devient l’élève favori de Schadow. Celui-ci entretient de bons rapports avec le gouvernement prussien, ce qui lui vaut d’être nommé Directeur de l’Académie de Düsseldorf. Il en réorganise la structure et donne à l’établissement une renommée européenne. L’Académie profite de cet élan et établit les premiers fondements de la célèbre « École de Düsseldorf ». Köhler décide de suivre son mentor et dirige, dans un premier temps, un atelier de peinture. En 1852, il est nommé professeur à l’Académie, où il enseigne le dessin ancien et la peinture, de 1855 à 1858. Peintre de compositions allégoriques, historiques et bibliques, Köhler s’inspire des œuvres de la Renaissance et étudie particulièrement les toiles de Raphaël. Ses figures féminines deviendront d’ailleurs un modèle du genre pour les artistes qu’il fréquente. Il réalise aussi quelques portraits remarquables, dont un de son maître Schadow et un autoportrait pour l’Académie. Ses peintures religieuses ont été rendues populaires par une série de gravures et de lithographies qui circulent dans toute l’Europe. En 1860, pour des raisons de santé, Köhler cherche un climat plus favorable et s’établit sur la côte méditerranéenne. Il meurt à Montpellier le 30 janvier 1861. Grâce au soutien du Fonds David- Constant, le Musée d’Art moderne et d’Art contemporain de la Ville de <strong>Liège</strong> (MAMAC) redécouvre une toile de ses collections. Ce tableau (huile sur toile, 258 x 304 cm),réalisé par Christian Köhler en 1852et s’intitulant Sémiramis, naguère en péril, est aujourd’hui sauvegardé à la suite d’une restauration intégrale. Köhler et l’art de son temps Le xix e siècle, en Allemagne comme ailleurs en Europe, voit déferler le mouvement romantique. Alors qu’il est en plein épanouissement, en 1808, au nord de l’Allemagne, un groupe d’artistes du sud des pays germanophones fait sécession et quitte l’Académie de Vienne. Parmi ces peintres figurent Friedrich Overbeck, Franz Pforr, Wilhelm Schadow et Cornélius. Écœurés par le formalisme de l’enseignement prussien et mus par la volonté affirmée de renouveler l’art allemand, ces peintres préconisent un retour aux valeurs chrétiennes et réaffirment le noble sentiment patriotique. Ils créent la « Confrérie de saint Luc » et s’installent dans un couvent désaffecté de Rome, en 1810. Cette communauté se convertit au christianisme et donne naissance au courant nazaréen. Leurs préceptes esthétiques avantagent le fond sur la forme. La composition devient figée, les couleurs se ternissent, les sujets s’orientent vers des thématiques bibliques tandis que leur inspiration se fonde, pour les uns, sur les premières œuvres de Raphaël et le Quattrocento et, pour les autres, sur les primitifs allemands comme <strong>Liège</strong>•museum n° 1, hiver 2010 8
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