Liège Museum n°1

saint Pierre, saint Corneille ou saint Clément, figurent parmi les saints vénérés au
Moyen Âge en région mosane. L’hypothèse qu’il s’agisse ici de saint Clément s’avérerait
vraisemblable si l’on tient compte de ce que celui-ci est, depuis le xi e siècle, le
titre de la paroisse d’Oreye, à quelques encablures de… Fexhe-le-haut-Clocher.
L’hypothèse de l’existence d’un atelier régional pouvait donc être émise. Auraient
été produits dans le même atelier le calvaire de Momalle, et une statue de saint
Hubert provenant de Lavoir (Grand Curtius), proche stylistiquement et géographiquement
des œuvres précédentes.
Ce faisceau d’éléments concordants fut suffisamment convaincant pour que
ce saint pape fût à son tour acquis, grâce à l’intervention de l’asbl « Les Amis du
MARAM », en vue d’enrichir désormais, aux côtés du saint Jean et du saint Hubert,
l’importante section, aujourd’hui au Grand Curtius, dévolue au xiv e siècle mosan.
C’est au sein de cette même section que des rencontres fortuites permirent par
ailleurs de regrouper quelques sculptures relevant du style de l’atelier qui, toujours
en région mosane au cours de la même période, se spécialisa dans le travail du
marbre de Carrare.
Tout commença par un courrier reçu par notre prédécesseur L. Dewez, vers
le milieu des années septante et émanant de W. Forsyth, médiéviste américain de
renom. Ce dernier sollicitait de son correspondant qu’il voulût bien vérifier l’existence
en la chapelle du Calvaire à Liège, proche de Saint-Laurent, d’un groupe médiéval
en marbre de Carrare représentant la Mise au tombeau. Si cette demande avait suscité
de prime abord une certaine incrédulité chez le conservateur liégeois, pourtant
l’un des meilleurs connaisseurs de notre patrimoine, il s’acquitta cependant de sa
mission… pour constater que son correspondant avait été parfaitement informé :
cette chapelle du début du xx e siècle recelait bien, depuis 1942, l’œuvre en question.
L’y laisser plus longtemps, dans des conditions de sécurité et de conservation précaires,
s’avérait périlleux. Avec les autorisations requises, un moulage fut mis en place
dans la chapelle, l’original trouvant refuge, pour être exposé, à l’ancien MARAM.
Liège•museum
n° 1, hiver 2010
43