Liège Museum n°1

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de n’avoir pas assez de crédit pour son entreprise, ni un nom suffisamment connu, puis au projet lui-même, qu’il qualifie d’« entreprise chimérique », mais en vain. Finalement il est contraint de s’associer avec Devéria. Puis il lui rachète ses droits et lançe son Encyclopédie méthodique qu’il présente comme « un superbe ouvrage et la vraie Encyclopédie ». Pour cette opération, il s’associe avec Clément Plomteux, imprimeur liégeois, avec qui il avait déjà travaillé pour les éditions in-quarto de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Pourquoi Clément Plomteux ? Aux yeux de Panckoucke, Plomteux est un concurrent important et influent. Il est en effet imprimeur des États, commissaire de la cité, sous-mayeur et conseiller intime du prince-évêque en 1779. Il jouit donc de privilèges étendus. Sa production est importante. De plus il est gestionnaire principal de la salle de jeux de Spa et dispose de ce fait de capitaux importants. Autre avantage : il est liégeois et représente ainsi la parade à l’association des « Liégeois » Devéria et Compagnie. Les premiers volumes paraissent en 1782 à Paris, et à Liège chez Plomteux, mais à partir de 1788, ce dernier n’apparaît plus que comme libraire-dépositaire. En 1789, l’association est rompue, à la suite de nombreux différends commerciaux, et Panckoucke doit racheter les droits à son associé. À partir de 1790, c’est uniquement Paris qui imprime les volumes. En 1794, Panckoucke a publié plus de 100 volumes ce qui représente la moitié de l’ensemble de l’œuvre. Il vend alors son entreprise à son gendre Henri Agasse. Le dernier volume qui clôture le projet paraît en 1832. Si cette publication lui apporta gloire et honneurs, elle ne fut cependant pas très rentable. En effet, la révolution réduisit considérablement le nombre des souscripteurs. Pourquoi cette encyclopédie ? L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert était critiquée tant sur la forme que sur le fond. La structure alphabétique découpait des savoirs complémentaires ou en rapprochait, sans rapport les uns avec les autres. Cette confusion ne permettait pas au lecteur de trouver une information complète et pertinente. De plus l’étendue des connaissances s’accélérait en cette seconde partie du xviii e siècle. L’objectif de Panckoucke était de corriger cette méthode et d’élaborer un dictionnaire spécialisé propre à chaque thème. Le nombre de thèmes varia avec le temps. De 27 thèmes au départ, on en évoquait 49 dans le prospectus de 1789. Ses collaborateurs étaient issus de la jeune et nouvelle génération de scientifiques, juristes, médecins, naturalistes, ingénieurs. Peu de philosophes et gens de lettres. Le titre complet est : L’Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières par une société de gens de lettres, de savants et d’artistes ; précédée d’un Vocabulaire universel, servant de Table pour tout l’Ouvrage, ornée des Portraits de MM. Diderot et d’Alembert, premiers Éditeurs de l’Encyclopédie. On compte 206 volumes avec une page de titre complète à chaque volume, environ 125 350 pages de texte et 6 300 planches. Elle est ainsi cinq fois plus grande que l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (25 000 pages). Les matières traitées sont les suivantes. Agriculture (7 vol.), Amusements des sciences (1 vol.), Antiquités et mythologie (5 vol.), Architecture (3 vol.), Art aratoire et du jardinage (1 vol.), Art militaire (4 vol.), Artillerie (1 vol.), Arts et métiers mécaniques (8 vol.), Assemblée nationale constituante (1 vol.), Beaux-arts (2 vol.), Botanique (13 vol.), Espèces de chasses (1 vol.), Chimie (6 vol.), Chirurgie (2 vol.), Commerce (3 vol.), Économie politique (4 vol.), Encyclopediana, ou Dictionnaire encyclopédique des ana, … (1 vol.), Arts académiques, équitation, escrimes, danse et art de nager (1 vol.), Finances (3 vol.), Forêts et bois (1 vol.), Géographie ancienne (3 vol.), Géographie moderne (3 vol.), Géographie physique (5 vol.), Atlas encyclopédique (2 vol.), Grammaire et littérature (3 vol.), Histoire (6 vol.), Histoire naturelle (14 vol.), Jurisprudence (10 vol.), Logique et métaphysique (4 vol.), Manufactures, arts et métiers (4 vol.), Marine (3 vol.), Mathématiques (3 vol.), Médecine (13 vol.), Musique (2 vol.), Espèces de pêche (1 vol.), Philosophie ancienne et moderne (3 vol.), Physique (4 vol.), Anatomie et physiologie (4 vol.), Théologie (3 vol.), Vocabulaire universel (jamais paru). Liège•museum n° 1, hiver 2010 20
Bibliographie - Suzanne Tucoo-Chala, Charles-Joseph Panckoucke et la librairie française : 1736-1798, Pau, Marrimpouey Jeune ; Paris, J. Touzot, 1977. - Pol-P. Gossiaux, « L’Encyclopédie “ liégeoise ” (1778- 1792) et l’Encyclopédie nouvelle ». In : Livres et lumières au Pays de Liège : 1730-1830 / sous la direction de Daniel Droixhe, Pol-P. Gossiaux, Hervé Hasquin et Michèle Mat-Hasquin, Liège, Desoer, 1980. - Dictionnaire encyclopédique du livre. Sous la dir. de Pascal Fouché, Daniel Péchoin, Philippe Schuwer ; et la responsabilité scientifique de Pascal Fouché, Jean- Dominique Mellot, Alain Nave..., Paris, Éd. du Cercle de la librairie, 2005. - Catalogue de la Bibliothèque nationale de France : notices sur l’Encyclopédie et sur Panckoucke. - www.haraldfischerverlag.de Liège•museum n° 1, hiver 2010 21 On remarque que c’est la rubrique médecine qui comporte le plus de volumes (13), auxquels il faut y ajouter les 2 volumes de chirurgie. Cette Encyclopédie méthodique présente dans les bibliothèques patrimoniales a été souvent confondue avec l’Encyclopédie de Diderot. Cela provient certainement des mentions des noms de Diderot et d’Alembert sur la page de faux-titre. Il n’est pas non plus aisé d’en constituer une collection complète. Peu d’institutions en possèdent l’intégrale. Moins bien considérée que l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, moins complète aussi, elle reste cependant un témoignage primordial de l’époque pour les changements révolutionnaires qui sont apparus dans les domaines des sciences, de la culture, de la politique et de la société. •
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