Liège Musées n°4

Liège•museum 

n° 4, juin 2012 

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Sommaire 


Bulletin des musées de la Ville de Liège. 

museum@liege.be 

imprimé à 3 000 exemplaires sur papier recyclé, sans chlore, 

par l’imprimerie de la Ville de Liège. 

photos : sauf mention contraire, Ville de Liège 

(Marc Verpoorten, Yvette Lhoest). 

Liège, juin 2012, n° 4. 

petit 

expositions 

par ailleurs 

4 Alabastres, amphoristes, œnichoés 

De précieux flacons aux saveurs orientales 

8 Petits bouts de textiles multimillénaires 

10 Sesterce inédit de Trajan 

12 Grand coffret à ouvrages 

Une splendeur des « bois de Spa » 

14 Intailles et camée d’époque romaine 

16 Histoires courtes 

Domestication du feu 

production en série 

Espèce disparue 

Chômage patriotique 

À la mémoire d’Hippolyte Lamproye 

Objet mystère 

Gradine 

20 Amulettes scaraboïdes 

Des croyances à la magie, du religieux au terrestre 

22 Deux Boudin 

Plage de Trouville et Plage de Trouville à la cabine 

24 Agenda des expositions temporaires 

26 Expositions temporaires 

36 Wer ist Ernest ? 

De l’irrévérence comme un des beaux-arts 

38 André Ernest Modeste Grétry (1741-1813) 

Bicentenaire 

40 Émile Salkin 

Afin qu’il occupe une juste place 

41 Fanny Germeau 

Une artiste engagée 

42 Antoine-Marin Mélotte 

Batailles d’Alexandre d’après Charles Le Brun 

43 Décor actuel inspiré de l’Antiquité 

À propos de quelques armes 

Erratum 

Dans l’article « Une sainte Cécile tombée des nues » 

paru dans Liège•museum n° 3, 

deux corrections doivent être apportées 

dans le chapitre intitulé La sainte Cécile de Liège, datation, état de la question. 

1. Chaque fois que le mot scintigraphie apparaît, 

préférer lire spectrométrie de fluorescence X. 

2. Remplacer la présence de blanc de zinc et de pigments à base de chrome […] par 

l’absence de blanc de zinc et de pigments à base de chrome ou de cadmium […]. 


n° 4, juin 2012 

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Le Grand Curtius a été reconnu comme musée de la catégorie A par la Fédération 

Wallonie-Bruxelles. Au delà des moyens plus importants et bienvenus qui seront mis 

à la disposition des projets du musée, c’est d’abord cette reconnaissance que je 

voudrais souligner. 

La décision de la Ministre a suivi l’avis du Conseil des Musées qui a constaté que Le 

Grand Curtius satisfaisait à nombre de conditions sévères en matière de conservation 

des œuvres, de présentation, de pédagogie et surtout de projet pour les trois années 

2012-2014. 

Beaucoup a déjà été fait et beaucoup doit encore être fait, au Grand Curtius comme 

dans les autres musées de la Ville. Le signe encourageant que leur adresse la 

Fédération Wallonie-Bruxelles ne peut qu’inciter tous ceux qui leur donnent vie à 

continuer leur travail et amplifier leurs ambitions. 

L'Échevin de la Culture et des Relations interculturelles 

Éloge du petit 

Ce numéro de Liège•museum se penche sur 

quelques-unes des plus petites pièces des 

musées : aryballe, sesterce, camée, bout de 

textile préhistorique… Les histoires que nous 

racontent ces petites choses sont passionnantes 

: encore faut-il que le visiteur du musée 

puisse les (re)connaître. 

Cette nécessaire transmission sera un des 

enjeux de la nouvelle mise en valeur des collections 

dans le cadre de la reconnaissance 

du Grand Curtius en catégorie A : laisser à 

toutes les œuvres le temps et la place de nous 

parler. Nous en reparlerons. 

Jean-Marc Gay 

Directeur des musées de la Ville de Liège 


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Jean-Paul Philippart 

Conservateur 

Grand Curtius, département du verre 

Alabastres, amphoristes, œnochoés 

De précieux flacons aux senteurs orientales 

Ces flacons – dont les plus communs sont les alabastres, les amphorisques, les 

aryballes et les œnochoés – copient les formes des contenants grecs réalisés en 

céramique ou en métal. La production intensive de tels récipients dans des ateliers 

méditerranéens se situe entre la fin du 6 e et le milieu du 1 er siècle avant J.-C. 

C’est de cette période que datent les vingt-quatre flacons du Grand Curtius. 

À l’exception d’une œnochoé miniature (acquise en 1981), ils faisaient partie de la 

collection d’Armand Baar qui avait acheté ces pièces entre 1911 et 1934 lors d’une 

vente à Paris et chez des marchands d’art à Bruxelles, Paris, Barcelone, au Caire, à 

Constantinople, aux Dardanelles et au Liban (six verres). Il n’est pas possible d’établir 

avec certitude leur provenance car leur lieu de découverte nous est inconnu. 

Les alabastres 

Entre la fin du 6 e et le début du 2 e siècle avant J.-C., le corps de l’alabastre est allongé 

et de faible diamètre, le fond est arrondi. À la partie supérieure, il est pourvu de deux 

petites anses en forme de dauphin. Le col court est surmonté d’une embouchure en 

forme de large disque aplati, avec la lèvre soulignée d’un filet coloré. Le plus bel 

exemplaire du Grand Curtius est façonné dans un verre de couleur brune mais le 

blanc et le bleu sont le plus souvent utilisés. Le décor incrusté de la panse est constitué 

d’une alternance de chevrons (zigzags) jaune et turquoise. Ces mêmes couleurs 

sont utilisées pour les filets spiralés ornant la partie supérieure et le fond (1). 

À la fin du 2 e et au 1 er siècle avant J.-C. (basse époque hellénistique), la panse 

est biconique, le col s’allonge et les anses sont réduites à deux petits tenons. Des 

filets spiralés sont incrustés sur le col et la partie inférieure de la panse. Un nouveau 

procédé décoratif apparaît : les fils de verre coloré disposés en festons ou en plumes 

d’oiseau (2, 3 et 4). 

L’alabastre est l’une des formes privilégiées pour contenir du parfum. L’orifice 

pourvu d’un disque plat permet en effet une application plus aisée et plus parcimonieuse 

du précieux liquide. L’appellation vient du grec albâtre, car ce type de récipient 

était le plus souvent façonné dans cette matière. Le système d’obturation le plus 

usité était en matière périssable, comme du liège enveloppé de tissu, mais un flacon 

conservé au Louvre est muni d’un bouchon cylindrique en métal doré. 

Ces dénominations de récipients nous 

incitent à voyager dans les lointaines 

contrées du monde antique, exhalant 

des parfums aux essences exotiques. 

De couleurs éclatantes, ils étaient 

fabriqués selon la technique du 

verre moulé sur noyau, pratiquée 

dès 1500 avant J.-C. en Égypte 

et en Mésopotamie. Il s’agit 

du plus ancien procédé de 

fabrication pour l’obtention d’un 

récipient en verre creux, avant 

l’invention de la canne à souffler. 

1 

Dessins de M. Böhm 

A B C D 

E 


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4

Les amphorisques 

Les amphorisques datant de la période comprise entre la fin du 6 e et le 5 e siècle 

avant J.-C. sont caractérisées par une panse ovoïde se rétrécissant vers le bas et 

un fond pointu souvent pourvu d’un bouton terminal. Le col court au profil incurvé 

comporte un bord évasé souligné par un filet coloré. Les anses de forme coudée ou 

arrondie sont de petites dimensions. La plus belle amphorisque du Grand Curtius 

aux couleurs éclatantes est façonnée dans un verre bleu cobalt orné d’un décor 

jaune et turquoise. Une zone centrale légèrement côtelée incrustée de chevrons 

(zigzags) est enserrée entre des filets circulaires. Une anse est jaune et l’autre est 

bleue (5). 

Des amphorisques à plus grande contenance vont être produites à la fin du 

2 e siècle et au 1 er siècle avant J.-C. (basse époque hellénistique). Elles sont caractérisées 

par un haut col cylindrique, une panse ovoïde allongée et pourvues de deux 

grandes anses réalisées le plus souvent en verre incolore. L’ornementation incrustée 

est généralement constituée de filets enroulés autour du col et de plumes d’oiseau 

2 3 4 5 

A. Le verrier façonne un noyau constitué 

d’argile, de sable et de fibres végétales 

(herbe, paille, …) selon la forme qu’il 

souhaite obtenir. Le noyau est fixé à 

une tige métallique qui sert de support 

à la fabrication. 

B. Soit le noyau est plongé dans un creuset 

rempli de verre en fusion. 

C. Soit il est recouvert d’un enroulement de 

verre à l’état pâteux. Après avoir roulé 

le noyau vitrifié sur une surface plane 

pour régulariser la forme, le verrier l’enroule 

de fils de verre coloré. 

D. Il utilise un ustensile pointu pour réaliser 

le décor géométrique désiré (festons, 

chevrons, …) et applique alors le col, 

les anses, le pied ou le bouton terminal. 

E. Une fois le verre refroidi, la tige métallique 

est enlevée ainsi que le noyau 

argileux qui s’est rétracté. 


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sur la panse (6). Sur certains exemplaires, la panse est moins allongée et les anses 

sont plus fantaisistes. Ainsi, chaque long ruban de verre part de l’embouchure pour 

former une boucle, puis est rabattu sur le reste du col rectiligne pour se détacher à 

nouveau de l’épaulement de manière à former une deuxième boucle (7). Cette forme 

spécifique est seulement attestée en Syrie et à Chypre 1 . 

Enfin, une amphorisque trappue se différencie des précédentes par un col 

court à deux petites anses et une panse ovoïde globuleuse terminée par une 

« goutte » (8). Ce modèle daté entre 150 et 50 avant J.-C. serait de production 

chypriote 2 . 

Les alabastres et les amphorisques pourvues d’une base à bouton terminal 

étaient posées sur un support en verre, en or, en argent ou suspendues par une 

chaînette passée entre les anses. 

Les œnochoés 

Les œnochoés sont des cruches de petites dimensions au corps ovoïde relié au col 

court par une anse courbe ; l’orifice est trilobé. Contrairement aux alabastres et aux 

amphorisques, elles peuvent être posées sans support car elles sont pourvues 

d’une base circulaire suffisamment large. La décoration est constituée de filets 

enroulés ou en zigzags pour les pièces datées entre la fin du 6 e siècle et le début du 

4 e siècle. Le décor s’enrichit de fils colorés disposés en plumes d’oiseau sur les 

cruches de la seconde moitié du 4 e au 3 e siècle avant J.-C. On voit aussi apparaître 

à cette époque les cruches miniatures comme le seul exemplaire d’œnochoé faisant 

partie des collections du département du verre du Grand Curtius (9). 

Production industrielle pour commerce de luxe 

L’attrait exercé par la grande qualité d’exécution de ces flacons à parfum a favorisé 

leur large diffusion dans le monde grec et égéen (Grèce, Turquie, mer Noire, Italie du 

Sud et Sicile) et dans de nombreux pays du Proche-Orient qui étaient en contact 

avec l’empire grec (Liban, Palestine, Syrie, Chypre, Égypte). Cette vaste commercialisation 

rend difficile la détermination de la région où ils ont été produits, mais il est 

fort probable qu’il s’agisse des pays bordant la Méditerranée orientale. Dans plusieurs 

ouvrages consacrés au verre antique, on attribuait aux Phéniciens la paternité 

de la production de ces flacons à parfum et on parlait donc de « production phénicienne 

». Il est clair que les Phéniciens, grands navigateurs, ont joué un grand rôle 

dans leur commercialisation. Au Proche-Orient, leur territoire comprenait le Liban et 

une partie de la Syrie et de la Palestine. Ils avaient établi de nombreux comptoirs 

commerciaux à Chypre, à Malte, en Sicile, en Sardaigne, en Espagne et en Afrique 

du Nord dont Carthage (actuelle Tunis) est la cité la plus célèbre. On y a retrouvé 

dans des nécropoles plusieurs modèles d’alabastres, d’amphorisques, d’aryballes et 

d’œnochoés, mais malheureusement aucune trace d’atelier de verrier. 

Le résultat de fouilles archéologiques et des études récentes permettent tout 

de même d’étayer des attributions plus affinées pour les flacons datés de la période 

comprise entre la fin du 6 e et le début du 4 e siècle avant J.-C. et qui constituent le 

groupe « Méditerrannée I ». Il s’agit d’une production « gréco-orientale », avec l’île 

de Rhodes comme lieu de découvertes le plus probant pour cette attribution : un 

grand nombre de récipients proviennent de nécropoles et étaient utilisés lors de rites 

funéraires, des vestiges d’ateliers ont également été mis au jour. Cette industrie 

verrière s’est considérablement développée à la suite de la venue d’artisans du 

Proche-Orient. Ceux-ci ont apporté leur savoir-faire, les techniques de production et 

de décoration pour façonner en verre les formes qui existaient déjà dans la céramique 

grecque. De plus, on produisait à Rhodes une grande quantité d’huiles parfumées 

nécessitant la fabrication « en série » de ces contenants. Vers la fin du 5 e et au début 

du 4 e siècle, période qui correspond au déclin des principales villes de l’île, on constate 

la disparition des flacons moulés sur noyau. 

6 


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6

Les huiles parfumées avaient une grande importance dans le monde antique. 

Elles étaient obtenues en mélangeant l’huile d’olive, d’amande, de sésame ou de la 

graisse animale avec des substances aromatiques issues du monde végétal comme 

les fleurs, les feuilles, les fruits, les graines mais aussi les écorces et les racines. Substances 

odoriférantes onctueuses et luxueuses, elles méritaient bien d’être conservées 

dans des contenants en verre polychrome d’une grande finesse d’exécution. • 

1. Peter Cosyns, « Catalogue des objets du Musée Curtius » n° 163, 

p. 309, in Eugène Warmenbol, La Caravane du Caire, 2006. 

2. Peter Cosyns, « Catalogue des objets du Musée Curtius » n° 159, 

p. 308, ibidem. 

7 

8 

9 

Reproductions à vraie grandeur. 

1. Alabastre, fin du 6 e - début du 5 e s. avant J.-C. 

H 10,4 - ∅ max. 2,9 cm 

B/2314 - Grand Curtius, département du verre 

2. Alabastre, fin du 2 e - 1 er s. avant J.-C. 

H 11,8 - ∅ max. 4,1 cm 



H 13,2 - ∅ max. 4 cm 



H 13 - ∅ max. 3,9 cm 


5. Amphorisque, fin du 6 e - 5 e s. avant J.-C. 

H 7,3 - ∅ max. 5 cm 


6. Amphorisque, fin du 2 e - 1 er s. avant J.-C. 

H 13,8 - ∅ max. 4,5 cm 


7. Amphorisque, 2 e - début du 1 er s. avant J.-C. 

H 13,1 - ∅ max. 5,4 cm 


8. Amphorisque, 2 e - 1 er s. avant J.-C. 

H 10 - ∅ max. 5,8 cm 



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9. Œnochoé, 4 e - 3 e s. avant J.-C. 

H 5 - ∅ max. 3 cm 

81/35 - Grand Curtius, département du verre

Séverine Monjoie 

Collaboratrice scientifique 

au Trésor de la Cathédrale de Liège 

Petits bouts de textiles multimillénaires 

au Grand Curtius 

Des étoffes découvertes puis vendues 

Les fragments proviennent de Wetzikon-Robenhausen (canton de Zurich), un site 

néolithique en bord de lac (palafitte) découvert au milieu du 19 e siècle à l’occasion 

du nettoyage de l’embouchure de l’Aa au niveau du lac de Pfäffikon. La nature chimique 

du sol a permis la bonne conservation d’objets en matières organiques dont 

un nombre important d’artefacts témoignaient d’une activité de tissage. Parmi ceuxci 

se trouvaient nos petits bouts de tissus épargnés de la destruction grâce à l’eau 

mais aussi au feu. Ces étoffes en fibres végétales furent calcinées avant de se retrouver 

immergées, une situation idéale car des fibres carbonisées se rétrécissent et se 

stabilisent d’autant mieux en milieux aqueux. 

Les fouilles durèrent plusieurs dizaines d’années mais le manque de fonds 

nécessita la vente des découvertes à des collectionneurs et à de nombreux musées, 

dont le musée Curtius. On n’hésita pas à découper les étoffes en plusieurs fragments 

pour en tirer un maximum de bénéfices. 

Avez-vous déjà remarqué la présence 

dans la section consacrée à la Préhistoire 

de quelques petits fragments de 

textiles sous cadre ? Ces étoffes, certes 

peu chatoyantes, datent du Néolithique 

et sont un témoignage des premiers 

pas technologiques d’une activité 

quotidienne passionnante, le tissage. 

Entre vannerie et tissage : les étoffes cordées 

Ces textiles néolithiques du Curtius sont, techniquement parlant, des étoffes cordées 

représentant une étape intermédiaire entre la vannerie et le tissage. Cette armure 

(entrelacement de fils de chaîne et de trame pour la production d’un tissu) est attestée 

dès le Paléolithique par une empreinte sur céramique découverte sur le site de 

Pavlov (Moravie). 

Le mode de confection d’une étoffe cordée est tel que les fils d’un système 

(trame ou chaîne) s’entrecroisent régulièrement autour des fils de l’autre système. 

Une ouverture programmée, et donc mécanisée, des fils de chaîne étant impossible, 

cette technique se rapproche des techniques de vannerie. Par contre, elle nécessite 

l’emploi d’un élément fixe, un métier, sur lequel on va tendre les fils de chaîne ne 

possédant pas naturellement une rigidité suffisante. 

L’étude du métier à tisser préhistoriques est encore très lacunaire. Les éléments 

du métier étant presque entièrement périssables (bois, fibres…), le seul métier connu 

est celui dont les fils de chaîne sont lestés de poids ou pesons réalisés en pierre ou 

en argile. En effet, ces objets sont trouvés très fréquemment en fouilles et constituent 

souvent le seul témoignage d’une activité de tissage. Des études ethnoarchéologiques 

et des représentations de métiers à poids permettent de supposer que ce métier était 

de type vertical : les fils de chaîne, tendus par les poids, étaient attachés à une poutre 

de suspension fixée sur deux poteaux verticaux. L’emploi d’un métier pour la confection 

des étoffes cordées est devenu vraisemblable sur base de la découverte il y a 

quelques années de pesons de métier associés à des fragments d’étoffe cordée. 

Sur la plupart des sites néolithiques, les étoffes cordées prédominent par 

rapport aux tissus. Les découvertes archéologiques semblent donc refléter une 

réalité : le tissage ne serait qu’une expression tardive des modes de fabrication des 

étoffes et ne prendrait son véritable essor qu’à partir de l’Âge du bronze. Durant tout 

le Néolithique, il reste effectivement en arrière-plan si on le compare aux étoffes 

cordées utilisées dans la confection de la plupart des textiles. 


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Des fibres 100 % naturelles 

L’utilisation de fibres végétales semble être exclusive 

dans les textiles néolithiques, les premiers tissus en 

laine provenant uniquement de sites de l’Âge du 

bronze. Ce constat doit cependant être nuancé. En 

effet, la présence d’ovi-caprinés dans le cheptel 

néolithique laisse supposer que cette ressource 

n’est pas restée inexploitée. L’emploi de la laine à 

l’époque néolithique est envisageable pour plusieurs 

raisons. Tout d’abord la combinaison laine-lin possède des 

propriétés intéressantes : la laine apporte la chaleur et le lin la 

rigidité. En outre, on constate des variations dans l’exploitation 

de la culture du lin : elle est abondante au iv e millénaire (Néolithique 

moyen) et décline à partir du iii e millénaire. Cette évolution 

est inversement proportionnelle à celle de la domestication du 

mouton. Enfin, les pesons de métiers deviennent de plus en plus légers, phénomène 

à mettre peut-être en relation avec un changement dans le choix de matière 

des fils de chaîne. 

Nos étoffes cordées attestent l’emploi de deux fibres : le liber, 

épais et robuste, est utilisé pour les éléments passifs et le lin, plus 

fin et fragile, pour les fils actifs. 

Les fibres de liber sont situées entre l’écorce et le tronc d’arbre. Les libers utilisés 

dans la confection des textiles sont surtout ceux de chêne et de tilleul. Ces fibres 

sont employées directement, sans être filées. Le liber, assoupli et affiné, est très 

fréquent dans la confection des étoffes cordées. 

Le lin est une des matières premières les plus anciennement exploitées 

dans le tissage. Les premières découvertes de lin non domestiqué 

(linum bienne) ont été faites en Turquie et sont datées 

du viii e millénaire. La forme domestiquée la plus ancienne (linum 

usitatissinum) a été découverte en Irak et date du vi e millénaire. Le 

lin domestiqué se serait répandu du Proche-Orient via les Balkans 

et le Danube jusqu’en Europe où il apparaît dès le Néolithique ancien. 

Les découvertes d’étoffes de lin sont rares au Néolithique moyen 

et atteignent leur présence maximale au Néolithique récent. 

D’après Séverine Monjoie, « Textiles néolithiques conservés 

au musée Curtius », Bulletin de l’Institut archéologique 

liégeois, t. CXI, 2003, p. 5-14. 

Des documents uniques 

Ces trois petits bouts de textile toujours présentés sous les plaques de verre qui les 

protègent depuis des dizaines d’années sont des documents vraiment insolites que 

peu de visiteurs doivent admirer… Mais ils sont là, sous vos yeux, fragiles mais 

stables, prêts à témoigner de la dextérité des artisans d’un très très lointain passé. 

Ces quelques lignes en attestent. 

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Jean-Luc Schutz 

Conservateur 

Grand Curtius, département d’archéologie 

Sesterce inédit de Trajan 

Rome, octobre-décembre 111 

En mars 1902, le creusement des fondations de la maison Wéry-Ramet, à Bois-et- 

Borsu (Clavier, province de Liège), fut à l’origine de la découverte d’une monnaie 

fruste de l’empereur Trajan, d’une lampe à huile en fer à réservoir ouvert, en forme 

de 8, d’un trépied fragmentaire et d’un candélabre en bronze. Des prospections 

entreprises (sous la maison) en mai 1907, par l’Institut archéologique liégeois, 

dévoilèrent le reste du mobilier funéraire d’une sépulture à incinération datée du 

dernier tiers du 2 e siècle après J.-C. 

Il n’existe aucun autre exemplaire connu 

à ce jour de cette pièce de monnaie, 

découverte en 1907 et exposée au 

Grand Curtius. 

Le dépôt funéraire, composé de trente-six pièces, était à l’origine conservé dans un 

coffret de bois bardé de lames de fer. Il comprend un nombre particulièrement élevé 

de céramiques liées au service de la table : cruches, jattes, plats et marmite en 

céramique commune, assiette Drag. 18/31 en sigillée lisse, ainsi qu’un gobelet à 

décor sablé, en céramique engobée colonaise. Le mobilier est également constitué 

de deux verres (un unguentarium - chandelier Isings 82A(2) et une coupe conique 

fragmentaire Isings 80), d’objets en fer (bouilloire, lampe à huile, coupe à deux anses, 

strigiles) et de quelques bronzes exceptionnels (candélabre à plateau portelampe, 

trépied à charnières mobiles, patère et œnochoé …). Le coffret funéraire 

en plomb contenait, outre les restes incinérés, un pendentif en or en forme de 

vase pansu, doté d’un col tronconique et de deux anneaux de suspension. 

Cette tombe, connue dans la littérature sous l’appellation de « tombe 2 », 

va faire l’objet, très prochainement, d’une publication spécifique des 

Musées de Liège. À cette occasion, le réexamen du matériel archéologique 

a permis l’identification d’un sesterce inédit de l’empereur Trajan, frappé à 

Rome en 111 de notre ère. D’après les déclarations des fouilleurs, la pièce 

– mise au jour en 1907 – fut trouvée en dehors de tout contexte archéologique, 

dans une couche de terre qui recouvrait de 30 cm au moins les 

débris du coffret funéraire. 


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Dr. IMP CAES NERVAE TRAIANO 

AVG GER DAC PM TRP COS V DES VI 

Tête laurée à droite. La couronne se 

termine par deux rubans divergents : le 

ruban antérieur descendant sur le cou, 

le ruban postérieur incurvé vers le haut. 

L’empereur, vainqueur des Germains et 

des Daces, grand pontife, revêtu de la 

puissance tribunicienne, consul pour la 

cinquième fois (COS V), est désigné 

pour une sixième fois 

(DES VI). 

Rv. SPQR OPTIMO PRINCIPI S/C. 

ALIM.ITAL à l’exergue 

Annona (l’Annone) debout de face, la 

tête tournée à gauche, tenant des épis 

de blé dans la main droite et une corne 

d’abondance dans la main gauche ; un 

enfant à ses côtés, tenant un rouleau. 

La légende abrégée ALIM ITAL (Alimenta 

Italiæ) fait référence à un système d’assistance 

publique pensé par Nerva (96-98 

apr. J.-C.), et mis en place dans de nombreuses 

cités italiennes – à l’exception 

de Rome –, sous Trajan (98-117), consistant 

à prêter de l’argent à des propriétaires 

fonciers hypothéquant leurs terres. Les 

intérêts versés servaient au payement de 

pensions alimentaires destinées à l’enfance 

défavorisée. 

L’itération consulaire DES VI (Consul designatus 

VI) est d’une rareté insigne sur les 

monnaies de bronze. B. Woytek, auteur 

d’un ouvrage récent sur les émissions 

monétaires de l’empereur Trajan *, 

ne connaît que deux exemplaires : 

un sesterce de la collection 

Stefano Johnson à Milan, à la 

légende de revers SPQR OPTI- 

MO PRINCIPI ARAB ADQVIS 

S-C, et un sesterce du cabinet 

de numismatique de la Bibliothèque 

apostolique vaticane, 

à la combinaison de légendes 

identique au nôtre. 

Sur ces deux monnaies, un pan 

de draperie figure sur l’épaule 

gauche du buste. Comme ce détail 

vestimentaire n’apparaît pas sur 

le sesterce de Bois-et-Borsu, nous 

pouvons en conclure qu’il s’agit d’une 

pièce inédite. 

• 


n° 4, juin 2012 

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* B. Woytek, Die Reichsprägung 

des Kaisers Traianus, 98-117, 

Moneta Imperii Romani, 14, 

2010.

Jean-Paul Philippart 

Conservateur 

Grand Curtius, département du verre 

Grand coffret à ouvrage 

Une splendeur des « bois de Spa » 

Les articles en bois confectionnés par les artisans spadois – les « bois de Spa » – 

sont produits depuis le 17 e siècle. Il s’agit de boîtes à jeu, à thé, à ouvrage, à allumettes, 

à pilules, de porte-montre, d’étuis, de tabatières, … Durant les 17 e et 18 e 

siècles, les peintres montrent toute leur habileté à adapter leur décor à des formes 

extrêmement variées avec des motifs floraux, des vues de Spa et des environs, des 

scènes champêtres, galantes ainsi que des sujets inspirés des laques chinoises. 

Le coffret à ouvrage (ou à couture) montré ici date du 19 e siècle, époque où l’érable 

supplante le hêtre pour la confection des boîtes. À partir de 1830, les artisans plongèrent 

les planches de bois dans l’eau ferrugineuse du pouhon (terme utilisé pour 

dénommer les sources découvertes dans la région de Spa). Cette technique dénommée 

« technique du bois gris » donne une belle teinte grisâtre à l’érable ; de plus, sa 

structure est plus fine et plus compacte, facilitant le travail effectué par les tourneurs 

et les ébénistes. 

Le décor de ce coffret est représentatif du nouveau répertoire stylistique du début 

du 19 e siècle : retour à l’Antiquité gréco-romaine favorisé par la découverte du site de 

Pompéi en 1748. Sur le couvercle, trois divinités sont en adoration devant Cupidon. 

Le coffret contient huit boîtes quadrangulaires (dont l’une avec un dévidoir) et quatre 

boîtes cylindriques pour les bobines de fil à coudre. Dans la plupart des médaillons 

décorant les couvercles et le pourtour du grand coffret, est représenté Cupidon sur 

un fond noir. On l’aperçoit seul armé de son arc et de ses flèches (enfant et même 

adolescent), conduisant son char, portant une guirlande de fleurs, personnifiant 

l’Amour aveugle aux yeux bandés, muni d’une torche et d’un poignard. On remarque 

également des scènes plus intimistes et pleines de charme avec deux angelots 

jouant ensemble, ou Cupidon avec sa mère. 

Les vertus curatives des eaux de Spa 

sont connues depuis le 16 e siècle. Cette 

station thermale de la principauté de 

Liège devint une des destinations les 

plus prisées de la noblesse au 18 e siècle. 

En 1714, le tsar Pierre I er de Russie 

séjourna à Spa et contribua à la renommée 

internationale du site, dont la source 

la plus célèbre fut d’ailleurs baptisée du 

nom de « Pierre le Grand ». Celui-ci se 

procura un grand nombre d’objets 

d’artisanat, dont les divers modèles de 

boîtes originales et pleines de charme, 

constituant les plus belles réalisations 

spadoises dénommées « jolités ». 

Les « bois de Spa » font preuve d’un art 

pictural miniaturiste et de techniques 

originales qui leur confèrent une place 

de choix dans le domaine des arts 

décoratifs. 

• 

Grand coffret à ouvrage 

Spa, 19 e siècle 

H 13,5 - L 40 - l 30 (détails) 

8/299 - Grand Curtius, département des arts décoratifs 


n° 4, juin 2012 

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n° 4, juin 2012 

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Jean-Luc Schutz 

Conservateur 

Grand Curtius, département d’archéologie 

Intailles et camée d’époque romaine 

au Grand Curtius 

Ces pierres de fantaisie, telles le jaspe rouge, la cornaline et l’agate nicolo, ou leur 

imitation en pâte de verre étaient souvent décorées de représentations divines issues 

de la mythologie gréco-romaine (Apollon, Bonus Eventus, Mars Ultor, Mercure, 

Minerve, …) ou du panthéon oriental (Isis, Sérapis, Cybèle, symboles mithriaques). 

Ces pièces de glyptique, généralement serties en bagues, jouaient le rôle d’amulettes 

à valeur apotropaïque et pouvaient faire office de sceau. Les représentations animales 

(aigle, chien, chèvre, coq, lion, perroquet…) et les sujets de chasse (lion se 

jetant sur un cerf, chien dépeçant un lièvre…) étaient aussi appréciés, de même que 

les créatures fantastiques (griffon, sphinx, satyres…) et les représentations sportives 

(athlète victorieux tenant une palme et une couronne de laurier ; courses de chars à 

double ou quadruple attelage, évoquant les jeux du cirque). 

Ci-dessus : reproduction à taille réelle. 

Camée en pendentif 

Ø 1,9 cm, ép. 0,6 cm 

GC.ARC.01j.1909.46629 - D/I/9/396 

Pendentif ovale 

1,8 cm * 1,2 cm, ép. 0,7 cm 

GC.ARC.01j.1914.46025 - D/I/14/1 

Rome nicéphore 

1,7 cm * 1,3 cm, ép. 0,4 cm 

GC.ARC.01j.1869.50085 - I/2766 

Chien dépeçant un lièvre 

0,9 cm * 0,7 cm, ép. 0,2 cm 

GC.ARC.01j.1981.49463 - L 2636 

Camée en pendentif 

Ce médaillon, en pâte de verre moulée violette 

imitant l’améthyste, proviendrait d’une sépulture 

à inhumation fouillée par l’abbé Demarteau 

à Celles, en Hesbaye. Le mobilier funéraire, déposé 

au musée en 1909, pose problème. Des 

pièces datées du 1 er siècle (gril, cruche sur trépied 

en fer) côtoient des objets de la seconde 

moitié du 4 e siècle (barillet frontinien et bouteille 

à panse sphérique en verre). Ce sont sans doute 

des objets issus de plusieurs sépultures. 

Le bijou, serti de cuivre, pourrait dater du 1 er 

siècle. Le médaillon est orné d’un buste féminin 

vu de profil, se détachant sur un fond perlé. 

Les cheveux bouclés sont retenus par un diadème. 

La vitrine du Grand Curtius consacrée 

aux bijoux archéologiques présente 

cinq petites pièces, presque invisibles 

à l’œil nu : quatre intailles et un camée. 

Pendentif ovale 

Ce bijou de forme elliptique, en pâte de verre 

moulée translucide, est entré dans les collections 

du musée le 26 janvier 1914 (dépôt du 

docteur Tihon). La fiche d’inventaire indique, 

comme provenance, le village de Celles en 

Hesbaye, sans apporter de précisions quant 

au contexte de découverte. 

Le médaillon, autrefois serti, est décoré sur les 

deux faces d’un buste féminin à droite, vu de 

profil, coiffé d’un casque à cimier. Il s’agit de 

Minerve, divinité protectrice de Rome, déesse 

de la guerre et des artisans. Dans l’iconographie 

habituelle, elle est souvent représentée 

debout, tenant une lance et un bouclier posé 

au sol. 

Bague sertie d’une entaille 

1,9 * 0,9 cm 

GC.ARC.01j.1913.46947 - I/13/55 

Glossaire 

Intaille : pierre de fantaisie avec décor gravé en creux. 

Camée : pierre de fantaisie avec décor sculpté en 

relief. 

Glyptique : art de la taille de pierres (en creux ou en 

relief). 

Nicolo : variété d’agate à deux ou plusieurs couches 

(claires et foncées). 

Apotropaïque : qui détourne le danger, qui protège. 


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Rome nicéphore 

La gemme ovale, en agate nicolo, a été mise 

au jour en 1868, lors d’une campagne de fouilles 

menées par l’Institut archéologique liégeois au 

lieu-dit « Sur les Minières », à Juslenville (Theux, 

province de Liège). Se trouvait là une nécropole 

à incinération, en usage de la seconde moitié 

du 1 er au début du 3 e siècle après J.-C. 

La pierre, aux bords biseautés et à la surface 

décorée plate, fut découverte par le docteur 

Alexandre (membre effectif de l’Institut et conservateur 

du musée Curtius de 1862 à 1910), 

lors du nettoyage d’une masse de fer – composée 

essentiellement de clous oxydés – provenant 

d’une sépulture. L’intaille, datée du 2 e 

siècle, était à l’origine enchâssée dans une 

monture en fer. 

La gravure représente une divinité casquée 

assise à droite, sur un trône : la déesse Roma, 

personnification de la Rome éternelle. Ce sujet 

classique s’inspire du répertoire iconographique 

des émissions monétaires romaines. La tête 

de la divinité est figurée de profil alors que le 

corps est représenté de trois quarts. Le bras 

droit s’appuie contre un bouclier et la 

main gauche, tendue, soutient 

une victoriola (petite Victoire) 

qui lui présente une couronne. 

Dans certaines 

figurations gravées, 

le bras droit de 

la divinité 

maintient une haste. Roma fut élevée au statut 

de divinité sous Hadrien (117-138 ap. J.-C.). 

Un temple consacré aux deux divinités protectrices 

de Rome, Vénus et Roma, fut inauguré 

le 21 avril 137, jour anniversaire de la 

fondation de la capitale de l’Empire. Il se situait 

entre le forum romanum et le Colisée. 

Chien dépeçant un lièvre 

L’intaille ovale, en agate grise translucide, a 

été découverte en août 1981 sur le site Saint- 

Lambert à Liège (secteur Vieux-Marché), lors 

d’une campagne de fouille de sauvetage menée 

par l’Université de Liège entre 1977 et 1984. 

La pierre, aux bords biseautés, a été mise au 

jour dans des couches du bas Moyen Âge, 

bien qu’elle soit datée des 2 e -3 e siècles après 

J.-C. La surface plate est gravée d’une scène 

de chasse figurant un chien à gauche, dépeçant 

un lièvre renversé. Le graveur a tiré parti 

des deux couches diversement colorées de la 

gemme : des traits fins, incisés dans la couche 

claire de l’agate, figurent les pattes et les queues 

des animaux ; des cavités plus profondes, entamant 

la couche foncée de la pierre, représentant 

leurs corps. Aucun détail ne transparaît 

par contre dans le rendu des têtes. Une ligne 

de sol, oblique, est également tracée. 

Ce sujet de chasse, souvent représenté en 

association avec un aigle – planant, ou posé 

sur un rocher –, était fréquemment traité dans 

l’art de la glyptique. 

Bague sertie d’une intaille 

La bague en bronze, à l’anneau incomplet, est 

sertie d’une intaille ovale en pâte de verre imitant 

le nicolo. Ce bijou provient d’une tombe mise 

au jour en 1913 à Amay, au lieu-dit « Chapelle 

à Rémont ». Les fouilles, dirigées par les docteurs 

Davin et Wibin, ont révélé une petite nécropole 

composée d’une vingtaine de sépultures. 

Outre cette bague, la tombe V contenait une 

cruche en terre blanche, une urne en terre grisjaunâtre, 

une assiette en terre grise grossière, 

deux moyens bronzes frustes, un morceau de 

terre avec des traces d’or et une bouteille 

hexagonale en verre vert. Ce mobilier funéraire 

semble dater du 2 e siècle après J.-C. 

Le sujet mythologique représenté, peu lisible, 

figure un personnage assis à gauche. Devant 

lui, un objet est posé debout sur le sol. Ce 

thème qui apparaît notamment dans la glyptique 

étrusque, figure Dédale confectionnant 

les ailes d’Icare au 

moyen d’une 

herminette. 

• 


n° 4, juin 2012 

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Histoires 

courtes 

Domestication du feu 

Jorge Wagensberg* a démontré que 

« la probabilité de présence d’un individu 

dans une communauté est une fonction 

exponentiellement décroissante de sa 

masse. En d’autres termes, l’adaptation 

d’un système dans les conditions idoines 

exige la profusion du petit […]. » 

Par exemple, une ligne est constituée de 

points, une surface de lignes, un volume 

de surfaces : il y a donc 

plus de points que de lignes, etc. 

Plus de planètes que d’étoiles, 

plus d’étoiles que de galaxies. 

« C’est le cas chaque fois qu’il y a hiérarchie 

entre le petit et le grand » : 

plus d’atomes que de molécules, 

plus de molécules que de cellules, 

plus de cellules que d’individus, 

plus de soldats que de généraux, 

plus de mots que de phrases. 

C’est aussi le cas pour des entités 

sans lien hiérarchique : 

plus d’hydrogène que de plomb, 

de sel que de protéines, 

de bactéries que de fourmis, 

de fourmis que de souris, 

de souris que de chevaux, 

de chevaux que de baleines, 

de mots courts que de mots longs. 

« La profusion du petit, ou la rareté du 

grand, est une autre propriété de l’adaptation 

[… et de la tendance à la complexité :] 

si le hasard tend à altérer la distribution des 

éléments petits et grands, l’adaptation 

correspond à une neutralisation de ces 

déviations. » 

* Jorge Wagensberg, L’âme de la méduse – 

Idées sur la complexité du monde, p. 45-46, 

Seuil, coll. Science ouverte, Paris, 1997. 

Trad. du castillan par Jean-Baptiste Grasset 

(Ideas sobre la complejidad del mundo, 1985). 

La colline des os du dragon, située à 

proximité du village de Zhoukoudian, à une 

quarantaine de kilomètres au sud-ouest de 

Pékin, a livré dès les années 1920 des outils 

en quartz asso-ciés à une espèce humaine 

disparue : l’Homo erectus Pekinensis. Le 

Grand Curtius est un des rares musées 

européens à conserver des outils en pierre 

issus de ce gisement. 

Cet éclat de quartz travaillé par l’homme 

présente des traces de feu : il témoigne de la 

domestication du feu il y a 400 000 ans. 

Éclat retouché 

Paléolithique inférieur (- 400 000). 

Chou Kou Tien (Zhoukoudian, près de Pékin, Chine). 

Quartz avec traces de feu ; L 4,1 cm, l 3 cm. 

Cette pièce a été mise en dépôt au Musée de Liège en 

1937, parmi d’autres, par Renée Louise Doize, docteure en 

Histoire de l’art de l’Université de Liège. Il s’agit de nucleus, 

d’éclats parfois retouchés, de racloirs et de denticulés 

provenant de la collection particulière du docteur Pei 

Wenzhong (1904-1982), paléontologue en charge des 

fouilles qui découvrit le 2 décembre 1929, dans la grotte dite 

« localité 1 » (Choukoutien), le premier crâne d’un 

Sinanthrope. 

Grand Curtius, département d’archéologie, D/37/20 


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histoires courtes 

Production en série 

Plusieurs baguettes de verre coloré, assemblées 

de manière à former un dessin, sont 

fondues en une seule canne, reproduisant 

ainsi le motif sur toute sa longueur. Les 

plaquettes sont ensuite débitées, reproduisant 

un dessin identique. Ce demi-visage, 

juxtaposé à une seconde plaquette 

retournée, forme alors un visage complet. 

Ce masque de théâtre représente une 

courtisane coiffée d’un morceau d’étoffe en 

forme de mitre et aux cheveux tressés en 

tire-bouchon. 

Espèce disparue 

À l’avant-plan, un chien tient dans sa gueule 

un oiseau au plumage violacé. Gauguin 

montre ici une scène à laquelle il a assisté : la 

capture d’un oiseau, le Porphyrio Papae, 

espèce aujourd’hui disparue mais dont des 

ossements ont été découverts sur l’île 

d’Hiva Oa par des paléontologues en 

1986-87. 

L’explorateur norvégien Thor Heyerdahl le 

décrit en 1937 en ces termes : « Un oiseau 

sans ailes était au milieu du sentier et nous 

regardait. Puis il détala plus rapidement 

qu’une poule et disparut en un éclair dans 

une sorte de tunnel entre les fougères 

épaisses. Nous avions entendu parler de ces 

oiseaux sans ailes, espèce étrange, inconnue 

des ornithologues. Les insulaires en avaient 

vu souvent, mais n’avaient jamais réussi à en 

attraper un, puisqu’ils plongeaient toujours à 

une folle vitesse dans des trous et des 

galeries. » 

Gauguin aurait-il pu concevoir, en saisissant 

cette scène, qu’il servirait la cryptozoologie ? 

D’ap. Françoise Dumont 

En haut : taille réelle. 

Plaquette au demi-visage 

Probablement Égypte (Alexandrie ?), 

fin de l’époque hellénistique - début de l’époque romaine 

(1 er s. avant J.-C. - 1 er s. après J.-C). 

H 3 cm, l 1 cm. 

Grand Curtius, département du verre 65/96 

Paul Gauguin (1848-1903), Le Socier d’Hiva Oa, 1908 

Huile sur toile, 92 x 73 cm. 

MAMAC (musée d’art moderne et d’art contemporain 

de la Ville de Liège) 


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Chômage patriotique 

À la mémoire 

d’Hippolyte Lamproye 

La fabrication d’armes à Liège cessa lors de 

l’occupation allemande pendant 

la première guerre mondiale, les armuriers 

refusant de travailler pour l’ennemi. Pour remédier 

à ce sous-emploi forcé, les armuriers se 

consacrèrent à la fabrication de 

fusils-jouets, d’objets gravés et de coupepapier 

décorés. C’est ce qu’on appela « le 

chômage patriotique ». 

Les coupe-papier étaient fabriqués à partir 

d’éclats d’obus provenant de l’attaque des 

forts de Liège, qui résistèrent à l’avance 

allemande dans les premiers jours du conflit. 

Lourdes et mal commodes, ces deux pièces 

se composent d’un éclat d’obus en acier 

que la poignée laisse apparaître à l’état brut ; 

la lame est usinée dans l’autre partie et 

décorée de motifs gravés et d’inscriptions 

commémo-ratives. 

Les collections des musées se constituent 

parfois par hasard : un heureux coup de pelle 

sur un chantier met à jour un trésor enfoui. 

Cette broche, qui servait à attacher à l’épaule 

un ample vêtement, rassemble des histoires 

humaines imbriquées : 

- histoire des artisans qui la fabriquèrent 

selon les canons de la mode de l’époque ; 

- histoire de la dernière femme qui l’a portée 

au 7 e siècle, et l’a un jour cachée ; 

- histoire de celui qui la redécouvrit. 

Ce dernier s’appelait Hippolyte Lamproye, il 

avait 23 ans et était employé à la journée par 

la briqueterie de Moxhe (province de Liège). 

Le 11 juin 1874 – c’était un jeudi –, le jeune 

Hippolyte, enlevant un peu d’argile aux parois 

d’une fosse d’extraction, trouva un trésor 

comportant, outre ce bijou, un morceau de 

boucle et un bracelet de perles d’ambre et 

de pâte de verre. 

Hippolyte Lamproye, qui avait déjà participé 

comme terrassier à des fouilles archéologiques, 

recueillit les objets qu’il venait de 

découvrir et les apporta à l’Institut Archéologique 

Liégeois (IAL). Ils furent ensuite 

déposés au musée 

de Liège. 

Deux coupe-papier réalisés avec des éclats d’obus 

des forts de Fléron et de Loncin (1914-1918) 

L 29,5 cm (Fléron) et 24,4 cm (Loncin). 

Un de ces coupe-papier rappelle le martyre du fort de 

Loncin, qui résista douze jours, avec une garnison de cinq 

cents hommes. Le 15 août 1914, un obus allemand atteignit 

la poudrière, provoquant l’explosion du fort et ensevelissant 

trois cent cinquante de ses défenseurs. 

Le fort de Fléron, qui barrait la route venant d’Aix-la- 

Chapelle, supporta le choc durant onze jours. L’autre 

coupe-papier rappelle cet exploit. 

Grand Curtius, département des armes. 

Fibule 

Bronze, or, verre ; ø 5,5 cm, ép. 1,5 cm. 

Par comparaison avec des fibules analogues découvertes 

dans des tombes, le bijou daterait du 2 e tiers du 7 e siècle, 

vers 630-660. 

Grand Curtius, I/4459. Photo Ville de Liège (Jean-Luc Schutz) 


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histoires courtes 

Objet mystère 

Cet objet en bronze, découvert dans une 

tombe, présente 12 faces pentagonales 

égales, percées d’un trou circulaire, et chacun 

des sommets est orné d’une petite boule. 

Une centaine d’objets semblables ont été 

découverts dans le monde romain, le plus 

souvent au nord des Alpes. 

De nombreuses hypothèses ont été émises 

quant à leur fonction : pommeau de sceptre, 

chandelier, calibreur, instrument de mesure 

des distances, ouvrage de maîtrise ou dé 

servant à prédire l’avenir. 

En 1982, un dé de même forme, en argent, 

a été mis au jour sur le site de la cathédrale 

de Genève. Chacune de ses faces pentagonales 

est pleine et porte le nom d’un signe 

du zodiaque. L’hypothèse la plus séduisante, 

étayée par cette découverte, verrait dans cet 

objet mystérieux un instrument ayant servi à 

l’astronomie ou l’astrologie. 

Gradine 

En 1907, lors de fouilles 

archéologiques sous le sol de la place 

Saint-Lambert à Liège, 

on découvrit, parmi d’autres 

objets, ce petit peigne en os, 

qu’on a pu dater avec précision 

de 5 300 avant J.-C. 

Ce peigne servait à tracer des 

décorations en creux sur les 

poteries, avant leur cuisson, 

des dessins réguliers de 

méandres, spirales et chevrons. 

Il est complété par 

une terminaison intentionnellement 

biseautée 

qui devait servir d’ébauchoir 

pour le façonnage 

des céramiques. 

Dodécaèdre 

2 e -4 e siècle après J.-C. 

Bronze ; h 4,8 cm. 

Bassenge, fouilles des frères Fraikin en 1888 et 1889. 

Grand Curtius, département d’archéologie, I/7108 

Peigne à quatre dents, « gradine » 

Néolithique ancien rubané (5 300 av. J.-C.). 

Os ; h 7 cm., L 1.5 cm. 

Liège, place Saint-Lambert. 

Grand Curtius, département d’archéologie, 07/1 


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Soo Yang Geuzaine 

Département des Arts décoratifs 

Musées de Liège 

Amulettes scaraboïdes 

Des croyances à la magie, du religieux au terrestre 

Dans l’ancienne Égypte, les amulettes protègent magiquement les hommes, vivants 

ou morts : elles préservent les vivants des maladies et des forces maléfiques ; sur 

les momies, elles favorisent la renaissance du défunt ou préservent son âme des 

embûches de l’au-delà. Leurs différentes formes, divinités ou animaux, sont symboliques 

et permettent de bénéficier de leur protection et de leur pouvoir : le lion est 

gardien de l’horizon, le lièvre est dieu du xv e nome de Haute-Égypte et le bélier est 

l’animal sacré d’Amon. Certaines amulettes avec des signes hiéroglyphiques apportent 

la notion abstraite qu’ils symbolisent : parmi les plus efficaces, le pilier djed assure 

la stabilité, la colonne papyriforme procure la verdeur, l’œil oudjat symbolise la paix 

et la réunification de l’Égypte. 

Grâce aux donations d’Albert d’Otreppe 

de Bouvette et d’Armand Baar, 

la collection égyptienne du Grand 

Curtius comporte plusieurs dizaines 

d’amulettes de formes variées : colonne 

papyriforme, pilier djed, œil oudjat, 

Anubis, Bastet, Bès, bélier, lièvre et 

scarabée (qui est largement représenté). 

Le scarabée garantit l’éternel retour 

Cet insecte joue un rôle essentiel car il est le symbole du dieu-créateur Khepri. Son 

hiéroglyphe, kheper, sert à écrire les verbes « créer », « devenir », « se transormer » 

ainsi qu’à nommer le couronnement du Pharaon Neb-kheperou-Rê (Maître des 

transformations du soleil). À l’aide de son front, de ses élytres et de ses pattes antérieures, 

le coléoptère forme une boule d’excréments qu’il fait rouler jusqu’à un trou 

pour y pondre son œuf. Aux yeux des Égyptiens, le bousier poussant sa boule rappelle 

la course du soleil dans le ciel : le scarabée incarne donc le dieu solaire qui 

renaît tous les matins et constitue un emblème protecteur, signe de régénération. 

Les momies portent souvent des amulettes sous forme de scarabée à hauteur du 

cœur, siège de l’esprit. Selon les époques et les règnes, le plat du scarabée peut être 

orné, en une ou plusieurs colonnes hiéroglyphiques, de formules magiques, de noms 

de divinités protectrices, de prières ou incantations, voire d’extraits du Livre des Morts. 

Les scarabées du Grand Curtius 

Les amulettes scaraboïdes datent principalement de la Basse Époque, où leur usage 

se répand sous l’influence des croyances magiques. Elles sont exécutées dans des 

matériaux divers comme le jaspe vert, l’os, la stéatite, le verre, mais surtout dans un 

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1. Scarabée en verre bleu outremer translucide 

2 x 1,5 cm, h 0,9 cm. Provenance inconnue. Époque 

ptolémaïque tardive, début de la période romaine. 

Ancienne collection Armand Baar. GC.ARC.01i.0000.44350. 

2. Scarabée en verre clair transparent 

1,8 x 1,5 cm, h 0,9 cm. Provenance inconnue. 

Époque ptolémaïque tardive, début de la période romaine. 

Ancienne collection Armand Baar. B/1584 b. 

3. Scarabée naturaliste avec anneau de suspension 

Matériau composite (« faïence »), glaçure vert olive. 

1,9 x 1,7 cm, h 0,9 cm. Provenance inconnue. 

xxvi e dynastie ou après. 


4. Scarabée avec Pharaon et le dieu Amon 

Stéatite, glaçure verte. 1,8 x 1,3 cm, h 0,8 cm. 

Provenance inconnue. Datation indéterminée. 

Sur le plat est gravé une scène avec le roi coiffé de la 

couronne rouge de Basse-Égypte et vêtu d’un pagne, 

en face du dieu Amon assis, identifiable par son shouty, 

sa couronne aux deux longues plumes et sa longue 

barbe divine. Au-dessus se trouve le signe nb (seigneur). 

La scène est entourée d’une ligne de pourtour. 

Don Albert d’Otreppe de Bouvette. GC.ARC.01i.0000.44330. 

5. Cachet au nom de Kheper-Maât-Rê (?) 

Matériau composite (« faïence »), glaçure verdâtre. 

2,3 x 1,6 cm, h 1 cm. Provenance inconnue. Époque 

ramesside (xix e - xx e dynasties). 

Ancienne collection Armand Baar. B/1584 d. 

6. Scarabée funéraire 

Matériau composite (faïence), glaçure bleue lapis-lazuli. 

4,7 x 3 cm, h 0,7 cm. 


matériau composite, la « faïence ». S’il arrive que la littérature utilise le terme impropre 

de « faïence égyptienne », il s’agit plutôt d’un matériau artificiel d’apparence vitreuse, 

constitué d’un noyau de sable ou de quartz couvert d’une glaçure dont les couleurs 

(vert, bleu, blanc) varient. 

Si les scarabées diffèrent moins par leur forme que par leur représentation, 

la figure d’Amon est rare : le Grand Curtius possède un scarabée en stéatite à l’effigie 

du Pharaon et du dieu Amon (4). Il possède également des scarabées anépigraphes 

ou naturalistes (1 à 3) qui représentent toutes les parties de l’insecte. 

Le scarabée, associé à la vie éternelle, peut être cousu dans les bandelettes 

de la momie ou enchâssé dans un pectoral ou un filet de perles, ce qui explique les 

trous de fixation sur la face dorsale ou sur les bords de la pièce (6). Il peut aussi être 

utilisé comme cachet à la manière des sceaux-cylindres mésopotamiens (5). • 

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Eugène Boudin (1824-1888) 

Plage de Trouville, 1884 

Huile sur bois 14 x 23 cm. 

Signé en bas à gauche et daté à droite. 

En haut : reproduction à taille réelle. 

Plage de Trouville à la cabine, 1884 

Huile sur bois 14 x 23 cm. 

Signé en bas à gauche et daté à droite. 


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Françoise Safin-Crahay 

Conservatrice 

MAMAC 

(musée d’art moderne et d’art contemporain) 

Deux Boudin 

Plage de Trouville et Plage de Trouville à la cabine 

Ces deux œuvres font partie du legs 

Léopold Donnay en faveur de la Ville de 

Liège, reçu en 1887. Il s’agissait de 

trente-trois œuvres, principalement des 

paysages, dont neuf de Boudin, ainsi 

que des tableaux de Corot, Daubigny, 

Théodore Rousseau, Courbet… Le donateur 

laissait à la Ville de Liège « le choix 

de conserver seulement ce qui pourrait 

figurer au Musée de Liège et de se 

défaire du reste au profit des pauvres ». 

Léopold Donnay était liégeois et vivait à 

Paris. Passionné de paysages, il s’est 

intéressé dès 1880 à l’œuvre de Boudin : 

ces deux tableaux-ci lui auraient été 

offerts par l’artiste lors d’une de ses 

visites à son atelier. 

Né à Honfleur en 1924, Eugène Boudin a vécu au Havre. Son père était marin, et la 

mer restera son sujet préféré tout au long de son œuvre. Dès sa jeunesse, il aime 

dessiner et réalise plusieurs milliers de dessins et pastels (aujourd’hui conservés au 

Louvre) que Baudelaire remarquera en 1859 et qualifiera de « prodigieuses magies 

de l’air et de l’eau ». Ces études ont pour sujet les vagues et les nuages et sont 

toutes datées (avec mention de l’heure et de la direction du vent). 

Dans la papeterie où il travaille, il organise des expositions de peinture, 

occasion pour lui de rencontrer de nombreux artistes dont, entre autres, Couture, 

Millet, Courbet et Monet (qui deviendra son ami), de se lancer lui-même dans la 

peinture et d’obtenir une bourse pour suivre une formation à Paris où il participera 

très vite aux Salons officiels. 

En 1862, il passe ses vacances à Trouville et réalise des scènes de plage, qui 

deviendront son thème favori et le mèneront vers le succès. 

S’il participe à la première exposition des Impressionnistes en 1874, c’est par amitié 

pour Monet, mais ce fut l’unique fois. Cette proximité avec les Impressionnistes lui 

évitera de devenir un peintre officiel malgré son succès croissant, ses nombreuses 

commandes et ses participations aux Salons. S’il n’est pas considéré comme impressionniste, 

chacun reconnaît qu’il eut une large influence sur le groupe, plus même 

que son ami Jongking, en conseillant à Monet de peindre en plein air, comme lui. 

À part quelques natures-mortes, il restera toujours fidèle à ses thèmes, l’eau 

et le ciel, même lorsqu’il peint à Anvers, Bruxelles ou Rotterdam. Ses voyages dans 

le midi et en Italie (à Venise) l’amèneront à enrichir sa palette tout en conservant sa 

manière de peindre par touches spontanées, larges et sûres, mais très libres. Ce qui 

l’intéresse ce sont les états fugitifs de la nature, les jeux de lumière sur l’eau. Les 

personnages sont peu présents, excepté dans les scènes de plage où il se plaît (et 

cela plaît) à rendre le papillotement des toilettes de la bourgeoisie parisienne bien 

qu’il disait « éprouver une certaine honte à peindre la paresse désœuvrée ». 

Peints en plein air, « sur le motif », ses tableaux sont généralement de petites dimensions. 

Ces deux représentations de la plage de Trouville sont particulièrement petites 

(à peine 33 cm 2 ). Pleines de vie et de couleurs, on y ressent la vie grouillante et l’atmosphère 

de cette plage bourgeoise de Normandie, avec ses estivantes en crinolines et 

ses enfants jouant dans le sable. 

Sur une si petite surface, il parvient à faire ressentir la dimension de cette 

plage, l’idée de l’espace de sable, de mer, de ciel et de foule, avec une liberté qui 

fait penser à ses premières études. 

• 


n° 4, juin 2012 

23

Expositions temporaires 

Judaïca hebraïca 

> p. 26 

Armando Mascarenhas 

> p. 27 

Circonvolutions 

> p. 28 

À l’ombre du silence : Comès 

> p. 29 

Jeunes artistes 

musée des beaux-arts de Liège 

> p. 31 

Annick Dubisy 

> p. 33 

Marc Verpoorten 

> p. 33 

juin 

juillet 

D L Ma Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma 

17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 1 2 3 4 5 6 7 7 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 

juin 

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juin 

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Degottex 

> p. 34 

juin 

juillet 


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Les musées de la Ville de Liège 


Le Grand Curtius 

136, rue Féronstrée / +32 (0)4 221 68 40. 

Du mercredi au lundi, de 10 à 18 h. 

Musée d’Ansembourg 


Du mardi au samedi de 13 à 18 h, dimanche de 11 à 16 h 30. 

BAL (musée des beaux-arts de Liège 

+ Cabinet des estampes et des dessins) 


Du mardi au samedi de 13 à 18 h, dimanche de 11 à 18 h. 

MAMAC (musée d’art moderne et d’art contemporain) 

3, parc de la Boverie / +32 (0)4 342 39 23. 



n° 4, juin 2012 

24

août 

septembre 

Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma Me J V S D L Ma Me 

25 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 

exposition « Luis Salazar » : à partir du 14 septembre 

août 

septembre 


25 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 

exposition « Sonia Delaunay » : à partir du 5 octobre 

août 

septembre 


25 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 

exposition « Prix de la Création 2012 » : à partir du 17 novembre 

août 

septembre 


25 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 

Prochaines expositions 

Luis Salazar 

au Grand Curtius, du 14 septembre au 17 décembre 2012 

Sonia Delaunay 

au BAL, du 5 octobre 2012 au 6 janvier 2013 

Prix de la Création 2012 

au musée d’Ansembourg, du 17 novembre au 31 décembre 2012 


n° 4, juin 2012 

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Judaïca hebraïca 

Grand Curtius, Palais Curtius, niveau 1 

Jusqu’au 20 août 2012 

Cette exposition présente des objets cultuels 

et culturels juifs du xvii e au xx e siècles, issus 

de la collection Isy Halpern. 

Un numéro spécial de Liège•museum est 

édité à cette occasion. 

judaïca hebraïca 

bu letin des musées de la Vi le de Liège hors série juin 2012 

expositions temporaires 

Boîte à aromates en argent filigrané en forme de locomotive 

à vapeur décorée d’une étoile de David à l’avant ; ouverture 

à l’arrière. Russie, 1870. 

Boîte à aromates en argent en forme de poisson 

à tête amovible. Pologne, vers 1900. 

Tour à bessamim [aromates pour la clôture de chabat] en 

argent. Europe centrale, 19 e s. 


n° 4, juin 2012 

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Hommage à Armando Mascarenhas 


Du 22 juin au 30 juillet 2012 

Né à Goa en 1911, Armando Mascarenhas 

entreprend des études au séminaire mais, 

avec ses copains, il rêve de l’Afrique et pense 

déjà à l’Europe. 

Ensemble, ils prennent le large et s’installent 

au Mozambique, où il va exercer le métier de 

manager dans une grande entreprise portuaire. 

Vient ensuite un long voyage au cours 

duquel, par la photo, il immortalise toutes ses 

émotions : la passion tendre qu’il ressent 

pour la vie, son émerveillement devant les 

paysages naturels mais aussi les grandioses 

réalisations humaines, le regard humble et 

poétique qu’il pose sur les hommes et les 

animaux dans leur quotidien. 

Amoureux de la photographie, il est aussi 

musicien à ses heures et s’adonne également 

à l’écriture : ses amis ont conservé les lettres 

qu’il leur envoyait et les relisent, encore aujourd’hui, 

avec émotion. 

Après l’indépendance du Mozambique, il 

s’installe au Portugal où sa passion pour la 

photo se confirme mais cette fois en couleur. 

C’est là qu’il finit sa vie, en laissant des milliers 

de négatifs d’un monde en voie de disparition, 

qui rapportent la beauté du passé. 

Joie de vivre, 1960 

Póvoa do Varzim, Portugal. 

Big bisou, 1961 

Beira, Mozambique. 


n° 4, juin 2012 

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Circonvolutions 


Du 22 juin au 10 septembre 2012 

Depuis les inondations qu’il a subies il y a 

quelques années, le MADmusée, situé au 

parc d’Avroy, cherche des solutions pour 

montrer sa collection dans de bonnes 

conditions. En 2008, a été sélectionné le 

projet du bureau d’architecture Beguin- 

Massart. En attendant sa réalisation, la 

collection est montrée dans différentes 

expositions à l’étranger et dans les musées 

de la Ville de Liège. 

Pour cette exposition Circonvolutions, ont 

été invités comme commissaires Brigitte 

Massart et Aloÿs Beguin. Les architectes du 

nouveau bâtiment du MAD, qui ont pensé 

l’espace dans lequel es œuvres seront 

préservées, étudiées et montrées au public 

proposent une lecture de cette collection 

unique, un choix personnel de ce qu’est la 

collection du MADmusée et de ce qui en fait 

sa particularité. Tout comme dans le projet 

architectural proposé pour le parc d’Avroy, la 

forme extérieure trahit un projet intérieur, la 

forme se laisse influencer par son utilisation 

et par le projet qui en est la raison. 


Voici comment les architectes/commissaires 

formulent leur sélection. 

Arcanes / méandres de la pensée 

Labyrinthe / valse de la graphie 

Tracé vibrionnant, enlacement fébrile, 

arabesques. 

L’exposition Circonvolutions donne à voir 

la ronde obstinée de l’artiste autour de 

son sujet, l’approche concentrée de sa 

mouvante obsession. Entre l’homme et 

l’œuvre, c’est une énergie formidable et 

multiforme qui surgit. 

Massimo Mano 

Pierre Muylle 

Directeur du MADmusée 


n° 4, juin 2012 

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À l’ombre du silence 

Rétrospective Comès 

BAL (musée des Beaux-Arts de Liège) 

Du 11 mai au 15 septembre 2012 

Didier Comès est l’un des plus grands talents 

de la bande dessinée belge d’après-guerre. 

Et très certainement le plus grand dessinateur 

belge du noir et blanc. Son nom s’inscrit dans 

une lignée où l’on trouve Milton Caniff, Will 

Eisner et Alex Raymond côté américain, Pratt, 

Tardi et Crepax côté européen. Autant dire, la 

crème de la crème. Ce Fagnard, né de père 

germanique et de mère wallonne, est entré 

dans l’histoire de la bande dessinée dans les 

années 80, avec un roman graphique inoubliable 

: Silence. Mais plus tôt déjà, il avait 

livré au magazine Tintin un livre aux franges 

du fantastique traitant de la mort et de la 

Grande Guerre : L’Ombre du Corbeau. C’est 

à l’occasion de la réédition en noir et blanc 

de cet album introuvable depuis plusieurs 

années que le BAL a décidé de rendre hommage 

à Comès en lui offrant la salle d’exposition 

du musée durant quatre mois. 

accompagne de ses bronzes le bestiaire dessiné 

du maître. Quant à Claude Renard, auteur 

des Médianes de Cymbiola avec François 

Schuiten (dont il fut le professeur), ses pierres 

taillées, nucléus et autres sculptures habillent 

l’espace consacré à la partie de l’exposition 

dédiée au chamanisme. 

Thierry Bellefroid 

Commissaire 

de l’exposition 

Cette exposition nous emmène des débuts 

(fin des années soixante, pour Le Soir Jeunesse, 

Pilote ou encore Spirou) aux travaux 

inconnus des dernières années. Un parcours 

à la fois chronologique – réservant d’étonnants 

inédits – et thématique – ouvrant de nouvelles 

perspectives sur l’œuvre de cet auteur trop 

souvent réduit aux thématiques de la sorcellerie 

et de la campagne ardennaise. Se plonger 

dans Comès, c’est aussi regarder de près le 

travail sur les visages ; bouches concupiscentes 

ou souffrantes, yeux lubriques ou haineux. 

C’est se pencher sur les mains qui tuent, qui 

guérissent ou qui aiment. C’est entrer dans 

un bestiaire d’un phénoménal réalisme. C’est 

approcher de près le travail d’un maître du 

découpage et du noir et blanc. 

À l’occasion de cette rétrospective, Comès 

accueille deux autres noms de la bande dessinée. 

Mais aucun des deux ne présente de 

planche ou de dessin mais des sculptures. 

Frank Pé, auteur de Broussaille ou de Zoo, 


n° 4, juin 2012 

29

La Ville de Liège offre à des artistes liégeois, 

œuvrant dans le domaine des arts plastiques, 

l’opportunité d’accéder à un espace d’exposition 

spécifque, salle Saint-Georges au sein 

du musée des Beaux-Arts. 

Ce projet s’adresse aux artistes, mais aussi à 

ceux dont la démarche, indépendamment de 

l’âge, est récente/nouvelle et qui n’ont pas 

ou peu proposé d’exposition à titre personnel. 

Les œuvres qui seront présentées devront 

s’accorder aux priorités d’un musée d’art 

contemporain. 

http://www.liege.be/infos/les-appels-aprojets 

Marie Remacle 

Historienne de l’art 

Cabinet de la Culture 

Expositions « jeunes artistes » 

au BAL 

Martin Coste 

Du 2 au 29 février 2012 

Réflexion quant à la représentation que l’on 

se fait de notre environnement. Un même 

objet peut prendre plusieurs formes sans qu’il 

ne perde pour autant son essence. On le reconnaît, 

mais il est différent. Dans cette recherche 

l’objet perd son utilité, mais pas son identité. 

Il s’agit également d’une approche de la déconstruction 

au profit de la découverte. La 

décomposition d’un sujet peut nous en apprendre 

beaucoup sur celui-ci. Un peu comme 

le chirurgien disséquant un être vivant, ou le 

mécanicien démontant une machine pour mieux 

en comprendre le fonctionnement. Enlever, défaire 

ne sont pas systématiquement des actes 

de retrait, ils peuvent être synonymes d’avancée, 

de découverte et même de création. 

Sofie Vangor, Figures 

Du 5 au 29 avril 2012 

Depuis une cinquantaine d’années un grand 

nombre d’artistes femmes font un art que 

l’on peut qualifier d’autobiographique. Sofie 

Vangor en fait partie, depuis 7 ans déjà. Dès 

le moment où elle a senti la nécessité 

d’exprimer la mémoire du corps. Une 

mémoire qui ne peut disparaître, pense-t-elle, 

car ancrée dans ses cellules, de l’ordre de 

l’empreinte. Si bien que les formes évoquées 

se figent à jamais ! Ce que montrent ses 

Figures réalisées, à l’instar des gravures, 

dessins et textile présentés ici, en hommage 

à sa sœur décédée. 

[Guy Vandeloise] 


BAL (salle Saint-Georges) 

Expositions accessibles 

du mardi au samedi de 13 à 18 h, 

les dimanches de 11 à 18 h. 


n° 4, juin 2012 

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Mathieu Nozières, Cream Slice 

Du 8 au 31 mars 2012 

Je crois au pouvoir de l’imagination et je 

travaille (ou plutôt joue) perpétuellement avec 

cette usine intérieure d’images. Le résultat 

propose un travail composé d’une imagerie 

très dense guidant à autant d’interprétations 

que possible. Il est important pour moi de 

créer une image chaleureuse, invitant le 

public en son intérieur, afin d’établir une 

communication directe entre l’intellect et le 

visuel. Le spectateur doit pouvoir s’approcher, 

s’éloigner, regarder en détail ou en 

global, bref communiquer avec la pièce tout 

en gardant son enthousiasme. J’essaye aussi 

de faire transparaître mon plaisir de peindre 

et ma manière de voir de la peinture. 

« Cream Slice » signifie en anglais mille-feuille. 

Ce titre est une métaphore du processus de 

création des toiles exposées ici : une superposition 

acharnée d’images peintes, construites, 

déclarées comme terminées, puis finalement 

déconstruites, couvertes, recouvertes et ainsi 

de suite jusqu’à trouver l’image finale, la dernière 

couche du mille feuille. Cream renvoie 

aussi à la matière, à l’épaisseur de la couche 

picturale. 

[MZ] 

> 

Michaël Nicolaï 

Du 7 au 30 juin 2012 

Issu du milieu du graph, Michaël Nicolaï 

transcrit sur la toile des paysages industriels, 

généralement des lieux délaissés, des 

usines... Une démarche assez 

mélancholique, proche du recensement de 

traces archéologiques d’un passé pas si 

lointain. L’acrylique est appliquée en aplats, 

le plus souvent monochromes, et les formes 

stylisées ne sont pas sans rappeller certaines 

techniques de collage, voir la décalcomanie. 

Le cycle des expositions reprendra 

en septembre 2012. 


n° 4, juin 2012 

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114, rue Féronstrée 

Regards sur la pauvreté des femmes 

Du 2 mars au 1 er avril 2012 

Céline Gautier (journaliste) et Christophe 

Smets (photographe) ont montré 25 portraits 

de femmes confrontées à la pauvreté. Chaque 

portrait était accompagné de l’image d’un 

objet choisi par la personne photographiée et 

d’un texte évoquant ses rêves, ses envies, 

les choses qui lui tiennent à cœur. Cette exposition 

a eu lieu, dans le cadre de la Journée 

internationale de la Femme, en collaboration 

avec La Boîte à Images asbl. Cette association 

promeut la photographie à vocation 

sociale, pédagogique, culturelle et humanitaire. 

Elle développe des projets engagés, notamment 

sous forme d’expositions et de livres. 

Phil, Serial Killer au repos 

Du 5 au 29 avril 2012 

Au-delà de ses participations à des revues 

reconnues, Phil (Philippe Durant) était un 

auteur de bandes dessinées qui collaborait à 

un très grand nombre de fanzines (quand il 

n’en était pas le créateur lui-même, fanzines 

connus ou beaucoup plus « underground ») : 

en 30 ans, il a participé à plus de 400 fanzines 

à travers le monde. 

Ses planches et sa manière de les distribuer 

à tout vent (chez des grands distributeurs 

comme des petits) traduisaient une générosité 

évidente et en même temps un esprit corrosif, 

un regard caustique sur une réalité qu’il 

ne se défendait pas d’aimer pour autant. 

Il est mort quelques jours après le vernissage 

de cette exposition. 


Une collaboration entre la Ville de Liège 

et La Maison du Rock asbl. 


n° 4, juin 2012 

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Annick Dubisy, Couleurs au Musée 

Marc Verpoorten 


Du 4 mai au 1 er juillet 2012 


Du 6 juillet au 2 septembre 2012 

L’artiste propose ses peintures, croquis, 

notes, esquisses… : une somme de moments 

croqués sur le vif, un regard sans cesse à 

l’affût d’un geste, d’une parole, d’un instant. 

Couleurs au musée est le mariage assumé 

d’univers différents mais complémentaires. 

Les traits vigoureux et les couleurs vives des 

travaux d’Annick Dubisy prennent place dans 

l’hôtel particulier du xviii e siècle, au milieu des 

objets et du mobilier sculpté qui fit la 

renommée des ébénistes liégeois. 

L’artiste ?????????????????? 


n° 4, juin 2012 

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Degottex 

???????????????? 

MAMAC (musée d’art moderne et d’art contemporain) 

Du 17 août au 30 septembre 2012 

Dieu 



n° 4, juin 2012 

34


n° 4, juin 2012 

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Wer ist Ernest ? 

L’irrévérence comme un des beaux-arts 

Cette exposition a occupé, jusqu’au 20 mai, 

la galerie du Grand Curtius conduisant à 

l’exposition « Ernest de Bavière (1554-1612), 

prince-évêque de Liège dans l’Europe 

moderne ». Exposition dont le thème est une 

exposition, c’était une réflexion à plusieurs 

voix sur ce que disent des scientifiques d’un 

personnage multiforme mort il y a tout juste 

quatre-cents ans. On ne peut pas parler de 

rencontre entre de jeunes artistes en devenir 

et un prince-évêque à la personnalité complexe 

qui aurait été leur source d’inspiration, 

mais plutôt de regards croisés et complémentaires 

sur les facettes les plus contradictoires 

d’Ernest de Bavière, tout à la fois homme à 

femmes et catholique intransigeant, brûlant 

volontiers des sorcières, mais à l’écoute des 

travaux de Galilée et de Kepler. 

Collaboration entre l’École supérieure des Arts visuels 

(ESAL, Académie royale des Beaux-Arts, Virginie Pfeiffer) 

et l’École Supérieure des Arts (Saint-Luc, Anne Crahay). 

De haut en bas, de gauche à droite 

Loris Lezzi, sérigraphie sur tissu. 

Élodie Tihange, impression numérique sur papier. 

Zoé Koene, technique mixte sur tissu. 

Amal Boujemaoui, fusain sur papier. 

• 


n° 4, juin 2012 

36


n° 4, juin 2012 

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Département des arts décoratifs 


André Ernest Modeste Grétry (1741-1813) 

Bicentenaire 

Léonard Defrance (1735-1805) / André Ernest Modeste Grétry (1741-1813) / Henri 

Vieuxtemps (1820-1881) / César Franck (1822-1890) / Auguste Donnay (1862-1921) 

/ Armand Rassenfosse (1862-1934) / Albert Mockel (1866-1945) / Georges Simenon 

(1903-1989) / Alexis Curvers (1906-1992) / Hubert Grooteclaes (1927-1994)… S’il 

est des noms, des visages, des œuvres connus dans l’inconscient de chacun au 

sein du paysage culturel liégeois, le souvenir de ces personnages peut parfois se 

raviver au détour d’une rue, sur la devanture d’une maison, dans l’épitaphe d’un 

monument funéraire. Une maison natale transformée en musée est un exemple 

moins fréquent, bien que ce soit le cas pour Jean-Sébastien Bach à Eisenach, 

Hector Berlioz à La Côte Saint-André, Ludwig van Beethoven à Bonn, Jean de la 

Fontaine à Château-Thierry, James Ensor à Ostende, Gustave Flaubert à Rouen, 

Jean-François Millet à Gréville-Hague, Wolfgang Amadeus Mozart à Salzburg, Louis 

Pasteur à Dole, Pablo Picasso à Malaga, Adolphe Sax à Dinant. 

Située au 34, rue des Récollets, au cœur du quartier d’Outremeuse à Liège, la 

maison natale de Grétry abrite le musée dédié à sa mémoire. 

L’année 2013 sera dédiée à André 

Grétry, à l’occasion du bicentenaire de 

la mort du compositeur. 

En plus de la réouverture du musée 

Grétry après restauration, diverses 

manifestations sont prévues. 

Le compositeur à la mode au 18 e siècle 

C’est là qu’André Ernest Modeste Grétry 1 naît le 8 février 1741 dans la maison de 

ses grands-parents maternels. Son père, François-Pascal Grétry, est premier violon 

à la collégiale Saint-Martin de Liège. Sa mère est née Marie-Jeanne Defossez. Il est 

baptisé le 11 février à l’église de Notre-Dame-aux-Fonts de Liège, comme beaucoup 

de Liégeois. Son parrain est André Falle 2 et sa marraine Marie-Catherine Bodeur 3 . 

Grâce au mécénat de Simon de Harlez, chanoine de Saint-Denis, Grétry gagne 

Rome et la Fondation Lambert Darchis en avril 1760. Il est ensuite admis à l’académie 

des Philharmoniques de Bologne et y est fait membre à l’âge de 25 ans. En 1765, il 

se voit confier, à Rome, la musique de la pièce Les Vendangeuses qui remporte un 

franc succès et qui marque les débuts de sa carrière. En janvier 1766, il quitte Rome 

pour Genève et, aux portes de Genève, à Ferney, il rencontre Voltaire qui lui conseille 

de songer à Paris. C’est ainsi qu’en novembre 1767, Grétry se rend dans la capitale 

française, où il devient le compositeur le plus à la mode. 

En juillet 1771, il épouse Jeanne-Marie Grandon, fille du peintre lyonnais Charles 

Grandon et peintre elle-même : le couple aura trois filles qui, minées par la tuberculose, 

meurent du vivant de leur père. Grétry reçoit des commandes de la Cour de Versailles. 

Zémire et Azor est un succès sans précédent. Marie-Antoinette s’intéresse de près 

au musicien. Grétry est pensionnaire du roi et maître de Musique de la reine. 

C’est à travers l’opéra-comique que Grétry connaît la gloire et s’affirme comme 

le maître du genre en France. En 1766, le compositeur a créé à Genève son premier 

opéra-comique, Isabelle et Gertrude ou Les Sylphes supposées. Puis, parmi ses 

opéras les plus célèbres : Lucile (1769), Zémire et Azor (1771), L’Amant jaloux (1778), 

La Caravane du Caire (1783), Richard Cœur-de-Lion (1784), L’Épreuve villageoise 

(1784), Le Comte d’Albert (1786), Pierre le Grand (1790). 

Après la Révolution française, Grétry devient le protégé de Napoléon et, le 18 

décembre 1803, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il se retire dans l’ancien 

1. Grétry est un hameau situé près de la 

commune de Bolland, sur le plateau 

de Herve. 

2. André Falle enseigne dans les 

troupes du prince-évêque de Liège. 

3. Marie-Catherine Bodeur est la 

grand-mère maternelle de Grétry. 

Jacques-Louis David (1748-1825) représente Grétry, 

au faîte de sa gloire, dans le Sacre de l’empereur Napoléon 

I er et couronnement de l’impératrice Joséphine à Notre- 

Dame de Paris le 2 décembre 1804 (Musée du Louvre). 

Le compositeur est assis dans les tribunes. 

Photo © Wikimedia Commons. 


n° 4, juin 2012 

38

Ermitage de Jean-Jacques Rousseau à Montmorency, où il meurt le 24 septembre 

1813. Son corps repose au cimetière du Père Lachaise à Paris mais son cœur est 

rapatrié dans sa ville natale en 1842 et déposé dans le socle de la statue le représentant, 

en face de l’Opéra. 

De la maison natale au musée 

Le « Musée Grétry » est fondé en 1882 par Jean-Théodore Radoux, directeur du 

Conservatoire royal de Liège. En 1903, l’Œuvre des Artistes de Liège obtient l’autorisation 

de reconstituer avec l’aide de la Ville, de la Province et du Gouvernement, la 

maison telle qu’elle était à l’époque de la naissance de Grétry. Le 13 juillet 1913, le 

musée est inauguré en présence du roi Albert et de la reine Élisabeth. 

En 1924, l’architecte Camille Bourgault (1889-1970) procède à la restauration 

du bâtiment, en respectant le rez-de-chaussée mais en s’inspirant d’un dessin de 

1824 pour refaire la façade des deux étages. L’édifice présente une façade à colombages, 

aux fenêtres à croisées. L’accès se fait par une porte qui donne sur un couloir 

latéral menant à une petite cour fermée par une annexe à deux niveaux sise en 

regard de la maison individualisée par sa tourelle d’escalier octogonale. 

2013 : bicentenaire de la mort de Grétry 

À travers ce bicentenaire, la Ville de Liège rendra hommage à l’un des compositeurs 

les plus importants de son époque mais que l’Histoire semble avoir aujourd’hui 

quelque peu oublié. 

- Colloque relatif au musicien et à son œuvre, organisé par le Groupe d’étude du 

dix-huitième siècle (GEDHS) de l’Université de Liège. Il ouvrira ce bicentenaire 

les 24 et 25 septembre 2012. 

- Réouverture du musée Grétry après deux années de travaux. 

- Fin 2013, exposition sur les Wallons qui ont fréquenté Versailles durant les règnes 

de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Parmi ces architectes, artisans, diplomates, 

marbriers, militaires, musiciens, peintres, sculpteurs… : Demarteau, Du Mont, 

Gossec, les Lambotte, Rutxhiel, Rennequin Sualem, Valdor, Warin. Cette manifestation 

sera organisée par la Commission royale des Monuments, Sites et 

Fouilles de la Région wallonne, en collaboration avec la Ville de Liège et d’autres 

partenaires (Institut archéologique liégeois, Université de Liège, Province de 

Liège, Centre de Musique baroque de Versailles et Château de Versailles). 

Bibliographie sélective 

- Suzanne Clercx, Grétry 1741-1813, La Renaissance 

du Livre, 1944. 

- Rogier Ch. Radoux, Suivez le Guide ! Une heure au 

Musée, Liège, 1946. 

- Georges de Froidcourt, « Le lieu et la date de la 

naissance de Grétry », Le Vieux-Liège n° 99, 

octobre-décembre 1952. 

- La correspondance générale de Grétry, rassemblée et 

publiée avec une introduction et des notes critiques par 

Georges de Froidcourt, Brepols, Bruxelles, 1962. 

- Philippe Mercier, « André-Modeste Grétry », 

dans Des Maisons et des Hommes, Vokaer, Bruxelles, 

1980, p. 123-129. 

Façade principale du musée Grétry 

© Centre d’Archives et de Documentation de la C.R.M.S.F., 

Fonds Ville de Liège. 

- Regards sur la musique… Grétry en société, textes 

réunis par Jean Duron, Centre de Musique baroque 

de Versailles, Mardaga, Wavre, 2009. 


n° 4, juin 2012 

39

Jacky Legge 

Coordinateur des expositions 

à la Maison de la Culture de Tournai 

Émile Salkin 

Afin qu’il occupe une juste place 

Pour ancrer Émile Salkin dans l’histoire de 

l’art de Belgique, sa veuve a légué des gravures 

et des dessins dans diverses institutions 

belges, dont le Cabinet des Estampes 

et des Dessins du BAL. Francine Salkin a 

proposé à la Maison de la Culture de Tournai, 

qui avait rendu un premier hommage à 

l’artiste en 1997, de servir d’intermédiaire. 

Émile Salkin est né à Saint-Gilles le 19 décembre 

1900. Formé à l’Académie des Beaux- 

Arts de Saint-Gilles, il fut peintre, graveur, 

professeur et, surtout, précurseur du Pop 

Art, avec ses peintures et gravures de 1957 

consacrées à la circulation automobile. 

Très jeune, il se lia d’amitié avec Paul 

Delvaux. Il illustra Brialmont de Paul Crokaert 

(1925) avec Paul Delvaux, Robert Giron et 

Jean-R. Mussche. Il décora des pavillons 

lors de l’Exposition universelle et internationale 

de Bruxelles 1935 (J.-J. Eggerickx), de 

l’Exposition des Arts décoratifs de Paris 1937. 

Il fut professeur (puis directeur) à l’Institut 

F. Craps à Anderlecht, puis aux Académies de 

Tournai et de Namur. 

En 1965, il s’installa à Cotignac avec sa 

seconde épouse, Francine Verhuyck, conceptrice 

de bijoux, dans une maison dessinée 

par l’architecte belge Peter Callebout. Il y 

est mort le 27 août 1977. 

Son épouse fit preuve de ténacité pour 

qu’Émile Salkin ne tombe pas dans l’oubli. 

Elle fit en sorte que la Maison de la Culture 

de Tournai, les Éditions Actes Sud, le Ministère 

de la Culture et Notélé s’associent en 1997 

pour une importante exposition accompagnée 

d’une publication et d’un reportage audiovisuel. 

Le journaliste Joost De Geest découvrit à 

cette occasion une œuvre forte, trop méconnue. 

Il sensibilisa Willy Vandenbussche, alors 

directeur du PMMK à Ostende, aux peintures 

pop de Salkin : une exposition y fut organisée, 

avec une nouvelle monographie. 

L’éditeur et écrivain Hubert Nyssen rédigea 

la notice pour la Biographie nationale. 

Grâce à toutes ces manifestations et actions, 

la création d’Émile Salkin réapparaît aujourd’hui 

progressivement dans le paysage de 

l’histoire de l’art. 

En août 2011, Francine Salkin a chargé 

la Maison de la Culture de Tournai de déposer 

des dessins, projets de tapisserie et gravures 

dans des collections publiques. C’est déjà le 

cas à l’Académie royale de Belgique, au 

Centre de la Gravure et de l’Image imprimée 

à La Louvière, au Cabinet des dessins et 

estampes du Cercle archéologique de Namur, 

au Centre de la Tapisserie et à la Maison de la 

Culture de Tournai. Les grandes diapositives 

dont Émile Salkin se servait pour son cours 

d’histoire de l’art se trouvent au Mundaneum 

à Mons. 

Quant aux archives de l’artiste, elles sont 

conservées dans le Fonds de documentation 

et d’archives des figures de Wallonie picarde 

installé par le centre culturel et la section 

tournaisienne des Archives de l’État dans les 

anciennes imprimeries Casterman restaurées 

par l’architecte Bertrand Feys. • 


n° 4, juin 2012 

40

Régine Rémon 

Première Conservatrice 

BAL (musée des beaux-arts de Liège) 

Fanny Germeau 

Une artiste engagée 

Née à Herstal en 1911, Fanny Germeau a 

traversé le xx e siècle en menant de front sa 

vie de femme artiste et de femme engagée. 

Militante féministe et résistante pendant la 

guerre, elle poursuit inlassablement son combat 

de toute une vie, l’amélioration des droits de 

la femme, et particulièrement la libéralisation 

de l’avortement. Parallèlement, elle mène une 

carrière de peintre. Élève d’Auguste Mambour 

et de Jacques Ochs, elle sera à son tour 

professeur de dessin à l’Académie des Beaux- 

Arts. En 1988, le Musée de l’Art wallon lui 

consacre une importante rétrospective. 

Portrait de ma mère, 1960 

Huile sur toile. 

XX x YY cm. 

Les collections communales conservent au 

BAL une vingtaine de peintures de l’artiste. 

Les premiers achats de la Ville remontent aux 

années 1944-1945, suivis d’autres en 1973. 

Mais la plupart des œuvres sont des dons de 

l’artiste, en 1982, 1988, enfin en 2005. Elle 

offre alors un ensemble représentatif de sa 

production, soit huit toiles de différentes 

époques. Parmi sa sélection, l’artiste a retenu 

le portrait de sa mère, réalisé en 1960 dans 

une gamme camaïeu d’ocre et de brun. Ce 

tableau, qu’elle affectionnait particulièrement, 

a rejoint les collections du BAL en février 2012. 

Parallèlement, l’artiste fait don au Cabinet 

des Estampes et des Dessins de plusieurs 

dessins au fusain, qui illustrent les chantiers 

de la place Saint-Lambert et du cœur de 

Liège, travaux qu’elle pouvait suivre de son 

jardin de la cour des Minimes et dont elle dira 

qu’elle pensait « ne jamais en voir la fin ». 

En dessin comme en peinture, sa 

manière est vigoureuse, son trait nerveux et 

incisif. L’œuvre relève de l’expressionnisme. 

Elle reflète la ténacité et la conviction de cette 

femme hors du commun, dont l’objectif fut 

de « faire un art qui propose la part la plus 

noble, la plus consciente de l’humanité ». 


n° 4, juin 2012 

41 

Fanny Germeau est morte le 31 mai 2011 : 

ele venait d’entrer dans sa 101 e année. •


Département des arts décoratifs 


Antoine-Marin Mélotte (Liège, 1722-1795), 

Batailles d’Alexandre d’après Charles Le Brun 

Antoine-Marin Mélotte embrasse la carrière 

des armes avant de s’adonner à la sculpture. 

Il affectionne alors de traiter les batailles mais 

ne néglige pas les sujets religieux, statues ou 

bas-reliefs. Sa célébrité repose principalement 

sur ces bas-reliefs qui constituent l’essentiel 

de sa production artistique. 

Ses premiers essais connus datent de 

1752 et représentent la bataille des Amazones 

et celle de César contre Pompée. En 1757, il 

sculpte trois autres bas-reliefs qui installent sa 

réputation : le Passage de la Mer Rouge et 

deux batailles de Josué combattant les Amalécites. 

En 1761, il achève une série de six 

grands bas-reliefs sur les batailles d’Alexandre 

et de la famille de Darius, d’après le peintre 

Charles Le Brun. Acquis par Catherine II de 

Russie en 1768 pour un des palais impériaux 

de Saint-Pétersbourg, ils rejoindront les 

collections du Musée de l’Ermitage. 

En 1772, Mélotte exécute une seconde 

série de six bas-reliefs représentant des scènes 

de la vie d’Alexandre d’après Le Brun : pour 

François-Charles de Velbrück, prince-évêque 

de Liège, qui les destine à sa résidence de 

campagne de Seraing. À la mort de ce 

dernier, les bas-reliefs passent dans l’héritage 

de la famille d’Ansembourg, avant d’entrer 

au Musée archéologique de la Ville de Liège, 

actuellement Grand Curtius. Une autre série 

de bas-reliefs dus au même sculpteur se 

trouve aujourd’hui à la collégiale Saint-Georges 

et Sainte-Ode d’Amay : trois panneaux de 

grand format représentant des scènes de la 

vie de sainte Barbe (1780-1790). 

Antoine-Marin Mélotte est également 

connu comme statuaire. La collégiale Saint- 

Barthélemy de Liège abrite une Vierge de 

douleurs, signée sur la face du socle 

« Melotte sculp ». 

Batailles d’Alexandre, 1772 : pour cette série 

de six bas-reliefs, Mélotte s’est inspiré des 

tableaux exécutés par Charles Le Brun de 

1661 à 1668 pour Louis XIV. Alexandre le 

Grand y apparaît comme le modèle du Roi 

Soleil. Dans l’ordre historique, Le passage du 

Granique montre Alexandre franchissant ce 

fleuve côtier de l’Asie mineure et gagnant sa 

première bataille contre les Perses, en 343 

av. J.-C. Après la bataille, Alexandre, accompagné 

de son lieutenant Ephestion, se rend à 

La tente de Darius où l’attendent la mère du 

vaincu, Sisygambis, sa femme Statira, ses 

enfants et ses esclaves. Après avoir traversé 

le Tigre et l’Euphrate, Alexandre gagne contre 

la nouvelle armée de Darius La bataille d’Arbelles. 

L’entrée d’Alexandre dans Babylone le montre, 

triomphant, debout sur son char tiré par un 

éléphant. Poursuivant ses conquêtes vers 

l’Inde, Alexandre rencontre Porus, son plus 

redoutable ennemi : Porus, blessé, amené 

devant Alexandre illustre un moment de leur 

combat livré au passage de l’Hydaspès. La 

sixième scène, Porus abandonné des siens, 

n’est qu’esquissée par Le Brun. 

Des gravures reproduisaient ces différentes 

scènes et étaient largement diffusées 

dans toute l’Europe. C’est probablement 

d’après celles-ci qu’Antoine-Marin Mélotte 

exécuta les bas-reliefs. L’idée lui fut sans 

doute inspirée par son maître Simon Cognoul, 

qui traita les mêmes sujets dans une série 

acquise par Louis XV. 

Les bas-reliefs de Mélotte sont en 

poirier, sans couleur ni vernis. Tout l’art du 

sculpteur est de passer d’un relief très accusé 

au premier plan à des jeux de nuances subtiles 

dans les lointains, une virtuosité technique 

qui force l’admiration. 

• 

Bibliographie 

- Berthe Lhoist-Colman, « Antoine-Marin Mélotte (1722- 

1795) », Bulletin de la Société royale Le Vieux-Liège, 

tome VII, n° 165, avril-septembre 1969, p. 369-389 

- Berthe Lhoist-Colman et Pierre Colman, « Les reliefs 

d’Antoine-Marin Mélotte d’après les Batailles d’Alexandre 

de Charles Le Brun », Bulletin de la Société royale Le 

Vieux-Liège, tome VII, n° 171, octobre-décembre 1970, 

p. 501-507. 

- Alfred Micha, Les Maîtres Tombiers, Sculpteurs et 

Statuaires liégeois, Liège, 1909. 

- Joseph Philippe, « Une remarquable série de bas-reliefs 

liégeois d’après Le Brun », Chronique archéologique du 

pays de Liège, tome 59, 1968, p. 3-10. 

- Régine Remon, notice « Scènes de la vie de sainte 

Barbe », dans Albert Lemeunier et Thomas Delarue (dir.), 

Trésors de la Collégiale d’Amay, Amay, 1989, n° 2.38, 

p. 157-158. 


n° 4, juin 2012 

42

Philippe Joris 

Conservateur du départements des armes, 

Grand Curtius 

Décor actuel inspiré de l’Antiquité 

À propos de quelques armes 

La gravure sur armes connaît depuis 

une quarantaine d’année un spectaculaire 

renouveau. Mais on se trouve fort 

embarrassé pour cerner les grandes 

tendances de la gravure contemporaine. 

On y rencontre en effet un peu de tout, 

du plus classique au plus improbable : 

du faisan au dinosaure, en passant par 

les guerres napoléoniennes ou les 

acteurs de la série télévisée « Dallas » ! 

Le propos est ici de montrer quelques 

armes exceptionnelles récentes dont le 

décor est, d’une manière ou d’une 

autre, influencé par l’Antiquité. 

L’évolution stylistique de la décoration des armes de chasse et de sport est bien 

documentée 1 . Après avoir succombé pendant un demi siècle à l’exubérance décorative 

de la période romantique et des styles « néo », les graveurs du continent, vers 

1880, se tournèrent vers l’Angleterre pour y puiser leur inspiration. La Grande-Bretagne 

n’avait pas suivi le même chemin et, fidèle à sa longue tradition, était restée fidèle à 

un décor très sobre, influencée ensuite par les modèles de William Morris et le mouvement 

des Arts and Crafts. 

À Liège comme ailleurs, la sculpture des montures disparut pour laisser place 

à un sobre quadrillage. Ciselures et incrustations cédèrent le pas face à une gravure 

à volutes stylisées dite « gravure anglaise », agrémentée de bouquets ou de rubans. 

Si l’Angleterre, tant sur le plan mécanique que sur le plan décoratif, était devenue la 

référence, l’influence des modèles du siècle précédent n’avait pas disparu. D’autres 

graveurs, tels Léon Lemaître à Liège, réduisaient la place faite à l’ornement pour 

mettre en valeur des sujets de chasse. Mais les graveurs semblaient peiner à se renouveler. 

Des gravures « modernes » influencées par le cubisme ou l’Art déco ont vu le 

jour dans les années 1930, mais ces tentatives hardies n’ont jamais emporté la faveur 

du public. 

Ainsi, figée dans ses paradigmes, concurrencée par les progrès de la machine, 

la gravure sur armes décline au cours du 20 e siècle. En Europe, un sursaut a lieu à 

C 


n° 4, juin 2012 

43

la fin des années 1960 : le graveur italien Mario Abbiatico s’emploie à relancer la 

belle gravure d’armes de chasse dans son pays. Depuis la Péninsule, le dynamisme 

et les succès de l’école italienne, diffusés par les livres d’Abbiatico, orchestrent une 

véritable résurrection de cet art dans le monde. L’influence italienne ainsi que la mise 

sur le marché de l’échoppe pneumatique seront les moteurs de ce sursaut. 

The Fourten Rococo Gun (A + A’) 

En 1985, la célèbre firme londonienne Holland & Holland décide de lancer la réalisation 

d’une collection d’armes d’exception appelée « Classical Series », en raison de 

la thématique de la décoration. La première pièce de cette lignée est connue sous 

le nom de The Fourten Rococo Gun 2 . Le travail est confié aux frères Alan (1950-) et 

Paul (1954-) Brown, qui comptent parmi les meilleurs graveurs du Royaume-Uni et 

sont renommés pour leur maîtrise de l’art de la ciselure. 

Le décor ciselé sur fond doré se compose de scènes de la mythologie grecque 

soulignées d’ornements de style rococo 3 : Persée et Andromède (platine droite) ; 

Apollon et Daphné, avec Pénée et Éros (platine gauche) ; Aphrodite et des Amours 

(plat inférieur) ; le Centaure Nessos enlevant Déjanire (plaque de couche). 

On assiste ici à un singulier retour vers le passé, car ce type de décor ciselé 

sur fond doré a été en vogue en Europe de 1725 à 1760 environ et encore au cours 

du 19 e siècle. Autre particularité notable : les fonds dorés ont été réalisés par électrolyse 

et non par brunissage d’une feuille d’or. Cette arme, en calibre .410 (fourten) est 

une pièce unique portant le numéro de série 40678. Dix ans plus tard, les frères 

Brown ont réalisé pour la maison Purdey & Sons la décoration d’un fusil de grand 

luxe reprenant la même thématique mais comportant des scènes différentes 4 . 

C 

A’ 

The Herculean (B + B’) 

Autre prouesse des frères Brown, pour Holland & Holland encore, The Herculean, 

un fusil de calibre 4, réalisé en 1988, trois ans après son jumeau The Saurian décoré 

de dinosaures 5 . Les thèmes choisis sont en rapport avec le calibre de l’arme – le 

plus gros calibre de chasse, correspondant à un diamètre d’environ 26 mm – et son 

poids conséquent (plus de 8 kg). Comme l’indique son nom, le fusil est décoré de 

Travaux d’Hercule, sept sur douze, entourés de rinceaux d’acanthe. Trois masques 

figurent Zeus, Athéna et Hercule. Le guidon est sculpté en forme de dynaste Hercule. 

Le décor comporte les sujets suivants : l’hydre de Lerne (platine gauche) ; la capture 

du taureau de Crète (platine droite) ; le sanglier d’Érymanthe et le lion de Némée 

(coquilles) ; la capture du sanglier d’Érymanthe (plat inférieur) ; Cerbère et Hadès 

gardant les Enfers (pontet) ; les oiseaux du Stymphale (queue de sous-garde). Une 

pièce unique encore, au numéro de série 40401, fournie avec les cent dernières cartouches 

de calibre 4 produites par la firme Eley-Kynoch. 

Le chef-d’œuvre de Joe Rundell (C) 

Le graveur américain Joe Rundell (Elio, Michigan, né en 1940) se fait proche de 

l’esprit des travaux des frères Brown lorsqu’il se lance dans l’embellissement d’un 

fusil à canons superposés de la firme Sabatti et livre ainsi une des armes de chasse 

moderne parmi les plus décorées qui soient 6 . Aucune partie de l’arme n’est laissée 

A. The Fourten Rococo Gun de Holland & Holland. Décor 

par Alan et Paul Brown, 1987. Platine gauche : Apollon et 

Daphné. Photo Holland & Holland. 

A’. Idem, plaque de couche : Nessos et Déjanire. 

B. The Herculean de Holland & Holland. Décor par Alan et 

Paul Brown, 1988. Platine gauche : Hercule et l’Hydre de 

Lerne. Photo Holland & Holland. 

B’. Idem, plat de la bascule : Hercule et le sanglier d’Érymanthe. 

C. Fusil superposé Sabatti décoré par Joe Rundell. Photo 

Point Seven Studio. 

D. Fusil Lebeau-Courally gravé par Alain Lovenberg : Lucine 

découvre Adonis. Photo Alain Lovenberg. 

E. Carabine J. P. Sauer & Sohn 202 Gladiator. Photo Ph. J. 


n° 4, juin 2012 

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A 

B’ 

D 


n° 4, juin 2012 

45

vierge, le décor étant puisé dans la mythologie grecque et le monde antique. L’horreur 

du vide règne en maître dans ce tour de force, où l’on rencontre les figures d’Apollon, 

Aphrodite, Hercule, Triton, Alexandre le Grand, le Laocoon. Les sujets sont soulignés 

d’ornements du monde végétal. Ornements et sujets sont ciselés sur fond doré. Le 

bois lui-même est garni de rinceaux et de figures de guerriers sculptés. Rundell s’est 

inspiré d’œuvres de l’antiquité gréco-romaine et a employé des ors de plusieurs tons, 

du platine et du cuivre pour les incrustations. Quelque 3 000 heures ont été nécessaires 

à l’accomplissement de cette prouesse. 

Le trio mythologique d’Alain Lovenberg (D) 

Infiniment plus discret, le trio de fusils superposés modèle « Versailles » de la maison 

Lebeau-Courally à Liège, gravés par Alain Lovenberg (1950-) de sujets mythologiques, 

inspirés des Métamorphoses d’Ovide et où l’on peut retrouver des échos de Boucher 

entre autres, sans qu’il y ait eu reproduction exacte d’une œuvre picturale existante 7 . 

Un fusil est consacré à Diane et montre la légende d’Actéon ; le deuxième illustre 

l’histoire de Pomone et Vertumne ; le troisième est consacré à Vénus. Tous les ornements 

sont de style rococo, gravés à fond creux. On y admire l’exceptionnelle maîtrise 

du burin et de l’échoppe. 

La carabine Sauer 202 Gladiator (E) 

Plus kitsch, au moins dans le décorum qui entoure sa présentation lors des salons, 

la carabine J.P. Sauer & Sohn 202 Gladiator : l’arme trône sur un piédestal, gardée 

par deux figurants déguisés en gladiateurs ; l’arrivée de l’arme sur le stand est précédée 

d’un combat de gladiateurs. Le décor de la carabine est l’inspirateur de cette 

mise en scène : culasse ciselée d’un combat de gladiateurs ; partie supérieure du 

canon garnie d’une représentation de thermes, dont le toit amovible dissimule une 

des embases pour le montage d’une lunette de visée. Les thermes se prolongent par 

un rail ciselé en forme d’aqueduc romain. La calotte de la poignée pistolet est une 

pièce d’orfèvrerie en forme de casque de gladiateur, dont la visière mobile découvre 

un visage rappelant les casques de cavalerie de l’Empire romain. La réalisation a mobilisé 

plusieurs artisans : Marko et Heindrik Frühauf, Ursula Bertele et G. Haslingen. 

Le prix : 235 379 e. 

• 

1. Claude Gaier et Pietro Sabatti, Les plus belles gravures 

d’armes de chasse, Paris, Hatier, 1998. 

2. The Holland & Holland Classical Series : The Fourten Rococo 

Gun 1987, Londres, 1987. 

3. Parmi les motifs qui peuvent être gravés sur une arme, on 

distingue d’une part les sujets, à savoir toute représentation 

un peu réaliste de personnages, d’animaux, etc., et d’autre 

part les ornements, le plus souvent inspirés du monde 

végétal et plus ou moins stylisés. Les sujets sont rarement 

seuls, contrairement aux ornements ; ceux-ci en effet soulignent 

les compositions et assurent des transitions harmonieuses 

entre les divers plans. 

4. Douglas Tate, British Gun Engraving, Long Beach, Safari 

Press, 2000, p. 131-137. 

5. The Holland & Holland Classical Series : The Herculean, 4 

bore Gun, 1988, Londres, 1988. 

6. C. Roger Beile, American Engravers : The 21st Century, 

Minneapolis, Blue Book Publications, 2010, p. 287-292. 

7. Gaier et Sabatti, op. cit., p. 140-143. 


n° 4, juin 2012 

46 

B 

E


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musée des beaux-arts de Liège 



Musée des beaux-arts 

Fonts baptismaux 

Office du tourisme 

Musée de la Vie wallone 

Gare de Liège-Palais 

Archéoforum 

Liège• museum 

n° 4, juin 2012 

Opéra 

Théâtre de la Place 

Musée Grétry 

Galerie Wittert, Université de Liège 

Trésor de la cathédrale 

Musée Tchantchès 

Maison de la Science, Aquarium 

Les musées de la Ville de Liège 




Du mercredi au lundi, de 10 à 18 h. 

Conservatoire 




BAL (musée des beaux-arts de Liège 

+ Cabinet des estampes et des dessins) 


Du mardi au samedi de 13 à 18 h, dimanche de 11 à 18 h. 

Musée Grétry 

34, rue des Récollets / +32 (0)4 343 16 10. 

Fermé pour rénovation. 

Musée d’art moderne et d’art contemporain 

3, parc de la Boverie / +32 (0)4 342 39 23. 


MADmusée 

Maison de la Métallurgie et de l’Industrie 

Musée des Transports en commun du pays de Liège 

Musée d’art moderne et d’art contemporain 

Cabinet des estampes et des dessins 

Gare de Liège-Guillemins 

Musée en plein Air, Sart Tilman, Université de Liège 


n° 4, juin 2012 

48

Liège Musées n°4

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