Liège Musées n°4
Bulletin des musées de la Ville de Liège. A lire notamment : de précieux flacons aux saveurs orientales, Petits bouts de textiles multimillénaires, sesterce inédit de Trajan, amulettes scaraboïdes...
Bulletin des musées de la Ville de Liège.
A lire notamment : de précieux flacons aux saveurs orientales, Petits bouts de textiles multimillénaires, sesterce inédit de Trajan, amulettes scaraboïdes...
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sur la panse (6). Sur certains exemplaires, la panse est moins allongée et les anses<br />
sont plus fantaisistes. Ainsi, chaque long ruban de verre part de l’embouchure pour<br />
former une boucle, puis est rabattu sur le reste du col rectiligne pour se détacher à<br />
nouveau de l’épaulement de manière à former une deuxième boucle (7). Cette forme<br />
spécifique est seulement attestée en Syrie et à Chypre 1 .<br />
Enfin, une amphorisque trappue se différencie des précédentes par un col<br />
court à deux petites anses et une panse ovoïde globuleuse terminée par une<br />
« goutte » (8). Ce modèle daté entre 150 et 50 avant J.-C. serait de production<br />
chypriote 2 .<br />
Les alabastres et les amphorisques pourvues d’une base à bouton terminal<br />
étaient posées sur un support en verre, en or, en argent ou suspendues par une<br />
chaînette passée entre les anses.<br />
Les œnochoés<br />
Les œnochoés sont des cruches de petites dimensions au corps ovoïde relié au col<br />
court par une anse courbe ; l’orifice est trilobé. Contrairement aux alabastres et aux<br />
amphorisques, elles peuvent être posées sans support car elles sont pourvues<br />
d’une base circulaire suffisamment large. La décoration est constituée de filets<br />
enroulés ou en zigzags pour les pièces datées entre la fin du 6 e siècle et le début du<br />
4 e siècle. Le décor s’enrichit de fils colorés disposés en plumes d’oiseau sur les<br />
cruches de la seconde moitié du 4 e au 3 e siècle avant J.-C. On voit aussi apparaître<br />
à cette époque les cruches miniatures comme le seul exemplaire d’œnochoé faisant<br />
partie des collections du département du verre du Grand Curtius (9).<br />
Production industrielle pour commerce de luxe<br />
L’attrait exercé par la grande qualité d’exécution de ces flacons à parfum a favorisé<br />
leur large diffusion dans le monde grec et égéen (Grèce, Turquie, mer Noire, Italie du<br />
Sud et Sicile) et dans de nombreux pays du Proche-Orient qui étaient en contact<br />
avec l’empire grec (Liban, Palestine, Syrie, Chypre, Égypte). Cette vaste commercialisation<br />
rend difficile la détermination de la région où ils ont été produits, mais il est<br />
fort probable qu’il s’agisse des pays bordant la Méditerranée orientale. Dans plusieurs<br />
ouvrages consacrés au verre antique, on attribuait aux Phéniciens la paternité<br />
de la production de ces flacons à parfum et on parlait donc de « production phénicienne<br />
». Il est clair que les Phéniciens, grands navigateurs, ont joué un grand rôle<br />
dans leur commercialisation. Au Proche-Orient, leur territoire comprenait le Liban et<br />
une partie de la Syrie et de la Palestine. Ils avaient établi de nombreux comptoirs<br />
commerciaux à Chypre, à Malte, en Sicile, en Sardaigne, en Espagne et en Afrique<br />
du Nord dont Carthage (actuelle Tunis) est la cité la plus célèbre. On y a retrouvé<br />
dans des nécropoles plusieurs modèles d’alabastres, d’amphorisques, d’aryballes et<br />
d’œnochoés, mais malheureusement aucune trace d’atelier de verrier.<br />
Le résultat de fouilles archéologiques et des études récentes permettent tout<br />
de même d’étayer des attributions plus affinées pour les flacons datés de la période<br />
comprise entre la fin du 6 e et le début du 4 e siècle avant J.-C. et qui constituent le<br />
groupe « Méditerrannée I ». Il s’agit d’une production « gréco-orientale », avec l’île<br />
de Rhodes comme lieu de découvertes le plus probant pour cette attribution : un<br />
grand nombre de récipients proviennent de nécropoles et étaient utilisés lors de rites<br />
funéraires, des vestiges d’ateliers ont également été mis au jour. Cette industrie<br />
verrière s’est considérablement développée à la suite de la venue d’artisans du<br />
Proche-Orient. Ceux-ci ont apporté leur savoir-faire, les techniques de production et<br />
de décoration pour façonner en verre les formes qui existaient déjà dans la céramique<br />
grecque. De plus, on produisait à Rhodes une grande quantité d’huiles parfumées<br />
nécessitant la fabrication « en série » de ces contenants. Vers la fin du 5 e et au début<br />
du 4 e siècle, période qui correspond au déclin des principales villes de l’île, on constate<br />
la disparition des flacons moulés sur noyau.<br />
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<strong>Liège</strong>•museum<br />
n° 4, juin 2012<br />
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