22.04.2020 Views

Liège Musées n°4

Bulletin des musées de la Ville de Liège. A lire notamment : de précieux flacons aux saveurs orientales, Petits bouts de textiles multimillénaires, sesterce inédit de Trajan, amulettes scaraboïdes...

Bulletin des musées de la Ville de Liège.
A lire notamment : de précieux flacons aux saveurs orientales, Petits bouts de textiles multimillénaires, sesterce inédit de Trajan, amulettes scaraboïdes...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Françoise Safin-Crahay<br />

Conservatrice<br />

MAMAC<br />

(musée d’art moderne et d’art contemporain)<br />

Deux Boudin<br />

Plage de Trouville et Plage de Trouville à la cabine<br />

Ces deux œuvres font partie du legs<br />

Léopold Donnay en faveur de la Ville de<br />

<strong>Liège</strong>, reçu en 1887. Il s’agissait de<br />

trente-trois œuvres, principalement des<br />

paysages, dont neuf de Boudin, ainsi<br />

que des tableaux de Corot, Daubigny,<br />

Théodore Rousseau, Courbet… Le donateur<br />

laissait à la Ville de <strong>Liège</strong> « le choix<br />

de conserver seulement ce qui pourrait<br />

figurer au Musée de <strong>Liège</strong> et de se<br />

défaire du reste au profit des pauvres ».<br />

Léopold Donnay était liégeois et vivait à<br />

Paris. Passionné de paysages, il s’est<br />

intéressé dès 1880 à l’œuvre de Boudin :<br />

ces deux tableaux-ci lui auraient été<br />

offerts par l’artiste lors d’une de ses<br />

visites à son atelier.<br />

Né à Honfleur en 1924, Eugène Boudin a vécu au Havre. Son père était marin, et la<br />

mer restera son sujet préféré tout au long de son œuvre. Dès sa jeunesse, il aime<br />

dessiner et réalise plusieurs milliers de dessins et pastels (aujourd’hui conservés au<br />

Louvre) que Baudelaire remarquera en 1859 et qualifiera de « prodigieuses magies<br />

de l’air et de l’eau ». Ces études ont pour sujet les vagues et les nuages et sont<br />

toutes datées (avec mention de l’heure et de la direction du vent).<br />

Dans la papeterie où il travaille, il organise des expositions de peinture,<br />

occasion pour lui de rencontrer de nombreux artistes dont, entre autres, Couture,<br />

Millet, Courbet et Monet (qui deviendra son ami), de se lancer lui-même dans la<br />

peinture et d’obtenir une bourse pour suivre une formation à Paris où il participera<br />

très vite aux Salons officiels.<br />

En 1862, il passe ses vacances à Trouville et réalise des scènes de plage, qui<br />

deviendront son thème favori et le mèneront vers le succès.<br />

S’il participe à la première exposition des Impressionnistes en 1874, c’est par amitié<br />

pour Monet, mais ce fut l’unique fois. Cette proximité avec les Impressionnistes lui<br />

évitera de devenir un peintre officiel malgré son succès croissant, ses nombreuses<br />

commandes et ses participations aux Salons. S’il n’est pas considéré comme impressionniste,<br />

chacun reconnaît qu’il eut une large influence sur le groupe, plus même<br />

que son ami Jongking, en conseillant à Monet de peindre en plein air, comme lui.<br />

À part quelques natures-mortes, il restera toujours fidèle à ses thèmes, l’eau<br />

et le ciel, même lorsqu’il peint à Anvers, Bruxelles ou Rotterdam. Ses voyages dans<br />

le midi et en Italie (à Venise) l’amèneront à enrichir sa palette tout en conservant sa<br />

manière de peindre par touches spontanées, larges et sûres, mais très libres. Ce qui<br />

l’intéresse ce sont les états fugitifs de la nature, les jeux de lumière sur l’eau. Les<br />

personnages sont peu présents, excepté dans les scènes de plage où il se plaît (et<br />

cela plaît) à rendre le papillotement des toilettes de la bourgeoisie parisienne bien<br />

qu’il disait « éprouver une certaine honte à peindre la paresse désœuvrée ».<br />

Peints en plein air, « sur le motif », ses tableaux sont généralement de petites dimensions.<br />

Ces deux représentations de la plage de Trouville sont particulièrement petites<br />

(à peine 33 cm 2 ). Pleines de vie et de couleurs, on y ressent la vie grouillante et l’atmosphère<br />

de cette plage bourgeoise de Normandie, avec ses estivantes en crinolines et<br />

ses enfants jouant dans le sable.<br />

Sur une si petite surface, il parvient à faire ressentir la dimension de cette<br />

plage, l’idée de l’espace de sable, de mer, de ciel et de foule, avec une liberté qui<br />

fait penser à ses premières études.<br />

•<br />

<strong>Liège</strong>•museum<br />

n° 4, juin 2012<br />

23

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!