Liège Musées n°4
Bulletin des musées de la Ville de Liège. A lire notamment : de précieux flacons aux saveurs orientales, Petits bouts de textiles multimillénaires, sesterce inédit de Trajan, amulettes scaraboïdes...
Bulletin des musées de la Ville de Liège.
A lire notamment : de précieux flacons aux saveurs orientales, Petits bouts de textiles multimillénaires, sesterce inédit de Trajan, amulettes scaraboïdes...
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Jean-Paul Philippart<br />
Conservateur<br />
Grand Curtius, département du verre<br />
Alabastres, amphoristes, œnochoés<br />
De précieux flacons aux senteurs orientales<br />
Ces flacons – dont les plus communs sont les alabastres, les amphorisques, les<br />
aryballes et les œnochoés – copient les formes des contenants grecs réalisés en<br />
céramique ou en métal. La production intensive de tels récipients dans des ateliers<br />
méditerranéens se situe entre la fin du 6 e et le milieu du 1 er siècle avant J.-C.<br />
C’est de cette période que datent les vingt-quatre flacons du Grand Curtius.<br />
À l’exception d’une œnochoé miniature (acquise en 1981), ils faisaient partie de la<br />
collection d’Armand Baar qui avait acheté ces pièces entre 1911 et 1934 lors d’une<br />
vente à Paris et chez des marchands d’art à Bruxelles, Paris, Barcelone, au Caire, à<br />
Constantinople, aux Dardanelles et au Liban (six verres). Il n’est pas possible d’établir<br />
avec certitude leur provenance car leur lieu de découverte nous est inconnu.<br />
Les alabastres<br />
Entre la fin du 6 e et le début du 2 e siècle avant J.-C., le corps de l’alabastre est allongé<br />
et de faible diamètre, le fond est arrondi. À la partie supérieure, il est pourvu de deux<br />
petites anses en forme de dauphin. Le col court est surmonté d’une embouchure en<br />
forme de large disque aplati, avec la lèvre soulignée d’un filet coloré. Le plus bel<br />
exemplaire du Grand Curtius est façonné dans un verre de couleur brune mais le<br />
blanc et le bleu sont le plus souvent utilisés. Le décor incrusté de la panse est constitué<br />
d’une alternance de chevrons (zigzags) jaune et turquoise. Ces mêmes couleurs<br />
sont utilisées pour les filets spiralés ornant la partie supérieure et le fond (1).<br />
À la fin du 2 e et au 1 er siècle avant J.-C. (basse époque hellénistique), la panse<br />
est biconique, le col s’allonge et les anses sont réduites à deux petits tenons. Des<br />
filets spiralés sont incrustés sur le col et la partie inférieure de la panse. Un nouveau<br />
procédé décoratif apparaît : les fils de verre coloré disposés en festons ou en plumes<br />
d’oiseau (2, 3 et 4).<br />
L’alabastre est l’une des formes privilégiées pour contenir du parfum. L’orifice<br />
pourvu d’un disque plat permet en effet une application plus aisée et plus parcimonieuse<br />
du précieux liquide. L’appellation vient du grec albâtre, car ce type de récipient<br />
était le plus souvent façonné dans cette matière. Le système d’obturation le plus<br />
usité était en matière périssable, comme du liège enveloppé de tissu, mais un flacon<br />
conservé au Louvre est muni d’un bouchon cylindrique en métal doré.<br />
Ces dénominations de récipients nous<br />
incitent à voyager dans les lointaines<br />
contrées du monde antique, exhalant<br />
des parfums aux essences exotiques.<br />
De couleurs éclatantes, ils étaient<br />
fabriqués selon la technique du<br />
verre moulé sur noyau, pratiquée<br />
dès 1500 avant J.-C. en Égypte<br />
et en Mésopotamie. Il s’agit<br />
du plus ancien procédé de<br />
fabrication pour l’obtention d’un<br />
récipient en verre creux, avant<br />
l’invention de la canne à souffler.<br />
1<br />
Dessins de M. Böhm<br />
A B C D<br />
E<br />
<strong>Liège</strong>•museum<br />
n° 4, juin 2012<br />
4