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L'ESSENTIEL DU SUP PREPAS_N°42 - OCTOBRE 2020

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<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> | N° 42<br />

PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES<br />

ENTRETIENS<br />

Frank Bournois (ESCP)<br />

Thomas Froehlicher (Rennes SB)<br />

Pierre Mathiot (comité de suivi du bac)<br />

L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

Toute l’actualité et les nominations<br />

de la rentrée<br />

DÉBAT<br />

Covid-19 : comment adapter<br />

les campus ?<br />

Bac 2021 : le « choc »<br />

des spécialités


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

EFFETS DE MARQUES<br />

Dès 2000 Audiencia abandonnait son appellation d’ESC.<br />

Puis il y eut la naissance des marques « fusionnées » qui<br />

donnèrent naissance aux Skema, Kedge et Neoma. Il y<br />

a aujourd’hui la volonté de business schools françaises<br />

d’échapper à leur territoire avec la naissance de BSB,<br />

Excelia, MBS ou encore une ESCP qui s’est complétée d’un<br />

« BS » pour être encore plus internationale que ne l’était<br />

ESCP Europe. La marque est plus que jamais une donnée<br />

fondamentale dans les écoles de management.<br />

Dépasser sa ville. La problématique des écoles de management est spécifique<br />

dans la mesure où beaucoup sont multi-campus et entendent donc faire de moins en<br />

moins faire référence à leur ville d’origine. C’est ainsi que plusieurs écoles changent<br />

de nom cette rentrée. Comme toutes les écoles du groupe Excelia, ESC La Rochelle<br />

prend ainsi l’appellation du groupe et devient Excelia BS.<br />

Dépasser son ESC. Le développement d’une marque ombrelle neutre est aussi le<br />

reflet du développement de groupes qui dépassent les frontières du management.<br />

Excelia c’est également une école de tourisme et une autre du digital. Même développement<br />

du côté de Troyes pour créer Yschools au sein duquel le master Grande<br />

école, dispensé au sein de la South Champagne Business School, ne représente<br />

que 20 % de l’activité. Autour de l’ESC initiale, Yschools a en effet su développer<br />

une école supérieure de design, une école supérieure de tourisme et deux écoles<br />

Pigier à Metz et Troyes.<br />

Etre lisible à l’international. Tout récemment Montpellier Business school est<br />

devenue MBS pour « faciliter le développement de sa notoriété à l’international ».<br />

Après Toulouse BS devenue TBS, après l’ESC Dijon devenue Burgundy School of<br />

Business – et de plus en plus seulement BSB à mesure qu’elle se développe à Lyon<br />

-, c’est ainsi une nouvelle école qui s’affirme hors de son territoire. Business School,<br />

School of Business, la plupart des écoles ont en tout cas adopté pour une appellation<br />

internationale après leur nom. Seules l’EM Normandie, l’EM Strasbourg et Grenoble<br />

EM y restent réfractaires quand Lyon est elle aussi devenue une business school<br />

dans son appellation mais tout en conservant son « em » devenu… « early maker ».<br />

Il fallait y penser.<br />

Nom et territoires. Mais le mouvement n’est pas forcément univoque. Grenoble EM<br />

n’est pas devenue GEM contrairement à ce qu’on pouvait attendre. emlyon BS garde<br />

son appellation lyonnaise par un passage très original à un logo tout en minuscules<br />

minimisant ainsi « Lyon » tout en le conservant. Une démarche très politique pour<br />

préserver ses relations avec sa métropole. Devenant Yschools le groupe ESC Troyes<br />

rappelait ainsi que son « Y » était une référence<br />

à Troyes… A MBS Montpellier ne disparaît pas<br />

totalement et l’école tient à montrer qu’elle ne<br />

date pas d’hier en accolant un « since 1897 »<br />

à son logo. Maintenant également présente à<br />

Tours autant qu’à La Rochelle Excelia BS ne<br />

fait quant à elle logiquement plus de référence<br />

à sa ville initiale.<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS <strong>DU</strong> MOIS<br />

4 • Ecricome en ordre de marche pour les<br />

concours 2021<br />

5 • La BCE crée un tout nouveau comité<br />

d’éthique<br />

6 • Peter Todd démissionne de la direction<br />

d’HEC<br />

8 • Masters in Management : deux écoles<br />

françaises sur le podium<br />

9 • IA : HEC Paris et l’IPP créent Hi! PARIS<br />

13 • Early Makers Hub : l’emlyon ouvre un<br />

bâtiment centré sur sa pédagogie<br />

14 • Des rentrées sous le signe du climat<br />

15 • Excelia « Explore Your Future »<br />

PUBLI INFORMATION<br />

10 • Manuelle Malot, directrice des activités<br />

carrières et du NewGen Talent Centre<br />

de l’Edhec : « Les nouvelles générations<br />

veulent plus qu’un emploi, ils veulent avoir<br />

un impact »<br />

ENTRETIENS<br />

16 • Frank Bournois (ESCP)<br />

19 • Thomas Froehlicher (Rennes SB)<br />

26 • Pierre Mathiot (Comité de suivi du bac)<br />

DOSSIER<br />

22 • Bac 2021 : le « choc » des spécialités<br />

DÉBAT<br />

31 • Covid-19 : comment adapter les campus ?<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : shutterstock<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

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L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Ecricome en ordre de marche<br />

pour les concours 2021<br />

EN BREF<br />

Après une année où il a fallu s’adapter à la crise de la Covid-19<br />

en un temps très réduit, le concours Ecricome se prépare<br />

à plusieurs scénarios en 2021.<br />

La Fnege mesure<br />

l’impact de la<br />

crise sanitaire<br />

L’Observatoire de la<br />

Transformation Digitale de la<br />

Fnege (Fondation nationale<br />

pour l’enseignement de la<br />

gestion des entreprises) a<br />

mené une enquête auprès<br />

des directeurs d’écoles<br />

de management pour<br />

évaluer l’importance des<br />

conséquences de la crise<br />

sanitaire sur les usages<br />

des technologies digitales<br />

dans les établissements<br />

d’enseignement supérieur en<br />

sciences de gestion. Alors que<br />

la totalité des établissements<br />

est passé au numérique, 80 %<br />

des répondants estiment<br />

que la structure de leur<br />

organisation a été « plutôt<br />

adaptée aux échanges et à la<br />

collaboration nécessaire dans<br />

cette phase de crise ». 82 %<br />

estiment que les compétences<br />

liées au digital ont aussi<br />

plutôt été adaptées. Lire toute<br />

l’enquête flash avec ce lien.<br />

Une adaptation réussie. <strong>2020</strong> était l’année<br />

du Covid-19 mais aussi la première année d’un<br />

concours à quatre écoles, l’EM Strasbourg et<br />

Rennes SB ayant rejoint Kedge BS et NEOMA<br />

BS. C’était une année où il fallait s’adapter et « Ecricome<br />

l’a fait grâce au travail de ses équipes », se<br />

félicite Delphine Manceau, la présidente du concours<br />

et directrice générale de NEOMA BS. Le tout grâce<br />

à des avancées numériques : 43 800 copies ont été<br />

traitées via la solution Viatique d’Exatech et les « 400<br />

correcteurs ont plébiscité la correction ligne », assure<br />

Thomas Froehlicher, le directeur général de Rennes SB.<br />

+1,2 % de candidats post prépas EC. Le résultat<br />

? Une augmentation de 1,2 % du nombre de candidats<br />

issus de classes préparatoires économiques<br />

et commerciales (et même 30 % issus de classes<br />

préparatoires littéraires). Le tout alors que le nombre<br />

d’élèves issus des premières baissait de 0,4 % et que<br />

celui des candidats issus des secondes augmentait<br />

lui de 0,9 %. Signe de diversité le pourcentage de<br />

boursiers issus des classes préparatoires passe de<br />

27,3 % à 28,9 %. Toutes les places ouvertes par les<br />

quatre écoles ont été pourvues.<br />

Un concours à géométrie variable en 2021.<br />

En 2021 ce sont 1780 places de plus qui vont être<br />

proposées aux élèves issus de prépas EC soit seulement<br />

cinq de plus toutes au sein de Rennes SB (qui<br />

augmente également son recrutement de 10 élèves<br />

en prépas littéraires). « Nous avons la volonté de<br />

conserver la sélectivité des écoles, qui augmente<br />

même », assure le directeur général de Kedge BS,<br />

Alexandre de Navailles.<br />

Le tout pour des tarifs stables à 295 € pour les élèves<br />

de prépas EC et 150 € pour les prépas littéraires. Les<br />

inscriptions courront du 10 décembre <strong>2020</strong> au 12 janvier<br />

2021. Les épreuves auront lieu du 19 au 21 avril<br />

2021, soit cinq jours avant la BCE comme d’habitude.<br />

Un scénario « Covid-19 » pour le passage des<br />

oraux. Cette année les écoles ne veulent pas être<br />

dépourvues quelles que soient les consignes sanitaires.<br />

« Pour le concours post prépas nous pourrions soit<br />

reporter les oraux, soit basculer à distance. Nous souhaitons<br />

absolument ne pas les supprimer. En postbac<br />

Les quatre directeurs présentent le concours 2021<br />

nous pourrions basculer en mode dossier », confie Herbert<br />

Castéran, le directeur général de l’EM Strasbourg.<br />

« Ce serait catastrophique pour les étudiants d’annuler<br />

pour une deuxième fois les oraux. Cela pourrait être<br />

également être mal interprété par les professeurs de<br />

prépas, qui pourraient croire que les écoles veulent<br />

supprimer les oraux », dit Philippe Koehler, auteur des<br />

nouvelles épreuves de langue du concours. « Nous<br />

tenons aux oraux parce que cela agrandit nos critères<br />

de recrutement mais aussi parce que c’est le moment<br />

où nous faisons connaître aux étudiants », le rassure<br />

Delphine Manceau quand François Dubreu, le directeur<br />

des formations initiales de Kedge BS, explique que le<br />

« MESRI a été rassuré par notre capacité cette année<br />

à nous organiser à distance et devrait donc valider des<br />

oraux sur le même format ».<br />

La nouvelle épreuve orale de langues. Elle<br />

devait être déployée en <strong>2020</strong>, la nouvelle épreuve<br />

de langues du concours Ecricome verra finalement<br />

le jour en 2021. Les échanges avec le jury se feront<br />

désormais sur la base du visionnage d’une vidéo<br />

dont les contenus thématiques pourront porter sur<br />

la culture, le business, la civilisation, l’environnement,<br />

la société ou l’économie. L’objet de cette évolution est<br />

de « proposer une épreuve innovante, en phase avec<br />

les modes actuels de consommation de l’information<br />

et répondant à l’appétence des candidats actuels pour<br />

l’image ». Les 160 vidéos de trois minutes qui avaient<br />

été préparées pour le concours <strong>2020</strong> seront mises à<br />

disposition des candidats.<br />

OR<br />

4


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

La BCE crée un tout nouveau<br />

comité d’éthique<br />

Cet été le concours de la BCE a été en proie à différentes questions<br />

d’organisation et d’éthique. Il fallait réagir<br />

et cela a été fait avec toute une série de mesures.<br />

Fuite du sujet de<br />

maths de la BCE :<br />

rappel des faits<br />

La session <strong>2020</strong> des concours<br />

de CPGE économiques et<br />

commerciales a été marquée<br />

par la fuite d’un des sujets. En<br />

effet, lors de la session 2018,<br />

si le sujet de mathématiques<br />

S ESSEC-HEC avait été<br />

écarté, au lieu d’être détruit<br />

un exemplaire fut récupéré<br />

par un professeur de classe<br />

préparatoire. Celui-ci l’a<br />

proposé comme sujet de<br />

concours blanc à ses élèves<br />

en mars 2019. Problème : ce<br />

même sujet s’est retrouvé à<br />

servir de base à l’élaboration<br />

du sujet <strong>2020</strong>. C’est là que<br />

les avis divergent. Pour la<br />

BCE seuls quatre élèves ayant<br />

cubé sont concernés. Ce que<br />

contestait un large collectif<br />

de professeurs de classes<br />

préparatoires demandant<br />

que le concours soit repassé.<br />

La BCE refusait de faire le<br />

15 juillet arguant du très<br />

faible nombre de candidats<br />

concernés mais aussi d’un<br />

état pandémique qui rendait<br />

impossible l’organisation<br />

d’un nouvel examen.<br />

Réunies le 29 septembre les écoles membres<br />

ont mis en place un tout nouveau « Comité<br />

éthique BCE » qui fera appel à des personnalités<br />

extérieures, notamment l’Inspection<br />

générale de l’éducation, du sport et de la recherche.<br />

De même une « Charte éthique BCE » précisera les<br />

engagements des différentes parties prenantes du<br />

concours. Cette charte intégrera en particulier les<br />

règles applicables en matière de déclarations d’intérêt<br />

et d’application des clauses de confidentialité et de<br />

déontologie. De plus le règlement intérieur de la BCE<br />

est modifié pour « mieux préciser les rôles respectifs<br />

de l’ensemble des acteurs intervenant dans la conception<br />

des sujets » : écoles conceptrices, Direction<br />

des Admissions et Concours (DAC), responsables<br />

d’épreuves et concepteurs de sujets… Ce document<br />

détaille les modalités de fonctionnement de la BCE et<br />

a vocation à être périodiquement actualisé.<br />

Par ailleurs et suite aux recommandations de l’audit<br />

réalisé par l’Inspection générale de la CCI Paris Îlede-France,<br />

en relation avec l’Inspection générale de<br />

l’éducation, du sport et de la recherche, les mesures<br />

suivantes ont également été adoptées :<br />

•publication systématique des sujets sur le site de la<br />

BCE, dès lors qu’un sujet aura été acheminé vers les<br />

centres de concours, même en cas de neutralisation<br />

et de remplacement par un sujet de secours ;<br />

•révision du process de recrutement et de suivi des<br />

concepteurs de sujets, ainsi que des critères d’expertise<br />

et d’éthique attendus afin de permettre une rotation<br />

plus fréquente et sécurisée desdits concepteurs ;<br />

•engagement systématique par écrit de respecter<br />

les dispositions de la charte éthique BCE par les<br />

responsables d’épreuves, concepteurs de sujets,<br />

« cobayeurs » et toute autre personne pouvant<br />

avoir connaissance des sujets avant les épreuves<br />

de concours.<br />

Ces différentes mesures seront mises en œuvre<br />

d’ici la fin de l’année <strong>2020</strong> en vue du concours 2021.<br />

Le concours BCE 2021 aura lieu du 27 avril au 6 mai<br />

(une « journée de secours » est prévue le 17 mai en<br />

cas de reprogrammation d’épreuve). Pour la préparation<br />

des épreuves orales du concours BCE 2021,<br />

les annales initialement prévues pour le concours<br />

<strong>2020</strong> seront disponibles à partir de la 2 e quinzaine<br />

d’octobre <strong>2020</strong> dans la BOUTIQUE.<br />

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L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Peter Todd démissionne<br />

de la direction d’HEC<br />

Peter Todd a démissionné de ses fonctions de directeur général<br />

et dean d’HEC pour raisons de santé.<br />

départ intervient alors que plusieurs étudiants d’HEC<br />

avaient protesté contre la gestion par l’école du Covid-19<br />

et une fermeture du campus jugée prématurée alors<br />

que la plupart y sont logés.<br />

Spécialiste des technologies de l’information et de la<br />

gestion de l’innovation, Peter Todd a obtenu un bachelor<br />

en commerce en 1983 à l’université McGill au Canada,<br />

puis un PhD en gestion des entreprises axé sur les<br />

systèmes d’information et la prise de décision en 1988 à<br />

l’université de Colombie Britannique. Il a successivement<br />

enseigné dans une multitude d’établissements depuis<br />

1988 dont l’université de Houston, à la Queen’s university,<br />

l’université du Texas à Austin, l’université de Virginie<br />

avant de devenir professeur et doyen de l’université<br />

McGill au Canada entre 2005 et 2014. Il intègre HEC et<br />

devient membre du GREGHEC (Groupe de Recherche<br />

et d’Etudes en Gestion), sous tutelle conjointe de HEC<br />

et du CNRS en 2015. Il était directeur général de HEC<br />

depuis cette année-là.<br />

HEC Paris<br />

Il souffre d’une tumeur au cerveau « bénigne » diagnostiquée<br />

il y a 18 mois. Son départ sera effectif<br />

le 31 octobre alors qu’il lui restait encore près d’un<br />

an de mandat jusqu’en août 2021 et qu’un cabinet de<br />

recrutement était en charge de lui trouver un successeur.<br />

Dans un mail adressé aux étudiants il explique : « Ces<br />

cinq dernières années, diriger HEC Paris a été pour<br />

moi un honneur. J’ai découvert une école remarquable<br />

dont l’excellence est à mettre en grande partie au bénéfice<br />

de l’énergie, de l’enthousiasme, de la richesse<br />

intellectuelle et de la diversité dont vous nourrissez<br />

collectivement l’Ecole. » Ce mail est accompagné<br />

d’une lettre à destination des personnels d’HEC dans<br />

laquelle il explique : « Mon pronostic à long terme est<br />

bon, mais faire face aux effets secondaires de ma<br />

maladie tout en continuant à diriger l’école dans le<br />

contexte complexe et stressant engendré par la crise<br />

du COVID 19 m’amène aujourd’hui, soutenu dans ma<br />

décision par Connie (NDLR : son épouse), à choisir de<br />

me concentrer sur ma santé et mon bien‐être. » Ce<br />

NOMINATIONS<br />

Anne Rivière a été nommée à la direction du Programme<br />

Grande école et des MSc de TBS. Elle succède à<br />

Annabel-Mauve Bonnefous partie pour emlyon BS.<br />

Professeure au sein de TBS depuis 15 ans elle a auparavant<br />

été directrice de mission chez EY puis dirigé le<br />

contrôle de gestion d’Interforum, le principal distributeur<br />

de livres français. Anne Rivière est diplômée d’HEC,<br />

titulaire du DESCF, d’un doctorat en sciences de gestion<br />

et d’une HDR (habilitation à diriger les recherches). Ses<br />

recherches portent sur le rôle des<br />

systèmes de contrôle de gestion et<br />

des indicateurs de mesure dans les<br />

processus de changement organisationnel<br />

et institutionnel, dans les<br />

entreprises comme dans le secteur<br />

public. Elle s’intéresse également<br />

aux questions d’impact social et<br />

d’égalité des chances.<br />

Pascal Vidal a été nommé directeur<br />

des programmes de INSEEC U. Il<br />

rejoint ainsi le groupe dirigé par<br />

José Milano qui l’avait déjà fait<br />

venir à Kedge quand il la dirigeait.<br />

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L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

DISPARITION<br />

Benoît Anger, directeur adjoint de Neoma BS, nous a<br />

quittés. La photo qu’a choisie Neoma pour l’annoncer est<br />

un formidable résumé de l’homme qu’il était : volontaire,<br />

ultra-engagé, avec toujours cette pointe d’humour qui<br />

en faisait un formidable professionnel qu’on avait toujours<br />

plaisir à rencontrer. Beaucoup le connaissaient<br />

par la formidable implication de son compte Twitter,<br />

l’un des plus influents de l’enseignement supérieur<br />

(https://twitter.com/Benoit_Anger).<br />

Benoît Anger était entré à Neoma il y a deux ans et demi<br />

après un peu moins de quatre ans au sein de Skema, où<br />

Jusqu’ici directeur de l’ensemble des programmes de<br />

Kedge Business School, Pascal Vidal a été directeur<br />

des programmes Undergraduate & Postgraduate de<br />

SKEMA Business School de 2013 à 2017, doyen de la<br />

faculté de Ceram Business School de 2005 à 2008,<br />

puis doyen associé pour le développement international<br />

de SKEMA de 2008 à 2010, poste pour lequel il s’est<br />

fortement impliqué dans le développement de l’école<br />

en Chine puis aux États-Unis. Il a notamment été directeur<br />

du campus américain à l’ouverture de celui-ci<br />

à Raleigh (Caroline du Nord). Doté d’une expérience du<br />

monde académique d’une vingtaine d’années, Pascal<br />

Vidal est titulaire d’un doctorat en Sciences de gestion<br />

(Systèmes d’Information) obtenu en 2000 au sein de<br />

l’Université Aix-Marseille III.<br />

il dirigeait le marketing et les admissions, un peu moins<br />

de deux ans chez France Business School, à la direction<br />

de la communication et du développement, et quatre<br />

ans comme directeur corporate et marketing de l’EM<br />

Normandie. Il aimait aussi rappeler ses huit années passées<br />

au sein du Club Med, dont il avait dirigé les activités<br />

au Royaume-Uni et dans plusieurs pays du Nord avant<br />

d’en devenir directeur financier et du développement.<br />

Une deuxième expérience professionnelle après quatre<br />

années passées comme directeur financier du groupe<br />

Trouvay & Couvin en charge d’activités au Moyen-Orient.<br />

Il était diplômé de l’EM Normandie.<br />

Un nouveau<br />

DGA à Kedge<br />

Anil Benard-Dendé, 44<br />

ans a été nommé directeur<br />

général adjoint de KEDGE<br />

Business School en charge<br />

de la « transformation ». Ses<br />

principales missions seront<br />

la traduction opérationnelle<br />

du plan stratégique et de<br />

transformation de l’école,<br />

ainsi que le suivi de son<br />

exécution, l’amélioration<br />

de l’expérience étudiante,<br />

le développement de la<br />

relation entreprises et de<br />

l’entreprenariat, l’expérience<br />

digitale, la promotion et le<br />

développement international<br />

et enfin la politique de<br />

RSE (responsabilité<br />

sociétale des entreprises).<br />

Diplômé des Arts et Métiers<br />

Sciences et Technologie, Anil<br />

Benard-Dendé accompagne<br />

depuis 2019 des dirigeants,<br />

des fonds d’investissement et<br />

des startups à fort potentiel<br />

dans leurs stratégies<br />

de développement, de<br />

transformation et leurs<br />

plans opérationnels. En<br />

2016, il devient directeur<br />

général des opérations puis<br />

directeur général adjoint<br />

de Showroomprivé.com. Il<br />

avait auparavant rejoint en<br />

2007 le Groupe Casino et<br />

Cdiscount pour en diriger les<br />

opérations et transformer le<br />

modèle logistique au service<br />

de l’expérience client. Il<br />

y avait pris par la suite la<br />

direction du développement<br />

et des activités B2B, puis<br />

de l’international, couvrant<br />

ainsi l’Afrique, l’Asie du<br />

Sud-Est et l’Amérique latine.<br />

NEOMA BS<br />

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L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Masters in Management :<br />

deux écoles françaises sur le podium<br />

«<br />

La pandémie a inversé le déclin de l’intérêt pour<br />

le MiM et les candidatures atteignent un niveau<br />

record » note The Financial Times en commentant<br />

son Classement <strong>2020</strong> des Masters in Management.<br />

Cela tombe bien pour les business schools<br />

françaises dont les rangs sont globalement en progression.<br />

HEC Paris 2 e , Essec 3 e derrière l’inamovible<br />

- et confidentiel - MA in Strategy and International<br />

Management de Saint-Gallen, les programmes phares<br />

des deux business schools françaises conservent ainsi<br />

leur place sur le podium.<br />

Plus loin Neoma et La Rochelle BS font toutes deux une<br />

spectaculaire progression en gagnant respectivement<br />

quinze et dix-huit places et se classent ainsi 28 e et 48 e .<br />

Neoma présentait pour la première fois une promotion<br />

issue de sa fusion intervenue il y a sept ans. Résultat :<br />

elle entre dans le top 5 des meilleures écoles françaises<br />

et devance emlyon. Quant à La Rochelle BS elle gagne<br />

même 46 places en deux ans en se classant à la 5 e<br />

place mondiale pour sa dimension internationale, un<br />

classement où Neoma est 16 e . L’Edhec gagne également<br />

trois places (16 e et même 12 e pour son service<br />

Des écoles de management françaises toujours au top<br />

carrières), emlyon BS en gagne 11 (29 e ) alors que Paris<br />

School of Business fait son entrée dans le classement<br />

à la 88 e place.<br />

Mais cinq écoles ne sont pas classées cette année<br />

alors qu’elles l’étaient en 2019, faisant tomber la part<br />

des business schools françaises sous le quart des 100<br />

classées : elles ne sont plus que 21 en <strong>2020</strong> contre 26<br />

en 2019. Respectivement 12 e , 52 e , 85 e , 89 e et 99 e en<br />

2019, Skema, ICN, Paris-Dauphine, ISC Paris et l’ESC<br />

Clermont ne sont pas classées cette année faute d’un<br />

nombre suffisant de répondants à « l’Alumni survey »,<br />

enquête auprès des alumni ayant obtenu leur diplôme<br />

3 ans auparavant sur laquelle repose en grande partie<br />

le classement. Cette enquête ayant eu lieu pendant la<br />

période de confinement au printemps dernier, SKEMA<br />

a par exemple « fait le choix de se retirer exceptionnellement<br />

du classement cette année faute d’un taux<br />

de réponse suffisant pour que les données soient<br />

représentatives de la promotion concernée ».<br />

Voici le classement de l’ensemble du top 20 et des<br />

business schools françaises.<br />

QS Rankings :<br />

HEC peut pavoiser<br />

QS a publié plusieurs<br />

classements dont le tout<br />

nouveau et en plein dans<br />

l’actualité consacré aux<br />

Masters en Supply Chain<br />

Management. Le Master<br />

en Global Supply Chain<br />

Management, proposé par<br />

MIT Center pour le Transport<br />

& La logistique, est en tête<br />

du classement, qui propose<br />

un total de 46 programmes.<br />

Première école française,<br />

Skema se classe 12 e et<br />

devance Audencia (15 e ).<br />

Dans les autres classements<br />

ce sont les excellents<br />

classements de HEC Paris<br />

qui retiennent l’attention :<br />

• HEC Paris l’emporte dans<br />

la catégorie Management<br />

devant la LBS et l’Essec ;<br />

• HEC Paris l’emporte<br />

également dans la<br />

catégorie Marketing devant<br />

Columbia et Imperial<br />

Collage (ESCP BS place un<br />

programme à la 5e place,<br />

l’Edhec 7e, emlyon 8e) ;<br />

• l’Essec et ESCP Business<br />

School sont classées 3e et<br />

4e mondiale des Masters<br />

en Business Analytics<br />

derrière le MIT (Sloan)<br />

et UCLA (Anderson) ;<br />

• HEC Paris est au 3 e rang<br />

des Masters en Finance,<br />

précédée par Oxford (Sai),<br />

la LBS et le MIT (Sloan)<br />

et précède l’Essec (7e).<br />

La Stanford Graduate School<br />

of Business reste en tête du<br />

classement des Global MBA<br />

à temps plein dalors que<br />

la Wharton School est à la<br />

seconde place. En Europe<br />

HEC Paris, INSEAD, la<br />

LBS et IE Business School<br />

font partie du Top 10.<br />

8


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

IA : HEC Paris et l’IPP<br />

créent Hi ! PARIS<br />

Le tout nouveau centre interdisciplinaire de recherche<br />

et d’enseignement consacré à l’intelligence artificielle (IA) et aux sciences<br />

des données que lancent HEC et l’Institut Polytechnique de Paris (IPP)<br />

entend devenir un « leader mondial du domaine d’ici 5 ans ».<br />

Hi ! PARIS s’appuiera sur les 300 chercheurs et<br />

sur les infrastructures d’IP Paris et HEC Paris<br />

dans ces domaines et interviendra dans des<br />

domaines d’applications clés tels que l’énergie<br />

et l’environnement, la défense et la sécurité, la santé,<br />

le retail et l’industrie du luxe, les télécoms, l’alimentation,<br />

la finance et l’assurance… Comme l’expliquent<br />

les professeurs Eric Moulines (IP Paris) et Thierry<br />

Foucault (HEC Paris), co-directeurs scientifiques du<br />

Centre, « grâce à une équipe d’enseignants-chercheurs<br />

de rang mondial, Hi ! PARIS a pour ambition de mener<br />

des projets qui permettront d’exploiter tout le potentiel<br />

de l‘IA en recrutant 30 nouveaux professeurs et 150<br />

doctorants parmi les meilleurs au monde, et de former<br />

la future génération d’ingénieurs et de managers qui<br />

construira une IA au service de tous, en doublant en 5<br />

ans le nombre d’étudiants formés dans le domaine. »<br />

Le Centre est entièrement financé par des entreprises<br />

mécènes. Il compte d’ores et déjà sur le soutien de<br />

cinq mécènes fondateurs : L’Oréal, Capgemini, TOTAL,<br />

Kering et Rexel.<br />

EN BREF<br />

• L’EDHEC Business<br />

School renforce son corps<br />

professoral avec l’arrivée<br />

de 9 nouveaux professeurs<br />

et chercheurs dans des<br />

champs disciplinaires qui<br />

entrent en résonance avec<br />

ses priorités stratégiques :<br />

l’entrepreneuriat,<br />

l’intelligence artificielle<br />

et plus particulièrement<br />

le droit, avec l’arrivée de<br />

deux nouveaux professeurs<br />

qui rejoignent l’EDHEC<br />

Augmented Law Institute.<br />

Une nouvelle mascotte pour Skema<br />

Fin 2019, SKEMA lançait le SKE-<br />

MASCOT Challenge auprès de ses étudiants.<br />

Près de 40 projets sont alors élaborés<br />

en équipe ou en solo par les étudiants<br />

et parmi eux un projet remporte tous les<br />

suffrages pour devenir la mascotte globale<br />

de SKEMA : « Leon, le SKAME-<br />

LEON ». Le vote des étudiants l’a désigné<br />

comme favori et un jury composé de représentants<br />

de la communauté SKEMA a<br />

ensuite confirmé ce choix. « Le caméléon<br />

est un animal connu dans le monde entier<br />

pour changer de couleur selon l’endroit<br />

où il se trouve. Il représente bien le<br />

SKEMA BS<br />

mantra de SKEMA car il sait s’adapter<br />

parfaitement à tous les environnements.<br />

Comme SKEMA, il est At home worldwide<br />

! » expliquent Roxane Ricros et Arthur<br />

Cavrois-Foucaut, les deux lauréats.<br />

Le challenge remporté, le travail ne faisait<br />

que commencer : le visuel imaginé<br />

par les étudiants a été ensuite travaillé<br />

en 3D à la palette graphique puis habillé<br />

(couleurs, écailles, texture, pattes, yeux,<br />

etc.) et décliné en de multiples versions<br />

pays - avec différents drapeaux - et formats<br />

- posters, peluche tricotée à la main,<br />

sacoches, pins et autres goodies de façon<br />

à se déployer dans tous les pays où SKE-<br />

MA est implantée.<br />

Léon a également une existence digitale<br />

: à l’heure des réseaux sociaux, les<br />

aventures de Leon le SKAMELEON<br />

pourront être partagées via une galerie<br />

de GIFs animés, des vidéos et un filtre<br />

Instagram « Humeur Léon du jour » avec<br />

le hashtag : #LeonTheSKAMELEON.<br />

Voir la vidéo.<br />

La CGE s’associe<br />

au BNEM<br />

Plus de 20 ans après la<br />

création du Bureau national<br />

des élèves ingénieurs (BNEI),<br />

le BNEM (Bureau national<br />

des étudiants en école de<br />

management) a vu le jour<br />

cette année. Il regroupe<br />

déjà les associations d’une<br />

vingtaine d’écoles dont il<br />

sera le porte-parole au sein<br />

du Chapitre des écoles de<br />

management. Il travaille<br />

par exemple déjà avec le<br />

chapitre à la mise en place<br />

de protocoles sanitaires.<br />

• ICN Business School<br />

poursuit le renforcement<br />

de son corps professoral<br />

en accueillant 4 nouveaux<br />

professeurs permanents à la<br />

rentrée <strong>2020</strong>. Ces derniers<br />

recrutements portent le<br />

corps enseignant ICN à 74<br />

professeurs permanents<br />

(dont 92 % titulaires d’un<br />

doctorat, 51 % étrangers<br />

par la nationalité ou par<br />

le diplôme de doctorat) et<br />

17 professeurs affiliés.<br />

• Les 700 étudiants<br />

de Grenoble Ecole<br />

de Management ont<br />

débuté leur année par<br />

un défi de la rentrée sur le<br />

campus virtuel de l’école<br />

créé en collaboration<br />

avec Laval Virtual.<br />

• Lancée au mois de<br />

février <strong>2020</strong>, la Chaire<br />

ESSEC Sport voit la<br />

rejoindre Paris Saint-<br />

Germain après Allianz<br />

France, EDF et la Fédération<br />

Française de BasketBall en<br />

tant que membre fondateur.<br />

9


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Manuelle Malot<br />

DIRECTRICE CARRIÈRES ET NEWGEN TALENT CENTRE<br />

« Les nouvelles générations veulent plus qu’un emploi,<br />

elles veulent avoir un impact »<br />

Le NewGen Talent Centre de l’EDHEC explore avec précision les aspirations professionnelles<br />

des futurs diplômés. Chaque année, le centre publie les résultats d’une enquête<br />

auprès d’étudiants en école de management sur ce qu’ils et elles attendent de leur future<br />

carrière. Deux objectifs primordiaux sont mis en avant par ces jeunes générations :<br />

les aspirations entrepreneuriales et l’utilité sociale, ceci même en temps<br />

de pandémie mondiale.<br />

À QUI S’ADRESSE L’ÉTUDE NEWGEN FOR IMPACT ?<br />

Comme toutes nos études, elle s’adresse à la fois<br />

aux jeunes et aux entreprises qui les recrutent.<br />

Nous visons à nourrir les questions d’attraction,<br />

fidélisation et engagement des jeunes talents, et elle<br />

contribue donc à une meilleure compréhension des<br />

problématiques de marque employeur.<br />

Elle permet également aux étudiants de mieux comprendre<br />

et formaliser ce qu’ils souhaitent et de se<br />

rassurer : leurs aspirations ne sont pas utopiques<br />

ou atypiques mais bien celles de leur génération.<br />

Plus ils seront nombreux à vouloir transformer<br />

l’entreprise, plus ce sera facile de le faire.<br />

QUI SONT LES PERSONNES INTERROGÉES ?<br />

Plus de 2000 jeunes étudiants, la plupart à leur entrée<br />

en pré-Master et Master 1 de toutes les écoles de<br />

management. C’est ce volume et cette diversité du<br />

panel qui donnent de la solidité à notre étude.<br />

EN QUOI PEUT-ON DIRE QUE CETTE ÉTUDE PEUT<br />

AIDER À LA REPRISE ?<br />

C’est une conviction de l’EDHEC : les jeunes diplômés,<br />

avec leur talent et leurs aspirations, sont aujourd’hui<br />

les plus à mêmes de faire bouger les lignes au sein<br />

des entreprises, et donc d’innover.<br />

Notre étude souligne les compétences des jeunes<br />

diplômés et ce à quoi ils rêvent. On comprend que<br />

leur courage, leur enthousiasme et leur envie d’« impact<br />

utile » sont une chance pour la relance car ils<br />

peuvent faire accélérer le changement de paradigme.<br />

Les jeunes trouvent les grandes organisations<br />

complexes, très cloisonnées, trop verticales et s’y<br />

projettent difficilement. Notre conviction à l’EDHEC,<br />

c’est qu’il faut écouter ces jeunes qui arrivent sur le<br />

marché du travail et qui finalement, avec une forme<br />

de naïveté, donnent des conseils extrêmement intéressants<br />

de réforme des organisations.<br />

Nous sommes à la croisée des chemins de cette<br />

‘nouvelle normalité’ que nous devons trouver suite<br />

à la crise, cette étude tombe donc à pic. Enfin c’est<br />

une génération capable de remettre en cause les<br />

10


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

modèles de l’entreprise qu’il est plus difficile de<br />

challenger de l’intérieur.<br />

LES NOUVELLES GÉNÉRATIONS SONT-ELLES<br />

FAVORABLES AU TÉLÉTRAVAIL ?<br />

Ce qui est intéressant c’est qu’ils se posent différemment<br />

la question du télétravail. C’est une génération<br />

qui ne fait pas la différence, contrairement<br />

à la génération précédente, entre vie privée et vie<br />

professionnelle. Les jeunes imbriquent ces deux<br />

notions complètement, cela ne va pas les déranger<br />

de travailler à 22 heures. En revanche, ça ne les<br />

dérangera pas non plus de réserver leur prochain<br />

week-end en pleine journée.<br />

Mais ces jeunes générations considèrent l’entreprise<br />

comme le lieu d’une aventure collective et sont<br />

extrêmement sensibles à l’équipe, l’ambiance et la<br />

collaboration.<br />

C’est dans l’interaction sociale utile à l’entreprise<br />

que le télétravail peut avoir ses limites.<br />

Comment faire une séance de créativité collective à<br />

distance ? Comment fêter les réussites de l’entreprise<br />

et se réconforter des revers ?<br />

En revanche, sur le plan technique, l’engagement de<br />

ces jeunes en télétravail ne sera pas un problème si<br />

l’alignement des objectifs demeure.<br />

COMMENT LES JEUNES GÉNÉRATIONS ÉQUILIBRENT-<br />

ELLES LEURS VIES PRIVÉE ET PROFESSIONNELLE ?<br />

L’imbrication vie privée/ vie professionnelle s’applique<br />

également sur le plan des valeurs, c’est-à-dire ce<br />

à quoi ils croient. Si cette génération prend moins<br />

l’avion, s’ils consomment durable, s’ils se déplacent<br />

à vélo plutôt qu’en voiture... ils veulent retrouver ces<br />

comportements dans l’entreprise.<br />

Ils ne veulent pas dissocier les valeurs auxquelles ils<br />

adhèrent dans leur vie privée et accepter que leur<br />

employeur n’assume pas cette même responsabilité<br />

sociétale et environnementale. Ils sont sensibles à<br />

être cohérents et alignés.<br />

LES JEUNES SONT PAR EXEMPLE ADEPTES <strong>DU</strong><br />

FAST LIVING MAIS PRÔNENT LA RSE. PEUT-ON<br />

DIRE QU’ILS SONT CONTRADICTOIRES, VOIRE<br />

UTOPIQUES ?<br />

Certes cette génération présente quelques paradoxes,<br />

c’est le privilège de la jeunesse et elle les<br />

assume pleinement !<br />

Ils sont à l’image des caractéristiques que l’on attribue<br />

à notre monde : volatil, incertain, complexe<br />

et parfois ambigu...<br />

Il semble qu’ils veulent tout, tout de suite et n’hésitent<br />

pas à démissionner de façon précoce puisque la<br />

durée du premier emploi a fortement diminué.<br />

Leur force est qu’ils osent plus que la génération<br />

précédente mais ont la capacité de se remettre en<br />

cause. C’est peut-être pour cela qu’ils vivent bien<br />

avec leurs paradoxes. Ils sont plus ouverts.<br />

COMMENT LES ENTREPRISES PEUVENT-ELLES LES<br />

SATISFAIRE ?<br />

Nous venons de vivre huit ans d’une situation euphorique<br />

pour les jeunes diplômés, avec un marché<br />

de l’emploi qui leur était extrêmement favorable.<br />

La situation va changer sans doute pour plusieurs<br />

mois et la problématique d’attraction et de fidélisation<br />

des entreprises va devenir moins préoccupante.<br />

Mesurer leur utilité<br />

Plus de la moitié des jeunes interrogés en<br />

2019 disent vouloir avoir de l’influence dans<br />

leur carrière, « dans un environnement qui<br />

correspond à leurs valeurs ». 63 % d’entre<br />

eux ont ajouté que pour réussir, ils ont<br />

besoin d’être passionnés par ce qu’ils font, et<br />

58 % veulent rester fidèles à leurs valeurs.<br />

Manuelle Malot note que de plus en plus, « les<br />

étudiants se tournent vers des plus petites<br />

structures, car ils souhaitent être entendus,<br />

faire une différence, et mesurer leur utilité. »<br />

« Ils sont également convaincus que les<br />

entreprises peuvent avoir un impact positif<br />

sur le monde, et souhaitent contribuer à cet<br />

impact ». 61 % des jeunes diplômés estiment<br />

que les entreprises devraient prendre<br />

davantage de responsabilité sociétale.<br />

L’innovation est un facteur très important<br />

pour les jeunes étudiants en école<br />

de commerce. 57 % des personnes<br />

interrogées souhaitent travailler<br />

dans une entreprise innovante.<br />

C’est d’autant plus vrai pour ceux souhaitant<br />

créer leurs propres entreprises : 64 %<br />

d’entre eux sont motivés par l’innovation.<br />

« Les futurs entrepreneurs sont<br />

profondément motivés par l’action et la<br />

liberté de pensée. Ce sont ces jeunes-là<br />

qui trouveront des solutions aux crises que<br />

nous traversons », explique Manuelle Malot.<br />

11


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Dans un marché qui leur sera favorable, les entreprises<br />

recruteront plus facilement les bons profils mais<br />

la question de l’engagement sera tout aussi aiguë.<br />

Le risque serait de penser que les entreprises peuvent<br />

faire fi des problématiques d’utilité sociale et de sens<br />

qui sont fondamentales dans l’engagement des jeunes.<br />

Les entreprises doivent permettre aux jeunes d’être<br />

dans des structures plus petites, agiles, horizontales,<br />

entrepreneuriales qui leur permettent d’être utiles<br />

et de mesurer leur impact.<br />

Une des clés pour satisfaire la nouvelle génération :<br />

une forme d’« intrapreneuriat » : les responsabiliser<br />

et leur faire confiance sur des missions courtes et<br />

aux effets mesurables parce que nous savons qu’ils<br />

ne se projettent pas sur du long terme.<br />

En offrant aux jeunes diplômés les conditions des<br />

start-up au sein des entreprises, les employeurs<br />

deviennent attractifs et engageants.<br />

Les jeunes générations plébiscitent les projets transversaux,<br />

collaboratifs, où ils interagissent avec les<br />

autres salariés, y compris avec le management, de<br />

façon horizontale dans des équipes internationales aux<br />

profils divers à la fois socialement et culturellement.<br />

QUEL EST LE THÈME DE LA PROCHAINE ENQUÊTE ?<br />

Ces jours-ci le NewGen Talent centre publie une<br />

nouvelle étude réalisée auprès de diplômés de Centrale<br />

et de l’EDHEC à propos de l’impact des crises<br />

de 1993, 2000 et 2008 sur leurs carrières.<br />

Notre prochaine grande enquête concernera l’engagement<br />

des jeunes collaborateurs et étudiera en<br />

particulier l’impact de la raison d’être. Elle paraîtra<br />

en début d’année prochaine.<br />

Enfin deux nouveaux dossiers sur la classe prépa et<br />

sur l’intelligence artificielle sortiront respectivement<br />

en novembre et mars.<br />

LES ENTREPRISES VOUS FONT-ELLES DES<br />

DEMANDES D’ÉTUDES SPÉCIFIQUES ?<br />

Oui, les entreprises ont toujours besoin de connaître la<br />

jeune génération de diplômés pour mieux communiquer<br />

avec elles, les recruter, les fidéliser et les engager.<br />

Leurs préoccupations orientent nos sujets d’études.<br />

12


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Early Makers Hub :<br />

l’emlyon ouvre un bâtiment<br />

centré sur sa pédagogie<br />

Sa construction devrait démarrer début 2021 dans le 7 e arrondissement de Lyon.<br />

30 000 m² dont 7 000 m2 d’espaces collaboratifs et expérientiels<br />

sur le Early Makers Hub est le nouveau site d’enseignement d’emlyon business<br />

school et la « plateforme d’expansion de la communauté mondiale des early makers ».<br />

Cette nouvelle plateforme, qui pourra accueillir<br />

jusqu’à 3 500 personnes, a pour objectif de<br />

mettre l’école en lien avec un écosystème<br />

dynamique et cosmopolite pour renforcer la<br />

pédagogie Early Makers mise en place depuis plusieurs<br />

années au sein d’emlyon. « Le vrai campus d’emlyon de<br />

demain c’est le quartier de Gerland, Lyon, la métropole, la<br />

région, la France et le Monde et ce site d’éducation sera<br />

au cœur du réseau », confieTeddy Breyton, le directeur<br />

du projet Early Makers Hub. Ce que confirme Thierry<br />

Picq, le directeur Early Makers Development : « L’idée<br />

du Early Makers Hub est de créer des rencontres,<br />

de contribuer à une ville apprenante, qui dépasse les<br />

murs d’un campus ».<br />

Montpellier<br />

Business School<br />

devient MBS<br />

Après TBS, après BSB, après<br />

PSB, après… HEC, un nouveau<br />

sigle en trois lettres fait<br />

son apparition dans le paysage<br />

des business schools françaises<br />

: il faut maintenant parler<br />

de MBS pour évoquer Montpellier<br />

business school. Et parce que MBS veut<br />

incarner son « positionnement unique<br />

dans le paysage des business schools françaises<br />

» ce nouveau logo est accompagné<br />

par un le « hashtag-différence ». Ce pictogramme<br />

inventé pour MBS rassemble<br />

le caractère #, symbole du partage au sein<br />

des communautés humaines et le signe ≠<br />

signe de toutes les différences. Deux symboles<br />

en un pour un picto lié à la baseline<br />

de l’école : « Making a difference ».<br />

NEOMA a fait<br />

sa rentrée<br />

en Chine<br />

Le 18 septembre <strong>2020</strong>, le programme<br />

joint en e-commerce et International Business<br />

de NEOMA Business School et<br />

Nankai University a fait sa rentrée en<br />

Chine, sur le campus de Nankai. 40 étudiants<br />

chinois recrutés sur le système du<br />

GAOKAO ont commencé ce Bachelor<br />

en double-diplôme, visé par le ministère<br />

chinois de l’Education.<br />

Durant les 3 premières années du cursus,<br />

les étudiants évolueront sur le campus<br />

de Nankai University pour suivre une<br />

formation co-animée par les professeurs<br />

des deux institutions. En quatrième année,<br />

la promotion rejoindra les campus<br />

de NEOMA pour compléter la formation.<br />

Les « 80 jours – 80<br />

podcasts » de Inseec<br />

Grande Ecole<br />

Eric Cobast, professeur à<br />

INSEEC Grande Ecole et<br />

directeur de l’Académie<br />

de l’Eloquence, lance<br />

vendredi 2 octobre une<br />

série de podcasts quotidiens<br />

sur le thème « Le tour<br />

de l’Animal », thème des<br />

classes préparatoires aux<br />

grandes écoles (CPGE)<br />

de l’année. L’objectif est<br />

de diffuser du contenu en<br />

continu durant 80 jours<br />

« 80 jours 80 podcasts ».<br />

Les podcasts sont mis<br />

en ligne sur YouTube et<br />

relayés sur les réseaux<br />

sociaux de l’école tous les<br />

jours ouvrés à 18 heures,<br />

dès le vendredi 2 octobre.<br />

GEM lance « La<br />

Fabrique du Festival<br />

de Géopolitique »<br />

En vue du Festival de<br />

Géopolitique 2021<br />

(qui aura lieu du 25 au<br />

27 mars sur le thème<br />

« s’adapter ! ? »), Grenoble<br />

École de Management<br />

lance « La Fabrique du<br />

Festival de Géopolitique »,<br />

un cycle inédit d’ateliers en<br />

visioconférence du 6 octobre<br />

<strong>2020</strong> jusqu’en février 2021.<br />

Les deux premiers ateliers<br />

se déroulent en ligne. Le<br />

premier a eu lieu le 6 octobre<br />

sur « La géopolitique de<br />

l’adaptation ». Le deuxième<br />

le 3 novembre à 18 heures<br />

sur le thème « De la fourche<br />

à la fourchette », adaptation<br />

du système alimentaire face<br />

aux crises géopolitiques et<br />

au changement climatique.<br />

Inscriptions sur<br />

zoom.us/webinar<br />

13


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Des rentrées sous le signe<br />

du climat<br />

La question climatique est dans toutes les têtes et les écoles<br />

se mettent au diapason pour former leurs étudiants dès leur rentrée.<br />

Illustrations à Audencia, ESCP BS et Grenoble EM.<br />

La rentrée des étudiants de la Grande école est<br />

un moment traditionnellement très fort à dans<br />

toutes les écoles de management. Encore plus<br />

cette année pour des étudiants tout juste issus<br />

de classes préparatoires qui n’avaient pas pu venir<br />

visiter l’école pour la plupart en l’absence d’oraux.<br />

Témoins ces six étudiants tout juste arrivés d’Annecy<br />

pour rejoindre Audencia où ils étaient dans la même<br />

classe préparatoire : « Nous avons d’abord choisi<br />

l’école la meilleure à laquelle nous pouvions prétendre.<br />

Même si ça fait du chemin – plus de neuf heures – pour<br />

rentrer voir nos parents. C’est l’esprit des concours ».<br />

Une matinée de débats à Audencia. Avec les<br />

524 autres nouveaux étudiants de première année,<br />

ces étudiants primo-entrants d’Audencia viennent de<br />

passer une matinée au sein du Centre des congrès<br />

de Nantes. Au programme un débat consacré au réchauffement<br />

climatique. Avec un superbe plateau :<br />

Véronique Andrieux, la directrice générale de WWF<br />

France, Hugo Clément, dont l’émission « Sur le front »<br />

met en avant des combats environnementaux sur<br />

France 5, et Nicolas Vanier, auteur de nombreux films et<br />

documentaires sur la nature. Leur message commun :<br />

« Vous pouvez changer le monde, vous devez changer<br />

le monde, investissez-vous pour cela demain dans<br />

votre entreprise, quelle qu’elle soit ».<br />

Un séminaire à ESCP BS. Dans le cadre de la<br />

rentrée académique de son Master in Management<br />

Grande Ecole, ESCP BS organisait quant à elle un<br />

séminaire dédié aux enjeux climatiques et aux transformations<br />

dans lesquelles s’engagent les entreprises.<br />

L’objectif : former l’ensemble de ses étudiants aux<br />

défis climatiques, énergétiques et sociaux pour leur<br />

faire comprendre comment les managers peuvent<br />

« agir pour transformer les systèmes économiques et<br />

managériaux vers des modèles plus soutenables ». Au<br />

programme de cette deuxième édition : une nouvelle<br />

« Fresque du climat », un atelier ludique, participatif et<br />

créatif, permettant aux 400 étudiants de la nouvelle<br />

promotion de comprendre les causes et conséquences<br />

du changement climatique. Mais aussi l’intervention de<br />

« grands témoins » : Laurence Tubiana, ex-ambassadrice<br />

chargée des négociations sur le changement climatique<br />

et représentante spéciale pour la COP 21 et présidente<br />

de la Fondation européenne pour le climat (ECF). Alain<br />

Grandjean, président de la Fondation Nicolas Hulot et<br />

fondateur de la société Carbone 4, et Jean Moreau,<br />

Fondateur de la start-up Phenix et président du Mouves<br />

(Mouvement des Entrepreneurs Sociaux).<br />

Des ODD pour GEM. Les étudiants de Grenoble<br />

EM ont de leur côté été invités à réaliser une initiative<br />

concrète et réelle en réponse à l’un des 17 Objectifs<br />

de développement durable (ODD) de l’ONU. Le but : les<br />

encourager à agir et les initier aux enjeux de transition<br />

écologique, économique et sociétale, l’une des 5 causes<br />

de l’école. 120 actions ont été proposées notamment<br />

autour des ODD 12 « Consommation et Production<br />

Durables » et 13 « Mesures relatives à la lutte contre<br />

les changements climatiques ». Parmi leurs idées citons<br />

« La technologie à bonne escient » (avec des applis pour<br />

éviter le gaspillage ou pour faciliter le co-voiturage, le<br />

choix d’un moteur de recherche alternatif et bien sur<br />

plus de sobriété dans les usages) et « Quand écologie<br />

rime avec solidarité » en « donnant une seconde vie<br />

à tous les objets qui s’entassent dans nos placards et<br />

en partageant nos petits plats ou nos savoir-faire ».<br />

L’ESSEC et AXA<br />

lancent une chaire<br />

pour un développement<br />

financier durable<br />

En partenariat avec<br />

AXA IM Alts, l’un des<br />

leaders mondiaux des<br />

investissements alternatifs<br />

et premier, l’ESSEC lance la<br />

Chaire « Shaping the future<br />

of finance ». L’ambition<br />

d’AXA IM Alts à travers ce<br />

partenariat pédagogique est<br />

de « combiner l’expertise<br />

académique de pointe de<br />

l’ESSEC Business School<br />

avec l’expérience et la<br />

perspective d’AXA IM Alts<br />

sur des sujets identifiés<br />

comme les challenges du<br />

monde de la finance de<br />

demain ». Les défis de<br />

la gestion alternative des<br />

actifs seront abordés avec<br />

un « accent particulier<br />

sur les aspects ESG »<br />

(environnementaux, sociaux<br />

et de gouvernance). « Un<br />

avenir durable est au cœur<br />

de notre stratégie. Avec cette<br />

chaire, l’ESSEC s’associe<br />

à des partenaires de renom<br />

pour construire un système<br />

financier plus résilient et plus<br />

inclusif », indique Vincenzo<br />

Vinzi, le directeur général de<br />

l’ESSEC Business School.<br />

La chaire est dédiée<br />

aux meilleurs étudiants<br />

en finance de l’ESSEC.<br />

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L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Excelia « Explore Your Future »<br />

Ne l’appelez plus ESC La Rochelle. Toutes les écoles<br />

du groupe Excelia prennent aujourd’hui le nom d’Excelia<br />

et l’ESC La Rochelle devient Excelia BS.<br />

« Les étudiants se sont rapidement approprié la<br />

Le groupe Excelia<br />

marque et s’appellent déjà les « exceliens ». Nous<br />

et Figaro Classifieds<br />

signent un partenariat<br />

allons donc plus loin cette année en adoptant<br />

la marque pour tous nos programmes. C’est<br />

d’autant plus logique que nous sommes de moins<br />

en moins rochelais et plus en plus présents sur tout<br />

notre territoire », commente le directeur général du<br />

groupe, Bruno Neil, présentant son plan stratégique<br />

2025 « Explore Your Future » : « Nous avons travaillé<br />

un an et demi avec toutes nos équipes pour faire face<br />

aux défis du numérique, de la santé, du développement<br />

durable ou encore de cyber sécurité et surtout servir<br />

nos territoires ».<br />

Objectif : faire progresser le chiffre d’affaires en<br />

cinq ans de 35 à 70 millions d’euros avec le passage<br />

de 3800 à 5800 étudiants en formation initiale. Mais<br />

c’est surtout la montée en puissance de la formation<br />

continue qui devrait représenter 12 % du chiffre<br />

d’affaires contre 8 % aujourd’hui : « Il s’agit aussi de<br />

diminuer notre dépendance à la business school dont<br />

la part du chiffre d’affaires passerait de 79 % à 66 % ».<br />

Et même si elle n’a pas fait le plein d’élèves de classes<br />

préparatoires, c’est la Grande école de management<br />

qui tire les résultats vers le haut cette année avec<br />

une hausse de 13 % du volume d’étudiants. De plus<br />

en plus d’étudiant titulaires de licences universitaires<br />

postulent en effet d’où une hausse des effectifs de<br />

60 % en master. « En période de crise on se rassure<br />

en allant vers des programmes leaders », commente<br />

encore Buno Neil dont l’école dispenses se cours à<br />

60 % en distanciel en cette rentrée.<br />

L’école par abonnement. « Nous allons créer un<br />

nouveau business model fondé sur une école financée<br />

par l’abonnement. Qui peut même être gratuite. Chacun<br />

pourra designer son parcours à la carte dans le temps<br />

et les lieux, en effaçant la frontière entre formation<br />

initiale et continue », explique Sébastien Chantelot, le<br />

directeur d’Excelia BS. C’est au cœur de l’offre qu’entend<br />

développer la Grande école dès 2022 : modulariser les<br />

cours pour les proposer sur abonnement. Ou même<br />

gratuitement avec des tiers financeurs. « En formation<br />

continue nous pouvons diffuser une partie de l’offre,<br />

tant de modules par exemple sur les rapports extra<br />

financiers que l’on finance sur son CPF (compte personnel<br />

de formation) », reprend Sébastien Chantelot.<br />

Cap sur la RSE. « Nous voulons être leader dans les<br />

questions sociales et environnementales », explique<br />

Valérie Fernandes, la doyenne de la faculté. Déjà en<br />

<strong>2020</strong> ont été lancées les missions Climacité aux côtés<br />

des célèbres Humacités. Une instance de gouvernance<br />

dédiée à la RSE, un « conseil de développement durable<br />

», va être créé pour mesure l’impact de toutes<br />

les décisions de l’école. Chaque collaborateur pourra<br />

mesurer son empreinte carbone avec un outil fourni<br />

par l’école. Enfin en 2025 le nouveau campus sera<br />

éco-responsable.<br />

Cap sur le territoire. « Nous sommes ancrés dans<br />

notre territoire et nous allons par exemple créer un<br />

Observatoire régional du tourisme en 2022 dans une<br />

région qui est la troisième préférée des Français »,<br />

explique Jean-Pierre Helfer, le directeur de la recherche,<br />

qui veut insister sur le « développement du tourisme<br />

durable ». Aujourd’hui installée de La Rochelle à Paris<br />

en passant par Tours, Cognac, Niort et Potiers, l’école<br />

va également s’installer à Orléans.<br />

Cap sur l’international. « À notre grande surprise les<br />

étudiants internationaux arrivent même si l’octroi des<br />

visas prend du temps et que les vols internationaux sont<br />

très chers », se félicite Maxime Gambini, le directeur<br />

délégué marketing et commercial du groupe. Excelia<br />

accepte des arrivées tardives jusqu’au 15 octobre ainsi<br />

qu’une offre digitalisée qui permet à ceux qui ne peuvent<br />

vraiment pas venir de suivre ses cours. Résultat : une<br />

hausse de 3 % des nouveaux entrants - certes très<br />

inférieure aux 20 % habituels – mais à laquelle l’école<br />

ne s’attendait pas et qu’elle entend encore développer<br />

dans les années à venir.<br />

50 à 60 millions d’euros vont également être investis<br />

pour construire un nouveau bâtiment de 30 000 à<br />

35 000 m 2 à La Rochelle pour le groupe. Ailleurs l’école<br />

s’installe dans les locaux des chambres de commerce<br />

et d’industrie.<br />

15<br />

Le leader du marché des<br />

annonces classées sur<br />

internet, Figaro Classifieds, et<br />

le groupe Excelia deviennent<br />

partenaires. Les étudiants du<br />

groupe Excelia bénéficieront<br />

ainsi de ses outils de mise<br />

en relation, de ses services<br />

et de ses analyses du marché<br />

de l’emploi. De son côté<br />

Excelia mettra au service de<br />

Figaro Classifieds l’expertise<br />

de ses étudiants du MSc<br />

International Strategic<br />

Event dans le domaine de<br />

l’événementiel. Il assurera<br />

aussi l’organisation de<br />

plusieurs évènements<br />

étudiants qui seront animés<br />

par Figaro Classifieds.


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Frank Bournois<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE ESCP<br />

« Le numérique permet en effet à la fois<br />

de standardiser les enseignements et de les customiser »<br />

Parce qu’elle est implantée sur six<br />

campus en Europe, parce que la<br />

dimension numérique y était déjà très<br />

présente, ESCP était sans doute l’école<br />

la mieux préparée à surmonter la crise<br />

du Covid-19. Et maintenant ? La vision de<br />

son directeur général, Frank Bournois,<br />

d’un univers des business schools en<br />

profonde mutation.<br />

Olivier Rollot : Cette rentrée reste dominée<br />

par les conséquences de la pandémie de<br />

la Covid-19. On le voit les campus ferment<br />

les uns après les autres ou sont fortement<br />

affectés. Qu’en est-il de ceux de ESCP ?<br />

Frank Bournois : Nous appliquons 80 % de règles<br />

communes avec 20 % d’adaptations à la situation<br />

et aux directives locales. Nous gérons ce que nous<br />

appelons à Londres des « bubble groups », c’est-àdire<br />

des groupes de 35 à 50 étudiants qui restent le<br />

plus souvent ensemble avec des créneaux horaires<br />

spécifiques. S’il y a un problème nous pouvons isoler<br />

le groupe concerné comme nous venons par exemple<br />

de le faire sur notre campus de Madrid pour des<br />

étudiants de deuxième année de bachelor. À Berlin, la<br />

situation est très différente puisque les étudiants n’ont<br />

même pas besoin de porter un masque pourvu que la<br />

distanciation sociale soit respectée.<br />

formation Jean-Luc Neyraut, et les directeurs de HEC<br />

et l’Essec, Peter Todd et Vincenzo Esposito Venzi. De<br />

même la coordination est intense avec la présidente et<br />

les collègues du Chapitre des écoles de management<br />

de la Conférence des Grandes écoles.<br />

Il est aussi intéressant de regarder ce qui se passe<br />

ailleurs. Au Royaume-Uni les universités de Manchester<br />

et Glasgow demandent ainsi aux étudiants de rester<br />

entre eux et de ne pas repartir voir leurs familles. Ils<br />

sont en quelque sorte « sous clé » (« locked down »)<br />

sur leur campus comme l’a titré The Guardian.<br />

Un double diplôme<br />

ESCP-Saint-Cyr<br />

L’Ecole Spéciale Militaire de<br />

Saint-Cyr et ESCP ont signé<br />

un accord pour la mise en<br />

place d’une filière commune<br />

diplômante à partir de la<br />

rentrée <strong>2020</strong> et pour quatre<br />

ans. Ce cursus permettra<br />

aux étudiants sélectionnés<br />

d’obtenir un double diplôme.<br />

Les élèves du MiM ESCP<br />

réaliseront une année de<br />

master au sein de Saint Cyr,<br />

divisée en 2 semestres, l’un<br />

pour la réalisation d’un<br />

stage militaire, l’autre pour<br />

une formation académique<br />

spécifique. Les élèvesofficiers<br />

de l’Ecole Spéciale<br />

Militaire de Saint-Cyr<br />

suivront quant à eux un<br />

semestre académique<br />

d’enseignement puis un<br />

semestre de recherche.<br />

À Paris nous sommes rentrés en 100 % présentiel<br />

pour les professeurs, le staff pour mieux accueillir<br />

les élèves. Désormais depuis le 6 octobre, nous appliquons<br />

le taux maximal de 50 % et nous autorisons<br />

le télétravail jusqu’à trois jours par semaine. Nous<br />

sommes aussi de plus en plus efficaces dans notre<br />

gestion avec l’agence régionale de santé (ARS) et ses<br />

équivalents européens. Nous nous consultons également<br />

chaque semaine avec le directeur général de la<br />

CCIR Stéphane Fratacci, le directeur général adjoint<br />

en charge de l’enseignement, de la recherche et de la<br />

ESCP<br />

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L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

longtemps nous avons remis un diplôme de docteur<br />

honoris causa au ministre des Finances du Luxembourg<br />

devant un nombre très important d’élèves. Au-delà<br />

de la personnalité exceptionnelle que nous recevions<br />

sur la thématique du développement durable et de la<br />

solidarité européenne, ils étaient aussi venus parce<br />

qu’ils recherchent des occasions de se rencontrer. Nous<br />

devons à nos étudiants cette garantie d’un enseignement<br />

présentiel mais aussi une garantie sanitaire qui<br />

passe par un pourcentage d’enseignement numérique.<br />

O. R : La solution c’est l’enseignement à<br />

distance ?<br />

F. B : Je ne crois pas au digital pur. La règle que nous<br />

nous sommes fixée c’est le « 20/40 » : au moins 20 %<br />

d’enseignement numérique et au moins 40 % d’enseignement<br />

présentiel dans chaque cursus. Ce qui<br />

laisse aux professeurs une marge d’appréciation tout<br />

en sachant que la partie présentielle ne peut en aucun<br />

cas descendre sous les 40 %. C’est tout l’enjeu du<br />

« Phygital Management Education » que nous mettons<br />

en œuvre parce que l’enseignement purement digital<br />

c’est un peu la même chose que lire un « Guide du<br />

Routard » sans voyager !<br />

Si on n’est jamais allé travailler dans une entreprise<br />

allemande, jamais sorti dans la rue en Allemagne on peut<br />

toujours essayer d’en parler grâce à des guides mais<br />

cela n’a rien à voir avec les parcours et les expériences<br />

que nous proposons. Nos campus – hérités du modèle<br />

historique de l’EAP – permettent cette acculturation.<br />

Le contact humain, l’empathie, l’adaptation à chaque<br />

profil, mais aussi le temps passé dans l’école et dans<br />

la capitale (car tous nos campus sont urbains !) sont<br />

autant de caractéristiques qui constituent le cœur de<br />

notre métier.<br />

Ce que vient chercher l’étudiant, ce pour quoi il a<br />

travaillé pour nous rejoindre, ce pour quoi il paie,<br />

c’est pour acquérir des expertises de très haut niveau<br />

dans le cadre d’un échange avec leurs professeurs,<br />

leurs camarades de tous horizons. Il n’y a pas très<br />

ESCP<br />

Pour les étudiants extra-européens qui n’ont pu rejoindre<br />

un de nos campus, nous avons aussi développé des<br />

enseignements totalement à distance.<br />

O. R : L’enseignement supérieur semble finalement<br />

s’être assez bien adapté à la pandémie.<br />

C’est votre sentiment ?<br />

F. B : En 1854, lors de l’inauguration de l’Ecole Centrale<br />

de Lille, Louis Pasteur tient un discours au cours duquel<br />

il prononce cette phrase célèbre : « Souvenez-vous<br />

que dans les champs de l’observation le hasard ne<br />

favorise que les esprits préparés ». La Covid-19 a été<br />

un accélérateur de transformation dans un secteur qui<br />

était déjà prêt à se transformer. J’y vois trois grandes<br />

évolutions à venir, déjà identifiées mais qui vont arriver<br />

plus vite que prévu.<br />

La première est l’arrivée de nouveaux entrants et,<br />

en premier lieu, les GAFAM (ou les BATX chinois). Les<br />

Google, Facebook, Apple… disposent d’une surface<br />

financière qui leur permet potentiellement d’investir<br />

des milliards pour acquérir des business schools ou<br />

de grandes universités. Ils peuvent imaginer délivrer<br />

ensuite un enseignement gratuit, qu’il soit ou non en ligne.<br />

Cela doit nous amener à caractériser mieux encore la<br />

valeur ajoutée de nos écoles. Soit nous nous disons que<br />

cela passera (« Do nothing, wait and see »), soit nous<br />

réagissons en fusionnant des établissements, soit nous<br />

développons des partenariats avec les entreprises du<br />

digital ou du Conseil en gardant bien à l’esprit ce qu’ils<br />

n’ont pas et ce qu’ils font mieux que nous.<br />

La deuxième évolution est bien sûr la montée en puissance<br />

du numérique et tout ce qu’il permet (IA, big<br />

data) qui nous permet d’amener les jeunes à faire des<br />

choix judicieux.<br />

Un tout nouveau Global<br />

Executive PhD<br />

ESCP délivrait déjà un<br />

E-MBA à des cadres<br />

expérimentés. Depuis cet<br />

été elle va plus loin en leur<br />

proposant d’obtenir un Global<br />

Executive PhD, un diplôme<br />

en trois ou quatre ans en part<br />

time qui doit « réduire le gap<br />

entre le monde académique<br />

et celui de l’entreprise ».<br />

17


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

En troisième point, le numérique permet en effet à<br />

la fois de standardiser les enseignements et de les<br />

customiser pour répondre aux besoins individuels.<br />

Mais il met également en évidence la nécessité d’aligner<br />

le développement pédagogique et administratif,<br />

la gestion des programmes et des étudiants, qui sont<br />

aujourd’hui encore très largement distanciés. Les<br />

professeurs font leurs cours d’un côté et de l’autre<br />

l’administration suit les élèves et les accompagne en<br />

entreprise. Cela doit évoluer. À ESCP nous avons ainsi<br />

pris la décision fin juin de nommer un doyen associé à<br />

l’innovation pédagogique en tandem avec le chief digital<br />

officer – le directeur des systèmes d’information et de<br />

la transformation numérique – de l’école. Ensemble ils<br />

doivent progresser dans l’innovation pédagogique et<br />

les services aux étudiants pour repenser les parcours<br />

des étudiants. Ainsi demain nous pourrons par exemple<br />

envoyer des messages différents à chacun à l’entrée<br />

sur le campus en fonction de leur parcours, de leurs<br />

cours suivis ou non, des opportunités personnalisées en<br />

termes de conférences, de bootcamps, d’options, etc.<br />

O. R : L’individualisation des parcours est une<br />

priorité aujourd’hui ?<br />

F. B : Nous travaillons sur la notion d’étudiant « augmenté<br />

» dans le cadre d’un dispositif pédagogique<br />

individualisé. En fonction de ses cours, de ses choix,<br />

chaque étudiant disposera d’articles adaptés, saura<br />

qu’il faut préparer quel type de cours et recevra des<br />

rappels. Cela sera possible dès lors que l’école connaîtra<br />

les besoins, les attentes, les capacités d’amélioration<br />

de chaque étudiant.<br />

en exergue chaque filière suivie, chaque stage effectué<br />

de manière dématérialisée. L’école et l’association des<br />

alumni y travaillent ensemble de façon à établir une<br />

cartographie des groupes et des profils d’étudiants qui<br />

passent dans l’école. Cela sera également un outil pour<br />

corriger d’éventuelles faiblesses dans un parcours.<br />

Et ce sera également un outil certifié par l’école. Au-delà<br />

de simples CV et de profils LinkedIn cela donne une<br />

garantie et une légitimité à chaque profil du côté des<br />

employeurs. En certifiant le parcours de nos étudiants<br />

nous allons sur un terrain où les GAFAM ne peuvent pas<br />

se rendre. Nous délivrerons une certification digitale<br />

réelle complémentaire de LinkedIn. Nous sommes ainsi<br />

presque dans une Blockchain certifiée.<br />

Sorbonne Alliance :<br />

c’est parti !<br />

L’alliance qui réunit les<br />

universités Paris 1, Paris<br />

3 Sorbonne nouvelle et<br />

ESCP est maintenant sur<br />

les fonts baptismaux. Elle<br />

attend encore un vote du<br />

CNESER (Conseil national<br />

de l’enseignement supérieur<br />

et de la recherche) pour être<br />

officiellement présentée.<br />

ESCP<br />

Mais attention : c’est un challenge très exigeant pour<br />

l’école de bien délivrer en retour les enseignements et<br />

conseils adaptés à chaque étudiant. Sans parler des<br />

possibilités de résistance au changement – marginales<br />

je le pense – d’étudiants qui peuvent se sentir surveillés.<br />

De même dans les corps professoral et administratif.<br />

Mais je pense que la crise de la Covid-19 leur a démontré<br />

la nécessité d’évoluer dans nos pratiques.<br />

O. R : Où en est la réalisation de votre plan<br />

stratégique « Brand & Size » lancé en 2018 ?<br />

F. B : Lancé en 2018 notre plan stratégique « visait à<br />

développer à horizon 2022, la taille critique de l’école et<br />

son positionnement d’excellence à l’international. Avec<br />

un an d’avance, ESCP atteint ses objectifs et se projette<br />

sur la préparation du plan stratégique 2022-2026 qui<br />

impliquera toutes les parties prenantes de l’école. Sans<br />

O. R : Vous évoquiez trois évolutions. Quelle<br />

est la troisième ?<br />

prétendre atteindre un jour les 50 000 étudiants nous<br />

nous projetons vers la constitution d’une université de<br />

F. B : Elle concerne l’insertion professionnelle des jeunes<br />

et la qualité de leur long life learning. La Covid-19 nous<br />

amène également à nous distancier de cette croyance<br />

que notre rôle est seulement de recevoir des étudiants<br />

des classes préparatoires – ou du bac - et que nous les<br />

amenons ensuite vers les entreprises. Nous devons<br />

raisonner également en amont et en aval et c’est pour<br />

cela que nous travaillons à la création d’un ESCP, « European<br />

skills and competencies passport » qui mettra<br />

petite taille, de l’ordre de 15 000 étudiants, quand nous<br />

en recevons 7 000 aujourd’hui. Le tout en nous inscrivant<br />

dans un système de valeurs qui vont aller au-delà de la<br />

RSE (responsabilité sociétale des entreprises) puisque<br />

nous parlons déjà aujourd’hui d’ESG pour « environnement,<br />

social et gouvernance », à l’instar des grands<br />

groupes en pointe sur le sujet. La nomination au Comité<br />

exécutif de l’école d’un Dean associé au développement<br />

durable s’inscrit dans cet engagement au cœur de notre<br />

18


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

mission, et auquel nos étudiants sont de plus en plus<br />

attentifs en nous présentant leurs priorités. Avec la<br />

poursuite de l’excellence académique, pédagogique et<br />

expérientielle, cette dimension sera un des piliers de<br />

notre stratégie à venir, conforme à notre statut unique<br />

d’école européenne qui nous permet un regard original<br />

mais nécessaire sur le monde d’aujourd’hui.<br />

La crise de la Covid-19 a également montré la nécessité<br />

pour les business schools d’être réactives pour<br />

répondre aux besoins des entreprises. Ce qui nécessite<br />

d’avoir un corps professoral hyper connecté au monde<br />

de l’entreprise. Nous devons mettre en place des dispositifs<br />

pour avoir des enseignants en prise concrète<br />

avec les entreprises, notamment dans leur recherche.<br />

Avant chaque recrutement nous allons donc financer,<br />

à 50/50 avec les entreprises, le passage pendant<br />

quatre mois de nos nouveaux enseignants dans une<br />

entreprise. Nous avons aussi recruté Dominique Pépin,<br />

un alumnus qui a effectué sa carrière à Saint-Gobain<br />

en spécialiste de la gestion des compétences et des<br />

hauts potentiels. Il reprend la career service et les<br />

relations entreprises. Nous faisons donc beaucoup<br />

de cross-fertilisation entre les deux mondes !<br />

O. R : Il y a quelques semaines The Financial<br />

Times expliquait, en exergue de son<br />

classement annuel des business schools,<br />

que ces dernières avaient finalement plutôt<br />

profité de la crise de la Covid-19 en relançant<br />

les inscriptions dans plusieurs de leurs<br />

programmes. Est-ce un point de vue que<br />

vous partagez ?<br />

F. B : Les business schools les mieux placées, auxquelles<br />

s’intéresse le Financial Times, ont certainement profité<br />

de l’effet « valeur refuge » que l’on constate toujours<br />

en période de crise. On voit ici de façon très concrète<br />

l’importance de la marque. Sur certains programmes<br />

nous avons ainsi reçu de 30 à 40 % de candidatures<br />

supplémentaires. Au total nous avons cette année<br />

reçu 13 % d’étudiants en plus en flux entrants pour<br />

une moyenne de 20 % de candidatures en plus. Notre<br />

sélectivité a donc encore progressé.<br />

O. R : L’actualité de ESCP c’est aussi la<br />

rénovation de ses locaux parisiens. Où en<br />

êtes-vous ?<br />

F. B : Nous partons pour quatre ans de travaux de<br />

2022 à 2026 qui vont coûter 150 millions d’euros.<br />

Nous devrons quitter temporairement nos locaux<br />

historiques de l’avenue de la République pour un autre<br />

site. D’autres projets immobiliers sont également en<br />

cours sur nos autres campus, qui se sont fortement<br />

développés ces dernières années. J’ajoute que nous<br />

venons de prendre une participation de 10 % au sein de<br />

la Kozminski University, la business school de Varsovie<br />

qui héberge notre campus.<br />

ESCP<br />

19


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Thomas Froehlicher<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE RENNES SB<br />

« Nous construisons<br />

un campus résilient »<br />

La rentrée n’est décidément pas simple.<br />

En ces temps de Covid-19 Rennes SB<br />

a successivement ouvert puis fermé<br />

ses portes à ses étudiants. L’occasion<br />

successive de proposer une vraie<br />

rentrée aux étudiants puis de proposer<br />

un enseignement à distance plus en plus<br />

en performant avant le retour sur le<br />

campus le 5 octobre.<br />

Olivier Rollot : Votre rentrée s’est faite<br />

en deux fois. D’abord présentielle puis<br />

totalement distancielle avant de revenir en<br />

présentiel le 5 octobre. Cela ne doit pas être<br />

facile à organiser tous ces changements ?<br />

Thomas Froehlicher : Nous avons voulu faire des<br />

rentrées dignes des précédentes sur le campus. D’abord<br />

sur Teams, pour vérifier que tous les étudiants étaient<br />

à l’aise avec l’outil, puis en présentiel avec les étudiants<br />

de première année du programme Grande école (PGE)<br />

puis de première année de bachelor IBPM. Les étudiants<br />

du PGE ont ainsi pu travailler sur un exercice de<br />

créativité collective avec la SNCF. Leur objectif était de<br />

créer de nouveaux services pour le TER BreizhGo, que<br />

prennent très peu d’étudiants aujourd’hui parce qu’ils<br />

préfèrent des services comme Blablacar. 90 équipes,<br />

730 étudiants, se sont réunies autour de Rémi Rivas,<br />

diplômé de notre École et de Strate College Design,<br />

et Mathias Abramovicz, co-fondateurs d’Ignited Kingdom,<br />

le plus grand design sprint jamais organisé dans<br />

l’enseignement supérieur, et sur tous nos bâtiments<br />

pour permettre de respecter des zones de distance.<br />

Un véritable exercice de team building relayé par des<br />

experts sur Teams.<br />

Les 240 étudiants du bachelor ont quant à eux travaillé<br />

sur la Fresque du Climat. Enfin les étudiants arrivés<br />

directeur en deuxième année de PGE ont réinventé la<br />

vie associative alors que nous voulons leur donner le<br />

même accès qu’aux étudiants entrés dès la première<br />

année de PGE. Un dernier design sprint se réalise cette<br />

semaine sur Teams pour nos étudiants de retour en<br />

PGE3 avec le Groupe Yves Rocher.<br />

Le 21 septembre nous avons décidé de basculer ces<br />

cours en ligne pour préparer une seconde rentrée, le<br />

5 octobre <strong>2020</strong>, après avoir constaté une circulation<br />

accrue du Covid sur la métropole rennaise et indirectement<br />

des cas d’étudiants sous surveillance. Ce<br />

basculement complet en classes virtuelles de deux<br />

semaines se répétera cette année académique autant<br />

que nécessaire pour garantir la sécurité sanitaire de<br />

notre école. Il contribuera à enrayer la circulation de<br />

la Covid, en partenariat étroit avec l’agence régionale<br />

de santé (ARS) et les autorités sanitaires.<br />

J’espère que cet épisode amènera également nos<br />

étudiants à mieux respecter les gestes barrières à<br />

l’extérieur de notre campus. Sur le campus nous respectons<br />

une jauge maximale, distribuons du gel hydro<br />

alcoolique, exigeons le port du masque, jusque dans<br />

Rennes SB<br />

Rennes SB se lance dans<br />

l’enseignement du FLE<br />

L’« Académie Diderot » que<br />

lance Rennes SB est un centre<br />

d’enseignement du Français<br />

langue étrangère (FLE) du<br />

monde des affaires qui doit<br />

permettra aux étudiants<br />

étrangers qu’accueille l’école<br />

de s’immerger pleinement<br />

dans la culture française.<br />

« Ces étudiants étrangers<br />

souhaitent développer leur<br />

employabilité globale en<br />

acquérant les compétences<br />

linguistiques et culturelles<br />

francophones qui faciliteront<br />

leur recrutement en France.<br />

Pour eux, cette base<br />

francophone est un atout<br />

pour valoriser d’autres<br />

compétences managériales<br />

et offrir un profil multiculturel<br />

et multi-lingual »,<br />

explique Thomas Froehlicher.<br />

20


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

les espaces verts nous intervenons pour être stricts.<br />

Nous savons que nous ne serons pas tranquilles cette<br />

année. Depuis lundi dernier, une zone de tests a été<br />

installée à l’arrière de notre campus permettant de<br />

réaliser 800 tests par jour, sans rendez-vous. Nous<br />

continuons ainsi à apprendre et à accumuler de l’expérience,<br />

de l’agilité et donc de la « résilience » dans<br />

ce contexte de pandémie.<br />

O. R : Rennes SB fait partie des écoles de<br />

management qui reçoivent le plus d’étudiants<br />

internationaux. Leur nombre est-il en baisse<br />

cette année avec la fermeture de beaucoup<br />

de frontières ?<br />

T. F : Nos étudiants internationaux nous rejoignent début<br />

octobre et nous restons sur une tendance proche de<br />

500 étudiants en Msc, comme les années passées,<br />

mais aussi une très forte augmentation en bachelor<br />

(IBPM) et dans notre PGE (Master in Management).<br />

D’autres nous rejoindront en janvier pour une rentrée<br />

décalée. Nous constatons néanmoins une baisse du<br />

nombre d’étudiants chinois et indiens au profit d’autres<br />

nationalités ce que nous souhaitions dans le cadre<br />

de notre plan stratégique annoncé fin 2018, une plus<br />

grande diversité des origines de provenance de nos<br />

étudiants. Nous recevons plus de Péruviens, Américains,<br />

Vietnamiens, Rwandais ou Libanais qui savent pouvoir<br />

trouver en France une politique sanitaire beaucoup plus<br />

sérieuse qu’aux États-Unis, notamment.<br />

Et c’est aussi important pour les étudiants français qui<br />

sont attachés à l’ADN international de notre école. En<br />

tout, avec l’effet de « stock », nous recevrons toujours<br />

cette année plus de la moitié de nos étudiants venant<br />

de l’étranger. Seuls les étudiants étrangers en échange<br />

seront moins nombreux, au moins au premier semestre,<br />

que l’an passé.<br />

O. R : Au total votre recrutement <strong>2020</strong>-2021<br />

est bon ?<br />

T. F : En PGE nous recevons même la plus importante<br />

promotion de tous les temps avec 723 étudiants. Nous<br />

progressons en bachelor et en admissions sur titre.<br />

Notre entrée dans le concours Ecricome est une belle<br />

réussite avec un vivier beaucoup plus important et<br />

aussi plus qualitatif que celui que nous avions jusqu’ici<br />

avec la BCE et Passerelle.<br />

Nous espérions une hausse de 30 % du nombre d’étudiants<br />

internationaux et finalement nous serons à<br />

l’équilibre. Seul le Covid a obscurci le tableau.<br />

O. R : Que pensez-vous de la décision du<br />

Chapitre des écoles de management de ne<br />

pas publier les « désistements croisés »<br />

entre les écoles du Sigem, c’est-à-dire<br />

l’indicateur qui permet in fine de savoir<br />

quelle école ont choisi les candidats ?<br />

T. F : J’aurais préféré disposer de l’ensemble de statistiques<br />

mais je me suis rangé à la volonté majoritaire<br />

du Chapitre. Je suis assez confiant dans nos résultats<br />

en constatant que cette année nous avons recruté des<br />

élèves dans des classes préparatoires du top 50 dans<br />

lesquelles nous ne recrutions pas auparavant. Nous<br />

constatons également que nous recrutons plus d’élèves<br />

dans les classes ECE qu’en ECT tout en conservant le<br />

même nombre d’ECS.<br />

Nous avons également recruté un excellent groupe<br />

d’étudiants issus des classes préparatoires littéraires<br />

sans doute attiré par notre track géopolitique<br />

que nous lançons pour la première fois cette année<br />

avec Thomas Flichy de la Neuville, certainement aussi<br />

le caractère profondément multiculturel de Rennes<br />

School of Business. Le dernier classement de notre<br />

programme Grande école dans le « Financial Times » paru<br />

lundi dernier nous positionne au second rang mondial,<br />

derrière Imperial College, pour « l’internationalité » de<br />

notre corps professoral.<br />

L’enseignement<br />

« ELive »<br />

Ce mode d’enseignement<br />

concerne prioritairement<br />

les étudiants inscrits en<br />

Master of Science (MSc),<br />

Programme Grande École<br />

(PGE3) et Bachelor IBPM3<br />

pour lesquels le cours a lieu<br />

en présentiel pour une partie<br />

des étudiants. Ls étudiants<br />

non présents ont accès en<br />

direct aux mêmes cours<br />

et peuvent donc interagir<br />

comme les étudiants présents.<br />

Les cours demeurent<br />

également accessibles en<br />

replay pendant 6 mois.<br />

Rennes SB<br />

21


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

La « légendaire » allée aux palmiers de Rennes SB<br />

Rennes SB<br />

O. R : Vos étudiants ont pu découvrir un<br />

campus rénové et des salles interactives.<br />

T. F : Nous construisons un campus résilient, c’està-dire<br />

apprenant et agile. Un campus transformé et<br />

agrandi avec de nouveaux espaces de rencontres,<br />

d’échanges et de restauration, entièrement reconfigurées,<br />

et une nouvelle terrasse. Dans le cadre du Projet<br />

Flex, nous transformons également un bâtiment entier<br />

qui fonctionnera intégralement en mode « eLive », 21<br />

salles équipées pour un enseignement combinant dans<br />

une même situation pédagogique les interactions entre<br />

des étudiants en présence et à distance, y compris à<br />

l’étranger.<br />

Ainsi il est très facile de commencer ses cours le<br />

vendredi en Inde et de les reprendre le lundi à Rennes<br />

pour un étudiant arrivant avec un retard de visa par<br />

exemple. Nous allons encore ajouter de nouveaux<br />

équipements vidéo pour mieux visualiser les étudiants<br />

dès qu’ils interviennent en cours. Déjà nous mobilisons<br />

toute une équipe de 80 étudiants de PGE3, la « students<br />

squad » pour assister les professeurs pendant les<br />

cours et permettre une bonne interactivité à distance,<br />

du fait de conditions sonores et lumineuses enrichies,<br />

portée par Teams. Nos salles de cours deviennent<br />

ainsi de plus en plus des plateaux de diffusion avec<br />

la nécessité de trouver des profils proches de ceux<br />

d’une chaîne de télé, par exemple des régisseurs qui<br />

multiplient les angles de vue pour que l’expérience des<br />

étudiants soit optimale.<br />

Nous avons énormément d’idées pour irriguer tous les<br />

programmes. Par exemple en faisant intervenir des<br />

experts du monde entier qui n’ont plus à se déplacer<br />

ou nos alumni. Nous pouvons également fusionner<br />

deux salles avec des étudiants des deux côtés de la<br />

planète. Nous allons également travailler plus largement<br />

en classes inversées avec des professeurs référents<br />

qui ont la responsabilité de fournir des cours complets<br />

sur Moodle à leurs étudiants. Nous sommes en train<br />

de réinventer totalement notre manière d’enseigner.<br />

O. R : Rennes SB va-t-elle également<br />

s’implanter à Paris comme la plupart des<br />

autres business schools françaises ?<br />

T. F : Nous ouvrirons un campus parisien en septembre<br />

2021 sur l’un des quatre sites que nous avons<br />

déjà identifiés.<br />

O. R : Et à Rennes, vous allez encore vous<br />

agrandir ?<br />

T. F : La chambre de commerce et d’industrie d’Ile<br />

et Vilaine qui a impulsé la création de Rennes SB il<br />

y a presque 30 ans, dont nous sommes voisins, va<br />

déménager et nous pourrons alors bénéficier de 2,5<br />

fois plus de terrain qu’aujourd’hui. Nous construirons un<br />

campus plus vert avec plus d’espace pour l’expérience<br />

étudiante. Nous pourrons également dégager plus de<br />

place pour nos partenaires et universités.<br />

22


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

DOSSIER<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Bac 2021 : le « choc »<br />

des spécialités<br />

© Shutterstock<br />

En 2021 seront diplômés les premiers bacheliers<br />

du nouveau bac général voulu par le ministre de<br />

l’Éducation et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer.<br />

On connaît maintenant les choix des élèves de<br />

terminale. Autant d’indications précieuses à<br />

l’aube de la réforme des classes préparatoires<br />

économiques et commerciales.<br />

23


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Le difficile passage de trois à<br />

deux spécialités<br />

Pour la première fois en 2019, les<br />

élèves de seconde ont été amenés<br />

à choisir leurs spécialités de<br />

première. En <strong>2020</strong> ils ont transformé<br />

l’essai en ne conservant que deux spécialités.<br />

L’angoisse reste palpable dans<br />

les familles : en quoi ces choix vont-ils<br />

influer sur les futurs choix de filières ?<br />

Si l’impact de la réforme est important<br />

pour tout l’enseignement supérieur il l’est<br />

encore plus pour les classes préparatoires<br />

économiques et commerciales,<br />

obligées d’adopter une réforme suite à<br />

la disparition des trois filières distinctes<br />

du bac général.<br />

Les élèves de première et terminale sont<br />

appelés depuis 2019 à choisir un enseignement<br />

optionnel de trois heures et trois<br />

spécialités de quatre heures chacune<br />

(réduites à deux de six heures chacune en<br />

terminale) parmi les douze proposées. En<br />

terminale les choix s’affinent et les élèves<br />

abandonnent une des deux spécialités<br />

choisies en première. Mais on peut également<br />

changer d’avis et donc d’orientation<br />

entre les deux classes sur avis du conseil<br />

de classe. « Cela permet de passer de<br />

4 heures à 6 heures par semaine pour<br />

les deux spécialités conservées. Ensuite,<br />

cela permet aux élèves de faire un choix<br />

progressif en fonction de leur projet<br />

pour l’enseignement supérieur. L’élève<br />

abandonne une spécialité en fonction de<br />

son projet et, dans le cas des mathématiques,<br />

peut arrêter tout en prenant une<br />

option mathématiques », explique Pierre<br />

Mathiot, auteur du rapport qui a conduit<br />

à ce nouveau bac et co-président de son<br />

comité de suivi.<br />

Les spécialités les plus<br />

demandées en 2019<br />

Plus de 400 combinaisons des trois enseignements<br />

de spécialité sont recensées.<br />

Sans surprise en 2019 ce sont 68,6 %<br />

Les 12 spécialités<br />

du bac général<br />

• Arts<br />

• Biologie-écologie<br />

• Histoire géographie,<br />

géopolitique et<br />

sciences politiques.<br />

• Humanités, littérature<br />

et philosophie.<br />

• Langues, littératures et<br />

cultures étrangères.<br />

• Littérature, langues et<br />

cultures de l’Antiquité<br />

• Maths<br />

• Numérique et sciences<br />

informatiques<br />

• Physique-chimie<br />

• SVT<br />

• Sciences de l’ingénieur<br />

• Sciences économiques<br />

et commerciales<br />

shutterstock<br />

24


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

des élèves de seconde qui ont demandé<br />

à suivre la spécialité « mathématiques »<br />

de première. Les deux autres spécialités<br />

les plus demandées étaient également<br />

très classiques puisqu’il s’agissait de la<br />

physique-chimie (46,7 %) et des sciences<br />

de la vie et de la Terre (42,9 %). En tout<br />

un peu plus d’une moitié des élèves ont<br />

choisi l’une des trois principales spécialités<br />

scientifiques. Ce qui correspond<br />

peu ou prou au même pourcentage que<br />

ceux qui optaient jusqu’ici pour un bac S.<br />

« 51 % des élèves font des vœux qui, en<br />

gros, rappellent les précédentes séries<br />

du bac. Cela veut dire tout de même que<br />

près de 49 % demandant des “triplettes”<br />

qui ne correspondent pas aux ex-séries<br />

ce que je trouve être déjà une excellente<br />

nouvelle », se félicite Pierre Mathiot.<br />

Les nouvelles spécialités sont plébiscitées<br />

En 2019 ce sont 18,5 % des élèves qui<br />

ont ainsi opté pour l’une des nouvelles<br />

spécialités pluridisciplinaire « humanités-littérature-philosophie<br />

», qui permet<br />

un accès à la philosophie dès la classe de<br />

première, et 33,4 % « histoire-géographie-géopolitique<br />

et sciences politiques ».<br />

Dans l’absolu on peut avoir le sentiment<br />

que la part de la philosophie est bien moins<br />

forte que dans l’ancien bac L. Mais si vous<br />

ajoutez l’épreuve terminale commune à<br />

tous (coefficient 8) et celle de spécialité<br />

« humanités-littérature-philosophie », qui<br />

en est largement composée, vous arrivez<br />

à un coefficient total de 24 sur les 60<br />

qu’apportent les épreuves terminales.<br />

Bien plus que le coefficient de 7 sur un<br />

total de 25 qui est affecté à la philosophie<br />

au sein de l’ancien bac L. Il y a également<br />

plus d’élèves de première qui suivent un<br />

enseignement de « sciences économiques<br />

et sociales » qu’aujourd’hui.<br />

Les données 2019<br />

Les tableaux de ce dossier<br />

sont issus de la note du<br />

ministère de l’Éducation<br />

nationale et de la Jeunesse<br />

« Choix de trois spécialités en<br />

première générale à la rentrée<br />

2019 : 15 combinaisons<br />

pour 80 % des élèves »<br />

Terminale : le calendrier <strong>2020</strong>-2021<br />

Le ministère de l’Éducation vient de fixer le<br />

calendrier de terminale (sous deux versions<br />

différentes ci-jointes) dont période des<br />

épreuves finales, à savoir, les épreuves<br />

écrites portant sur les deux enseignements<br />

de spécialité, l’épreuve écrite de philosophie<br />

et le Grand oral. Le calendrier de passation<br />

des évaluations communes, constituées<br />

des devoirs communs réalisés dans le<br />

cadre des heures de classe au cours<br />

de l’année de terminale, sera déterminé<br />

au sein de chaque établissement.<br />

25


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Dans les deux cas cela signifie que<br />

beaucoup plus d’élèves qu’auparavant<br />

suivent ces spécialités : il n’y avait qu’un<br />

peu plus de 100 000 €́lèves en série<br />

ES quand la spécialité est demandée<br />

par 151 000 €́lèves. Même chose pour<br />

les 69 900 qui demandent la spécialité<br />

« humanités-littérature-philosophie »<br />

pour 51 000 €́lèves en L.<br />

A contrario la spécialité « biologie-écologie<br />

», qui semble bien redondante avec<br />

les SVT, n’a été choisie que par… 22<br />

élèves en 2019.<br />

Les spécialités les plus<br />

demandées en <strong>2020</strong><br />

En <strong>2020</strong> comme en 2019, les enseignements<br />

de spécialité de mathématiques<br />

(60,6 %), sciences économiques et sociales<br />

(43,6 %), physique-chimie (41,5 %),<br />

sciences de la vie et de la Terre (39,5 %),<br />

et histoire-géographie, géopolitique et<br />

sciences politiques (37 %) sont les plus<br />

demandés.<br />

Les élèves s’étant sans doute rendu<br />

compte de la difficulté de la spécialité, les<br />

demandes diminuent en mathématiques<br />

(-3,4 %) mais aussi dans les deux autres<br />

grandes spécialités scientifiques que sont<br />

la physique-chimie et les sciences de la<br />

vie et de la Terre (respectivement -2 % et<br />

-2,7 %). En revanche, elles augmentent significativement<br />

en sciences économiques<br />

et sociales (+5,7 %), en histoire-géographie,<br />

géopolitique et sciences politiques<br />

(+3,6 %), en humanités, littérature et<br />

philosophie (+2,8 %), en langues, littératures<br />

et cultures étrangères et régionales<br />

(LLCER) anglais (+2,5 %) et en numérique<br />

et sciences informatiques (+1,4 %).<br />

Les combinaisons préférées<br />

Parmi les combinaisons possibles, 28 %<br />

des élèves de première générale ont choisi<br />

la combinaison « mathématiques, physique-chimie,<br />

SVT », 8 % « histoire-géographie,<br />

mathématiques, SES » et 7 %<br />

« histoire-géographie, langues-littérature,<br />

SES ».<br />

Au total, les choix ont été assez ouverts<br />

puisqu’il faut 15 combinaisons d’enseignements<br />

pour retrouver 80 % des élèves<br />

(17 chez les filles et 13 chez les garçons).<br />

Le nombre de combinaisons varie de 91<br />

en Corse à 243 à Versailles. En tout 426<br />

combinaisons ont été choisies par au<br />

moins un élève au niveau national.<br />

Des spécialités…<br />

mais pas partout<br />

Pour les choisir encore faut-il<br />

que les spécialités soient<br />

enseignées dans son lycée. En<br />

<strong>2020</strong> ce sont ainsi neuf lycées<br />

sur dix qui sont en mesure<br />

de proposer à leurs élèves au<br />

moins sept enseignements de<br />

spécialité. Dans l’académie de<br />

Grenoble moins de quarante<br />

lycées proposent par exemple<br />

la spécialité « Numérique<br />

et sciences informatiques »<br />

sur un total d’un peu plus<br />

de 122. Plutôt qu’une carte<br />

ouverte certains lycées ont<br />

ainsi fixé des « menus de<br />

spécialités » recomposant<br />

peu ou prou les anciennes<br />

filières du bac général.<br />

26


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

En <strong>2020</strong> si la combinaison « mathématiques<br />

– physique-chimie – sciences<br />

de la vie et de la Terre » reste la plus<br />

demandée, elle connaît une diminution<br />

de demandes par rapport à l’année précédente<br />

(-3,7 %). La combinaison « histoire-géographie,<br />

géopolitique et sciences<br />

politiques – humanités, littérature et<br />

philosophie – sciences économiques et<br />

sociales » connaît en revanche la plus<br />

forte augmentation (+1,5 %).<br />

Les choix des filles et des<br />

garçons restent très différents<br />

Les choix de spécialités demeurent très<br />

différents selon le sexe. En <strong>2020</strong> les filles<br />

ont en effet abandonné beaucoup plus<br />

que les garçons les enseignements à<br />

orientation scientifique : 50 % d’abandon<br />

chez les filles contre 30 % chez les<br />

garçons. De même pour les spécialités<br />

numérique et sciences informatiques et<br />

sciences de l’ingénieur. En revanche, les<br />

filles abandonnent un peu moins souvent<br />

la physique-chimie, et beaucoup moins<br />

souvent les SVT (32 % contre 44 %).<br />

L’abandon des langues, littératures et<br />

cultures étrangères et régionales est<br />

davantage le fait des garçons (44 %<br />

contre 33 % des filles).<br />

En 2019 85 % des élèves ayant choisi<br />

« humanités, littérature et philosophie,<br />

langues, SES » et 79 % de ceux qui suivent<br />

« histoire-géographie, humanités, langues<br />

» étaient des filles. à l’inversement,<br />

les triplettes qui contiennent à la fois<br />

les deux spécialités mathématiques et<br />

physique-chimie, à part celle avec SVT en<br />

troisième choix, ont été plébiscitées par<br />

les garçons. Ainsi les triplettes « mathématiques,<br />

PC, SI » et « maths PC, NSI »<br />

ne reçoivent que 15 % et 13 % de filles qui<br />

sont surreprésentées dans les triplettes<br />

avec la SVT ;<br />

En revanche les filles élargissent plus<br />

leurs choix que les garçons : il faut 17<br />

triplettes pour retrouver environ 8 filles<br />

sur 10 alors qu’il suffit de 13 triplettes<br />

pour retrouver la même proportion de<br />

garçons.<br />

L’origine sociale est marquante<br />

Les choix se spécialités sont également<br />

largement connotés en fonction de l’origine<br />

sociale des élèves. Si un peu moins de<br />

69 % des élèves de première générale ont<br />

27


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

choisi la spécialité mathématiques, c’est<br />

le cas de 76 % de ceux d’origine sociale<br />

très favorisée contre seulement 62 %<br />

des élèves d’origine sociale défavorisée.<br />

A l’inverse, les SES, l’histoire-géographie,<br />

les langues et les humanités sont plus<br />

choisies par les élèves d’origine sociale<br />

défavorisées qu’en moyenne.<br />

Sébastien Gémon<br />

Parcoursup 2021 :<br />

les dates<br />

La procédure Parcoursup se<br />

déroulera en trois étapes :<br />

• au 1 er trimestre, la phase<br />

d’information et de<br />

découverte des formations ;<br />

• à partir du 20 janvier 2021,<br />

la phase d’inscription<br />

sur la plateforme<br />

et de formulation/<br />

confirmation des vœux ;<br />

• entre le 27 mai et le<br />

16 juillet 2021, la phase<br />

principale d’admission<br />

au cours de laquelle les<br />

lycéens reçoivent les<br />

réponses des formations<br />

et font leurs choix.<br />

La phase complémentaire<br />

qui s’ouvrira à compter<br />

du 16 juin 2021 sera close<br />

au 16 septembre 2021.<br />

28


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Pierre Mathiot<br />

CO-ANIMATEUR <strong>DU</strong> COMITÉ DE SUIVI DE LA RÉFORME <strong>DU</strong> BAC<br />

« La « mère de toutes les batailles » reste de stabiliser<br />

les conditions du contrôle continu et terminal »<br />

Auteur en 2018 du rapport qui a<br />

préfiguré la réforme du bac en cours,<br />

co-animateur du comité de suivi de cette<br />

même réforme et directeur de Sciences<br />

Po, Lille Pierre Mathiot revient avec nous<br />

sur sa mise en œuvre.<br />

Olivier Rollot : Un an après que la réforme<br />

du bac ait commencé à entrer en vigueur,<br />

un an avant que les premiers bacheliers<br />

en passent les épreuves terminales, quel<br />

regard jetez-vous sur la mise en œuvre de ce<br />

nouveau bac ?<br />

Pierre Mathiot : Avec la crise du Covid-19 nous n’avons<br />

pas vraiment pu évaluer le déroulement des épreuves<br />

de contrôle continu, les E3C (qui sont devenues depuis<br />

les « EC »), dont on sait que les premières ont été<br />

perturbées par le mouvement social contre la réforme<br />

des retraites et les deuxièmes annulées du fait de<br />

l’épidémie. Ce que nous pouvons en revanche estimer<br />

c’est que la mise en place des nouveaux programmes<br />

est engagée, mais qu’il faudra évaluer comment les<br />

choses se passent à partir de la rentrée 2021. De même<br />

toute la dimension évaluation a bien évolué autour du<br />

travail des professeurs principaux. Mais clairement<br />

aujourd’hui la « mère de toutes les batailles » reste de<br />

stabiliser les conditions du contrôle continu et terminal.<br />

O. R : Comment expliquez-vous une telle opposition<br />

aux E3C ? Quand la réforme a été lancée<br />

ils ne cristallisaient pas autant d’opposition.<br />

P. M. : Au début le contrôle continu a été accepté mais<br />

sur une ambiguïté sur laquelle ont surfé les organisations<br />

syndicales pour finalement arriver à une sorte de<br />

contrôle final adapté. Les E3C ont été au départ conçus<br />

dans une logique de compromis avec les syndicats.<br />

Mais en fait, ces E3C ne sont pas un contrôle continu<br />

classique et se rapprochent plutôt dans leur format des<br />

anciennes épreuves anticipées du bac. Nous devons<br />

maintenant trouver un compromis avec des organisations<br />

syndicales dont certaines sont réformistes,<br />

mais minoritaires, et d’autres des nostalgiques absolus<br />

des épreuves terminales. Et cette année l’opposition<br />

a sans doute eu partie liée à la réforme des retraites.<br />

O. R : Mais le contrôle continu classique c’est<br />

celui du bac <strong>2020</strong> suite à la crise du Covid !<br />

P. M. : De fait la crise sanitaire a conduit le Ministre<br />

à proposer un bac entièrement délivré sur la base du<br />

contrôle continu intégral, c’est-à-dire les notes données<br />

dans la classe par les professeurs des élèves. Et<br />

l’argument de nécessité absolue a conduit l’ensemble<br />

des acteurs du système éducatif à défendre cette<br />

option. On a même vu les syndicats les plus opposés<br />

au contrôle continu réclamer haut et fort l’annulation<br />

de l’oral de français du bac et son remplacement par<br />

les notes de l’année. Aujourd’hui les grands lycées de<br />

centre-ville nous reprochent d’ailleurs de favoriser les<br />

lycées moyens avec le contrôle continu ceci car les<br />

Sciences Po Lille<br />

Pierre Mathiot<br />

Directeur de Sciences Po<br />

Lille de 2007 à 2015, Pierre<br />

Mathiot renonce à l’époque<br />

à poursuivre son mandat<br />

18 mois avant son terme.<br />

Nommé en 2016 délégué<br />

ministériel au parcours<br />

d’excellence c’est en<br />

octobre 2017 que le ministre<br />

de l’Éducation Jean-Michel<br />

Blanquer lui confie une<br />

mission de réforme du<br />

baccalauréat et du lycée.<br />

En janvier 2019 il est de<br />

nouveau élu directeur de<br />

Sciences Po Lille pour une<br />

durée de cinq ans. Diplômé<br />

de Sciences Po Paris il est<br />

également passé par une<br />

classe préparatoire littéraire.<br />

29


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

pratiques de notation, dont on sait qu’elles sont une<br />

vraie passion française, seraient différentes.<br />

Ce que nous proposons de faire évoluer dans le contrôle<br />

continu du nouveau bac ce n’est pas de donner aux<br />

lycéens les sujets qu’on veut quand on le veut. Mais ce<br />

n’est pas non plus forcément d’avoir des examens qui<br />

ont tous lieu le même jour comme dans le bac d’avant.<br />

Nous voulons donner toute sa place à la banque nationale<br />

de sujets, qui est désormais publique, et qui proposera<br />

un nombre suffisamment important de sujets pour qu’il<br />

soit impossible de les « bachoter ».<br />

Nous sommes également favorables à la numérisation<br />

des copies, car elle est un outil de comparabilité, et à<br />

la péréquation des notes via des commissions d’harmonisation<br />

annuelles liées au jury du bac.<br />

O. R : La question du choix des spécialités,<br />

qui avait beaucoup fait parler d’elle, ne<br />

semble plus poser trop de questions.<br />

P. M. : Les chiffres montrent qu’aucune discipline n’a<br />

été défavorisée. On a pu constater que les choix les<br />

plus disruptifs à l’entrée en première ont été faits par<br />

des filles de milieux modestes alors que les garçons<br />

de milieux aisés ont fait les choix les plus classiques.<br />

80 % des filles se sont engagées sur 17 « triplettes »<br />

de spécialités alors qu’il n’en faut que 14 pour parvenir<br />

à 80 % des garçons.<br />

Du côté des lycées certains ont accepté beaucoup de<br />

triplettes et cela n’a pas été sans effets sur les emplois<br />

du temps et sur la mise sous contraintes dans l’usage<br />

de la Dotation Horaire. 26 ou 27 triplettes dans un lycée<br />

c’est déjà très bien, c’est 8 ou 9 fois plus que dans le<br />

système des séries. D’autant que si beaucoup d’élèves<br />

abandonnent une spécialité à la fin de la 1re, il faudra<br />

encore la proposer pour ceux qui la suivront toujours<br />

en Terminale. Nous ne sommes donc pas opposés à<br />

l’idée de n’ouvrir une spécialité en 1re qu’à partir d’un<br />

nombre minimum d’élèves. En revanche nous sommes<br />

opposés aux triplettes prédéfinies, qui seraient une<br />

forme de retour aux séries.<br />

O. R : Pourquoi passer de trois à deux<br />

spécialités entre la première et la terminale ?<br />

P. M. : L’idée centrale est de penser le lycée comme<br />

une montée progressive en spécialisation : 3 spécialités<br />

de 4 heures chacune puis 2 de 6 heures Cela doit<br />

permettre aux élèves de faire un choix progressif en<br />

fonction de leur projet pour l’enseignement supérieur.<br />

L’élève abandonne une spécialité en fonction de son<br />

projet et, dans le cas des mathématiques, pourra arrêter<br />

tout en prenant mathématiques en option.<br />

La remise par Pierre Mathiot de son rapport<br />

sur le bac à Jean-Michel Blanquer<br />

O. R : Le niveau de la spécialité<br />

mathématiques semble être bien élevé pour<br />

beaucoup d’élèves. Cela devrait-il évoluer ?<br />

P. M. : Il y a eu sans doute trop d’élèves qui l’ont choisie<br />

sans avoir le niveau prévu, très simplement parce que<br />

pour la 1re année de la réforme beaucoup ont raisonné<br />

encore sur le modèle de la série S. S’il y a des élèves en<br />

difficulté dans la spécialité mathématiques c’est que la<br />

réforme ne s’est pas totalement installée et c’est plus<br />

que normal car je rappelle que nous en sommes à la<br />

1re année de mise en œuvre et que les habitudes sont<br />

installées dans les familles depuis des décennies. Nous<br />

recommandons par ailleurs de dédoubler plus largement<br />

les classes en 1re pour permettre une meilleure prise<br />

en compte de « niveaux » hétérogènes.<br />

O. R : A quoi sert exactement l’option<br />

mathématiques expertes de terminale ? Elle<br />

n’entre pas dans la notation du bac ?<br />

P. M. : Les lycéens qui l’auront choisie pourront le<br />

faire valoir dans Parcoursup. Même si les options de<br />

terminale ne comptent pas beaucoup dans le calcul final<br />

du bac elles sont un élément important d’orientation.<br />

Avoir suivi Maths Expert sera clairement vu comme<br />

une sorte de « drapeau » attestant d’un intérêt très<br />

élevé pour les cursus scientifiques. Nous souhaitons<br />

par ailleurs que l’autre option de terminale de mathématiques,<br />

mathématiques complémentaires, destinée<br />

à ceux qui arrêtent la spécialité mathématiques en<br />

fin de première, soit dispensée dans tous les lycées.<br />

Ministère de l’Education<br />

30


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

O. R : Il y avait beaucoup d’interrogations<br />

dans l’enseignement supérieur sur la valeur<br />

en mathématiques de leurs futurs étudiants.<br />

Ces craintes se sont apaisées aujourd’hui ?<br />

P. M. : Les seuls qui se posent réellement des questions<br />

sont les classes préparatoires les plus sélectives qui,<br />

au final, n’accueillent que quelques milliers d’élèves sur<br />

près de 950 000 candidats sur Parcoursup. Aujourd’hui,<br />

les choses se passent avec les universités et avec<br />

les Grandes écoles mais bien entendu, là encore, un<br />

travail dans la durée doit être conduit car le nouveau<br />

bac bouleverse les habitudes. Je suis convaincu que<br />

recruter des élèves qui seront un peu moins « scientifiques<br />

» que par le passé dans un cursus dit scientifique<br />

ce n’est pas la fin du monde, ne serait-ce que parce<br />

que les scientifiques auront de plus en plus besoin de<br />

disposer d’un bagage de culture générale, d’histoire,<br />

d’économie.<br />

O. R : En 2021 le contrôle final des spécialités<br />

en terminale ne va-t-il pas avoir lieu trop<br />

tard dans l’année pour que les notes soient<br />

prises en compte par les établissements<br />

d’enseignement supérieur ?<br />

P. M. : Dans le futur bac le contrôle final a vocation à<br />

avoir lieu fin mars pour que toutes les notes soient bien<br />

récupérables par les établissements d’enseignement<br />

supérieur. La réforme a parmi ses objectifs centraux<br />

de s’articuler avec la préparation à l’enseignement<br />

supérieur et, en l’espèce, à Parcoursup qui constitue<br />

en quelque sorte le guichet unique vers le Sup. Ce qu’il<br />

faut c’est que le maximum des résultats du bac soit<br />

connu au moment de Parcoursup, avec la réforme<br />

cela doit être 67 %, le reste étant noté entre mai et<br />

juin. Les épreuves finales des deux enseignements<br />

de spécialité pèsent 32 % du total du bac, il est donc<br />

logique et essentiel de faire en sorte que leurs résultats<br />

soient intégrés à Parcoursup. Je sais bien que<br />

cela ne va pas sans poser des soucis d’organisation<br />

et de réalisation des programmes mais c’est l’un des<br />

points centraux du système bac-3/bac+3 que l’on est<br />

en train de construire.<br />

O. R : On ne sait pas trop encore<br />

comment vont être organisées les heures<br />

d’accompagnement à l’orientation. Pourtant<br />

c’est un enjeu crucial qui était au cœur de<br />

votre projet.<br />

P. M. : Cette question a été au centre de ma réflexion<br />

lorsque j’ai réalisé le rapport au début de 2018. À ce<br />

stade je pense que l’on peut dire que nous en sommes<br />

encore pour une part au stade du « work in progress ».<br />

Le lycée doit clairement être le lieu de préparation à ce<br />

qui se passe après. C’est une exigence citoyenne, ne<br />

serait-ce que si l’on fait en sorte de réduire les inégalités<br />

sociales et culturelles dans les conditions d’accès au<br />

Sup. L’Onisep de son côté, les établissements du Sup<br />

pour leur part ont déjà beaucoup travaillé mais on est<br />

clairement encore loin du compte. Cela va constituer<br />

l’une des priorités majeures des temps qui viennent.<br />

O. R : La question du « Grand oral » de fin<br />

de terminale, qui avait beaucoup agité les<br />

esprits et représente 10 % du bac, est-elle<br />

aujourd’hui résolue ? Notamment sur sa<br />

préparation.<br />

P. M. : Les textes sont parus juste avant la crise sanitaire<br />

et on en a donc peu parlé. La grande question c’est<br />

quelle est la latitude de choix des élèves par rapport<br />

à la spécialité. Pour ce qui est de la préparation elle<br />

se fera en grande partie après la fin de contrôle des<br />

spécialités en mars. Le grand oral va porter sur les<br />

enseignements de spécialité dont il est évident que les<br />

élèves auront grand intérêt à aller en cours après les<br />

vacances de Pâques pour parfaire leur préparation.<br />

Du côté des enseignants, on doit avancer sur les<br />

questions du temps dédié à la préparation formelle<br />

de l’exercice orale.<br />

O. R : Certains enseignants considèrent qu’ils<br />

ne sont pas formés à préparer leurs élèves<br />

au grand oral…<br />

P. M. : Les enseignants dans leur travail ordinaire<br />

ont l’habitude de faire passer des exposés et ils ont<br />

presque tous préparé aux TPE et participé à des jurys<br />

de TPE. Au fond ils ont une certaine expérience de ce<br />

type d’exercice, renforcée par le fait qu’ils ont passé<br />

eux-mêmes des concours adossés à des épreuves<br />

orales. Leur problème fondamental est la crainte de<br />

ne pas avoir du temps pour cette préparation dans le<br />

cadre des six heures de la spécialité de terminale. Je<br />

pense que l’on arrivera à faire coexister la préparation<br />

de fond et la préparation sur la forme dans le cadre<br />

des 6 heures de spécialité.<br />

Le nouveau bac : le livre<br />

Cet entretien est issu de<br />

l’édition <strong>2020</strong> du livre « Le<br />

Nouveau Bac », Olivier<br />

Rollot, éditions l’Étudiant.<br />

31


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Covid-19 : comment adapter<br />

les campus ?<br />

Même si c’est le plus souvent en dehors des campus que se font les<br />

contaminations les clusters se multiplient dans l’enseignement supérieur.<br />

Depuis le 6 octobre les établissements situés dans les zones les plus<br />

touchées doivent réduire de moitié leurs capacités.<br />

Aix-Marseille, Paris, Bordeaux,<br />

Nice, Lyon, Grenoble, Saint-<br />

Etienne, Toulouse et Lille,<br />

dans les zones d’alerte renforcées<br />

et maximales le Premier ministre a<br />

annoncé que les salles ou amphithéâtres<br />

ne pourraient être remplis qu’à moitié à<br />

compter du mardi 6 octobre. La ministèe<br />

de l’Enseignement supérieur, de la<br />

Recherche et de l’Innovation (MESRI),<br />

Frédérique Vidal, demande également<br />

à ce que soit réalisé un point de situation<br />

quotidien entre les chefs d’établissements<br />

publics d’enseignement supérieur<br />

et le recteur de région académique afin<br />

de « suivre au plus près l’évolution de la<br />

situation sanitaire ».<br />

Etre réactif<br />

Diriger un établissement d’enseignement<br />

supérieur aujourd’hui c’est faire preuve<br />

d’une réactivité permanente. « Nous<br />

n’avons pas à notre disposition d’algorithme<br />

qui nous indiquerait qu’il faut<br />

fermer un campus à partir de tel ou tel<br />

nombre de cas d’étudiants atteints du<br />

Covid-19 », confie Jacques Fayolle, président<br />

de la Conférence des directeurs des<br />

écoles françaises d’ingénieur (Cdefi) et<br />

directeur de Télécom Saint-Etienne. Pas<br />

d’algorithme mais des instructions – plus<br />

ou moins claires – du ministère de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche et<br />

de l’Innovation (MESRI).<br />

Si nous ne sommes pas revenus au temps<br />

du confinement, les universités qui se sont<br />

abstenues de faire respecter la distanciation<br />

physique sont en tout cas aujourd’hui<br />

rappelées à l’ordre par le MESRI. Il leur<br />

est en effet instamment demandée de respecter<br />

une jauge de 50 % de remplissage<br />

de leurs amphis. Ce que la plupart des<br />

Grandes écoles faisaient déjà. Mais peu<br />

encore les universités comme en témoigne<br />

la pétition signée par 2000 étudiants de<br />

l’université Lyon 3 pour faire respecter<br />

les gestes barrières dans les amphis.<br />

« Nous avons interpellé l’administration,<br />

le doyen et le président de la faculté, et à<br />

part le port du masque obligatoire, aucune<br />

mesure n’est prise », écrit ainsi en<br />

étudiant en licence de droit à France 3.<br />

Selon lui les étudiants sont « entre 400 et<br />

500 dans les amphithéâtres entassés, et<br />

dans les petites salles pour les TD (travaux<br />

dirigés) plus de 30. Il n’y a aucun<br />

mètre de distance, les couloirs, les entrées<br />

d’amphithéâtre sont bondés ».<br />

Fermer les campus ?<br />

« Covid-19 : un tiers des clusters concerne<br />

l’école et l’université » titre Le Monde qui<br />

établit qu’avec « 285 foyers de contamination<br />

en cours d’investigation, le milieu<br />

scolaire et universitaire devient la<br />

première « collectivité » de circulation<br />

du virus, devant les entreprises, selon le<br />

dernier bulletin hebdomadaire de Santé<br />

publique France ». Résultat : les campus<br />

ferment les uns après les autres, ou<br />

du moins les établissements demandent à<br />

leurs étudiants de rentrer chez eux. Toutes<br />

les formations (Bachelor, cycle ingénieur,<br />

MsCT, Master) sont ainsi passées en distanciel<br />

à l’Ecole polytechnique depuis le<br />

21 septembre, et ce pour deux semaines.<br />

La situation sera réévaluée à la fin de cette<br />

période. Même chose à Sciences Po Paris,<br />

HEC Paris, Centrale Lyon, etc.<br />

Même décision du côté de Rennes SB.<br />

« Le 21 septembre nous avons décidé<br />

de basculer ces cours en ligne pour préparer<br />

une seconde rentrée, le 5 octobre<br />

<strong>2020</strong>, après avoir constaté une circulation<br />

accrue du Covid sur la métropole<br />

rennaise et indirectement des cas d’étu-<br />

O.R.<br />

Comme ici Bruno Neil pour le Groupe<br />

Excelia, les directeurs d’école font<br />

aujourd’hui leurs présentations masqués<br />

Les conseils du MESRI<br />

Pour gérer toutes les<br />

questions liées au<br />

Covid-19 le MESRI a<br />

publié toute une série de<br />

fiches sur son site : https://<br />

services.dgesip.fr/T712/<br />

covid_19. Vous y trouverez<br />

notamment l’ensemble<br />

du plan de continuité<br />

pédagogique, les circulaires<br />

et ordonnances encadrant<br />

les activités pendant la<br />

« période Covid-19 » ou<br />

des informations sur la<br />

mobilité internationale.<br />

32


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

<strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

diants sous surveillance », explique son<br />

directeur, Thomas Froehlicher. Un basculement<br />

complet en classes virtuelles de<br />

deux semaines qui se répétera cette année<br />

académique autant que nécessaire pour<br />

garantir la sécurité sanitaire de l’école.<br />

Certaines écoles dispensaient même leurs<br />

cours entièrement à distance depuis la<br />

rentrée. C’est le cas à Grenoble EM. « Je<br />

suis désolé de voir que les conditions sanitaires<br />

nous donnent raison et surtout de<br />

constater que la pandémie est loin de se<br />

terminer », constate le directeur adjoint<br />

de GEM, Jean-François Fiorina.<br />

S’adapter<br />

Et même si on ne doit pas forcément demander<br />

aux étudiants de rentrer chez eux<br />

c’est tout le système qui est touché. « La<br />

situation est évolutive de jour en jour. Le<br />

point positif est que les protocoles fonctionnent<br />

et sont bien acceptés par les étudiants<br />

comme les personnels. La principale<br />

difficulté est du côté des services<br />

de santé qui sont débordés », confie encore<br />

Jacques Fayolle, qui reprend : « Les<br />

écoles veulent le plus possible assurer<br />

les cours en présentiel mais seulement si<br />

c’est réalisable avec la taille des salles et<br />

l’amplitude des horaires ». Et cela peut<br />

aussi coûter cher. « Consciente » de la<br />

charge financière que le port du masque<br />

représente pour ses étudiants » (estimée à<br />

32 euros par mois), l’université de Reims<br />

Champagne-Ardenne (URCA) offre ainsi<br />

deux masques lavables (conformes aux<br />

normes AFNOR et lavables 100 fois)<br />

à tous ses étudiants. 61 000 masques<br />

sont distribués gratuitement à partir du<br />

14 septembre.<br />

Autre conséquence : les séjours étudiants<br />

à l’étranger se sont effondrés. Seuls 330<br />

étudiants de l’université de Nantes ont<br />

maintenu leurs séjours d’études à l’étranger<br />

en cette rentrée <strong>2020</strong>. C’est 40 % de<br />

moins que l’an dernier. Même phénomène<br />

dans la plupart des Grande écoles qui n’en<br />

reçoivent pas moins beaucoup d’étudiants<br />

venus du monde entier. « Nos étudiants<br />

internationaux nous rejoignent début octobre<br />

et nous restons sur une tendance<br />

proche de 500 étudiants en Msc, comme<br />

les années passées, mais aussi une très<br />

forte augmentation en bachelor (IBPM)<br />

et dans notre PGE (Master in Management).<br />

D’autres nous rejoindront en janvier<br />

pour une rentrée décalée », assure<br />

Thomas Froehlicher.<br />

Montrer le bon exemple en se présentant masqué devant ses étudiants<br />

pour la rentrée, c’est ce que fait ici Christophe Germain pour Audencia<br />

Une contamination<br />

en dehors des<br />

établissements<br />

Universités et Grandes écoles ont beau<br />

prendre toutes les précautions sur les campus<br />

que peuvent-ils quand les étudiants<br />

ne respectent pas les règles en dehors ?<br />

« Les étudiants ont aussi une part de leur<br />

vie à l’extérieur de l’université. Si vous<br />

prenez les dernières mesures qui ont été<br />

prises vis-à-vis des bars ou des restaurants,<br />

on voit une population jeune, étudiante.<br />

Je ne suis pas sûr que l’on puisse<br />

dire que les universités soient à l’origine<br />

de la concentration de la contamination<br />

virale », soutient ainsi Manuel Tunon de<br />

Lara, le président de l’université de Bordeaux<br />

sur Europe 1. Ce que confirme Frédérique<br />

Vidal sur Figaro live-LCP : « Ce<br />

ne sont pas des clusters par promotion<br />

mais des clusters par groupe d’amis. Rien<br />

ne nous dit que les contaminations se font<br />

au sein des établissements ».<br />

La distanciation sociale peut s’ajouter aux<br />

masques. Pour leur rentrée les nouveaux<br />

étudiants du programme Grande école<br />

(PGE) de Audencia ont ainsi suivi une<br />

conférence à bon espace l’un de l’autre<br />

dans la grand amphithéâtre du Palais des<br />

Congrès de Nantes loué pour l’occasion.<br />

Un appel à projet<br />

sur l’hybridation<br />

des formations<br />

Pour aider les établissements<br />

à se préparer à tous les<br />

scenarii en mutualisant<br />

leurs efforts, le ministère de<br />

l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de<br />

l’Innovation et le Secrétariat<br />

général pour l’investissement<br />

(SGPI) ont lancé début<br />

juin <strong>2020</strong> un appel à projet<br />

sur l’hybridation des<br />

formations. Prioritairement<br />

au niveau licence il s’agit<br />

de créer des ressources<br />

pédagogiques accessibles à<br />

distance et partagées entre<br />

plusieurs établissements.<br />

C’est ainsi les projets de 34<br />

établissements qui ont été<br />

retenus. Les quinze initiatives<br />

les plus mûres bénéficieront<br />

de subventions allant de<br />

900 000 à trois millions<br />

d’euros et les dix-neuf<br />

autres, d’un fond d’amorçage<br />

qui leur permettra de<br />

lancer dès maintenant la<br />

création de contenu tout en<br />

perfectionnant leur projet.<br />

Audencia BS<br />

33


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2020</strong> N° 42<br />

Rentrée masquée à l’Ecole polytechnique<br />

Jérémy Barande / Ecole polytechnique<br />

Et les journées « Talent Days » de rentrée<br />

ont lieu cette année à distance. Un<br />

choix que n’a pas fait l’Institut Mines Télécom<br />

BS qui a maintenu les trois jours<br />

de son événement de rentrée en présentiel<br />

cette semaine arguant que c’est l’occasion<br />

pour les étudiants de « se rencontrer<br />

et de créer des synergies ». C’est d’autant<br />

plus nécessaire que le premier semestre y<br />

sera dispensé essentiellement en distanciel.<br />

Ce qui n’est pas le cas à Audencia<br />

qui privilégie très largement le présentiel<br />

dans ses cours.<br />

Numérique et résilience<br />

Frédérique Vidal le dit, le répète depuis<br />

des mois et l’a encore répété en cette rentrée<br />

: « L’enseignement supérieur doit<br />

être plus résilient. Mon objectif n’est pas<br />

de faire passer l’université dans le tout<br />

numérique. C’est grâce aux outils numériques<br />

que l’enseignement peut être<br />

maintenu. Qu’on peut assurer accueil et<br />

protection. Durant tout l’été les établissements<br />

ont travaillé sans relâche à organiser<br />

cet enseignement ». Alors que<br />

beaucoup d’université et la plupart des<br />

Grandes écoles font une rentrée largement<br />

distanciée, les néo-bacheliers étant<br />

prioritaires dans l’accès en présentiel.<br />

« La capacité des écoles à être flexibles<br />

avec des enseignements hybrides nous<br />

permet de nous adapter. Ainsi nous pouvons<br />

nous permettre de réduire les effectifs<br />

en présentiel », note le vice-président<br />

de la Cdefi, Christian Lerminiaux quand<br />

Jacques Fayolle met en avant « l’agilité<br />

acquise depuis le mois de mars pour assurer<br />

la transmission des compétences »<br />

et passer ainsi facilement en mode distanciel<br />

des groupes de TD, des demi-groupes,<br />

des promotions, etc. Et d’insister : « Nous<br />

avons ainsi acquis une forme de sérénité<br />

». Et de prendre pour exemple cet intervenant<br />

dont on apprend soudain le matin<br />

qu’il est atteint de la Covid : « Deux<br />

heures après nous le faisions intervenir à<br />

distance. Pour les étudiants cela n’a quasiment<br />

pas fait de différence ».<br />

Ce sont essentiellement les grands acteurs<br />

du travail à distance, et au premier chef<br />

Zoom, qui profitent de la situation. Mais<br />

bien d’autres outils sont utilisés. L’incontournable<br />

Teams de Microsoft bien sûr<br />

mais aussi Moodle, Perusall, Mask, Snagit<br />

ou encore Camtasi. Depuis juillet 2019,<br />

l’IMT (Institut Mines Télécom) a ainsi pu<br />

déployer une pédagothèque numérique, à<br />

destination des équipes pédagogiques des<br />

écoles du groupe. Cette plateforme a pour<br />

objectifs la mutualisation, la réutilisation<br />

et la réingénierie des ressources pédagogiques<br />

numériques produites à l’IMT. Un<br />

mur pédagogique permet depuis la rentrée<br />

des échanges entre les enseignants<br />

qui réutilisent un cours existant dans la<br />

pédagothèque avec les éditeurs-créateurs<br />

de ces cours. En quatre semaines, IMT<br />

Lille Douai a ainsi pu programmer 350<br />

classes virtuelles. Plus d’une trentaine de<br />

MOOC ont été réouverts en urgence. À<br />

Evry a été maintenu le challenge Projet<br />

d’Entreprendre en réunissant virtuellement<br />

525 étudiants de 2e année de Télécom<br />

SudParis, d’IMT- BS et de l’ENSIEE<br />

et en les faisant travailler par petit groupe<br />

ingénieur-manager en mode collaboratif.<br />

Sébastien Gémon<br />

34

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