Eglise de Corse en révolutions_Extrait

18 l’église de corse en révolutions
et demander qu’on les respecte. Tout comme il doit veiller au « temps de l’Église »,
à l’observation par ses fidèles du temps liturgique qui rythme les « travaux et les
jours ». Le prêtre est le personnage central des campagnes corses. Avec le moine.
LE RÉSEAU DES COUVENTS
Le clergé régulier n’est pas le sujet principal de cette étude, mais, comme
nous le verrons, il est une des composantes essentielles de la vie religieuse et
des pulsions de la société. À l’orée du xviii e siècle la carte de la Corse conventuelle
est fixée : le dernier couvent est fondé en 1717 à Olmeto par les capucins.
Le territoire est désormais quadrillé, les périmètres des quêtes délimités, la
conjoncture économique rendant plus difficile les implantations nouvelles dont
la construction pèse sur les communautés.
Les Franciscains
Ils appartiennent tous au Tiers-Ordre avec ses différentes branches : les
Observants (dits aussi Zoccolani), avec leurs trente établissements, sont les
premiers arrivés à partir du xiv e siècle. Les Capucins s’implantent dans les
années 1540 à Bastia puis essaiment dans toute l’île avec leurs dix-sept fondations.
Ce n’est qu’au début du xvii e qu’arrivent les Réformés ou Recollets
qui, soit par cession de la part des autres branches soit par création, totalisent
quatorze maisons 16 .
Ces chiffres suffisent à dire l’importance des Fils de saint François, avec
une véritable explosion, toutes obédiences confondues, durant les années 1600 :
une trentaine de couvents au moins sort de terre dans ce qui s’apparente à une
véritable compétition entre les pieve. Si bien qu’autour de 1700 sur un peu plus
de 1 100 religieux ils seraient un bon millier 17 . Même si le chiffre peut prêter à
discussion, la proportion doit être d’autant plus acceptée que cette forte croissance
se retrouve en Italie 18 . Ils sont partout, sur les routes, sur les places de
villages, vivant d’aumônes et de dons.
Les autres ordres religieux
Loin derrière les Franciscains, les Servites de Marie occupent la deuxième
place parmi les ordres mendiants. Ils nous sont aujourd’hui bien connus grâce à la
somme qui leur a été consacrée 19 . Même s’ils s’installent à Ajaccio vraisemblable-
16. Deux titres essentiels, Saint François, les franciscains et la Corse, Actes du colloque de
Bonifacio de 1982, imprimés par l’évêché d’Ajaccio, 1984 ; et Père André Marie (Claude
Valleix, O. F. M.), « Notes sur le Franciscanisme et la Corse du xiii e au début du xvii e siècle »,
Études Corses, n° 32, 1989.
17. P. Morati, Prattica Manuale, BSSHNC, T. I, fasc. 54-57, 1885.
18. R. Rusconi, « Gli ordini religiosi maschili dalla controriforma alle suppressioni settecentesca »
dans a cura di M. Rosa, Clero e società, op. cit. ; M. Rosa, « La chiesa meridionale nell’età
della Controriforma », dans Storia d’Italia, La chiesa e il potere politico, Annali 9, Einaudi,
Torino, 1986.
19. J.-C. Liccia (dir) Les Servites de Marie en Corse, Éditions A. Piazzola, Ajaccio, 2000.