Eglise de Corse en révolutions_Extrait

éforme ou immobilisme ?
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il ne brille ni par ses vertus, religieuses ou morales : il vend des cures et des
bénéfices aux plus offrants, monnaie les dispenses de mariages pour les couples
réputés « incestueux » alors qu’elles étaient gratuites, détourne l’argent des legs
etc. Est-il d’ailleurs le seul ? Son homologue de Mari, à Mariana, est accusé
des mêmes méfaits et, avant celui-ci, Carlo Fabrizio Giustiniani ne semble pas
avoir été un modèle d’honnêteté non plus, tout comme M gr Gio Battista Costa à
Sagone ou Gian Paolo Invrea à Ajaccio 53 .
Le diocèse d’Ajaccio
En 1570, il avait à sa tête Gio. Battista de Bernardi « qui n’avait rien compris
à ce qui se passait dans l’Église 54 ». En 1578, lui succédait Cristofaro Guidiccioni
jusqu’en 1582. Les quatre années de cet épiscopat semblent témoigner d’un zèle réel
(un synode et la volonté de fonder un séminaire sont à mettre à son actif) mais étaient
trop courtes pour laisser d’autres traces que des intentions, vite effacées par un vide
de cinq ans. M gr Giulio Giustiniani (1587-1616) jouit d’un grand prestige 55 . Il est vrai
qu’on lui doit l’achèvement de la reconstruction de la cathédrale détruite en 1553
lors de la « Guerre des Français » et qu’il s’est fortement impliqué pour l’implantation
des jésuites à Ajaccio. Mais son long « règne » est marqué par la politique :
constamment en conflit avec le commissaire génois, il ne perd jamais une occasion
d’affirmer la préséance du spirituel sur le temporel 56 ; marqué aussi par la question
sociale. Dans son diocèse, existent encore les trois derniers véritables fiefs de type
féodal classique, Istria, Bozzi et Ornano avec, à leur tête, des seigneurs très durs
envers leurs vassaux et leurs paysans. L’évêque a souvent pris fait et cause pour ces
derniers et lorsqu’en 1611 éclate la révolte, Monseigneur est d’autant plus accusé de
collusion avec les insurgés que de nombreux prêtres sont partie prenante du soulèvement,
en particulier son vicaire général. Il aura beau être disculpé par deux visiteurs
apostoliques successifs il n’en est pas moins, de fait, relevé de ses fonctions en 1616,
peu avant sa mort 57 . Sur un de ses versants cet épisode, dramatique, renvoie au long
cheminement de la réforme tridentine : la question des bénéfices et de leur collation
procédant du droit de patronage revendiqué par les seigneurs n’est pas étrangère à
l’attitude des curés et peut être même de l’évêque.
L’année même de son décès son neveu Fabiano prenait possession du siège. Il
devait se signaler par au moins deux visites pastorales 58 et par ses Constitutioni : si le
Livre premier traite des devoirs des laïcs, les autres, jusqu’au sixième, sont consacrés
53. M.-A. Lanfranchi, Le contenu politique de la religion, op. cit. ; et dans ADHC, 3G 1/2 la longue
liste des griefs dressée par les Nobles Douze en 1693 contre Gio. Geronimo Doria.
54. F.-J. Casta, Évêques et curés de Corse, op. cit.
55. Idem.
56. I. Rinieri, « I Vescovi della Corsica » ASC, n° 1, 1933.
57. V. Vitale, « Una ambasceria genovese a Roma e il clero corso (1615) » ASC, n° 1, 1934, article
à charge ; un dossier, A.-M. Graziani et J. Stromboni, Les feux de la Saint Laurent, Éditions
A. Piazzola, Ajaccio, 1992.
58. ADCS, 1G 14 pour celle de 1620.