14 l’église <strong>de</strong> corse <strong>en</strong> <strong>révolutions</strong> la parole du prêtre alors que, dans d’autres régions, elle foisonne 1 . Avant chaque visite l’évêque se doit d’<strong>en</strong>voyer un questionnaire à ses curés afin <strong>de</strong> préparer sa v<strong>en</strong>ue, les réponses ne sont pas parv<strong>en</strong>ues jusqu’à nous. Elles nous aurai<strong>en</strong>t mieux informés sur les <strong>de</strong>ux siècles d’histoire <strong>de</strong>s cinq diocèses insulaires. L’ORGANISATION DE L’ÉGLISE CORSE Tout d’abord il est nécessaire <strong>de</strong> définir le cadre au sein duquel l’Église va mettre <strong>en</strong> pratique sa nouvelle pastorale sans prét<strong>en</strong>dre le moins du mon<strong>de</strong> à l’originalité, les travaux cités, complétés par un autre titre <strong>de</strong> F.-J. Casta, Paroisses et communes <strong>de</strong> France, <strong>Corse</strong> 2 , ayant dit l’ess<strong>en</strong>tiel. LES STRUCTURES DIOCÉSAINES Au sortir du Moy<strong>en</strong> Âge on comptait six diocèses, mais <strong>en</strong> 1563 le minuscule évêché d’Accia était supprimé et rattaché à celui <strong>de</strong> Mariana dont le titulaire porte désormais les <strong>de</strong>ux noms accolés 3 . Les cinq diocèses Mariana-Accia avec ses dix-huit pieve, a son siège épiscopal à Bastia auprès <strong>de</strong> l’église cathédrale, dans la paroisse <strong>de</strong> Terra Nova, dédiée à l’Assomption. Fin xvii e son rev<strong>en</strong>u est mo<strong>de</strong>ste, 15 000 livres par an, même s’il faut y ajouter <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s fonciers relevant <strong>de</strong> la m<strong>en</strong>se, d’autant qu’il est grevé d’obligations dont, par exemple, l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> du séminaire. L’évêque est suffragant <strong>de</strong> l’archevêque <strong>de</strong> Gênes, tout comme celui du Nebbio. Avec ses sept pieve et ses 4 000 livres celui-ci compte, au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’annexion <strong>de</strong> l’île par la France parmi les « plus crottés » du royaume 4 . L’église cathédrale se trouve à l’extérieur du petit prési<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saint-Flor<strong>en</strong>t, dans une zone marécageuse et, lorsqu’il rési<strong>de</strong>, le prélat se réfugie le plus souv<strong>en</strong>t dans l’église Sainte-Anne, intra muros. Trois évêchés sont suffragants du métropolitain <strong>de</strong> Pise. Aleria avec ses vingt pieve et son siège à Cervione <strong>en</strong> l’église Saint-Erasme. C’est le plus ét<strong>en</strong>du et le plus riche avec les 18 000 livres que rapport<strong>en</strong>t les dîmes après déduction faite <strong>de</strong>s 8 % versés au fermier général. Il faut y ajouter les 1 850 livres générées par la m<strong>en</strong>se mais retrancher les 6 480 livres <strong>de</strong> charges (séminaire, p<strong>en</strong>sions diverses…), ce qui laisse un peu plus <strong>de</strong> 11 500 livres 5 . Ajaccio couvre 1. A. Croix et F. Roudaut, dans Les Bretons, la mort et dieu <strong>de</strong> 1600 à nos jours, Paris, 1984, donn<strong>en</strong>t à lire <strong>de</strong> nombreux témoignages <strong>de</strong> première main. 2. F.-J. Casta, Paroisses et communes <strong>de</strong> France, <strong>Corse</strong>, Paris, 1993. 3. La carte est extraite <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>de</strong> N. Mattei, Le baroque religieux corse, op. cit. 4. G. Audisio, Les Français d’hier et d’aujourd’hui, T. 2, Des croyants, xv e -xviii e siècle, donne p. 63, le tableau <strong>de</strong>s rev<strong>en</strong>us : au sommet <strong>de</strong> la hiérarchie financière Strasbourg avec ses 400 000 livres, bon <strong>de</strong>rnier l’évêché <strong>de</strong> S<strong>en</strong>ès avec ses 7 000 livres. 5. E. Gabrielli, Le clergé corse, 1769-1789, Maîtrise sous la direction <strong>de</strong> M.-M. Bor<strong>de</strong>s, université <strong>de</strong> Nice, 1969.
éforme ou immobilisme ? 15