Eglise de Corse en révolutions_Extrait

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INTRODUCTION
Pourquoi l’Église de Corse et non l’Église corse ? Parce que l’Église catholique,
apostolique et romaine se veut une. Partout, surtout après le Concile de Trente,
elle obéit aux mêmes règles de fonctionnement fondées sur le principe hiérarchique
: elle est une société spécifique de clercs organisée de manière pyramidale.
Son but ? « Remodeler les fidèles » selon l’expression de Jean Delumeau, épurer
les dévotions populaires, lutter contre la contamination du sacré par le profane,
définir les voies et moyens avec lesquels le chrétien chemine vers le salut. Ce qui
n’exclut en rien les singularités selon les territoires et les sociétés, elles aussi en
mouvement. Singularités qui sont objet d’histoire. La manière de vivre la foi n’est
pas la même au xvii e siècle et aujourd’hui cinquante ans après Vatican II, chez
un janséniste du xviii e siècle et l’habitant du Niolo à la même époque à bien des
égards plus proche du paysan sarde ou beauceron que du riche bourgeois parisien
ou milanais. Reste que durant les deux cents ans qui nous occupent les catholiques
constituent un ensemble uni par des canons, des dogmes, des exigences face à
« l’hérétique ». Dans toute la catholicité le clergé s’est réformé selon les principes
codifiés par saint Charles Borromée qui, aussi, a édicté le modèle de la pastorale
tridentine et fixé l’architecture interne comme la symbolique du décor de l’église
du village le plus reculé. Sainte Brigitte de Suède est présente dans le Livre du
Rosaire de Muro pour inviter les croyants à imiter ses actes de contrition et un
tableau de saint Simon Stock orne les murs du lieu de culte. Saint Philippe Neri
possède son autel à Olmi Capella et son portrait dans une chapelle de Campitello ;
la congrégation des prêtres de Bastia s’est mise sous le patronage de saint Jean
Népomucène. Preuves du caractère universel des nouvelles dévotions mais également
de leur solide ancrage dans l’île.
Cet enracinement nous est apparu au tout début de notre entreprise. Invité,
il y a longtemps, par le regretté Michel Vovelle à travailler sur la problématique
Religion / Révolution française en Corse nous nous sommes tout naturellement