Eglise de Corse en révolutions_Extrait

éforme ou immobilisme ?
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Cette disparité se retrouve dans le déséquilibre Nord/Sud suivant la diagonale
Calvi/Porto-Vecchio qui sépare l’En-Deçà du Delà des Monts. Ici deux
réseaux assez lâches de part et d’autre du pays ajaccien. Le premier, sur une ligne
qui va de Sartène à Bastelica en passant par le Talavo ; le second, bien moins
riche, compte trois couvents, ceux de Mezzana, Cinarca et Vico. Les Observants
y jouissent d’une présence presque exclusive. Au Nord, à l’inverse, toutes les
obédiences sont fortement représentées autour de pôles très denses : la Balagne
maritime, un vaste ensemble incluant la Casinca, la Tavagna, le Campoloro et la
Castagniccia au sens large, le Cortenais, le Nebbio et le Cap Corse.
Une géographie donc qui ne recoupe pas uniquement le clivage traditionnel
induit par le relief et qui renvoie aux formes d’économies plus ou moins pastorales,
plus ou moins diversifiées, plus ou moins ouvertes sur l’extérieur, l’équilibre
entre les ressources des communautés et les revenus des produits des quêtes
commandant les implantations dans une dichotomie que nous aurons l’occasion
de retrouver sur d’autres aspects de la vie religieuse.
LE GOUVERNEMENT DES DIOCÈSES
Lorsqu’en décembre 1563 s’achève le Concile, la Corse est en guerre : Sampiero
a rallumé les hostilités contre Gênes après le départ des Français suite à la signature du
traité de Cateau-Cambraisis. Après sept nouvelles années de conflit, la paix revenue,
l’île s’ouvre à la Contre-réforme dont les outils se mettaient en place. La Corse « terre
de mission » ? Pas plus, pas moins que la « France profonde » qui ne sortait des
Guerres de religions qu’en 1598 au terme de trois décennies de crises multiformes
et de ravages, y compris dans les consciences 26 . Pas plus, pas moins que la péninsule
italienne confrontée, par-delà la richesse de Florence ou l’essor de Rome, à une
montée du paupérisme dans les campagnes comme dans les villes envahies par les
indigents, confrontée aussi, dans le Mezzogiorno, en Calabre plus particulièrement,
à la flambée du banditisme 27 . À partir de 1618 la « Guerre de Trente ans » ravageait
une nouvelle fois l’Europe avec, par surcroît, le renversement de la conjoncture qui,
mettant fin à la croissance du siècle précédent, ajoutait son lot de malheurs. Une mise
en perspective donc pour dire, d’entrée, qu’il ne faut chercher dans l’île aucune spécificité
dans le long chemin emprunté par la mise en œuvre des décrets conciliaires, au
premier rang desquels l’insistance portée sur le rôle et la place de l’évêque.
DES PERSONNALITÉS TRÈS CONTRASTÉES
Le Concile est clair : à la fois pour affirmer le caractère hiérarchique de
l’Église et pour conduire la « reconquête des âmes » le rang de l’évêque est
sacralisé. Successeur des apôtres, plus que jamais « chevalier du Christ », sur
26. D. Crouzet, La violence aux temps des guerres de religion, vers 1525-vers 1610, Paris, 1990.
27. J. Bouttier, S. Landi et O. Rouchon (dir. ), Florence et la Toscane, op. cit.