Eglise de Corse en révolutions_Extrait

c h a p i t r e
1
RÉFORME
OU IMMOBILISME ?
13
En Corse, comme partout ailleurs, l’historien, pour mesurer les retombées
du Concile de Trente (1545-1563) dispose d’une matière première essentielle :
les synodes d’abord, assemblées théoriquement annuelles du clergé du diocèse
sous l’autorité de l’évêque, les visites pastorales ensuite que le prélat doit effectuer
régulièrement auprès de ses paroissiens afin d’évaluer le résultat des mandements
édictés lors des rencontres synodales, les rapports, enfin, que l’Ordinaire
adresse périodiquement à la Curie. Il convient d’y ajouter les visites apostoliques,
événements extraordinaires, pouvant concerner un ou plusieurs diocèses,
diligentées par le pape soucieux d’avoir une vue d’ensemble sur l’état d’avancement
de la Réforme. Elles s’apparentent souvent aux missions d’évangélisation
dont le but est d’accélérer la « reconquête des âmes ». Mais ces sources, aussi
fondamentales soient-elles, ne répondent pas toujours aux questions que l’on se
pose. Élaborées dans leur forme par les canons conciliaires auxquels l’évêque ne
saurait déroger ni lors de ses rencontres avec ses prêtres ni lors de ses inspections
paroissiales, leur contenu prend très souvent un caractère répétitif et administratif.
En fait, tout dépend de la personnalité du prélat, de son zèle pastoral
ou de son souci d’entrer dans les bonnes grâces de Rome. Si quelques-uns se
distinguent par la volonté de comprendre et s’intéressent au « vécu religieux » de
leurs ouailles, beaucoup d’autres se contentent d’inspecter les autels, les objets
du culte, les parements ou l’état du sol de l’église, multiplient les prescriptions
de manière très mécaniques, reprises d’ailleurs à chaque passage, et ne nous
apprennent rien sur la paroisse. Il est vrai qu’en « creux », même dans ces cas
a priori décevants, des réalités importantes se laissent deviner, tout particulièrement
la distance entre celles-ci et le modèle préconisé, toutes les survivances
donc auxquelles le Concile a déclaré la guerre. Nous fait, hélas, défaut pour l’île