Eglise de Corse en révolutions_Extrait

26 l’église de corse en révolutions
à l’administration et aux devoirs du clergé. Ottavio Rivarola (1627-1651) poursuit
l’action de mise en conformité de ses curés en multipliant les ordonnances mais
semble ne pas aimer se déplacer pour aller à la rencontre des chrétiens 59 . L’épiscopat
de M gr Gian Domenico Donghi (1652-1663) est catastrophique : il réside à Rome,
ne met jamais les pieds à Ajaccio et laisse les mains libres à son vicaire Francesco
Bacciochi qui n’a qu’une préoccupation, pressurer la mense afin d’en tirer, pour lui
et les siens, le meilleur profit. À tel point que les prêtres saisissent le pape Innocent
X pour dénoncer l’absentéisme du titulaire, la scandaleuse gestion et bien d’autres
maux encore 60 . La visite apostolique dirigée par G. B. Spinola en 1686 permet de
mesurer les efforts qu’a dû déployer Giovan Giuseppe Ardizzoni (1665-1685) pour
réparer les dégâts : par six fois, il arpente les paroisses des 14 pieve sous sa juridiction.
Mais Giovan Paolo Invrea, qui lui succède en 1686 pour huit ans est surtout
à retenir pour ses prévarications dont il a déjà été fait mention. Trois évêques se
succèdent entre 1694 et 1697, autant dire un siège vacant. Les deux Spinola, Pietro
(1698-1715) et Agostino (1715-1722) solides administrateurs 61 , terminent un long
xvii e siècle bien pauvre en grandes figures 62 .
Le diocèse de Sagone
Même s’il a résidé à Bastia durant les événements du mitan du siècle, Geronimo
Leoni (1567-1577) s’est mis au travail dès la fin des troubles comme en atteste le
synode tenu à Montemaggiore en avril 1574. Son successeur, Cesare Contardi (1577-
1585) fut « peu regretté par ses diocésains 63 » ce que confirme l’analyste Banchero :
« Et ainsi pour très irascible et querelleur, il s’était rendu odieux aux yeux de tous 64 ».
Qu’on en juge : plus préoccupé de ses intérêts personnels que de la pastorale, il s’installe
à Calvi d’où il finit par être chassé par ses paroissiens ; réfugié à Vico, il doit,
après un temps, fuir la petite ville et chercher asile à Ajaccio qu’il quitte précipitamment
pour retourner à Calvi et enfin à Rome. M gr Giuseppe Godoni (1585-1606)
héritait d’une situation bien difficile et le rapport dressé en 1589 par le visiteur
apostolique M gr Mascardi montre l’ampleur de la tâche à accomplir. Pietro Lomellino
(1606-1625) s’est voulu dans la continuité de son prédécesseur mais, par la suite, une
succession rapide de prélats laisse d’autant moins la place à la réforme que le climat
est tendu. Laissons la parole à Banchero : « Raffaello Pizzurno, de l’ordre de Saint
François de Paul, élu évêque de Sagone en remplacement de M gr Benedetto Rizzano,
décédé, vint cette année-là (1639) prendre possession de son diocèse. Il a gouverné
ses diocésains avec beaucoup de rigueur, voire même une rigueur excessive, de telle
59. Idem. Une seule visite en 1630 ; celle de 1643 est effectuée par son vicaire général.
60. E. Michel, « Una supplica del clero di Ajaccio a Papa Innocenzo X », ASC, n° 2, 1937.
61. ADCS, 1G 17.
62. F.-J. Casta, Le diocèse d’Ajaccio, op. cit., ignore l’épiscopat d’Agostino Spinola ; il semble même
que pour lui le siège soit vacant entre 1715 et 1723 (p. 272). Or l’abbé Casanova, Histoire de
l’Église corse, op. cit., tome I, p. 306-311, résume un synode tenu par le dit Agostino en 1719.
63. F.-J. Casta, Évêques et curés corses, op. cit.
64. Banchero, Annales, op. cit.