360° magazine / avril 2022

WET SAND, L’AMOUR
QUOI QU’IL EN COÛTE
Dans son deuxième long métrage primé à Soleure, la Géorgienne
Elene Naveriani brosse le portrait d’une communauté pétrie de préjugés
contre la diversité, vue comme une anomalie à traiter d’urgence.
Par Edmée Cuttat
Un village géorgien, au bord de la mer Noire. Ce
soir-là, l’eau scintille, magnifiquement éclairée
par la lune. Le vieil Eliko regarde du balcon les
vagues se briser sur la plage, avant de s’asseoir
à sa table pour enrouler mystérieusement une
lettre autour d‘une bouteille de vin. Le lendemain,
on apprend qu’il s’est pendu. Les habitants, apparemment
de sympathiques bons vivants, révèlent
alors leur vrai visage, en accueillant cette triste
nouvelle avec une indifférence teintée d’une curieuse
satisfaction. Ils n’aimaient pas ce type qui
cachait sa vie privée, le trouvaient « inadapté » et
le considéraient comme un étranger alors qu’il
vivait là depuis des lustres.
Il n’y a qu’Amnon, le patron du Wet Sand,
le bar du coin, et la jeune serveuse
Fleshka, elle aussi « antisociale », pour
manifester de la compassion. Débarque
alors de la capitale Tbilissi, Moe la petite-fille
d’Eliko, pour organiser les funérailles.
Grande, mince, cheveux courts,
tatouée, pas conforme non plus, elle se
heurte rapidement à la méfiance, aux
mensonges, à la trahison, à l’intolérance,
au rejet, et se rapproche alors d’Amnon.
Il va lui révéler sa relation avec Eliko,
son amant secret avec qui il a partagé,
quoi qu’il en coûte, mais dans la crainte
constante d’être découvert, les 22 dernières
années de sa vie. Il lui offrira le
sacrifice suprême.
UNE HISTOIRE PORTEUSE D’ESPOIR
Si le film superbement photographié d’Elene
Naveriani parle à ceux qui n’ont pas pu et ne
peuvent toujours pas vivre leur amour, il est
également porteur d’espoir. Les douloureuses
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CINÉMA