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MARTIGNY LA VITICOLE
La relation qu’entretient la ville du coude du Rhône avec l’univers du vin remonte à
bien au-delà des Romains. De récentes avancées archéologiques le confirment.
Il y a deux ans, des fouilles menées à Popovac, en Croatie, ont donné
lieu à la découverte d’une inscription datant du II e siècle après J.-C.. Il
y est fait mention que le vin valaisan était déjà consommé (et surtout
apprécié) par les Romains à cette époque. Des efforts soutenus ont été
nécessaires afin de déchiffrer ces éléments peu lisibles sur la stèle qui
leur sert de support. On y a récolté les informations suivantes: «Aurelius
Constantius a greffé, sur la demande pressante de Venantius son
fils, 400 arpents de vignes dont des cépages du Valais.»
Cette inscription est naturellement loin d’être anodine. Elle est estimée
dater de 280 après Jésus-Christ. Tirant les enseignements de leur
investigation, les historiens en ont déduit que l’élevage du vin était une
pratique maîtrisée par les Valaisans depuis en fait déjà des décennies,
voire même des siècles plus tôt.
Tout n’est pas clair
La Société d’histoire du Valais romand (SHVR) a confirmé en 2019 que
la découverte croate prouvait que la vigne s’était bel et bien développée
sous l’Empire romain dans notre canton. Pour autant, le groupement
d’historiens a replacé cette avancée sur une échelle plus étendue:
«Tout ce qui précède l’an 1052 et la première mention écrite d’une
vigne en Valais n’est que mystère et hypothèse. On avait bien fait état
de traces de pollens de vignes, recensé de nombreux grains de raisin à
Gamsen ou exhumé plusieurs serpettes notamment à Martigny, mais
rien qui ne témoignait avec certitude d’une culture de la vigne et de
la production de vin au début de notre ère. Pour les serpettes, le lien
entre l’objet et son usage n’est par exemple pas toujours évident».
De fait, des analyses de sédiments du lac avaient permis de trouver
des grains de pollen de vigne antérieurs à 5000 ans avant J.-C. Il n’a
toutefois pas été possible aux scientifiques d’opérer une distinction
viable entre la vigne sauvage (vitis sylvestris) et la vigne cultivée (vitis
vinifera). Grâce au recoupement de ces études historiques et archéologiques,
les experts avaient conclu que les plus vieux cépages connus
en Valais, tels que le Cornalin, la Rèze et l’Arvine, ne remontaient peutêtre
pas aussi loin.
Si l’on se concentre à nouveau sur la seule Antiquité, les amphores qui
avaient été notamment découvertes à Martigny avaient en revanche
confirmé l’hypothèse selon laquelle l’élite du Valais pœnin ne dédaignait
pas non plus la consommation de vins étrangers, arrivant de
Rhodes ou de Palestine.
Archéologues peu soutenus
Du point de vue du déroulement de ces recherches, force est de
constater que, dans le Vieux-Pays, les relations entre vignerons et
archéologues n’ont pas toujours été cordiales. C’est en effet au fil des
défoncements des vignes que la plus grande partie du patrimoine
archéologique trouvé sur l’adret valaisan a été mise au jour.
Le recensement des découvertes effectuées lors de ces travaux viticoles,
principalement vers la fin du XIXe siècle, a amené des informations
qui peuvent être surprenantes. Une centaine de mentions de
vestiges archéologiques liés au vignoble sur la rive droite du Rhône
entre Fully et Rarogne ont été répertoriées. Parfois, ce sont des cimetières
entiers qui auraient été démantelés.
Hormis les rares vestiges végétaux mentionnés plus tôt, la production
viticole n’a, pour sa part, guère été attestée en Valais par l’archéologie.
Ainsi, on n’a pas, pour l’instant, retrouvé d’infrastructures telles que
des pressoirs, des cuves, des caves ou des tonneaux. En raison
de la découverte de petits gobelets,
placés dans les tombes, on peut se demander
si le vin ne se consommait pas
pur (et non pas coupé d’eau, comme dans
l’Antiquité classique). On retrouve en effet
ces mêmes petits gobelets dans le Haut-Valais,
particulièrement dans le secteur de
Gamsen, au pied du Simplon, une
région fortement influencée par
l’Italie.
Cruche en bronze
provenant de Martigny,
époque romaine
Amphores vinaires
provenant de Massongex et
Martigny. 1 er -4 e siècle apr. J.-C.
Sommaire
photos de couverture et du spectacle
p. 6 : Yvan Lastes
- autres photos du Chevalier : Fabienne
Bruttin
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