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GÉRER<br />
on a réussi à augmenter la production de 15 000 m3<br />
par an mais on aura du mal à tenir notre objectif de<br />
2030 car nous avons actuellement un point de blocage<br />
au niveau des scieries. Nous ne produisons pas assez.<br />
Les stocks en forêt correspondent en volume aux besoins<br />
du marché mais nous ne parvenons pas à y répondre<br />
car le point de convergence entre la forêt et les chantiers<br />
est sur tension.<br />
HG : Pour répondre aux besoins industriels, il y a 6 grosses<br />
entités capables de produire des volumes importants. Or<br />
deux d’entre elles sont en difficulté depuis deux ans. Il<br />
existe une multitude de petites unités de sciage de proximité<br />
qui alimentent les villages, les artisans. La saisonnalité<br />
et l’hygrométrie sont également des freins importants. On<br />
a eu une très forte saison des pluies qui a pénalisé notre<br />
activité mais nous avons du stock sur un an.<br />
La commande publique ne cesse d’augmenter,<br />
serez-vous en mesure de la satisfaire ?<br />
TC : La commande publique intègre de plus en plus de<br />
bois témoignant d’une volonté favorable au développement<br />
de cette filière. Les mouvements sociaux de 2017<br />
nous ont permis de mieux nous structurer mais aussi<br />
de déclencher des chantiers très importants qui, après<br />
deux à trois ans d’études, sortent tous aujourd’hui. Hélas,<br />
depuis 2018, bien que les volumes de bois augmentent,<br />
nos moyens de production baissent.<br />
HG : Il faudrait que la commande publique soit lissée<br />
pour créer une stabilité économique. La <strong>Guyane</strong> ne cesse<br />
d’alterner entre des périodes de deux ou trois ans de<br />
suractivité et des périodes de grand creux.<br />
Avez-vous la possibilité de vous approvisionner<br />
à l’extérieur pour combler les manques ?<br />
TC : Nous savons que du bois angélique rentre régulièrement<br />
depuis le Suriname et le Brésil. C’est légal mais<br />
ce n’est pas du bois structure certifié PEFC, donc on ne<br />
peut pas l’utiliser dans nos chantiers publics. Nous avons<br />
l’obligation d’utiliser du bois PEFC.<br />
© CTBFG / Anna Nourric<br />
HC : Toute la surface forestière exploitée est PEFC. Les<br />
exploitants et les scieries aussi sont PEFC. L’ensemble<br />
des acteurs de la filière est audité une fois par an pour<br />
ce qui est des normes PEFC et CE. C’est coûteux et<br />
contraignant pour les entreprises mais c’est aussi ce qui<br />
fait que notre bois et nos réalisations sont exemplaires.<br />
Peu de pays peuvent se targuer d’une gestion aussi<br />
exemplaire.<br />
Hormis les problèmes de rupture d’approvisionnement<br />
et les soucis de recrutement, quelles<br />
sont les autres difficultés de la filière ?<br />
TC : Il y a bien sûr le coût d’exploitation. Avec la croissance<br />
démographique, les besoins en logements sociaux<br />
ont fortement augmenté. Aujourd’hui, les constructeurs<br />
comme nous se font écraser par les prix imposés. La<br />
conjoncture actuelle fait qu’à cette contrainte du prix<br />
d’achat du bois, on ajoute le prix d’achat de l’acier (les<br />
tôles de couverture) qui a bondi de 70 % entre début<br />
2020 et fin 2021.<br />
Comment envisagez-vous l’avenir ?<br />
TC : Comme nous œuvrons en forêt primaire et que<br />
nous ne pouvons exploiter que 5 tiges par hectare, nous<br />
sommes obligés d’aller de plus en plus loin et donc de créer<br />
de nouvelles pistes, cela se répercute sur le prix du bois.<br />
> Suite page 46<br />
42 <strong>BatiMag97</strong> - <strong>Guyane</strong> N°3