BatiMag97 Guyane numéro 3

AGIR
Systèmes et comportements
Pour le choix des équipements et systèmes qui
régissent le quotidien d’un bâtiment durable, il est
conseillé d’adopter la démarche négawatt dont le
crédo est le suivant : « L’énergie la plus propre est celle
qu’on ne consomme pas ». Fort de ce principe, l’usager
doit limiter dans la mesure du possible l’utilisation
des systèmes électriques, privilégier des équipements
(climatiseurs, brasseurs d’air et ampoules) efficaces
énergétiquement, et mettre en place, si possible des
systèmes de production d’énergies renouvelables
comme des chauffe-eau solaires, des panneaux photovoltaïques
et des récupérateurs d’eau de pluie. Enfin,
il faut toujours garder à l’esprit qu’un bâtiment passif
nécessite des usagers actifs. « Il ne sert à rien de fabriquer
une maison bioclimatique si les habitants ne sont
pas actifs et impliqués au quotidien dans les économies
d’énergies et de déchets ».
Que dit la loi ?
Des référentiels de construction (cf encadré Certifications
et démarches en architecture bioclimatique)
destinés aux maîtres d’ouvrage et aux maîtres
d’œuvre ont été conçus par l’ADEME Guyane dans
le but de promouvoir l’architecture bioclimatique.
En outre, depuis deux ans, la certification NF Habitat–
NF Habitat HQE qui valorise les meilleures
pratiques guyanaises, tant sur le choix des matériaux
que sur la conception bioclimatique est déployée sur
le territoire. « Mais, à ce jour, il n’y a aucune obligation
de faire une maison bioclimatique en Guyane, déplore
la directrice d’Aquaa. Il n’y a pas de contrôle donc on
peut quasiment faire ce qu’on veut. Notre volonté est de
changer cela ». Par ailleurs, les dispositions de la RTAA
DOM (qui fixe la règlementation thermique, acoustique
et aération dans les départements d’outre-mer)
s’appliquent aux projets de construction de bâtiments
neufs mais ne concernent pas les rénovations et les
bâtiments tertiaires, elle n’évoque pas non plus les
bâtiments en terre. « La RTAA DOM est uniforme
pour tous les territoires d’outre-mer et ne tient pas
compte des spécificités guyanaises. Nous avons, avec les
professionnels de la construction mais aussi la collectivité
territoriale, l’objectif d’améliorer la réglementation
thermique, de la rendre plus ambitieuse et de l’adapter
localement ».
Les constructions
bioclimatiques en Guyane
Plusieurs cabinets d’architectes étant spécialisés
dans les constructions bioclimatiques, les bâtiments
durables sont nombreux dans le paysage guyanais.
Le dernier exemple en date est Odyssée, à Kourou.
Bâtiment de 930 m2 conçu et souhaité à énergie
positive par le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre,
cet immeuble de bureaux destiné à la direction des
lanceurs du CNES entend démontrer la nouvelle
vision de cette institution en faveur du développement
durable. Un travail sur la protection solaire
du bâtiment a été mené au travers de débords de
toiture, de brise-soleil, l’orientation des bâtiments et la
protection des vitrages. Enfin, des panneaux photovoltaïques
sur les ombrières fournissent de l’énergie
au bâtiment et des équipements performants y ont
été associés. Conçu par le cabinet Amarante, le projet
a remporté le Prix du Public Bâtiment des Green
Solutions Awards France 2020-21.
Pour l’association Aquaa, la réflexion bioclimatique ne
peut plus se limiter à des constructions éparses mais
doit aujourd’hui être menée à l’échelle d’un quartier
puis d’une ville. « La Zac Hibiscus à Cayenne préfigure
ce que pourrait être une ville durable, estime la direction
d’Aquaa. Ce quartier est le fruit d’une vraie réflexion sur
l’orientation des bâtiments et leur ventilation ». Déjà
bonne élève en matière de transition énergétique, la
Guyane avec son climat et ses ressources a de nombreuses
cartes en main pour intégrer une approche
globale - matériaux écologiques, architecture bioclimatique,
urbanisme en pleine évolution - de la
construction durable. Saura-t-elle en profiter ?
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