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PANORAMA DE PRESSE - 22.03.23

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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS-CHAMPAGNE<br />

COMBIEN D’HECTARES <strong>DE</strong> VIGNES SACRIFIÉES<br />

SUR L’AUTEL D’UN NOUVEAU RÉGLEMENT<br />

EUROPÉEN ? (2)<br />

Vitisphère<br />

Alexandre Abellan<br />

20·03·23<br />

Alors que le Parlement européen doit se positionner en séance plénière sur le projet de règlement en octobre<br />

prochain, les commissions Agri et Envi doivent donner leurs avis respectifs en juillet et septembre. Si la rapporteure<br />

de la commission Agri, Clara Aguilera (Parti socialiste ouvrier espagnol) semble prendre son temps,<br />

l’étude d’impact manquant toujours, celle de la commission Envi, Sarah Wiener (les Verts allemands) paraît<br />

plus pressée, ayant déjà publié un projet de rapport en février dernier. Dans ce prérapport, l’eurodéputée estime<br />

qu’« en ce qui concerne les zones tampons, la distance suggérée de 3 m par rapport aux aires protégées<br />

n’est pas suffisante. Elle est même trop étroite pour empêcher les pesticides de pénétrer dans les aires protégées<br />

par dérive de pulvérisation lors de leur application. La science suggère que les zones tampons efficaces<br />

doivent avoir une largeur de plusieurs centaines de mètres pour empêcher l’entrée des pesticides. »<br />

Et de proposer une distance tampon de 10 mètres en général, et de 50 mètres en particulier « pour les zones<br />

sensibles utilisées par des groupes vulnérables et pour l’utilisation des pesticides les plus dangereux ». De<br />

quoi remettre en cause le modèle de culture de milliers d’hectares de vignes en zones urbaines, avec la proximité<br />

de riverains, mais aussi en territoire rural, un sentier suffisant théoriquement. Limitant la possibilité<br />

de déroger à cette interdiction aux seuls traitements autorisés en bio, la rapporteur indique encore que « les<br />

dérogations à l’interdiction ne devraient être accordées que pour […] permettre une poursuite des activités<br />

agricoles existantes ou dans certaines conditions et au cas par cas ».<br />

Pouvant avoir d’énormes conséquences sur l’économie et la physionomie du vignoble, ce règlement ne peut<br />

qu’interpeller et mobiliser la filière vin pour éviter un emballement menaçant des milliers d’hectares. Si ses<br />

stratégies nationales et locales s’inscrivent depuis des années dans un démarche de réduction progressive des<br />

intrants viticoles, l’objectif de sortie pure et simple des phytos est une aspiration partagée, pour ne pas dire<br />

consensuelle, dans le vignoble, mais reste inenvisageable sans perte ni fracas si une logique quantitative de<br />

court-terme l’emporte sur une transition agroécologique coconstruite, avec des alternatives tout-terrain et<br />

de moyens d’investissements adaptés à une culture pérenne. En l’état de son projet, l’objectif de réduction<br />

accélérée des phytos pourrait conduire à une forte déprise viticole : les contraintes techniques et économiques<br />

évoquées précédemment pouvant amener des milliers de vignerons à jeter l’éponge. Qui protégera les<br />

vignobles des évolutions réglementaires européennes ?<br />

* : À noter cependant dans la liste des nouvelles obligations administratives une déclaration de soutien à<br />

l’agriculture de précision. Si la Commission est prudente sur l’autorisation des traitements phytos par drones,<br />

le pré-rapport de la commission Envie souhaite clairement les interdire, comme tout traitement aérien.

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