PANORAMA DE PRESSE - 22.03.23
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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS-CHAMPAGNE<br />
CHAMPAGNE : TANT PIS POUR LE MARCHÉ<br />
FRANÇAIS ? (1)<br />
L’Est Eclair<br />
Yann Tourbe<br />
14·03·23<br />
2022 a-t-elle été une année atypique pour les Champenois, ou marque-t-elle l’arrivée d’une nouvelle normalité<br />
? L’année a été « surprenante et exceptionnelle », résume Pascal Dubois, le directeur de l’Union auboise<br />
– Vignerons en Champagne (UAVC), la coopérative née de la fusion de l’Union auboise et de six de ses<br />
coopératives adhérentes. Surprenante ? Oui, à cause de la continuation de la croissance des ventes sur l’année,<br />
même si cette croissance s’est un peu tassée sur les derniers mois par rapport à la fin de l’année 2021. Et<br />
exceptionnelle, parce que « personne ne comprenait pourquoi ça continuait ».<br />
Une des raisons, c’est que le champagne a conquis de nouveaux consommateurs. « Pas tout à fait ceux qu’on<br />
attendait, des jeunes de moins de 40 ans », note Pascal Dubois, qui cite à ce sujet des analyses du Comité<br />
champagne. « 30 à 35 % de la consommation de champagne est liée à la fête, 25 à 30 % à la gastronomie…<br />
» Et le reste ? « Ce sont d’autres moments de consommation… » Qui font qu’on fait sauter un bouchon pour<br />
fêter un événement privé, ou qu’on préfère une coupe à une pinte pour un afterwork. En d’autres termes,<br />
c’est une consommation « why not ». Et c’est là, sans doute, la meilleure nouvelle de 2022, « à condition<br />
qu’on garde ces consommateurs », met en garde le directeur de l’Union auboise.<br />
La question à six milliards et quelque, bien sûr, est de savoir si ce mouvement va continuer. Et, à cela, il n’y<br />
a pas de réponse simple. Plusieurs éléments plaident pour une continuation du mouvement : au-delà de ces<br />
nouveaux clients touchés en 2022, la Champagne vient de réaliser son meilleur mois de janvier depuis 15<br />
ans (19,1 millions de cols, chiffres encore provisoires pour l’instant) et reste sur un rythme soutenu (326,1<br />
millions de cols sur douze mois glissants).<br />
En contrepartie, deux raisons poussent à penser que la croissance champenoise pourrait se mettre en pause.<br />
D’abord, il y a l’inflation. Avant le mois de mars, son impact n’était sans doute pas encore pleinement ressenti.<br />
Aujourd’hui, « elle va entraîner un ralentissement mécanique de la consommation par la baisse du pouvoir<br />
d’achat ».<br />
Et puis, il y a ce problème de stocks. Après deux années pauvres en fraîche et des ventes qui ont amené les<br />
stocks à leur niveau bas, la Champagne n’a plus de gras à vendre. Trois ans et demi de stocks, en Champagne,<br />
c’est le fonds de roulement, pas du surstockage… Plusieurs marques et des coopératives s’en sont fait<br />
l’écho, y compris dès 2022. Le mot à la mode en Champagne, en ce moment, c’est : allocation. Les cavistes<br />
s’en sont plaint, en fin d’année 2022, accusant certains acteurs champenois de surjouer la pénurie pour privilégier<br />
l’export (ou les grossistes, dans certains cas). Mais, même si certaines maisons ont déshabillé Pierre<br />
(les cavistes) pour habiller Paul (l’export), « la Champagne a contingenté tout le monde », assure Pascal Dubois.chez<br />
beaucoup de metteurs en marché, « va être de stabiliser les volumes tout en augmentant le chiffre<br />
d’affaires ».