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6 PRÉSENCE N o 2 MARS <strong>2023</strong> DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 2 MARS <strong>2023</strong> 7<br />
OSER LE CHANGEMENT POUR PRENDRE UN NOUVEAU DÉPART<br />
OSER LE CHANGEMENT POUR PRENDRE UN NOUVEAU DÉPART<br />
ce déséquilibre. La paroisse<br />
de l’avenir reposera sur de<br />
nombreuses épaules. La vie de<br />
l’Église portée par la communauté<br />
se déployera dans des<br />
espaces géographiques plus<br />
vastes, avec moins de paroisses<br />
et de centres.<br />
• L’Église fait du bien aux personnes,<br />
aux niveaux spirituel,<br />
pastoral, liturgique et diaconal.<br />
• L’Église doit se soucier d’émancipation<br />
et de participation et<br />
inclure tous ses membres dans<br />
ses prises de décisions et la définition<br />
de son identité.<br />
• Notre tâche primordiale est d’assumer<br />
« l’état de disciple » dans<br />
le monde et d’y rendre témoignage.<br />
Dieu est pour ainsi dire<br />
« l’évangélisateur », le proclamateur,<br />
et nous sommes les instruments<br />
qui permettent d’amener<br />
d’autres personnes à la foi chrétienne.<br />
Nous devons témoigner<br />
sans rien imposer. La croissance<br />
s’opère tout naturellement si<br />
nous nous rendons à l’église en<br />
invitant d’autres à nous suivre.<br />
• L’Église a le devoir de rugir<br />
comme un lion face à l’injustice<br />
qui règne dans le monde. Cela<br />
pourra se faire de manière différente<br />
en fonction des régions et<br />
des cultures.<br />
Conséquences<br />
structurelles<br />
Je suis d’avis que nous tournons<br />
en rond depuis des années. Dès<br />
que quelqu’un plaide en faveur<br />
d’un changement des structures<br />
actuelles, quelqu’un d’autre prend<br />
la parole pour demander tout<br />
d’abord un débat de fond sur nos<br />
objectifs, car le contenu et le spirituel<br />
sont plus importants que<br />
les structures. Ensuite quelqu’un<br />
d’autre souhaite qu’on commence<br />
par discuter collectivement de nos<br />
états d’âme.<br />
Et lorsqu’on a répondu à ces<br />
demandes, en consacrant pas mal<br />
d’argent à se faire conseiller sous<br />
diverses formes, deux années se<br />
sont écoulées sans qu’il y ait eu de<br />
changement notable.<br />
Alors, on reprend tout du début et<br />
malgré quelques modestes progrès,<br />
nous nous transformons toujours<br />
davantage en une organisation à<br />
bout de souffle. Ce phénomène ne<br />
doit rien à la mauvaise volonté mais<br />
plutôt à un processus de refoulement,<br />
parce qu’au fond, on ne veut<br />
rien changer. Tout doit demeurer<br />
en l’état, mais avec davantage de<br />
membres, bien sûr. C’est pourquoi<br />
il est grand temps de définir des<br />
priorités et d’agir en conséquence.<br />
Voici, esquissé sur la base de mes<br />
constatations et de mon expérience,<br />
ce qu’il convient de faire :<br />
1. Le diocèse doit occuper la<br />
première place.<br />
2. La paroisse doit être une<br />
paroisse digne de ce nom.<br />
3. Comme solution de transition,<br />
il faut constituer des régions<br />
comptant moins de paroisses.<br />
1. Le diocèse doit occuper<br />
la première place<br />
Lors de la fondation de notre Église,<br />
on a sciemment mis en place d’une<br />
part un diocèse catholique dirigé<br />
par un évêque, et de l’autre des<br />
paroisses jouissant d’une autonomie<br />
quasi absolue. Cela était<br />
judicieux à l’époque, étant donné<br />
qu’on voulait se démarquer du centralisme<br />
catholique romain. De nos<br />
jours, nous avons besoin de nouvelles<br />
structures pour assurer un<br />
service optimal à notre clergé et une<br />
répartition équitable des ressources<br />
personnelles et financières.<br />
Concrètement, cela signifie<br />
(comme il est prévu dans la motion<br />
adoptée par le Synode national de<br />
2022) que la rémunération de tout<br />
le clergé est assurée de manière<br />
centralisée par l’administration<br />
financière du diocèse, tandis que<br />
la planification et la répartition des<br />
postes sont du ressort du Synode<br />
national.<br />
C’est ce dernier qui décide ce qu’il<br />
convient de considérer comme une<br />
paroisse, et d’après quels critères<br />
les pourcentages de postes doivent<br />
être répartis dans le diocèse. Le<br />
nombre exact des membres, la<br />
structure démographique des âges,<br />
l’étendue géographique, les éventuelles<br />
particularités locales, etc.<br />
sont autant de facteurs à prendre<br />
en compte lors de cette évaluation.<br />
Cela ne limite nullement les compétences<br />
des paroisses en matière<br />
de mise au concours des postes ou<br />
de l’élection du curé, femme ou<br />
homme. C’est cette pratique qui est<br />
en vigueur dans toutes nos Églises<br />
sœurs vieilles-catholiques ainsi<br />
que dans les deux autres Églises<br />
nationales de notre pays, bien que<br />
ce soit au niveau cantonal. Mais<br />
notre Église est tout simplement<br />
trop petite pour adopter des solutions<br />
cantonales. C’est pourquoi la<br />
constitution de régions représente<br />
une bonne solution de transition.<br />
Un tel regroupement renforcerait<br />
en outre la professionnalisation de<br />
nos instances et des activités bénévoles,<br />
car de nombreuses tâches<br />
sont devenues plus complexes et<br />
plus exigeantes.<br />
2. La paroisse doit être une<br />
paroisse digne de ce nom<br />
Avez-vous déjà réfléchi selon quels<br />
critères une paroisse doit être<br />
constituée ? Considérez ces deux<br />
exemples :<br />
Dans le contexte de la migration,<br />
lorsque des coreligionnaires orthodoxes<br />
ou anglicans souhaitent<br />
créer leur propre paroisse, l’évêque<br />
compétent formule les conditions<br />
suivantes :<br />
• Il doit y avoir un nombre<br />
attesté de personnes ou de<br />
familles de plusieurs générations<br />
qui permette d’assurer<br />
un service religieux chaque<br />
dimanche et jour de fête.<br />
• Tous les services et fonctions<br />
destinés aux laïcs dont une<br />
paroisse a besoin doivent être<br />
assurés ; le conseil de paroisse,<br />
notamment, doit compter au<br />
moins cinq personnes.<br />
• L’enseignement de la religion<br />
destiné aux enfants et adolescent·e·s<br />
doit être assuré régulièrement.<br />
• La contribution volontaire des<br />
membres doit permettre de<br />
financer un lieu de culte, un lieu<br />
de rencontre, un poste pastoral<br />
à 100 %, les autres dépenses<br />
courantes et la contribution au<br />
diocèse.<br />
En Allemagne, dans notre Église<br />
sœur vieille-catholique, l’impôt<br />
ecclésiastique prélevé sur les revenus<br />
des fidèles est versé au diocèse<br />
et le revenu des autres impôts<br />
ecclésiastiques aux paroisses. Le<br />
diocèse finance un poste pastoral<br />
à 100% lorsque les conditions suivantes<br />
sont remplies :<br />
• La paroisse compte au moins<br />
250 membres.<br />
• Il existe un conseil de paroisse /<br />
conseil d’Église d’au moins cinq<br />
personnes.<br />
• Un enseignement régulier de la<br />
religion est assuré.<br />
• Toutes les autres dépenses relatives<br />
à la vie de la paroisse sont<br />
assurées par celle-ci.<br />
Cela correspond aux recherches<br />
scientifiques qui partent de l’idée<br />
que pour qu’existe une vie paroissiale<br />
digne de ce nom, accompagnée<br />
d’un rayonnement vers l’extérieur,<br />
il faut compter au moins<br />
cent personnes actives.<br />
Chez nous, au cours des dernières<br />
décennies, tout n’a pas fonctionné<br />
pour le mieux. Dès que l’argent est<br />
venu à manquer et que le nombre<br />
des fidèles a diminué, on a décidé<br />
en maints endroits de réduire le<br />
nombre des services religieux et les<br />
pourcentages de postes du clergé.<br />
L’argent est consacré à l’entretien<br />
des biens immobiliers et à un<br />
secrétariat chargé d’assurer le bon<br />
fonctionnement du tout. On a donc<br />
donné la priorité à l’autonomie de<br />
la paroisse, à son existence et au<br />
maintien des services religieux.<br />
Parfois aussi, deux paroisses de<br />
ce type ont engagé chacune un·e<br />
ecclésiastique à 50 %, tout en maintenant<br />
leurs attentes et leurs désirs<br />
au niveau de 200 %.<br />
Voici comment le théologien Jaroslav<br />
Pelikan décrit ce phénomène :<br />
« La tradition est la foi vivante des<br />
morts, à laquelle nous ajoutons<br />
notre propre chapitre tant que<br />
nous jouissons du don de la vie. Le<br />
traditionalisme est la foi mortelle<br />
des vivants qui craignent que tout<br />
s’écroule si quelque chose change. »<br />
Mais la Bible, elle, parle d’une terre<br />
nouvelle et d’un ciel nouveau qui<br />
accompagneront la venue du règne<br />
de Dieu.<br />
Bien entendu, on assiste aussi à de<br />
nouveaux départs. Je pense ici aux<br />
unions de paroisses et à d’autres<br />
formes de coopération, mais je suis<br />
d’avis que bien des choses se font<br />
trop lentement et trop timidement.<br />
Voilà pourquoi j’estime nécessaire<br />
que de petites paroisses s’unissent<br />
en une seule plus grande qui<br />
réponde aux critères susmentionnés.<br />
Il ne s’agit pas de modifier les<br />
structures pour le plaisir de les<br />
modifier, mais de mettre en place<br />
une vie paroissiale meilleure et plus<br />
joyeuse qui rayonne vers l’extérieur,<br />
ce qu’une telle modification peut<br />
réaliser.<br />
3. Comme solution de transition,<br />
il faut constituer des régions<br />
comptant moins de paroisses<br />
Dans la vie, tout n’est pas noir ou<br />
blanc. Bien des choses se sont déjà<br />
mises en mouvement, notamment<br />
dans les régions. Je pense ici aux<br />
paroisses catholiques-chrétiennes<br />
unies du Fricktal et à l’Église<br />
nationale de Bâle-Campagne.<br />
Je pourrais imaginer que cette<br />
dernière intensifie sa collaboration<br />
avec la paroisse de Bâle-Ville<br />
ou le Fricktal ; les paroisses de<br />
Zurich, Schaffhouse et Saint-Gall<br />
pourraient aussi constituer une<br />
union, tout comme celles de Baden-<br />
Brugg-Wettingen, Aarau-Zofingen<br />
et Schönenwerd-Niedergösgen ;<br />
de même, le renforcement de la<br />
collaboration des paroisses de la<br />
région d’Olten, Soleure et Granges<br />
serait judicieux. Dans le canton<br />
de Berne, les quatre paroisses<br />
actuelles pourraient s’unir pour<br />
en constituer une seule, comme à<br />
Zurich ; en Romandie, enfin, toutes<br />
les paroisses membres du Comité<br />
romand pourraient coordonner et<br />
partager encore davantage leurs<br />
ressources.<br />
Je comprends tout à fait que dans<br />
notre Église toute forme de centralisme<br />
éveille le soupçon et suscite<br />
des oppositions émotionnelles.