Présence_2023-2

10 PRÉSENCE N o 2 MARS 2023 CHAPELLE DE CHÊNE-BOURG CHAPELLE DE CHÊNE-BOURG PRÉSENCE N o 2 MARS 2023 11
Chapelle de Chêne-Bourg, une histoire de Transfiguration
PAR LE CURÉ JEAN LANOY
Il y a plus de sept ans, alors que je
venais d’arriver dans le canton de
Genève, j’accompagnais l’ancien
curé Jean-Claude Mokry et
Hélène son épouse pour célébrer
une messe dans la chapelle de la
Transfiguration de Chêne-Bourg.
Quelle ne fut pas ma surprise
en pénétrant dans cet ancien
couvent, fort joli de l’extérieur
du reste. Il fallait passer par
une crèche fermée le weekend
pour accéder à la chapelle.
La sacristie était attenante au
couloir commun. Je dois dire,
et je pense que mon sentiment
était partagé, qu’il fallait faire
abstraction des lieux pour s’élever
un peu spirituellement. Le tout
était dans un jus qui ne pouvait
plus convenir à notre époque. Le
temps avait fait son œuvre d’une
patine difficilement supportable
pour un œil d’aujourd’hui.
Le curé Mokry me laissait le choix
de m’investir dans ce lieu ou de
réfléchir à le laisser. Je lui répondis
immédiatement qu’il était hors de
question pour moi de baisser les
bras. Je savais trop la valeur d’un
lieu de culte comme point de relai
d’une communauté toujours en
mouvement. Je suis convaincu
que les Hommes passent mais
l’Ordre Eternel demeure !
J’avais bien raison d’y croire et
d’y maintenir les messes. Plus
tard, l’expérience d’une messe
délestée de Saint Germain au
profit de Chêne, à cause de la fête
de la musique en vieille-ville de
Genève, il m’apparut que ce type
d’expérience proposée le 5ème
dimanche pouvait apporter une
expérience autre de la messe.
M gr Léon Gauthier et le curé Franz Murbach lors d’une messe dans l’ancienne
chapelle de Chêne.
Il y avait là un lieu pour des
opportunités impossibles dans nos
églises de Genève et Grand-Lancy.
La foi peut être exprimée de bien
des façons. Un petit groupe peut
se permettre des expériences
innovantes, des expériences nées
de l’envie de vivre autrement et
plus intensément les gestes, les
textes, les symboles, et la musique,
le silence aussi. Mais sublimer la
matière n’est pas chose facile. S’il
nous arrivait de douter quelques
fois des manifestations de la
providence divine, nous pourrions
tout autant la remarquer dans des
circonstances inattendues. N’avezvous
pas déjà fait cette expérience ?
Un matin, contre toute attente,
j’ai été contacté à la cure pour un
rendez-vous avec un conseiller
administratif de la commune de
Chêne-Bourg à propos de l’avenir
de la chapelle et de projets de la
commune dans cet ancien couvent
qui leur avait été donné par l’Etat
de Genève au profit d’œuvres de
bienfaisance et d’éducation.
Je ne voulus pas m’y rendre seul
afin que la totalité du charisme
de notre Eglise Episcopale et
synodale soit représenté.
Jean-Luc Biolay, président du
Synode cantonal, m’y accompagna
donc. Nous rencontrâmes à
la chapelle M r Pierre Debarge,
conseiller administratif, qui tenait
en main un acte d’affectation « à
perpétuité » de la chapelle pour
notre communauté.
Après les présentations d’usage,
il commença par nous poser une
question à propos de notre volonté
de garder cette chapelle ou non.
Devant notre affirmative, il tenta
une proposition inattendue :
« Verriez-vous un obstacle à une
nouvelle proposition d’affection des
lieux, à savoir que vous nous cédiez
la sacristie et son sous-sol, au profit
d’autres superficies attenantes à la
chapelle et correspondantes au
métrage cédé ? »
Notre réponse fût positive.
J’eus alors l’idée de solliciter la
possibilité d’un point d’eau et de
toilettes handicapés plutôt que
d’une nouvelle sacristie.
Après lecture du projet de plans
d’implantations des nouveaux
lieux, ce projet fut chaleureusement
accepté par la nouvelle présidente
de la paroisse de Chêne, Madame
Rosa Lopes, suivie des autres
membres du conseil de paroisse de
Genève qui ont toujours soutenu
financièrement la paroisse partielle
de Chêne. Nous donnions donc à la
commune une réponse collégiale
positive pour le nouveau projet.
Entre temps, de nouvelles
perspectives possibles d’emploi
de cet ancien couvent apparut au
conseil administratif et au bureau
d’architecte.
Une nouvelle proposition surgit
encore plus agréable pour
notre communauté. En effet,
il s’agissait alors de déplacer la
chapelle et ses dépendances au
rez-de-chaussée de l’aile droite
du couvent, de nous y aménager
un espace toilette handicapés et
de nous réserver à l’étage une
petite salle qui pourrait nous
servir autant de sacristie que de
bureau d’accueil.
Grâce au concours de Jean-Luc
Biolay, nous louâmes un box
à proximité pour y accueillir
le mobilier de la chapelle. Ce
mobilier était composé de ce
que nous allions garder le temps
des travaux de transformation,
travaux réalisés par la commune.
C’était l’occasion aussi de nous
séparer de tout ce qui était vétuste,
désuet, et en mauvais état. En
effet au sous-sol de la sacristie se
trouvaient notamment des bancs
et un tas de fatras du temps de
l’ancienne église et dans un état
perdu.
Rosa Lopes, Présidente de la paroisse de
Chêne avec l’architecte et la responsable
construction / développement durable de
Chêne-Bourg devant les locaux encore en
travaux.
Grâce au concours et à la
perspicacité de la présidente de
la paroisse de Chêne-Bourg, Rosa
Lopes et au soutien de Jean-Luc
Biolay, la nouvelle chapelle pour
laquelle nous reçûmes les clés
le 22 novembre 2022 fut dotée,
entre autres, d’un mobilier
adapté et confortable. Rien
ne surgissant au hasard, notre
Organiste titulaire de l’orgue
de l’église Saint Germain, Saya
Hashino, vendait un orgue
adapté qui convenait pour la
chapelle en remplacement de
l’ancien bien usagé et risquant
de nous lâcher un jour où l’autre.
Le conseil de paroisse de Genève
saisit cette occasion et accepta la
proposition de remplacer l’orgue
de la chapelle.
Beaucoup de détails furent pensés
et mis en place grâce à Rosa
Lopes pour rendre cette nouvelle
chapelle très accueillante et
vraiment agréable.
Dans l’immédiat, nous avons
gardé l’ancien Autel, et le mobilier
liturgique encore valable.
Pour rappel, l’Autel, l’Ambon et
la Crédence sont l’œuvre d’un
menuisier sculpteur savoyard
Pierre Rossel. La Croix en cuivre
massif a été réalisée par M. Henri
Bolle artiste de Genève. L’icône de
la Transfiguration avait été offerte
par Georges Pucher.
Chapelle de la Transfiguration,
voilà le nom de la chapelle choisi
à l’époque pour signifier à la
communauté et au-delà d’elle, qu’à
travers l’histoire et les péripéties
de chacune et de chacun, Dieu
veille ! Il ne faut jamais baisser
les bras mais plutôt se tenir en
capacité d’être transfiguré ! Dans
cette histoire, la communauté
catholique-chrétienne a montré
et montre encore aujourd’hui
sa capacité d’adaptation et
de transformation. Rien n’est
impossible à Dieu nous disent
les textes de la messe de Noël,
rien ne nous est donc impossible
dès lors que nous nous tenons
intérieurement prêts.
Changer de visage signifie
concrètement de toujours
aller de l’avant, d’être prêt à
changer, à bouger, à transformer
les choses et les contacts…
La communauté catholiquechrétienne
de Chêne-Bourg a
cette histoire écrite en lettre de
combat pour sa persistance. D’une
église paroissiale, le troc avec la
commune fut d’accepter une
chapelle, puis une autre encore
sans changer de quartier et enfin
une autre encore. Fait étrange la
chapelle actuelle s’est rapprochée
de là où se trouvait l’ancienne
église rétrocédée à la commune à
cause de sa vétusté pour en faire
des logements à loyer modérés.
La chapelle actuelle regarde vers
la cour intérieure de l’ancien
couvent et vers la fontaine de