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360° magazine / juin 2023

Numéro 224 / Pride

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Parmi les dessins animés diffusés sur les chaînes de télévision publique,<br />

le choix est vaste. Certaines séries d’animation se démarquent toutefois<br />

par leur volonté de ne pas véhiculer de stéréotypes de genre et d’aborder<br />

des thèmes multiples, à hauteur d’enfant.<br />

Par Line Golestani<br />

Selon l’Étude longitudinale française depuis<br />

l’enfance, les enfants âgés de 3 à 5 ans passent en<br />

moyenne 1h30 par jour devant un écran, télévision<br />

en tête. Durant cette heure et demie passée devant<br />

la TV, ce sont principalement les dessins animés<br />

que regardent les enfants. Si l’on note dans ceux-ci<br />

une nette amélioration dans la répartition des rôles<br />

fille/garçon, les personnages explicitement masculins<br />

sont encore majoritaires. Les stéréotypes de<br />

genre, s’ils semblent également se faire plus discrets,<br />

restent cependant présents dans énormément de<br />

séries d’animation.<br />

<br />

Alors que bannir totalement les écrans reste<br />

un vœu pieux pour beaucoup de parents,<br />

s’assurer que les dessins animés devant<br />

lesquels nos chérubins passent une partie<br />

de leur temps ne renforcent pas chez<br />

eux les stéréotypes de genre est plus que<br />

souhaitable. Les séries ont par ailleurs tout<br />

à gagner à mettre en avant une figure à laquelle<br />

les enfants de tous genres peuvent<br />

s’identifier.<br />

Les chefs d’œuvre d’animation de l’allemand Max<br />

Lang (Le Gruffalo, Monsieur Bout-de-Bois, Zébulon le<br />

Dragon, La baleine et l’escargote), adaptés des livres<br />

de la Britannique Julia Donaldson, prouvent qu’un<br />

dessin animé peut captiver les enfants dès 4 ans (et<br />

leurs parents) avec des histoires originales, drôles et<br />

poétiques, qui font la peau aux stéréotypes de genre.<br />

<br />

Ces films d’animation font toutefois entre<br />

25 et 45 minutes et c’est devant des séries<br />

d’animation aux épisodes bien plus courts<br />

que les enfants se retrouvent à l’heure du<br />

petit-déjeuner ou du goûter. Parmi cellesci,<br />

La Famille Blaireau-Renard (adaptée<br />

de l’ouvrage jeunesse de Brigitte Luciani<br />

Monsieur Blaireau et Madame Renarde) se<br />

distingue notamment par la diversité des<br />

thèmes abordés. Explications.<br />

LA FAMILLE RECOMPOSÉE<br />

COMME POINT DE DÉPART<br />

« Le sujet de départ, c’est la famille recomposée,<br />

et d’autres thématiques viennent s’y greffer »,<br />

explique Florian Ferrier, le réalisateur d’origine alsa-<br />

DESSINS ANIMÉS<br />

cienne, également scénariste et écrivain. « Comment<br />

construit-on une fratrie, et vit-on avec le “ nouveau ”<br />

parent, et cette nouvelle famille qui ne partage pas<br />

toujours nos goûts et nos traditions ? » Du deuil, celui<br />

que les enfants blaireaux doivent faire de leur mère, à<br />

la maladie d’Alzheimer, dont Papi Renard manifeste<br />

les premiers signes, on parle de tout, ou presque,<br />

dans cette série lauréate du Prix export Unifrance<br />

2020, récompensant les programmes audiovisuels<br />

français les mieux vendus dans le monde.<br />

« La force de la série, c’est d’aborder ces<br />

nombreux thèmes au premier degré – les<br />

jeunes enfants ne maîtrisant pas le second<br />

degré – avec justesse et légèreté »,<br />

remarque le réalisateur. « Le fait qu’il s’agit<br />

d’animaux donne aussi une certaine distance<br />

; l’identification n’est pas la même<br />

qu’avec des personnages humains. » Dans<br />

la forêt où vit la famille Blaireau-Renard, les<br />

autres familles ont toutes leurs particularités.<br />

Martis (la martre), est élevé par sa mère,<br />

qui dort la journée et s’active la nuit, s’agissant<br />

d’un animal nocturne. Pico, le petit marcassin,<br />

est quant à lui « couvé » par ses trois<br />

mamans, les laies (femelles sangliers) vivant<br />

d’ordinaire en hardes. Autant de mâles que<br />

de femelles, dans ce décor « où la nature<br />

tient le premier rôle ». Roussette, la petite<br />

Renarde, est plus sportive que ses frères<br />

blaireaux, et court même plus vite que les<br />

deux chats sauvages, qui jouent les caïds.<br />

Son beau-père, Edmond le Blaireau, de nature<br />

un peu soupe-au-lait, est plutôt strict et<br />

très investi, contrairement à son père Basile,<br />

fantasque et peu fiable. Ce père – un peu absent<br />

– Roussette ne sait pas toujours quand<br />

il passera la voir, alors qu’elle rêverait de le<br />

voir davantage.<br />

La série se distingue également par sa forme : une<br />

belle bande-son sans électronique et des plans qui<br />

font jusqu’à 15-20 secondes, « un rythme lent, inexistant<br />

dans la plupart des séries jeunesse, “ sur-découpées<br />

” », note le réalisateur. France Télévision<br />

tente par ailleurs d’inciter d’autres séries à réduire<br />

le nombre de plans. « On a trop de dessins animés où<br />

l’on se prend des claques pendant dix minutes, car ça<br />

crie et bouge sans cesse », regrette Florian Ferrier.<br />

SOCIÉTÉ<br />

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