Boxoffice Pro n°445 – 31 mai 2023

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RETOUR SUR CANNES / RENCONTRES ART ET ESSAI ©Marion Delique Les salles art et essai doivent, elles aussi, s’approprier les nouveaux usages du numérique et se fédérer, « pour ne pas en laisser le seul privilège aux multiplexes ». C’est le message et l’action forte portés par le Scare, qui a présenté les avancées de ses deux principaux projets dans ce domaine lors de son assemblée générale cannoise. Le bureau du Scare en AG LE SCARE EN POINTE SUR LA DATA Collecte collaborative Développée avec l’agence Klox, cette solution vise à collecter, mutualiser et commercialiser la data des salles pour la réinvestir dans les campagnes des distributeurs, en restant dans une démarche éthique. Pour les cinémas, il suffit de poser un pixel dans le back office de leur site internet et les données de leurs spectateurs sont automatiquement collectées de façon anonymisée via les cookies, selon le RGPD. Le Scare agit en tiers de confiance pour les salles, donne un accord préalable sur les titres des films, et reste le seul interlocuteur de Klox. Les distributeurs quant à eux pourront choisir la donnée Scare, valorisée car précise, parmi d’autres critères. Les spectateurs des salles art et essai, quand ils navigueront sur des sites ciblés par les campagnes, recevront en priorité des annonces sous forme de teasers ou d’encarts sur les films qui les intéressent. Chaque salle recevra un état du nombre de clics générés par ses cookies qui correspondra à une rémunération – sans doute symbolique, surtout dans la phase d'expérimentation. L’année 2022 a permis d’avancer sur le plan technique et juridique et de sensibiliser les cinémas, notamment les adhérents du Scare, pour expérimenter le projet. Une formation est prévue prochainement… à laquelle toutes les salles sont bienvenues ! Portail open data En gestation depuis 2022, grâce au financement du CNC dans le cadre de l’appel à projets 15-25 ans, ce portail collaboratif vise à centraliser des données ouvertes, issues de différentes sources : celles des salles (programmation, animation, contenus produits comme des podcasts ou des vidéos…), mais aussi provenant d’autres secteurs et institutions (données démographiques, chiffres du marché ou horaires de transports en commun…). Ces datas, qui peuvent être triées, hiérarchisées et exportées, peuvent donc aussi être poussées automatiquement vers d’autres portails ou API. Dans le cas des salles art et essai, les premières applications sont la remontée automatique de leur programmation vers les portails des collectivité territoriales ou guides, ce qui permet un meilleur référencement des horaires et des animations, tout en évitant un travail de saisie multiple. On peut aussi utiliser des données appartenant à des établissements scolaires ou concernant l’éducation à l’image – ce qu’a fait le Scare dans le cadre de son travail sur les 15-25 – ou encore créer des tableaux de bord. Le projet, confié à l’agence Innopublica, est suivi par un comité de pilotage d'exploitants. L’objectif crucial, pour 2023, est d’agréger automatiquement les données des logiciels de caisse. Deux outils en particulier sont en développement : un Open Agenda, qui recenserait toutes les séances et surtout les événements, et un Open Films, qui serait une base uniforme de données ouvertes sur tous les films existants. Un projet très ambitieux, « conçu par et pour des salles indépendantes », pour lequel le Scare a « adopté une méthode agile : commencer à ouvrir les données dès que certains jeux sont prêts et sans attendre la totalité des informations ». Cécile Vargoz Le conseil d’administration du Scare Le renouvellement partiel du CA a été annoncé lors de l’assemblée générale du syndicat le 16 mai. Ont été réélus Eva Brucato (Le Royal, Toulon), Stéphane Libs (Le Star, Strasbourg), Elise Mignot (Le Café des Images, Hérouville-Saint-Clair), nouvellement rejoints par Natacha Maxin (Les Enfants du Paradis, Chartres) et Alix Menard (GECI). Le conseil d'administration au complet : Christine Beauchemin-Flot (Le Select, Antony) Martin Bidou (Le Nouvel Odéon, Le Louxor, Paris) Jérémy Breta (American Cosmograph, Toulouse) Eva Brucato (Le Royal, Toulon) Paul-Marie Claret (Cinémas Le Méliès, Saint-Étienne) Sylvain Clochard (Le Concorde, Nantes) Maila Doukouré (Les Cinoches, Ris-Orangis) Frédérique Duperret (Comoedia, Lyon) Stéphane Libs (Le Star, Strasbourg) Natacha Maxin (Les Enfants Du Paradis, Chartres) Alix Menard (GECI) Elise Mignot (Le Café des Images, Hérouville-Saint- Clair) Pascal Robin (Les 400 Coups, Châtellerault) Aline Rolland (Cinémas Caméo, Nancy) et Michel Humbert - président d'honneur L'élection des membres du bureau aura lieu lors du prochain CA. 20 N°445 / 31 mai 2023
LES LIENS SE RENFORCENT ENTRE PASS CULTURE ET SALLES ART ET ESSAI Volet collectif pour les scolaires, éditorialisation de l’offre cinéma, recommandation des jeunes pour les jeunes : l’appli géolocalisée est désormais un outil précieux pour les salles art et essai. ©Cécile Vargoz 8,7 millions de places de cinéma vendues depuis le début du pass 1,7 million au premier trimestre 2023 50 % des places réservées sont des offres duo Les jeunes du pass Culture à Cannes ont échangé avec les exploitants art et essai L’année dernière à la même époque, 40 % des salles adhérentes à l’Afcae étaient référencées sur le pass Culture ; 65 % le sont aujourd’hui. Et depuis le début de l’année, alors que près de 2 millions de places de cinéma en général ont été vendues via l’appli, 40 nouveaux cinémas art et essai se sont inscrits. « L’Afcae a joué un rôle très important dans le développement de l’offre cinéma sur le pass », a souligné le président exécutif de la SAS Sébastien Cavalier lors d’un échange avec les exploitants pendant les rencontres art et essai de Cannes. Pour rappel, le pass Culture a été généralisé au moment de la réouverture des lieux culturels en mai 2021 et surtout complété par une part collective dédiée aux scolaires. Les questions d’éditorialisation et de recommandation des activités ont été nettement améliorées, « notamment sur la page d’accueil de l’appli, en mettant en valeur des pas de côté, pour donner envie aux jeunes d’explorer d’autres territoires ». Ainsi, ce qui avait pu apparaître comme un simple outil de consommation répond de plus en plus à l’objectif de diversifier les pratiques culturelles. L’étude menée en 2022 auprès de 900 jeunes a notamment montré qu’ils ont découvert de nouvelles salles grâce à la géolocalisation de l’appli et, plus largement, « qu’il ne s’agit plus pour les jeunes de dépenser très vite leur enveloppe, comme c’était le cas au lancement du pass, mais de faire les bons choix, en étalant son utilisation sur deux ans ». « Cet outil, fait pour les jeunes, doit être de plus en plus fait par les jeunes » Car si l’équipe du pass s’attache techniquement à valoriser les animations et la diversité des salles, « nous donnons de plus en plus la parole aux jeunes eux-mêmes », explique Hélène Amblès, directrice du développement du pass Culture. Ainsi “Les mercredi ciné” lancés sur les réseaux sociaux, où des jeunes présentent les nouveaux films à l’affiche, et surtout le nouveau ciné club du pass Culture. Ses 35 jeunes ambassadeurs de toute la France reçoivent des liens pour visionner des films art et essai en avant-première, et publient leurs critiques. Et tous les deux mois, quatre d’entre eux tournent une vidéo dans un lieu en rapport avec le cinéma, où ils interviewent les spectateurs et le directeur du lieu, comme dernièrement au Forum des images à Paris. La vidéo de 10 minutes est ensuite visible sur YouTube et bientôt directement sur l’appli. « L'enjeu, c’est que cet outil, fait pour les jeunes, soit de plus en plus fait par les jeunes », résume Sébastien Cavalier, sachant combien la recommandation de pair à pair est la meilleure, ce que les salles ont bien compris de leur côté. Et si l’Afcae avait pu émettre des réticences au moment du lancement de l’appli, les salles art et essai se sont désormais emparées de l’outil et intégré son utilisation dans le cadre de leur travail auprès des 15-25 ans – ce qui était d’ailleurs une condition pour prétendre au fonds Jeunes cinéphiles. Une collaboration qui s’est particulièrement illustrée à Cannes cette année. Un partenariat à Cannes avec l’Afcae 20 jeunes utilisateurs du pass, en provenance de 10 régions, ont participé aux Rencontres nationales art et essai 2023 où ils ont pu découvrir 8 des 10 films projetés en avant-première du festival. Ils ont ensuite décerné leur mention pass Culture à Rosalie de Stéphanie Di Giusto, après en avoir – longuement selon leurs témoignages – débattu. Une vidéo, sur les réseaux sociaux du pass, relate leur parcours cannois, qu’ils ont évoqué lors de la rencontre avec les exploitants de l’Afcae. Pour Hugo, cette expérience a été « vraiment intense. C’est la première fois que l’on voit autant de films en trois jours, avec la possibilité d’en parler avec des professionnels, ce qui donne une autre dimension ». Sarah de son côté a apprécié de « découvrir des films qu’on ne serait jamais allés voir, et nous en sommes ressortis grandis ». 54 % des cinémas inscrits sur le pass sont classés art et essai pour 31 % des réservations individuelles et 68 % de celles effectuées sur la part collective 5 800 établissements scolaires ont déjà utilisé le volet collectif du pass Face à leur enthousiasme, les exploitants ont rebondi, certains invitant les jeunes à venir tourner chez eux, d’autres proposant de les faire participer à des prévisionnements en région, ou encore de les mettre en contact avec leurs propres jeunes ambassadeurs. Du côté des administrateurs du pass, Hélène Amblès souligne que « sa grande force est d’être présent sur tout le territoire, y compris en Outre-mer, avec deux référents par région qui sont à disposition des exploitants, pour co-construire des offres et des opérations localement ». Techniquement, « nous continuons à travailler sur la synchronisation des API – celle d’AlloCiné nous a permis de remonter rapidement la majorité des séances – et logiciels de caisse –, ce qui reste le gros enjeu pour les salles, mais devrait aller vite car les opérateurs sont finalement peu nombreux », précise Sébastien Cavalier. Reste que les salles doivent encore faire savoir qu’elles sont accessibles avec le pass Culture… certains des 3 millions de jeunes concernés n’ayant pas encore le réflexe de l’utiliser. Cécile Vargoz N°445 / 31 mai 2023 21
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