Boxoffice Pro n°445 – 31 mai 2023

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MOBILISATION UN FRONT UNI AUTOUR DU FESTIVAL DE CLERMONT-FERRAND La baisse de moitié de la subvention attribuée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes à la manifestation internationale dédiée au court métrage a suscité une très large mobilisation des acteurs culturels. Un moment d’échange au Café des Cinéastes de l’Acid lors du Festival des Cannes a permis d’unir la parole, et mettre à jour l’étendue du malaise d’un maillon essentiel de la filière cinéma. ©A.Algan Moment de solidarité active au Café des Cinéastes de l’Acid Convergence des luttes La rencontre informelle du Café des Cinéastes de l’Acid à Cannes autour du Festival du court métrage de Clermont, a aussi été l’occasion de donner la parole au collectif Sous les écrans la dèche. Le mouvement, né à la veille de la crise sanitaire suite aux annonces des réformes à venir de l’assurance chômage, alerte sur les difficultés de travailleur.se.s des festivals de cinéma, alternant CDD d'usage, contrats de vacation, auto-entreprenariat, missions d'indépendants, droits d'auteur et périodes de chômage. Et ceci alors que le système de l'intermittence, à l'œuvre pour les festivals de théâtre et de musique, n’est pas applicable aux festivals de cinéma et que 80 % des diplômés en master touchent moins de 1 600 euros mensuels. « Une précarité grandissante qui pourrait bien mener à une hémorragie de salariés », alertent les représentants du collectif. Pour rappel, c’est quelques jours avant le Festival de Cannes que celui de Clermont-Ferrand a vu l’engagement de son premier financeur passer de 210 000 € à 100 000 € pour l’année 2023. Une baisse qui « pourrait, à court terme, signer la fin du festival et de l’association », alertait alors Sauve qui peut le court métrage, défendue par les principales organisations professionnelles, notamment le Blic, le Bloc et l’Arp, qui redoutent que plus largement, « cette décision puisse impacter les fonds de soutien régionaux dédiés au cinéma ». Plus largement, la solidarité s’est exprimée au-delà des frontières. « Nous avons reçu un immense soutien du monde entier », s’est émue, à Cannes, Julie Rousson, la co-déléguée générale du festival de Clermont, encore sous le choc de voir le budget de l’édition 2023 – qui s’est donc déjà tenu fin janvier dernier – amputé. « Avec les exigences et dispositifs sanitaires liés au Covid, nous avions déjà une grosse perte sur l’édition 2022 ; nous ne pourrons pas encaisser un nouveau déficit budgétaire. » D’autant plus qu’au-délà de ce temps fort annuel, « quand on touche au festival, on touche aussi à tout le reste de nos actions, menées sur l’ensemble de l’année et du territoire ». Clermont-Ferrand est, en outre, loin d’être le seul à être mis en péril par de récents arbitrages financiers des collectivités territoriales. De quoi inquiéter l’ensemble des acteurs présents à la rencontre du Café des Cinéastes à Cannes, notamment sur leur liberté de prise de parole publique face à la crainte de perdre à leur tour leurs subventions. « Et sachant [qu’elles] sont à périmètre constant depuis des années, donc finalement en baisse », note Pauline Ginot, la déléguée générale de l’Acid. Adapter les actions menées à la baisse n’est pas pour autant une solution, vu qu’elle légitimerait de futures baisses de financement. Résultat : « Nous passons plus de temps à répondre aux appels à projets qu’à mener les projets… » Au nom de la Fédération de l’action culturelle cinématographique (FACC), la déléguée générale de l’Agence du court métrage Amélie Chatellier a souligné l’importance d’ouvrir un « espace d'existence » pour l’ensemble des professionnels de la diffusion culturelle et de l'éducation aux images. « Nous n’entrons dans aucune case de la filière, alors que nous participons pleinement à l’économie du cinéma. » De fait, la fragilisation de ces acteurs aboutit inévitablement à la fragilisation de la diversité culturelle. « Au mépris de tous les engagements écrits, les états généraux des festivals mis en place par la précédente ministre de la Culture n’ont débouché à des actions fortes que pour le spectacle vivant », a déploré Antoine Leclerc, délégué général du festival Itinérances d’Alès ainsi que du Carrefour des festivals. « Et ceci, alors que nous contribuons au classement des salles, aux remontées de recettes, à l’attraction du public et au renouvellement des talents. » Reste l'espoir que cette crise particulièrement violente autour des perspectives de financements publics débouche sur un vrai dialogue. « On parle beaucoup de développement durable de nos manifestations, mais c’est leur durabilité tout court qui est en péril. » Ayşegül Algan 36 N°445 / 31 mai 2023
DISTRIBUTION WARNER HONORE SES 100 ANS SUR GRAND ÉCRAN Centenaire depuis le 4 avril [voir Boxoffice Pro n°441], le studio a célébré son anniversaire pendant le Festival de Cannes, avec notamment la projection du documentaire 100 ans de Warner Bros de Leslie Iwerks à Cannes Classics. Désormais, les festivités vont se déployer dans les salles françaises dès le 7 juin. Ce sont plus de 200 cinémas qui, pendant tout l’été, vont participer à la célébration de l’anniversaire du studio iconique. Hormis sa suggestion de 11 films (Le Chanteur de jazz, Casablanca, 2001, L'Odyssée de l’espace entre autres) que les salles peuvent programmer dès le 7 juin, Warner a laissé libre court à l’envie des exploitants. À Paris, plusieurs cinémas du Quartier Latin ont prévu d’y dédier une large partie de leur programmation, jouant des titres récemment numérisés. Ainsi, aux Écoles Cinema Club seront projetés La Splendeur des Amberson (7/06), Quand la ville dort (21/06), Un homme dans la foule (5/07), Une étoile est née de 1937 (19/07), Arsenic et vieilles dentelles (2/08), Luke la main froide (16/08), L’Insoumise (30/08). La Filmothèque diffusera, elle, The Shop Around The Corner (7/06), Les Passagers de la nuit (14/06), La Charge héroïque (21/06), L’Inconnu du Nord- Express (28/06), Les Ensorcelés (5/07). Toujours dans la capitale, l’UGC Ciné Cité Les Halles réserve exclusivement une de ses 27 salles au centenaire du 7 juin au 29 août, en programmant un film par jour tout l’été, soit 84 films. L’UGC Ciné Cité Bercy mettra à l’honneur des sagas et réalisateurs emblématiques de Warner en organisant des marathons sur plusieurs weekends. Le Pathé Les Fauvettes consacre, lui, une de ses salles à une sélection Warner, avec notamment deux séances Ciné-club. À noter qu’une version plus traditionnelle de l’exposition photos Paris Match visible à Cannes circulera cet été dans la galerie du Paris Cinéma Club, aux Fauvettes ainsi qu’à l’UGC des Halles. Les principaux circuits sont également partenaires. Ainsi, Pathé Cinémas va programmer 5 films Warner via ses séances Il était une fois… introduites en vidéo par le critique Philippe Rouyer. Harry Potter à l’école des sorciers sera projeté lors de “La Grande Journée des Enfants”, organisée le 18 juin dans le réseau. Chez UGC Cinémas, l’opération “UGC fête Warner” se décline dans les différentes salles du circuit, tandis qu’UGC Culte va être intégralement dédié au centenaire cet été, avec une dizaine de films programmés dans 16 cinémas du groupe. De son côté, CGR Cinémas s’associe à Warner pour lancer une application permettant aux spectateurs de choisir les titres du studio qu’ils veulent voir dans leur cinéma, avec des cadeaux et autres avantages à gagner par ailleurs. 17 films Warner seront projetés pendant l’été dans une quinzaine de Kinepolis via les séances Kultissimes. Megarama et Cinéville projeteront une dizaine de titres tandis que mk2 programme, entre autres, Les Affranchis dans le cadre de son Festival Cinéma Paradiso Louvre. Plusieurs cinémas indépendants prévoient également de consacrer une large partie de leur programmation estivale aux 100 ans du studio. En avant-programme des films jeune public diffusés, la major a mis à disposition Looney Tunes Les Mangeurs d’oiseaux anonymes, Oscar du meilleur court métrage d’animation en 1957. Pour accompagner cet anniversaire dans les salles, Warner déploie une vaste campagne, soutenue notamment par AlloCiné, La Septième Obsession, Le Monde ou encore Télérama. Affiches stylisées, bande annonce, photos, visuels pour les réseaux sociaux et dossier de presse sont également à disposition. Partenaire, l’Afcae a conçu un clip court, dans lequel le critique N. T. Binh présente le studio, qui pourra être montré en amont des séances de patrimoine. Enfin, l’ADRC a mis au point un dépliant afin d’accompagner plusieurs rétrospectives proposées à ses adhérents dès le 7 juin : période du muet, pré-Code, films d’aventure, grands auteurs des années 40 et 50 (Curtiz, Huston, Hitchcock) et du Nouvel Hollywood (Penn, Coppola), cinéastes phares (Kubrick et Eastwood). Tanguy Colon Multiples acquisitions cannoises pour Carlotta La structure de Vincent Paul- Boncour, spécialisée en cinéma de patrimoine, a conclu plusieurs opérations sur la Croisette. La société a notamment acquis les droits de Nomad de Patrick Tam, sorti en 1982 et dont la version restaurée a été présentée en avant-première mondiale au Hong Kong International Film Festival, puis au Udine Far East Film Festival. « Ravi de faire découvrir prochainement en France ce chef-d’œuvre de la nouvelle vague hongkongaise des années 1980. Film sidérant avec un tout jeune Leslie Cheung ! », a commenté le distributeur. Dans la foulée, Carlotta a acheté les droits salles et vidéo du Disque rouge (Il Ferroviere) de Pietro Germi, sorti en 1956 et présenté cette année à Cannes Classics dans une restauration 4K pilotée par la Cineteca di Bologna et Surf Film au laboratoire L’Immagine Ritrovata. ©Carlotta-Les Acacias La Trilogie d’Apu : La Complainte du sentier Enfin, le distributeur a annoncé son association avec Les Acacias (Jean-Fabrice Janaudy) pour co-acquérir La Trilogie d’Apu, de Satyajit Ray. Elle se compose de La Complainte du sentier (1955), restauré par Criterion, de L’Invaincu (1956), restauré par l’Academy of Motion Pictures Arts and Sciences, et de Le Monde d’Apu (1959), restauré par la Cineteca di Bologna. Légalement invisible depuis des décennies en France, cette trilogie culte sera distribuée en salles par Les Acacias dans une nouvelle version 4K, Carlotta gérant l’édition physique, les deux structures pilotant de concert les ventes VOD et TV. T.C. Nouvelles acquisitions de films cannois Pan Distribution a acheté les droits français d’Augure du Congolais Baloji, qui a reçu le Prix de la Nouvelle Voix à Un Certain Regard. Centré sur quatre pseudo-sorciers dans une Afrique fantasmagorique, ce premier long métrage sortira le 15 novembre. La société de distribution de Philippe Godeau s’est par ailleurs engagée sur The Feeling That the Time for Doing Something Has Passed de l’Américaine Joanna Arnow, comédie noire dans laquelle la cinéaste raconte se raconte dans l’intime. Le film était présenté à la Quinzaine des Cinéastes et sera en compétition au prochain Festival du cinéma américain de Deauville. C’est dans cette même section que Bodega Films a acheté les droits de A Song Sung Blue de la Chinoise Zihan Geng. « D’une élégance formelle à tous les niveaux, le film nous parle de la jeunesse issue des classes moyennes du nord-est de la Chine, porté par une jeune actrice fascinante, Zhou Meijun », décrit le distributeur, qui confirme, avec cette acquisition, sa « volonté de découvrir, au-delà des premiers films, des réalisatrices et réalisateurs talentueux. La sélection à Un Certain Regard du film Terrestrial Verses d’Ali Asgari et d’Alireza Khatami nous convainc de poursuivre ce travail de recherche ». Sortie prévue le 6 décembre. T.C. N°445 / 31 mai 2023 37
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