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Boxoffice Pro n°445 – 31 mai 2023

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RAPPORTS<br />

LE CINÉMA AUX RAPPORTS<br />

Quand le cinéma est au cœur des travaux parlementaires. Après la remise du<br />

rapport Lasserre début avril, et alors que le Festival de Cannes a accentué<br />

l’attention portée au cinéma, deux missions du Sénat <strong>–</strong> l’une de la<br />

commission des Finances, l’autre de celle de la Culture <strong>–</strong> ont décortiqué les<br />

mécanismes de soutien à la filière. Au même moment, le groupe LFI-Nupes<br />

de l’Assemblée nationale déposait une proposition de loi concernant<br />

l’exploitation. Quelles conclusions et propositions y sont présentées ?<br />

Les 7 recommandations de la<br />

commission des Finances du Sénat<br />

1 ♦ <strong>Pro</strong>céder à une évaluation précise de l’utilisation des crédits dédiés à la filière<br />

dans le cadre du plan de relance, afin de mesurer notamment leur impact sur la<br />

modernisation des outils de production et sur les conditions d’accueil dans les<br />

salles. Support : CNC.<br />

2 ♦ Transférer le recouvrement de la TSA et de la taxe sur les services de télévision<br />

due par les éditeurs (TST-E) et par les distributeurs de services de télévision (TST-D)<br />

à la Direction générale des finances publiques aux fins de diminution des coûts<br />

de gestion du CNC et d’harmonisation avec les autres impositions existantes.<br />

Support : ministère de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle<br />

et numérique.<br />

3 ♦ Réorienter une partie des aides à la production vers le soutien à la formation,<br />

l’appui au secteur de la distribution et le renforcement de la capacité de prêt de<br />

l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles afin de<br />

contribuer à l’amélioration de la qualité des œuvres produites, de développer leur<br />

potentiel commercial et responsabiliser un peu plus les producteurs en passant<br />

d’une logique de subvention à une offre de prêts remboursables et de garanties de<br />

prêts. Support : CNC.<br />

4 ♦ Créer, à moyens administratifs constants, un véritable fonds public d’investissement,<br />

géré conjointement par l’Institut pour le financement du cinéma et des<br />

industries culturelles (Ifcic) et Bpifrance, abondé par le CNC, après réorientation<br />

de ses soutiens et dédié à accompagner la modernisation et la professionnalisation<br />

de la filière, en créant les conditions d’un appel d’air pour les investisseurs privés<br />

et en permettant à terme de décharger progressivement l’État du financement de<br />

la prise de risque artistique par des outils budgétaires. Support : Ifcic, Bpifrance<br />

et CNC.<br />

5 ♦ Réviser les mécanismes de soutien (formation, industries techniques notamment)<br />

allant dans le même sens que le 8 e objectif du plan France 2030, afin<br />

d’optimiser les financements publics dédiés en s’appuyant pleinement sur l’effet<br />

de levier induit par le plan et éviter l’effet de doublon et de multiplication des<br />

guichets. Support : CNC.<br />

6 ♦ Réviser le crédit d’impôt pour dépenses de production cinématographique et<br />

le crédit d’impôt pour dépenses de production de films et œuvres audiovisuelles<br />

étrangers, en introduisant une modulation des taux en fonction des budgets de<br />

production et en réévaluant les plafonds de dépenses éligibles, afin d’éviter le risque<br />

d'effet d’aubaine pour des productions disposant par ailleurs d’importants soutiens<br />

budgétaires et de conditions de tournage appelées à s’améliorer dans le cadre du<br />

plan France 2030 tout en réduisant l’impact de ces dispositifs sur les finances<br />

publiques. Support : CNC, DGFIP.<br />

7 ♦ <strong>Pro</strong>roger de trois ans le régime fiscal applicable aux sociétés de financement<br />

de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel, en ramenant le taux majoré<br />

à 36 % et en révisant à la baisse le plafond de l’avantage fiscal, afin de réduire le<br />

coût du dispositif pour les finances publiques tout en <strong>mai</strong>ntenant son caractère<br />

attractif en faveur de l’investissement privé dans le cinéma français. Support :<br />

CNC, DGFIP.<br />

Itinéraire d’un art gâté :<br />

le financement public du cinéma<br />

Par Roger Karoutchi, sénateur (LR) des Hauts-de-Seine, commission<br />

des Finances<br />

Le sénateur Karoutchi s’est penché sur le soutien financier public à<br />

la filière. Parmi ses propositions, il préconise la création d'un fonds<br />

d'investissement public cogéré par l’Ifcic et BPI France, une révision<br />

des aides du CNC et des crédits d’impôts.<br />

En analysant tous les soutiens publics au cinéma en 2021, le rapporteur spécial de<br />

la mission “Médias, livre et industries culturelles” de la commission des Finances<br />

du Sénat pointe un montant en faveur de la filière de 747 millions d’euros, hors<br />

mesures d’urgence et Plan de relance. En comptant tous les dispositifs budgétaires<br />

et fiscaux, l’intervention publique aurait représenté près de 1,7 milliard d’euros<br />

d’aides sur l‘année 2021. Tout en saluant l’action des pouvoirs publics, « indispensable<br />

en vue de permettre au secteur de rebondir » pendant la crise sanitaire et face à la<br />

concurrence des plateformes, le sénateur Karoutchi souligne que cette abondance<br />

de moyens contraste avec une fréquentation en salles qui peine à retrouver son<br />

niveau d’avant-crise. « Aucune leçon ne semble avoir été tirée de celle-ci avec le <strong>mai</strong>ntien<br />

d’une offre importante (287 films agréés par le CNC en 2022) alors même qu’un<br />

tassement des recettes par film était déjà observable (1,2 million d’euros en 2019 contre<br />

1,7 million en 2012). »<br />

Dans ce contexte <strong>–</strong> qui ne tient pas compte de la reprise observée depuis le début<br />

de cette année… <strong>–</strong>, le rapporteur spécial préconise de réviser tous les mécanismes<br />

de soutien, notamment pour réorienter les aides vers le soutien à la formation, ou<br />

encore l’appui au secteur de la distribution (recommandation 1). Et ce, dans l’idée<br />

de « contribuer à l’amélioration de la qualité des œuvres produites, de développer leur<br />

potentiel commercial et responsabiliser un peu plus les producteurs ». Le rapport recommande<br />

aussi de lancer « un véritable fonds public d’investissement », afin de créer « un<br />

appel d’air pour les investisseurs privés » et ainsi « décharger progressivement l’État du<br />

financement de la prise de risque artistique par des outils budgétaires » (recommandation<br />

4).<br />

À noter aussi que sur les quatre taxes affectées au CNC, Roger Karoutchi réitère le<br />

souhait, comme l’avait voté le Sénat fin 2022, d’en transférer la collecte à la Direction<br />

générale des finances publiques (recommandation 2). Pour lui, la gestion par le<br />

CNC « révèle un peu plus le rôle singulier de cette structure au sein de l’appareil d’État.<br />

Chargé de la définition, de l’établissement de la taxe, de son recouvrement et de la<br />

réaffectation de son produit, le Centre fait figure d’État dans l’État, la tutelle du ministère<br />

de la Culture apparaît toute relative, quand la coopération avec le ministère des<br />

Finances s’agissant de la législation fiscale peut sembler à sens unique ».<br />

Sur la TSA en particulier, Roger Karoutchi note « l’extrême dépendance aux sorties<br />

américaines », qui génèrent une large partie de la fréquentation. Par ailleurs, il pointe<br />

que l’offre croissante de films en général « dépasse la capacité d’absorption des salles<br />

et conduit à une baisse tendancielle des recettes par films ».<br />

8 N°445 / <strong>31</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>

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