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Mon Entreprise 2/2023

Le magazine d’AXA vous donne, trois fois par an, des informations pertinentes liées à votre activité d’entrepreneur de PME.

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2 | <strong>2023</strong><br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

Le magazine d’AXA destiné aux PME<br />

Une idée qui roule<br />

Mobilité verte plutôt<br />

qu’énergie grise<br />

Page 14<br />

Un talent qui marque<br />

Entretien avec<br />

Giada Ilardo,<br />

dirigeante<br />

d’entreprise<br />

Page 30<br />

Un geste qui compte<br />

Avec son service de recyclage,<br />

Valentin Fisler, CEO de Mr. Green,<br />

réduit la quantité de déchets<br />

pour un avenir meilleur.<br />

Page 8


Ma fierté<br />

Edoardo Köppel,<br />

cancelled.ch<br />

J’ai toujours su que je créerais une entreprise un jour.<br />

Ce qui me manquait, c’était l’idée. Après mes études de<br />

droit, j’ai donc commencé par effectuer mon stage obligatoire.<br />

Jusqu’à mes retrouvailles avec un ancien camarade<br />

d’études à l’été 2016. Il m’a parlé d’une annulation de vol<br />

qui, malgré sa formation juridique, lui donnait du fil à retordre.<br />

Pour les particuliers, obtenir une indemnisation<br />

après un vol annulé ou retardé est une procédure longue<br />

et fastidieuse. Nous avons immédiatement compris que<br />

nous tenions une idée et avons créé peu après notre entreprise,<br />

cancelled.ch. Ces dernières années, nous nous<br />

sommes spécialisés dans le droit des passagers aériens<br />

Droit aérien<br />

et collaborons désormais avec de nombreuses assurances<br />

de protection juridique. Bien sûr, c’est une vraie satisfaction<br />

quand nous parvenons à faire pencher la balance en<br />

notre faveur et que la cliente ou le client obtient une indemnisation.<br />

Pour gérer les nombreuses demandes, nous<br />

avons rapidement misé sur des algorithmes intelligents.<br />

Chez nous, les droits d’une personne sont vérifiés automatiquement.<br />

À l’avenir, nous souhaitons nous établir<br />

encore plus solidement dans le secteur de la LegalTech<br />

afin d’aider aussi d’autres prestataires juridiques à automatiser<br />

leurs processus.<br />

cancelled.ch<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

2 02/<strong>2023</strong>


Ma fierté<br />

Nicole Pfaller,<br />

cdg Beratungen<br />

Avec trois partenaires, je dirige la société de conseil cdg<br />

Beratungen, qui accompagne les PME sur des thèmes<br />

comme la publicité, le soutien à la vente, le personnel<br />

et le développement organisationnel. Il y a quatre ans,<br />

j’ai troqué ma fonction d’employée des RH contre une<br />

casquette d’associée. Depuis, j’ai pu mettre en place une<br />

équipe composée de cinq responsables de projet et d’un<br />

collaborateur, et prendre des parts dans l’entreprise.<br />

Avec la pandémie, les tensions croissantes sur le marché<br />

du travail et l’évolution des exigences à l’égard des entreprises,<br />

beaucoup de choses ont changé ces dernières<br />

années, avec des opportunités, mais aussi des défis pour<br />

Une aide précieuse<br />

moi personnellement. Je remercie sincèrement mes collègues<br />

de m’avoir accompagnée tout au long de ce processus<br />

et d’avoir cru en moi. Sans leur soutien, je n’en serais<br />

probablement pas là aujourd’hui. Et bien sûr, je suis<br />

très fière de mon équipe. Je le dis toujours: sans mes collègues,<br />

rien ne serait possible. Ils assurent mes arrières<br />

pour que je puisse affecter mes ressources aux tâches les<br />

plus urgentes. Ce que je souhaite pour l’avenir? Qu’il se<br />

dise partout que nous donnons de «bons conseils» à nos<br />

clientes et clients, et que nous développons et mettons en<br />

œuvre avec eux des solutions efficaces.<br />

cdg-beratungen.ch<br />

02/<strong>2023</strong> 3<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


Vos projets<br />

en grand<br />

Chaque jour, nous soutenons de nombreux<br />

créateurs et créatrices d’entreprises.<br />

Nous les aidons à concrétiser leurs projets<br />

avec des solutions d’assurance et de<br />

prévoyance adaptées.<br />

Know You Can


SOMMAIRE | ÉDITORIAL<br />

IMPRESSUM<br />

Éditeur:<br />

AXA, Newsroom<br />

Adresse de la rédaction:<br />

AXA «<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong>»<br />

Römerstrasse 17<br />

8400 Winterthour<br />

www.meine-firma.ch<br />

E-mail: meine.firma@axa.ch<br />

Rédaction:<br />

Melanie Ade (rédactrice en<br />

chef)<br />

Ont collaboré à ce numéro:<br />

Simona Altwegg<br />

Marion Fehr<br />

Joëlle Jeitler<br />

Marcel Rubin<br />

En ligne: Urs Wildi<br />

Traduction:<br />

Language Services, AXA<br />

Conception et production:<br />

Der Layouter, Marco Vara,<br />

AXA Newsroom<br />

Impression et expédition:<br />

Swissprinters AG<br />

Brühlstrasse 5<br />

CH-4800 Zofingen<br />

Parution:<br />

trois fois par an en français, en<br />

allemand et en italien<br />

Tirage:<br />

84 000 exemplaires<br />

Régie publicitaire:<br />

Galledia Fachmedien AG<br />

Burgauerstrasse 50<br />

9230 Flawil<br />

Tél. 058 344 97 69<br />

ornella.assalve@galledia.ch<br />

www.galledia.ch<br />

Changements d’adresse et<br />

désabonnements:<br />

merci d’adresser vos<br />

demandes à<br />

meine.firma@axa.ch<br />

Imprimé<br />

myclimate.org/01-23-363482<br />

8<br />

2<br />

3<br />

7<br />

8<br />

14<br />

18<br />

19<br />

20<br />

Edoardo Köppel, cancelled.ch<br />

Ma fierté: Nicole Pfaller, cdg Beratungen<br />

Sécurité<br />

Économie circulaire: pourquoi les PME seraient bien avisées<br />

d’axer sans attendre leur modèle d’affaires sur un système<br />

circulaire.<br />

Mobilité durable: remplacer l’énergie grise par des<br />

solutions vertes pour lutter contre le changement<br />

climatique.<br />

Infographie: inventions suisses<br />

Succès<br />

Culture d’entreprise: des différences régionales mais pas de<br />

barrière de rösti dans l’entreprise de René Vuagnaux.<br />

Adieu le<br />

linéaire, place<br />

au circulaire<br />

Si la Suisse est championne du monde<br />

du recyclage, elle a encore du chemin<br />

à parcourir en matière d’économie<br />

circulaire. Selon une étude du Centre<br />

de recherches conjoncturelles et de la<br />

Haute école spécialisée bernoise, les<br />

entreprises ne sont que 12% à avoir<br />

intégré des activités circulaires dans<br />

leur modèle d’affaires. Bien trop peu<br />

aux yeux de Karolin Frankenberger, de<br />

l’université de Saint-Gall, qui recommande<br />

aux PME de se pencher sans<br />

tarder sur la question. La durabilité<br />

entrepreneuriale constitue aujourd’hui<br />

encore un avantage concurrentiel<br />

stratégique et recèle un vaste potentiel<br />

de développement. Les entreprises qui<br />

rateront le coche et devront réagir<br />

après coup aux réglementations seront<br />

perdantes, estime la spécialiste. Découvrez-en<br />

plus à ce sujet dans notre<br />

article à la une.<br />

Vous avez toujours voulu exprimer<br />

votre avis sur notre magazine? Nous<br />

vous en donnons la possibilité. Il vous<br />

suffit de scanner le code QR en page 19<br />

pour participer à notre enquête et<br />

peut-être remporter un week-end pour<br />

deux d’une valeur de 1200 francs. Nous<br />

avons hâte de connaître votre avis.<br />

Bonne lecture!<br />

Melanie Ade<br />

Rédactrice en chef de<br />

«<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong>»<br />

22<br />

Reportage sur un cas de sinistre: Fox Hardegger, toujours<br />

calme et décontracté malgré l’incendie qui a frappé son<br />

atelier de torréfaction.<br />

Photos: Dan Cermak; Keystone/Gaëtan Bally<br />

Nous sommes aussi<br />

présents sur LinkedIn.<br />

Venez consulter notre<br />

page:<br />

www.linkedin.com/<br />

company/meine-firma<br />

Des contenus passionnants,<br />

sur papier et<br />

en ligne.<br />

25<br />

26<br />

30<br />

34<br />

35<br />

Responsabilité<br />

CRM: pourquoi utiliser un logiciel pour gérer ses relations<br />

clients et comment choisir le bon.<br />

Entretien: la recette de Giada Ilardo pour conquérir<br />

le segment du luxe avec sa gamme de piercings<br />

et de bijoux.<br />

Ma fierté: Flavien Cassier, Rubbee.ch<br />

Ma fierté: Pedro Schmidt, KA-EX<br />

02/<strong>2023</strong> 5<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


Vous venez tout juste<br />

de mettre la nouvelle<br />

collection online,<br />

maintenant vous<br />

décomptez la TVA<br />

en ligne.<br />

S’inscrire gratuitement dès maintenant!<br />

Le portail en ligne des entreprises<br />

EasyGov.swiss


Sécurité<br />

Questions des lecteurs<br />

Nouvelle loi sur<br />

la protection<br />

des données<br />

La nouvelle loi sur la protection des données<br />

entrera en vigueur le 1 er septembre <strong>2023</strong>.<br />

De quoi s’agit-il exactement, et ma petite<br />

entreprise artisanale est-elle concernée?<br />

S. P., Hettlingen<br />

Avec la révision de la loi fédérale sur la protection<br />

des données (nLPD), des dispositions<br />

importantes relatives au traitement des<br />

données personnelles seront modifiées. Les<br />

entreprises seront bientôt soumises à des<br />

règles plus strictes. Elles doivent donc adapter<br />

leurs directives et déclarations de protection<br />

des données d’ici à l’entrée en vigueur de la<br />

nouvelle loi au 1 er septembre <strong>2023</strong>. D’une part,<br />

la loi sur la protection des données s’adapte<br />

aux nouvelles conditions technologiques et<br />

sociales: l’autodétermination des personnes<br />

concernées à l’égard de leurs données doit être<br />

renforcée. D’autre part, la révision aligne la loi<br />

sur la protection des données sur la législation<br />

européenne dans ce domaine. L’objectif est que<br />

l’UE continue de reconnaître la Suisse comme<br />

un État tiers présentant un niveau adéquat de<br />

protection des données afin de préserver la<br />

simplicité des échanges de données entre la<br />

Suisse et l’UE. Les entreprises doivent être<br />

particulièrement vigilantes avec les données<br />

personnelles, spécialement avec les données<br />

personnelles sensibles, car la nLPD prévoit des<br />

sanctions, parfois sévères, en cas de violation<br />

des dispositions en vigueur. Vous trouverez les<br />

dispositions principales et les mesures<br />

concrètes à mettre en place sur notre plateforme<br />

juridique en ligne MyRight.<br />

myright.ch/protection-des-donnees-pme<br />

Leo Loosli<br />

Service juridique<br />

AXA-ARAG<br />

Photos: màd; monsitj<br />

Fréquence des<br />

cambriolages dans<br />

les entreprises<br />

Cambriolages dans les<br />

entreprises: où sont-ils<br />

les plus fréquents?<br />

Une étude d’AXA révèle dans quels cantons les cambriolages dans les<br />

entreprises ont été particulièrement fréquents ces 15 dernières années.<br />

Le ratio entre les effractions commises et les entreprises assurées était<br />

au plus haut dans les cantons de Genève et de Vaud, suivis de Neuchâtel,<br />

de Soleure, du Jura et de Bâle-Ville. Les plus sûrs étaient les deux<br />

demi-cantons d’Appenzell, devant Uri, Schwytz et Obwald. La probabilité<br />

qu’une entreprise se fasse cambrioler était quatre fois plus élevée<br />

à Genève qu’en Appenzell. En été et à l’automne, AXA enregistre une<br />

recrudescence de cette catégorie de sinistres d’environ 20% par rapport<br />

à l’hiver et au printemps. Les cambrioleurs opèrent généralement<br />

lorsque personne n’est sur place, c’est-à-dire le soir, la nuit, le week-end<br />

et durant les congés annuels. Auparavant, c’était souvent de l’argent<br />

qui était dérobé. Aujourd’hui, les voleurs font plutôt main basse sur<br />

des appareils électroniques et autres marchandises et objets de valeur.<br />

Normalement, les cambrioleurs choisissent l’accès qui leur oppose le<br />

moins de résistance. Dès que vous vous absentez, peu importe pour<br />

combien de temps, il faut toujours verrouiller les portes et veiller à ce<br />

que toutes les fenêtres soient fermées, surtout la nuit. Les objets de valeur<br />

doivent être conservés en lieu sûr, par exemple dans un coffre-fort.<br />

Sachez que l’assurance n’indemnise que si les locaux étaient fermés à<br />

clé: l’assurance de choses pour les entreprises couvre uniquement le<br />

vol avec effraction, et non le vol par introduction clandestine. Pour ce<br />

type de risque, une assurance complémentaire est nécessaire.<br />

axa.ch/entreprises<br />

02/<strong>2023</strong><br />

7 <strong>Mon</strong> ENTREPRISE


ÉCONOMIE CIRCULAIRE<br />

<strong>Mon</strong>trer<br />

l’exemple<br />

Élève modèle en matière de recyclage, la Suisse a encore bien du chemin<br />

à parcourir dans le domaine de l’économie circulaire. Pourtant,<br />

voici l’exemple de trois entreprises pionnières qui, avec une bonne dose<br />

de clairvoyance et un concept commercial novateur, ont su passer<br />

avec brio d’un modèle économique linéaire à un écosystème circulaire.<br />

Texte Melanie Ade Photos Dan Cermak<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Fondée en 2020 par six<br />

camarades, LocalFish SA a<br />

pour ambition de produire<br />

du poisson sain et local.<br />

Grâce à ses installations en<br />

circuit fermé situées à Rafz,<br />

à Bischofszell et à Lyss, tous<br />

les maillons de la chaîne de<br />

création de valeur sont localisés<br />

en Suisse, de l’élevage<br />

à la commercialisation. De<br />

quoi faire de l’entreprise une<br />

pionnière de l’aquaculture<br />

durable. LocalFish emploie<br />

aujourd’hui une vingtaine de<br />

personnes.<br />

localfish.ch<br />

C<br />

ette année, le Jour du dépassement<br />

de la Terre, ou Earth Overshoot Day,<br />

arrivera le 27 juillet: l’humanité<br />

aura alors consommé toutes les<br />

ressources que la planète peut régénérer<br />

en un an. Passé cette date, nous vivrons<br />

à crédit. Alors que le Jour du dépassement tombait<br />

encore en décembre en 1961, il ne cesse<br />

d’avancer ces dernières années. Et la tendance<br />

n’est pas près de s’inverser. «L’accélération du<br />

réchauffement climatique, conjuguée à un<br />

épuisement des ressources inédit dans l’Histoire<br />

et à la destruction massive d’écosystèmes<br />

entiers, a des conséquences dévastatrices<br />

sur notre environnement. Il est grand temps<br />

d’agir.» L’avertissement de Karolin Frankenberger,<br />

responsable du centre de compétences<br />

dédié à l’économie circulaire à l’université de<br />

Saint-Gall, est on ne peut plus clair.<br />

Car si la Suisse est la championne du monde<br />

du recyclage, les apparences sont trompeuses:<br />

«Nos compatriotes produisent toujours<br />

deux kilos de déchets ménagers par personne<br />

et par jour!» Certes, nous trions consciencieusement<br />

le PET, l’aluminium, le verre et les<br />

déchets organiques, mais nous avons encore<br />

des progrès à faire en matière de valorisation<br />

et de réduction des déchets. Les chiffres sont<br />

éloquents: en Suisse, le Jour du dépassement<br />

tombe cette année dès le 13 mai, ce qui place<br />

notre pays parmi les lanternes rouges du classement<br />

mondial.<br />

Aux entreprises d’imprimer le mouvement<br />

Karolin Frankenberger, qui planche depuis des<br />

années sur le sujet, ne voit qu’une seule solution<br />

pour mettre fin à cette gabegie: l’économie<br />

circulaire. «En opérant dans un écosystème<br />

circulaire, les entreprises peuvent répondre de<br />

manière innovante à l’évolution des problématiques<br />

écologiques. Elles doivent se saisir de<br />

nouveaux enjeux sociopolitiques et environnementaux<br />

pour créer des modèles capables<br />

de produire durablement de la valeur tout en<br />

économisant les ressources.» Reste que bon<br />

nombre d’entre elles hésitent à franchir le pas,<br />

comme le montre une étude récente de notre<br />

L’experte<br />

Karolin Frankenberger enseigne le management<br />

stratégique et l’innovation à l’université de Saint-<br />

Gall, où elle dirige un centre de compétences sur<br />

l’économie circulaire. Ses recherches, plusieurs<br />

fois primées, se focalisent sur les modèles d’entreprise<br />

innovants, les modèles d’activité circulaires<br />

et les écosystèmes d’innovation.<br />

▶<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

8 02/<strong>2023</strong>


ÉCONOMIE CIRCULAIRE<br />

En haut: les alevins sont élevés dans<br />

d’immenses bassins. Pour favoriser<br />

leur bien-être, les entrepôts sont<br />

plongés dans la pénombre.<br />

À gauche: Tom Adler, CEO de LocalFish,<br />

sait ce qui est bon pour les poissons.<br />

En bas: chez LocalFish, on veille à ce<br />

que les poissons aient suffisamment<br />

d’espace.<br />

02/<strong>2023</strong><br />

9<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


ÉCONOMIE CIRCULAIRE<br />

En haut: Eberhard Bau retraite les<br />

déchets issus de la démolition pour les<br />

remettre en circulation sous forme de<br />

matériaux de construction vertueux.<br />

À droite: entrepreneur engagé, Patrick<br />

Eberhard se sent investi d’une mission:<br />

contribuer à l’éclosion du monde de<br />

demain.<br />

En bas à gauche: EbiMIK, le centre de<br />

traitement des déchets de construction<br />

situé à Oberglatt, est entré en activité<br />

à l’automne 2021.<br />

Photos: màd<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

10<br />

02//<strong>2023</strong>


ÉCONOMIE CIRCULAIRE<br />

«Nous sommes les rouages d’un immense mécanisme et devons tourner<br />

ensemble dans la bonne direction pour faire avancer les choses.»<br />

Patrick Eberhard, CEO désigné des établissements Eberhard<br />

experte: «La plupart restent prisonnières d’une<br />

logique purement économique et réfléchissent<br />

à court terme. D’autres n’ont tout simplement<br />

pas les moyens financiers, les connaissances<br />

ou les ressources en personnel.» Conséquence:<br />

moins de 10% des ressources primaires sont<br />

actuellement réinjectées dans le circuit, une<br />

goutte d’eau dans l’océan. Karolin Frankenberger<br />

est catégorique: «Nous devons opérer une<br />

véritable révolution copernicienne.»<br />

Une solution locale à un problème mondial<br />

Tom Adler, lui, a mis les bouchées doubles en<br />

matière d’économie circulaire. À la tête de<br />

son entreprise, LocalFish, il pratique avec ses<br />

cinq collègues l’aquaculture indoor, dans des<br />

fermes situées à Rafz, à Bischofszell et à Lyss.<br />

L’objectif: proposer, sur le marché régional, du<br />

poisson produit selon des méthodes durables,<br />

sans métaux lourds ni microplastiques, et<br />

offrir ainsi une réponse locale à un problème<br />

mondial. «97% des poissons vendus sur nos<br />

étals sont importés de l’autre bout du monde.<br />

La plupart sont élevés dans des conditions<br />

catastrophiques et bourrés d’antibiotiques.<br />

LocalFish relocalise le poisson en Suisse et garantit<br />

des produits sains, durables et pleins de<br />

goût.» Pour ce faire, l’entreprise couvre l’ensemble<br />

de la chaîne de création de valeur: de<br />

la construction des installations à l’emballage,<br />

en passant par l’élevage des alevins, tout se<br />

fait sur place. Avec une grande économie de<br />

ressources: 99,5% de l’eau est traitée et circule<br />

en circuit fermé, l’électricité provient de<br />

l’installation photovoltaïque de l’entreprise, et<br />

même la nourriture est produite localement,<br />

sans adjonction de farine de poisson. Les déchets<br />

issus de la préparation des filets sont<br />

transformés en aliments pour animaux et vendus<br />

en magasin, et les déjections des poissons<br />

sont filtrées pour servir d’engrais aux exploitations<br />

environnantes. «Nous ne voulions pas<br />

seulement atteindre la neutralité carbone.<br />

L’idée était d’aller encore plus loin en utilisant<br />

et en valorisant l’ensemble des sous-produits»,<br />

explique ce pisciculteur visionnaire. LocalFish<br />

s’est donc dotée d’un écosystème maison, par<br />

ailleurs extrêmement évolutif. «Notre modularité<br />

nous permet de produire plusieurs variétés<br />

de poissons dans la région, avec une empreinte<br />

écologique minime et sans rejets polluants.<br />

Beaucoup se prétendent durables. Nous, nous<br />

le sommes vraiment!», ironise cet ancien infor-<br />

maticien de 44 ans.<br />

Bien sûr, le poisson vendu par LocalFish est un<br />

brin plus cher qu’à l’importation. En contrepartie,<br />

les consommateurs en connaissent la provenance<br />

exacte. «La demande en aliments de qualité<br />

traçables de A à Z est plus forte que jamais.<br />

C’est dire si notre offre arrive à point nommé<br />

sur le marché.» Un constat que partage Karolin<br />

Frankenberger: «L’économie circulaire suscite<br />

un intérêt croissant tant chez les consommateurs<br />

que du côté des entreprises. Les clients,<br />

soucieux de contribuer à un avenir plus durable,<br />

n’hésitent plus à remettre en question<br />

leurs habitudes de consommation. Dans le<br />

même temps, nous voyons affluer quantité de<br />

demandes d’entreprises désireuses de faire évoluer<br />

leur modèle d’affaires vers un écosystème<br />

circulaire. Une préoccupation transsectorielle,<br />

qui touche aussi bien la start-up naissante que<br />

la société familiale implantée depuis des générations.»<br />

Pionnière de l’économie circulaire<br />

Parmi les précurseurs de ce modèle économique<br />

figure Eberhard Bau, à Kloten, une entreprise<br />

dirigée par la même famille depuis trois générations<br />

et plus de 60 ans déjà, spécialisée dans<br />

les travaux publics, les matériaux de construction,<br />

le démantèlement et l’assainissement de<br />

sites pollués. Bien que fortement ancrée dans<br />

la tradition, elle s’est engagée voici trois décennies<br />

dans la voie de l’économie circulaire avec<br />

une conviction à nulle autre pareille. «Sur les<br />

quelque 80 millions de tonnes de déchets produits<br />

chaque année en Suisse, 15 millions sont<br />

des gravats, dont la moitié provient de la démolition<br />

de bâtiments. Nous emparer, en tant<br />

qu’acteur du secteur, de cet épineux dossier et<br />

chercher des moyens d’action plus écoresponsables<br />

tombait sous le sens», déclare son directeur,<br />

Patrick Eberhard.<br />

Cette prise de conscience écologique s’est opérée<br />

dès les années 1980, lors de l’entrée en vigueur<br />

d’une nouvelle ordonnance sur les déchets<br />

interdisant toute mise en décharge de<br />

matériaux contaminés. Tandis que d’autres<br />

entreprises dénonçaient ce durcissement réglementaire,<br />

Eberhard a saisi l’occasion de<br />

ce virage écologique pour construire la plus<br />

grande station de lavage des sols d’Europe et<br />

s’ouvrir ainsi un nouveau domaine d’activité.<br />

Au fil des ans, d’autres installations ont vu le<br />

jour, ayant toutes pour vocation de retraiter les<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Fondés en 1954 par deux<br />

frères, Heiri et Ruedi Eberhard,<br />

les établissements<br />

Eberhard sont aujourd’hui<br />

dirigés par la troisième génération:<br />

Patrick Eberhard, son<br />

frère et leur cousin. Située à<br />

Kloten, l’entreprise offre des<br />

services précurseurs dans<br />

le domaine des travaux publics,<br />

du démantèlement, du<br />

recyclage de matériaux de<br />

construction et de la réhabilitation<br />

de sites. Elle emploie<br />

pas moins de 600 personnes<br />

réparties sur onze sites.<br />

eberhard.ch<br />

▶<br />

02/<strong>2023</strong> 11<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


ÉCONOMIE CIRCULAIRE<br />

«Seule alternative à la vision à court terme du modèle<br />

économique linéaire, la circularité est au cœur de notre action.»<br />

Valentin Fisler, CEO de Mr. Green<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Avec une bonne dose d’humour<br />

et la conviction que<br />

le recyclage pouvait être<br />

simplifié, quatre étudiants<br />

ont fondé en 2010 Mr. Green,<br />

un prestataire de services<br />

de recyclage qui emploie<br />

aujourd’hui dix personnes.<br />

Après le recyclage par abonnement,<br />

l’entreprise a créé<br />

une boutique web de produits<br />

domestiques durables, puis<br />

une offre spéciale pour les entreprises<br />

de plus de 100 employés:<br />

de l’analyse des<br />

déchets au recyclage intégral,<br />

Mr. Green Enterprise s’occupe<br />

de tout.<br />

mr-green.ch<br />

déchets issus de la déconstruction et de les remettre<br />

en circulation sous forme de matériaux<br />

de construction vertueux. Avec la mise en service<br />

de son centre de traitement des déchets de<br />

construction et sa propre production de béton<br />

pour les matières premières dites secondaires,<br />

Eberhard est désormais en mesure de couvrir<br />

l’intégralité de la chaîne de création de valeur<br />

et de fonctionner en circuit fermé au sein de<br />

son propre écosystème circulaire. Interrogé sur<br />

la vitalité de son entreprise, Patrick Eberhard<br />

répond: «Un modèle commercial aujourd’hui<br />

couronné de succès peut très bien ne plus fonctionner<br />

demain. Tout chef d’entreprise se doit<br />

de prendre les difficultés à bras-le-corps, sans<br />

attendre que d’autres les résolvent à sa place.»<br />

Un point de vue partagé par Karolin Frankenberger:<br />

«Les PME ont raison de se saisir des<br />

questions d’environnement et d’économie<br />

circulaire pour s’interroger sur la transformation<br />

de leurs processus opérationnels et autres<br />

modèles commerciaux. Actuellement, l’entrepreneuriat<br />

durable est encore le gage d’un<br />

avantage concurrentiel stratégique et d’un<br />

formidable potentiel de développement. Mais<br />

les entreprises qui manqueront le coche et devront<br />

se plier après coup à la réglementation<br />

seront les grandes perdantes.»<br />

De la corvée de verre à l’idée novatrice<br />

Ce n’est pas la recherche de l’avantage concurrentiel<br />

qui a inspiré à Valentin Fisler son idée<br />

d’entreprise, mais plutôt des considérations<br />

écoresponsables. C’était en 2009. Dans la colocation<br />

qu’il partageait avec trois autres étudiants,<br />

les bouteilles en verre et les canettes<br />

s’entassaient sur le balcon. Un phénomène<br />

alors répandu, si l’on en jugeait par l’état des<br />

balcons alentour. «C’est ainsi qu’a germé l’idée<br />

de proposer un abonnement à tous ceux qui<br />

n’avaient pas le temps de trier leurs déchets»,<br />

explique-t-il. À peine trois mois plus tard, les<br />

quatre amis fondaient Mr. Green... avant de déchanter<br />

quelque peu. «Tout le monde trouvait<br />

notre concept génial, mais personne n’entendait<br />

payer pour ce service», se souvient l’actuel<br />

CEO. Loin de se décourager, les fondateurs de<br />

Mr. Green ont repensé et affiné leur modèle<br />

commercial. «Nous sommes convaincus que<br />

notre société doit changer de mode de vie et<br />

ménager les ressources naturelles afin de préserver<br />

l’avenir des générations futures», souligne<br />

Valentin Fisler. La persévérance a fini par<br />

payer, et Mr. Green s’enorgueillit aujourd’hui de<br />

quelque 10 000 clients, ménages et entreprises<br />

confondus. Ses prestations de recyclage ne sont<br />

pas pour autant un luxe destiné à décharger<br />

les plus fainéants de la corvée des poubelles:<br />

«D’abord, parce qu’on peut recycler chez nous<br />

les briques en carton, les bouchons en liège et<br />

les sacs en plastique qui, sinon, finiraient à la<br />

poubelle. Ensuite parce que Mr. Green a aussi<br />

une vocation sociale: le ramassage et le tri des<br />

matériaux recyclables sont essentiellement assurés<br />

par des organismes locaux qui emploient<br />

des personnes en situation de handicap ou au<br />

parcours de vie chaotique.»<br />

Des concepts de recyclages sur mesure<br />

Obéissant au triple principe «réduire, réutiliser,<br />

recycler», Mr. Green a élargi sa gamme de<br />

prestations. C’est ainsi que l’entreprise a développé<br />

sa propre boutique en ligne, qui propose<br />

près de 400 objets domestiques à la fois éco- et<br />

climato-compatibles. Mr. Green est en outre la<br />

toute première à proposer, depuis août 2022,<br />

le recyclage du plastique. «Pour l’heure, seules<br />

les bouteilles courantes en PET et PE sont recyclables<br />

en magasin, les autres plastiques atterrissent<br />

dans le sac poubelle. Or 65% des déchets<br />

plastiques mélangés pourraient être triés et recyclés<br />

par matière. Autant dire que nous montrons<br />

l’exemple!» Sans compter que Mr. Green<br />

offre depuis peu aux entreprises une prestation<br />

non dénuée d’intérêt: «Les sociétés de plus de<br />

100 employés ne peuvent pas se passer de méthodes<br />

de recyclage sur mesure. De l’analyse des<br />

déchets à l’élaboration et à la mise en œuvre<br />

du concept de recyclage, Mr. Green Enterprise<br />

offre des solutions complètes et parfaitement<br />

calibrées. Pour le bien des entreprises comme<br />

de l’environnement», conclut Valentin Fisler<br />

avec un sourire.<br />

●<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

12 02/<strong>2023</strong>


ÉCONOMIE CIRCULAIRE<br />

En haut: Mr. Green vient chercher les<br />

sacs de matériaux valorisables sur le<br />

pas de la porte et se charge de les<br />

recycler.<br />

À droite: un sac sur la tête, mais les<br />

idées bien en place: Valentin Fisler,<br />

36 ans, CEO de Mr. Green, en connaît<br />

un rayon sur le recyclage des déchets.<br />

En bas: ils en jettent, les sacs<br />

Mr. Green! Et ils permettent de<br />

collecter et de valoriser pas moins de<br />

14 matériaux recyclables.<br />

02/<strong>2023</strong> 13<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


MOBILITÉ DURABLE<br />

Des déplacements<br />

durables:<br />

Martin Kyburz,<br />

fondateur et CEO<br />

de KYBURZ<br />

Switzerland AG.<br />

Mobilité<br />

verte plutôt<br />

qu’énergie grise<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

14 02/<strong>2023</strong>


MOBILITÉ DURABLE<br />

Pour lutter contre le changement climatique, il faut des solutions innovantes. Le recyclage et la réparation<br />

de pièces automobiles aident à réduire les émissions de CO 2 et à ménager les ressources. Deux<br />

entreprises, KYBURZ Switzerland AG et Aarauer Carrosserie Werke AG, nous expliquent comment.<br />

Texte Marion Fehr Photos Marco Vara<br />

Connus dans tout le pays, les véhicules<br />

de distribution jaunes de la<br />

Poste ménagent l’environnement.<br />

Martin Kyburz, fondateur et CEO<br />

de KYBURZ Switzerland AG, en est<br />

le créateur. Cet ingénieur électricien de formation<br />

s’intéresse depuis toujours à la protection<br />

de l’environnement et au développement durable,<br />

comme en témoigne le véhicule solaire<br />

qu’il a conçu dès 1991. «Je trouve tragique la<br />

façon dont la nature change. En tant que technicien,<br />

je me sens tenu de mettre mes connaissances<br />

au service de la protection du climat»,<br />

déclare-t-il.<br />

Recyclage de batteries révolutionnaire<br />

La mobilité recèle un énorme potentiel de réduction<br />

des émissions de CO 2, qui permettrait<br />

d’atteindre l’objectif de zéro émission nette<br />

que s’est fixé la Suisse à l’horizon 2050. Plus<br />

de 30% des émissions de gaz à effet de serre<br />

en Suisse proviennent du transport terrestre.<br />

Pourtant, Martin Kyburz comprend que l’on<br />

veuille vivre et profiter de la vie. Il ne croit pas<br />

aux interdictions ou aux solutions préconisant<br />

des privations et un comportement frugal. Il<br />

mise plutôt sur des technologies innovantes<br />

pour une protection efficace du climat.<br />

Le procédé de recyclage novateur des batteries<br />

lithium-ion en est le meilleur exemple. «Selon<br />

moi, l’économie circulaire est la clé du succès,<br />

affirme Martin Kyburz. J’ai été consterné d’apprendre<br />

que seule une fraction des matières<br />

premières était jusqu’à présent récupérée lors<br />

du recyclage des batteries. Le reste atterrissait à<br />

la poubelle.» Avec son équipe, il a donc élaboré<br />

un procédé écologique grâce auquel les batteries<br />

lithium-ion usagées sont décomposées<br />

jusqu’aux derniers constituants. Résultat: 91%<br />

des matières premières peuvent ainsi être récupérées<br />

et alimenter la production de nouvelles<br />

batteries. Soucieux que son invention profite<br />

au plus grand nombre, l’ingénieur ne l’a pas<br />

fait breveter. Plusieurs entreprises envisagent<br />

d’ores et déjà d’appliquer ce procédé de recyclage<br />

à leurs batteries.<br />

Deux cycles de vie pour un meilleur bilan<br />

écologique<br />

Mais revenons aux véhicules postaux jaunes.<br />

Ceux-ci connaissent en général deux cycles<br />

de vie: après une première durée d’utilisation<br />

de neuf ans en moyenne, presque tous<br />

les composants de ces véhicules électriques<br />

zéro émission peuvent être réutilisés, offrant<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Créée en 1991 par Martin<br />

Kyburz, la société KYBURZ<br />

Switzerland AG a son siège à<br />

Freienstein, près de Zurich.<br />

Cette PME de plus de 170 employés<br />

conçoit et fabrique<br />

des véhicules électriques de<br />

haute qualité pour les entreprises<br />

de distribution, les entreprises<br />

industrielles et les<br />

particuliers. On compte dans<br />

le monde plus de 25 000 véhicules<br />

KYBURZ en service.<br />

Le modèle le plus connu est<br />

le véhicule de distribution<br />

postale KYBURZ DXP, devenu<br />

une figure familière des<br />

routes suisses.<br />

kyburz-switzerland.ch<br />

En plus de ménager l’environnement, les célèbres<br />

véhicules postaux de KYBURZ Switzerland AG utilisent<br />

des batteries recyclées.<br />

aux véhicules une seconde vie pour sillonner<br />

de nouveau la Suisse. «Il est essentiel que les<br />

véhicules et leurs composants soient d’emblée<br />

élaborés et construits de façon à pouvoir être<br />

simplement démantelés puis remis à neuf au<br />

bout du premier cycle de vie», explique Martin<br />

Kyburz. Le procédé de recyclage inclut aussi<br />

un contrôle de la batterie: si elle est en bon<br />

état, elle continue d’équiper le véhicule. Sinon,<br />

on étudie si elle peut servir au stockage<br />

d’énergie pour l’usage domestique. Et si tel<br />

n’est pas le cas, la batterie rejoint le processus<br />

de recyclage, et la boucle est bouclée. Au total,<br />

l’énergie grise des véhicules se trouve ainsi réduite<br />

de 65%.<br />

Une deuxième vie pour les pièces automobiles<br />

endommagées<br />

L’entreprise Aarauer Carrosserie Werke (ACW),<br />

elle aussi, a pour credo «jeter le moins possible,<br />

▶<br />

02/<strong>2023</strong> 15<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


MOBILITÉ DURABLE<br />

trait d’éviter plus de 600 tonnes d’équivalents<br />

CO 2 par an en Suisse. La situation est similaire<br />

avec les pare-chocs: selon l’analyse de l’Empa,<br />

le remplacement d’une seule pièce occasionne<br />

14,5 kilos d’équivalents CO 2 de plus qu’une<br />

réparation. Là aussi, plus de 400 tonnes pourraient<br />

être évitées. Si les pare-brise et les parechocs<br />

étaient systématiquement réparés plutôt<br />

que remplacés, environ 1000 tonnes d’équivalents<br />

CO 2 pourraient donc être évitées chaque<br />

année en Suisse.<br />

Aarauer Carrosserie Werke mise sur la<br />

durabilité en privilégiant autant<br />

que possible la réparation sur le remplacement.<br />

réparer le plus possible». Comme l’explique son<br />

directeur Felix Wyss: «Chez nous, une porte de<br />

voiture rayée ne finit pas à la casse, mais est<br />

soigneusement réparée par des professionnels<br />

spécialement formés. Il en va de même des<br />

autres parties d’un véhicule, comme un parechocs<br />

abîmé ou un pare-brise endommagé par<br />

une chute de pierre.»<br />

Une analyse de l’Empa mandatée par AXA révèle<br />

le caractère peu écologique des pièces de<br />

rechange utilisées pour les réparations automobiles.<br />

Le remplacement d’un seul pare-brise<br />

induit l’émission de 15,3 kilos de gaz à effet<br />

de serre (en équivalents CO 2) de plus qu’une<br />

réparation. Comme le montrent les calculs, le<br />

recours systématique à des réparations permet-<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

L’entreprise Aarauer Carrosserie<br />

Werke AG a été fondée<br />

en 2015 par Felix Wyss. Ses<br />

34 employés effectuent dans<br />

la région du Plateau suisse<br />

des réparations professionnelles<br />

sur des voitures de<br />

tourisme, des véhicules de<br />

livraison et des poids lourds,<br />

selon la devise interne<br />

«compétence, passion et<br />

flexibilité». L’entreprise est<br />

spécialisée dans les travaux<br />

de carrosserie, de peinture<br />

et de détail, ainsi que dans la<br />

pose de films antigravillons.<br />

acw-ag.ch<br />

Une réparation qui profite à tout le monde<br />

Même si réparer demande quelques heures de<br />

travail supplémentaires, les coûts des pièces<br />

de rechange disparaissent, de sorte que l’entreprise<br />

ménage ses ressources et son portemonnaie.<br />

En outre, nul besoin d’interventions<br />

lourdes sur les véhicules. Les employés accomplissent<br />

un travail valorisant, et la clientèle<br />

bénéficie d’une qualité optimale en peu de<br />

temps, à un prix raisonnable: tout le monde<br />

y gagne. Des réparations de qualité exigent<br />

toutefois des machines-outils à la pointe de<br />

la technologie et une solide formation du personnel.<br />

«Seul le savoir-faire artisanal permet<br />

d’effectuer des réparations qu’on ne peut distinguer<br />

d’une pièce remplacée», souligne Felix<br />

Wyss.<br />

Donner l’exemple<br />

Lorsqu’il était président de l’association professionnelle<br />

carrosserie suisse, Felix Wyss a beaucoup<br />

œuvré pour le développement du label de<br />

branche «green car repair»: il distingue les entreprises<br />

qui travaillent selon des critères écologiques<br />

et privilégient si possible la réparation<br />

sur le remplacement. Le lancement de ce label<br />

est prévu pour le deuxième trimestre <strong>2023</strong>.<br />

Felix Wyss, tôlier en carrosserie de formation,<br />

comprend que les propriétaires automobiles<br />

souhaitent avoir une voiture comme neuve.<br />

«Mais pour cela, il n’est pas nécessaire de jeter<br />

et de remplacer les pièces au moindre dommage.<br />

En ces temps de rareté des ressources et<br />

de changement climatique, c’est un non-sens<br />

absolu.» L’approche la plus durable? Utiliser un<br />

produit aussi longtemps que possible, moyennant<br />

des réparations occasionnelles. De par la<br />

nature de leurs activités, les ateliers de carrosserie<br />

sont en première ligne. C’est pourquoi<br />

Felix Wyss, qui joue le rôle d’interface entre la<br />

clientèle, les carrosseries et la sphère politique,<br />

entend poursuivre son engagement en faveur<br />

de la durabilité dans ce secteur d’activité. ●<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

16 02/<strong>2023</strong>


MOBILITÉ DURABLE<br />

2 questions à...<br />

Marcel Stettler<br />

Responsable Partenariats<br />

Carrosseries chez<br />

AXA Suisse<br />

Que fait AXA pour<br />

encourager la durabilité<br />

dans cette branche?<br />

Par la sélection de nos garages<br />

partenaires, nous garantissons<br />

à nos clientes et clients<br />

des méthodes de réparation<br />

durables sans perte de qualité.<br />

Nous voulons ainsi les inciter<br />

à privilégier les réparations.<br />

Pour cela, nous nous appuyons<br />

notamment sur une évaluation<br />

développée en interne, qui<br />

montre dans quelle mesure les<br />

garagistes travaillent de manière<br />

durable et qui nous permet<br />

d’émettre des recommandations<br />

concrètes pour rendre<br />

les réparations plus écoresponsables.<br />

Nous démontrons en<br />

outre aux garages partenaires<br />

l’intérêt d’obtenir une certification<br />

«green car repair».<br />

Pourquoi AXA s’engage-t-elle<br />

dans ce domaine?<br />

AXA s’engage en faveur d’un<br />

avenir durable et respectueux<br />

du climat, ce qui implique,<br />

entre autres, une baisse résolue<br />

des émissions de CO 2. En<br />

tant qu’assureur, nous avons<br />

un rôle important à jouer, par<br />

exemple avec des produits<br />

durables, mais aussi en encourageant<br />

autant que possible les<br />

réparations en cas de sinistre.<br />

Nous sommes convaincus<br />

que les sinistres automobiles<br />

recèlent un fort potentiel de réparation<br />

qui, nous l’espérons,<br />

sera encore mieux exploité<br />

grâce à notre évaluation et au<br />

label.<br />

Réparer, mais aussi restaurer: Felix<br />

Wyss compte bien remettre en état sa<br />

pièce de collection dénichée il y a<br />

deux ans, une Alfa Romeo 2600<br />

Spider... dès qu’il aura le temps.<br />

02/<strong>2023</strong><br />

17<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


INFOGRAPHIE: INVENTÉ EN SUISSE<br />

Qui l’a inventé? Les Suisses!<br />

Selon l’«Indice mondial de l’innovation», en 2022, la Suisse a été pour<br />

la douzième année consécutive le pays le plus innovant au monde.<br />

Par le passé, de nombreuses inventions qui se sont imposées dans le<br />

monde entier provenaient déjà de Suisse. Quelques exemples.<br />

Fermeture éclair<br />

La première fermeture à glissière fabriquée en série au monde<br />

a été inventée dans les années 1920 par le Suisse Martin Othmar<br />

Winterhalter. Son entreprise RiRi, située à Mendrisio (TI), est encore<br />

en activité. Lui-même est mort en 1961 au sanatorium Bellevue<br />

de Kreuzlingen, après de longs séjours dans des cliniques psychiatriques.<br />

Le canard WC<br />

Si les Américains et Américaines nettoient leur «petit coin» avec un<br />

«Toilet Duck», c’est grâce à Walter Düring, fils de l’entrepreneuse<br />

argovienne Maria Düring-Keller («Durgol») qui a inventé le légendaire<br />

canard WC en 1980. Aujourd’hui, ce produit nettoyant pour toilettes<br />

révolutionnaire est fabriqué par l’entreprise américaine S.C. Johnson<br />

et distribué dans plus de cent pays.<br />

www.meine-firma.ch<br />

Hallo Welt!<br />

La capsule de café<br />

Lorsque Nespresso est lancé<br />

en 1986, c’est le premier<br />

système de capsules de café au<br />

monde. Cette technologie<br />

novatrice – imitée depuis à<br />

d’innombrables reprises dans<br />

le monde entier – a été<br />

inventée en 1976 par le jeune<br />

ingénieur de Nestlé Éric Favre.<br />

Aujourd’hui encore, toutes les<br />

capsules Nespresso sont<br />

produites en Suisse, ce qui fait<br />

de nous l’un des plus gros<br />

exportateurs de café au<br />

monde.<br />

World Wide Web<br />

Impossible d’imaginer notre vie d’aujourd’hui sans Internet. Le<br />

«World Wide Web» est né en 1989 au Centre européen pour la<br />

recherche nucléaire (CERN), près de Genève. À l’origine, le réseau<br />

était destiné à faciliter l’échange de travaux scientifiques.<br />

Aujourd’hui, on estime que la planète compte plus de cinq milliards<br />

d’internautes.<br />

Les inventions dans la cuisine<br />

Le brevet du papier d’aluminium a été<br />

déposé en 1905 par l’entrepreneur<br />

Heinrich Alfred Gautschi, de Menziken<br />

SA. Trois ans plus tard, l’ingénieur<br />

zurichois Jacques Brandenberger<br />

inventait son pendant transparent, la<br />

feuille de cellophane. Avec l’éplucheur<br />

«Rex» (1947 / Alfred Neweczerzal) et le<br />

presse-ail (vers 1950 / Karl Zysset,<br />

fondateur de «Zyliss»), les ingénieux<br />

confédérés ont apporté deux autres<br />

contributions à la cuisine moderne.<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

18 02/<strong>2023</strong>


Succès<br />

Questions des lecteurs<br />

Révision du droit de<br />

la société anonyme<br />

Dans une des dernières éditions de «<strong>Mon</strong><br />

<strong>Entreprise</strong>», j’ai lu qu’à l’avenir il sera<br />

également possible de participer à l’assemblée<br />

générale d’une SA par voie électronique.<br />

Ma présence en Suisse est-elle<br />

nécessaire à cet effet?<br />

R. P., Neuchâtel<br />

En effet, le nouveau droit de la société<br />

anonyme entré en vigueur au 1 er janvier <strong>2023</strong><br />

prévoit des possibilités supplémentaires pour<br />

la tenue de l’assemblée générale. Celle-ci peut<br />

désormais se dérouler en plusieurs lieux<br />

simultanément. Cela suppose qu’une<br />

intervention puisse être suivie par des moyens<br />

audiovisuels sur tous les sites de réunion. Le<br />

lieu de réunion peut également se situer à<br />

l’étranger si les statuts le prévoient. Dans ce<br />

cas, un représentant indépendant doit être<br />

désigné pour garantir aux actionnaires qui ne<br />

font pas le voyage la possibilité d’exercer leur<br />

droit de vote. Si une société n’est pas cotée en<br />

bourse, le conseil d’administration peut<br />

renoncer à désigner un représentant indépendant,<br />

à condition toutefois que l’ensemble des<br />

actionnaires y consentent. Si, parmi les lieux<br />

de réunion, l’un se trouve en Suisse, il ne<br />

s’agit pas formellement d’une assemblée<br />

générale avec lieu de réunion à l’étranger et,<br />

dans ce cas, il n’est pas nécessaire de désigner<br />

un représentant. Par conséquent, vous<br />

pouvez participer à l’assemblée générale<br />

depuis l’étranger et exercer vos droits<br />

d’actionnaire par voie électronique. Aucune<br />

base statutaire n’est nécessaire pour de telles<br />

assemblées générales hybrides.<br />

Hedwig Zingg Sanchez<br />

lic. en droit, avocate,<br />

Responsabilité civile pour<br />

préjudices de fortune, AXA<br />

Photos: Nattawan ǰayawan/EyeEm; màd<br />

Notre service:<br />

enquête auprès<br />

des lecteurs<br />

Vous faites partie des lectrices ou lecteurs réguliers de notre magazine<br />

PME «<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong>»? Nous nous en réjouissons. Qu’est-ce qui vous<br />

plaît ou vous déplaît dans cette offre? Que changeriez-vous ou amélioreriez-vous<br />

si vous étiez à notre place? Et qu’attendez-vous de nous à<br />

l'avenir? Nous aimerions le savoir! Peut-être aussi utilisez-vous notre<br />

magazine comme tapette à mouches ou sous-verre à boisson parce que<br />

son contenu ne vous intéresse pas? Nous aimerions le savoir également.<br />

Si vous avez toujours voulu nous donner votre avis, vous en avez maintenant<br />

la possibilité: participez à notre sondage en ligne via le code QR<br />

ci-dessous et faites-nous savoir ce que vous pensez de notre magazine.<br />

Cela ne vous prendra que quelques minutes, mais sera très utile à<br />

notre rédaction: vous nous aiderez ainsi à développer «<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong>»,<br />

à accroître la pertinence et l’utilité des contenus, et partant, à<br />

mieux répondre à vos besoins.<br />

Parmi toutes les lectrices et tous les lecteurs participants,<br />

nous tirerons au sort une personne qui gagnera un<br />

week-end pour deux à l’hôtel Guarda Val à Sporz,<br />

Lenzerheide, d’une valeur de CHF 1200. Alors, n’hésitez pas!<br />

Merci de participer d’ici au 15 août <strong>2023</strong> au plus tard: nous<br />

nous réjouissons de votre feed-back.<br />

02/<strong>2023</strong> 19<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


Aucune barrière<br />

de rösti à l’horizon<br />

Après la reprise de son ancien employeur MBA AG par un groupe international, René Vuagniaux<br />

a racheté l’entreprise petit à petit. Depuis, il relève non seulement des défis commerciaux,<br />

mais s’est aussi donné pour mission de développer une culture d’entreprise commune en dépit de<br />

l’organisation décentralisée.<br />

Texte Marcel Rubin Photos Marco Vara<br />

E<br />

nviron 30 personnes travaillent<br />

pour la société VRP du Romand<br />

René Vuagniaux à Boussens, près de<br />

Lausanne, le deuxième site de son<br />

entreprise. En Suisse alémanique,<br />

où l’entreprise opère sous le nom de MBA, elles<br />

sont 30 de plus sur les sites de Bassersdorf, Vilters<br />

et Herzogenbuchsee. Depuis qu’il a acquis<br />

l’entreprise en 2020, R. Vuagniaux s’emploie<br />

à intégrer son modèle commercial et sa vision<br />

dans l’entreprise. La tâche n’est pas toujours<br />

aisée, au vu des différences culturelles entre<br />

Suisse alémanique et Suisse romande. Son<br />

meilleur exemple est le réfrigérateur à vin,<br />

bien garni, qui équipe ses bureaux de Boussens<br />

comme de Bassersdorf: s’il sert régulièrement<br />

un verre à sa clientèle romande, il n’a utilisé<br />

qu’une seule bouteille en deux ans dans sa<br />

filiale zurichoise. Les différences régionales<br />

ne s’arrêtent pas au choix des boissons, mais<br />

concernent aussi la façon de travailler, ce qui<br />

tient notamment à l’histoire de l’entreprise.<br />

Une ascension guidée par l’esprit d’initiative<br />

Fondée en 1906, l’entreprise MBA (Maschinenbau)<br />

AG concentrait à l’origine ses activités sur<br />

le matériel pour voies ferrées. Avec l’industrialisation<br />

croissante, son expertise s’est étendue<br />

à la construction, à la vente et à l’entretien<br />

d’autres machines. R. Vuagniaux est entré chez<br />

MBA AG il y a 25 ans: il a pris seul la tête des activités<br />

dans la région francophone, bientôt re-<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

20 02/<strong>2023</strong>


CULTURE D’ENTREPRISE<br />

joint par quelques collègues. Après la reprise de<br />

la société par le groupe multinational CNH Industrial,<br />

R. Vuagniaux souhaitait développer<br />

le domaine hydraulique de son entreprise en<br />

Suisse romande et a fondé, avec l’accord de son<br />

employeur, la société VRP SA. Cette entreprise<br />

indépendante a dès lors soutenu MBA AG dans<br />

ce secteur d’activité en Suisse romande.<br />

Malgré le succès régional, le travail sous l’égide<br />

du Groupe MBA devenait de plus en plus compliqué.<br />

R. Vuagniaux a donc proposé au directeur<br />

de MBA AG de racheter les affaires<br />

romandes. Ce dernier lui a donné le feu vert.<br />

L’entreprise a alors été scindée en deux pôles<br />

régionaux: VRP SA dirigée par R. Vuagniaux en<br />

Suisse romande, et MBA AG dans le reste de<br />

Malgré une organisation<br />

décentralisée, l’esprit d’équipe<br />

est perceptible au sein de VRP /<br />

MBA-Machines SA, fondée par<br />

René et Patricia Vuagniaux.<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

VRP / MBA-Machines, dont<br />

le siège est à Bassersdorf,<br />

existe depuis 2020.<br />

Elle inclut VRP SA, fondée<br />

en 2007 par les époux<br />

Vuagniaux et tournée vers le<br />

marché romand, et MBA AG,<br />

compétente pour le reste<br />

de la Suisse. L’entreprise,<br />

spécialisée dans la vente et<br />

la réparation de machines<br />

de construction et dans les<br />

installations hydrauliques,<br />

emploie 60 personnes en<br />

Suisse.<br />

vrp-machines.com<br />

la Suisse. Le pôle romand dépendait toutefois<br />

encore de MBA AG pour la distribution. Pour<br />

y remédier, R. Vuagniaux a demandé trois ans<br />

plus tard à CNH Industrial s’il pouvait se procurer<br />

ses machines directement chez eux. Le<br />

groupe a refusé, mais lui a proposé en échange<br />

de reprendre MBA AG. R. Vuagniaux a accepté<br />

l’offre, devenant ainsi en 2020 le propriétaire<br />

de l’actuelle MBA / VRP-Machines et réunissant<br />

de nouveau les régions sous sa responsabilité.<br />

Différences régionales<br />

La reprise de l’entreprise a induit non seulement<br />

des défis commerciaux, mais aussi la<br />

nécessité d’un rapprochement culturel. «Les<br />

Romands ne travaillent pas mieux ou moins<br />

bien que les Alémaniques, ils font les choses<br />

autrement», constate R. Vuagniaux. Selon lui,<br />

cela tient notamment aux opportunités commerciales.<br />

depuis toujours plus nombreuses<br />

en Suisse alémanique. De plus, les Suisses allemands<br />

sont plus stricts en ce qui concerne les<br />

horaires de travail et la définition des tâches.<br />

En Suisse romande, la séparation entre travail<br />

et vie privée est plus floue, et on passe davantage<br />

de temps ensemble.<br />

R. Vuagniaux apprécie toutefois les différences<br />

de mentalité entre les effectifs des deux régions<br />

et ne veut rien y changer. Il entend plutôt niveler<br />

les deux régions par le haut et permettre au<br />

personnel de s’identifier à l’entreprise. «Le sentiment<br />

d’unité me tient à cœur», résume-t-il.<br />

C’est aussi la raison pour laquelle il essaie<br />

d’être présent sur tous les sites le plus souvent<br />

possible et de promouvoir les échanges lors<br />

d’événements communs. Et avec succès! «Les<br />

progrès sont visibles: lors de la dernière fête<br />

d’entreprise, les Alémaniques ont bu un verre<br />

de vin avec les Romands, et les conversations<br />

allaient bon train malgré la barrière linguistique»,<br />

précise le mécanicien devenu directeur.<br />

<br />

●<br />

02/<strong>2023</strong> 21<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


REPORTAGE SUR UN CAS DE SINISTRE<br />

L’art de rebondir<br />

Fox Hardegger est un battant. Il y a six ans, après<br />

avoir tout perdu pour la deuxième fois<br />

de sa vie, il ouvre un atelier de torréfaction<br />

de café à Horgen. Mais le sort s’acharne:<br />

la COVID, d’abord, vient lui mettre des bâtons<br />

dans les roues, suivie de près par un incendie.<br />

Texte Simona Altwegg Photos Marco Vara<br />

P<br />

ousser la porte du café de la brûlerie<br />

des Seehallen, à Horgen, est une invitation<br />

au voyage: baigné de réconfortants<br />

effluves de café, le lieu à la décoration<br />

cosy est parsemé de plantes<br />

qui lui donnent des allures de jungle: Bali ou<br />

les Philippines ne sont pas loin. L’ambiance décontractée<br />

et intimiste est propice aux discussions.<br />

Près du comptoir, le gérant Philipp – Fox,<br />

comme il aime se faire appeler – Hardegger observe<br />

l’activité de son établissement. L’homme<br />

dégage calme et charisme. Pourtant, son parcours<br />

n’a rien d’un long fleuve tranquille.<br />

Victime d’une fraude de plusieurs millions<br />

Le Bernois d’origine avait déjà monté deux<br />

entreprises – une au Vietnam et une à Singapour<br />

– employant plus de 1000 personnes, et<br />

par deux fois il a tout perdu. Il sait donc de quoi<br />

il parle quand il déclare: «Le plus important est<br />

de se relever.» L’ancien multimillionnaire est<br />

à deux reprises reparti de zéro: la dernière en<br />

date, c’était il y a six ans, lorsqu’il est rentré<br />

en Suisse sans un franc sur son compte avec<br />

son épouse Anh et leur fille. Le business plan<br />

pour la brûlerie qu’il comptait ouvrir à Los Angeles<br />

était prêt, la vente de son entreprise à des<br />

investisseurs pour plusieurs millions de francs<br />

était actée. Hélas, les investisseurs étaient des<br />

escrocs, et Fox n’a jamais vu la couleur de son<br />

argent. Il a dépensé ses économies en frais<br />

d’avocat, mais son dossier n’a jamais abouti.<br />

Même aux heures les plus sombres, Fox Hardegger<br />

n’a jamais baissé les bras. Et plutôt qu’aux<br />

États-Unis, c’est dans son pays natal qu’il a<br />

choisi de créer son atelier de torréfaction. Son<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Dans la brûlerie des<br />

Seehallen, à Horgen, qui<br />

propose aussi de la petite<br />

restauration, Fox Hardegger<br />

et son équipe de douze personnes<br />

torréfient du café bio<br />

issu du commerce équitable<br />

sous la marque Onesto, qui<br />

est distribué par Migros et<br />

Coop, par des partenaires<br />

en ligne comme Digitec<br />

Galaxus, Brack ou Farmy,<br />

et par le propre site Web de<br />

l’entreprise.<br />

onesto.ch<br />

Avec le code promotionnel<br />

«AXA», les lectrices et<br />

lecteurs de <strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

peuvent bénéficier d’une<br />

réduction de 10% sur<br />

leur commande (jusqu’au<br />

30 septembre <strong>2023</strong>).<br />

cercle d’amis l’a aidé à trouver des investisseurs<br />

suisses. Le concept: ouvrir la première brûlerie<br />

de Suisse climatiquement neutre et qui ne propose<br />

que du café bio et équitable. «Nous avons<br />

la conviction que les Suisses ont les moyens<br />

de consommer du café durable, et que cela devrait<br />

même être la règle. Si cela n’arrive pas en<br />

Suisse, cela ne se fera nulle part», dit-il.<br />

À peine la jeune entreprise avait-elle vu le jour<br />

que Fox et Anh Hardegger se heurtaient à un<br />

nouvel obstacle: la COVID et la fermeture de<br />

leur commerce, un gros coup dur si peu de<br />

temps après son ouverture. Mais ils ont tenu<br />

bon, et la clientèle est revenue. L’entreprise a<br />

enfin pu déployer ses ailes. Le couple cherchait<br />

inlassablement les meilleurs mélanges de crus,<br />

peaufinait la commercialisation et torréfiait<br />

les grains les plus aromatiques dans l’atelier<br />

qui jouxte le café et dont il n’est séparé que<br />

par une vitre. Jusqu’à ce que le destin frappe<br />

encore, un lundi après-midi de juillet 2021.<br />

Incendie dans le torréfacteur<br />

La journée se termine, Anh Hardegger s’apprête<br />

à éteindre le torréfacteur quand elle remarque<br />

une forte odeur de brûlé. En y regardant de plus<br />

près, elle constate que de la fumée s’échappe<br />

du récipient qui recueille les déchets de la torréfaction<br />

– de fines pellicules de café. Elle en<br />

informe immédiatement l’équipe et alerte les<br />

pompiers. Ceux-ci déploient un impressionnant<br />

dispositif et évacuent le bâtiment. En plus<br />

de la brûlerie, le complexe Seehallen de Horgen<br />

accueille des bureaux et des commerces répartis<br />

sur quatre étages. «Ce n’est qu’une fois<br />

dehors que j’ai pris la mesure de la situation. ▶<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

22 02/<strong>2023</strong>


REPORTAGE SUR UN CAS DE SINISTRE<br />

1<br />

2<br />

Photo: Michael Trost<br />

1 – Fox et Anh Hardegger ne baissent pas<br />

les bras facilement.<br />

2 – La machine d’où est parti le dégagement<br />

de fumée.<br />

3 – Les pompiers ont vite maîtrisé la<br />

situation.<br />

4 – Le café de la brûlerie n’a heureusement<br />

subi aucun dommage.<br />

3<br />

4<br />

02/<strong>2023</strong> 23<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


REPORTAGE SUR UN CAS DE SINISTRE<br />

Assurance de<br />

choses <strong>Entreprise</strong>s<br />

Une abondante fumée sortait de la cheminée,<br />

formant un brouillard dense. Huit camions de<br />

pompiers, deux ambulances et quatre voitures<br />

de police stationnaient devant le bâtiment, la<br />

rue était fermée», se souvient Fox Hardegger.<br />

Cette forte mobilisation était due à l’ampleur<br />

potentielle des dégâts. Les Hardegger utilisent<br />

un torréfacteur au gaz, d’où la présence près du<br />

foyer de l’incendie d’une grosse conduite de gaz<br />

qui aurait pu causer une explosion. «Quand je<br />

me suis rendu compte que l’ensemble du bâtiment<br />

risquait d’être endommagé, j’ai pris peur.<br />

Car évidemment, nous étions responsables»,<br />

soupire celui qui a déjà surmonté tant de crises.<br />

Par chance, les pompiers sont vite parvenus à<br />

maîtriser la situation, il n’y a pas eu d’explosion.<br />

Le dégagement de fumée était dû aux résidus de<br />

fioul brûlés dans la cheminée. Au final, il n’y<br />

a eu ni blessés, ni dépôt de suie, ni panne majeure<br />

à déplorer. Seul le filtre du torréfacteur a<br />

été carbonisé, ce qui a entraîné des coûts d’environ<br />

35 000 francs. «Ce sinistre n’aurait pas pu<br />

être évité, souligne Daniele Girolo, expert en sinistre<br />

chez AXA. On ne peut rien reprocher aux<br />

Hardegger, ils ont fait régulièrement réviser<br />

la machine et ramoner la cheminée. Tout cela<br />

n’a été qu’un malheureux concours de circonstances.»<br />

Des pellicules de café sont tombées<br />

dans le feu par une petite fente et se sont ensuite<br />

envolées dans le système de filtration.<br />

Nul n’est à l’abri de dommages<br />

causés par un<br />

incendie, un événement<br />

naturel, des dégâts d’eau,<br />

des bris de glaces ou une<br />

effraction. Pour assurer la<br />

survie de votre entreprise en<br />

cas de sinistre, l’assurance<br />

de choses d’AXA offre une<br />

prise en charge des pertes<br />

matérielles, des pertes d’exploitation<br />

ainsi que des frais<br />

de déblaiement et d’élimination.<br />

axa.ch<br />

exception à la règle. Comme l’inventaire est assuré<br />

à la valeur à neuf dans le cadre de l’assurance<br />

de choses, il avait la possibilité d’obtenir<br />

un système plus performant en ne rajoutant<br />

qu’une somme minime. C’est l’accord qui a<br />

été conclu. «Nous sommes reconnaissants à<br />

AXA pour cette flexibilité. Daniele Girolo nous<br />

a bien soutenus, il a su nous rassurer et il a<br />

toujours été facile à joindre», se félicite l’entrepreneur.<br />

Une fois de plus, les difficultés ont été<br />

surmontées. Aujourd’hui, la brûlerie des Seehallen<br />

est rentable. Et Fox Hardegger a bien raison<br />

d’observer l’activité de son établissement<br />

avec confiance, mais aussi avec une certaine<br />

fierté.<br />

●<br />

Interruption d’exploitation évitée<br />

«Quand la police a conclu que nous n’étions<br />

pas responsables, j’ai ressenti un profond soulagement.<br />

Dans le cas contraire, nous aurions<br />

encouru des sanctions pénales», déclare Fox<br />

Hardegger. Et Daniele Girolo d’ajouter: «L’entretien<br />

rigoureux des machines est décisif<br />

dans un tel cas de figure.» Fox Hardegger est<br />

également très satisfait de son assurance de<br />

choses, souscrite chez AXA, qui a couvert le<br />

remplacement du filtre: «À la sortie de la CO-<br />

VID, nous étions pris à la gorge. Si nous avions<br />

dû financer la réparation, nous aurions peutêtre<br />

mis la clé sous la porte», conclut-il. Daniele<br />

Girolo a veillé à ce que la signature du devis et<br />

le versement de l’indemnité se fassent dans les<br />

meilleurs délais: «Dans ce genre de situation,<br />

il est essentiel d’éviter une interruption d’exploitation<br />

aux conséquences potentiellement<br />

désastreuses.»<br />

Reprise de la production à J+10<br />

Fox Hardegger a toujours su transformer les<br />

échecs en opportunités. Cet épisode ne fait pas<br />

Daniele Girolo, expert en sinistres chez AXA, a soutenu le couple.<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

24 02/<strong>2023</strong>


Responsabilité<br />

Questions des lecteurs<br />

Résiliation immédiate<br />

des rapports de travail<br />

Je dirige une PME et j’ai engagé un employé<br />

il y a quelques mois. Après des débuts<br />

prometteurs, sa motivation a chuté ces<br />

dernières semaines. Bien que le travail ne<br />

manque pas, il ne fait rien lorsqu’il est là et<br />

aujourd’hui, il ne s’est même pas présenté,<br />

sans prévenir. J’ai l’impression qu’il «sèche»<br />

le travail. Cela me dérange beaucoup, et<br />

j’aimerais le licencier avec effet immédiat.<br />

En ai-je le droit?<br />

P. T., Steckborn<br />

D’après la loi, il n’est possible de résilier un<br />

contrat avec effet immédiat que «pour de<br />

justes motifs». Ces motifs doivent être graves:<br />

la confiance entre les parties doit être ébranlée<br />

au point que la seule issue possible soit la<br />

résiliation immédiate des rapports de travail. La<br />

jurisprudence actuelle reconnaît comme motifs<br />

graves: les crimes et délits commis pendant les<br />

rapports de travail (p. ex. vol, fraude, falsification<br />

de notes de frais), le fait de concurrencer<br />

l’employeur, le travail au noir, l’acceptation de<br />

pots-de-vin. En cas de refus répété et obstiné<br />

d’effectuer le travail assigné, d’absences injustifiées,<br />

de prise de jours de congé sans concertation<br />

préalable et de retards répétés, vous devez<br />

d’abord donner un avertissement à votre salarié.<br />

Pour des raisons de preuve, je vous recommande<br />

de le faire par écrit. Une seule absence ne justifie<br />

pas une résiliation immédiate. En cas de résiliation<br />

immédiate injustifiée, le juge peut vous<br />

contraindre à verser à votre ancien collaborateur<br />

une indemnité allant jusqu’à six mois de salaire.<br />

Vous trouverez sur Internet de plus amples informations<br />

ainsi que des modèles de courrier.<br />

myright.ch<br />

Carole Kaufmann Ryan<br />

Avocate chez AXA-ARAG<br />

Photos: màd<br />

Étude d’AXA<br />

sur la santé mentale<br />

L’automne dernier, AXA a mené une étude sur le bien-être mental et<br />

interrogé quelque 31 000 personnes de 18 à 74 ans vivant dans 16 pays.<br />

Les résultats montrent que le stress est un trouble majeur chez les personnes<br />

interrogées, devant l’anxiété et la dépression. Bien que la Suisse<br />

se situe dans la moyenne des statistiques internationales, plus de la<br />

moitié de la population (55%) souffre de symptômes de stress moyens<br />

à sévères. Lors de l’enquête similaire réalisée un an plus tôt, seule une<br />

personne sur trois déclarait en être affectée. Dans l’ensemble, toutefois,<br />

la population suisse est plutôt moins stressée que celle d’autres pays:<br />

la Suisse se place au quatrième rang derrière la Thaïlande, la France et<br />

le Mexique. Pour ce qui est des troubles psychiques comme la dépression<br />

ou l’anxiété, la Suisse évolue également dans la moyenne, même<br />

si plus d’une personne sur quatre (26%) dans notre pays se plaint de<br />

problèmes de santé mentale. Hormis en Chine et au Japon, l’étude met<br />

en lumière de fortes disparités entre les hommes et les femmes, ces dernières<br />

faisant état d’un sentiment de bien-être moindre, tous groupes<br />

d’âge confondus. Comparées aux hommes, elles sont ainsi de 24% plus<br />

nombreuses à éprouver de la solitude et de 22% plus nombreuses à<br />

souffrir de stress. Les femmes indiquent en outre éprouver plus de difficulté<br />

à répondre aux attentes de leur entourage (+29%) et affichent en<br />

moyenne des valeurs légèrement inférieures sur le plan de l’acceptation<br />

de soi et de la joie de vivre.<br />

02/<strong>2023</strong><br />

25<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


CUSTOMER RELATIONSHIP MANAGEMENT<br />

Le secret d’un bon<br />

suivi de la clientèle<br />

À l’ère de la digitalisation et dans un contexte de forte<br />

concurrence, le Customer Relationship Management (CRM)<br />

est plus que jamais d’actualité. Les solutions informatiques<br />

actuelles permettent d’obtenir, même avec peu de moyens,<br />

de grands effets en matière de suivi de la clientèle.<br />

Texte Melanie Ade Illustration: iStock<br />

V<br />

ous avez soumis une offre au client<br />

A, mais vous avez oublié quand<br />

il devait prendre sa décision? La<br />

cliente B s’est plainte, mais vous<br />

ignorez si et comment on lui est<br />

venu en aide? Alors il est grand temps de vous<br />

doter d’un Customer Relationship Management<br />

ou CRM. «Un CRM n’est rien d’autre qu’un outil<br />

informatique de gestion de la relation client.<br />

Avec le bon logiciel, toutes les démarches et les<br />

interactions relatives à l’acquisition et au suivi<br />

de la clientèle peuvent être planifiées, gérées et<br />

surveillées. Cela permet non seulement de fidéliser<br />

les clients, mais aussi d’optimiser les processus<br />

et donc de contribuer à la compétitivité<br />

de l’entreprise», explique Roger Busch, Senior<br />

Consultant chez topsoft Consulting. Voilà neuf<br />

ans que cet expert en informatique indépendant<br />

aide des entreprises à choisir et à évaluer des<br />

logiciels professionnels. Pour lui, le recours à<br />

un CRM est recommandé, même lorsque l’entreprise<br />

est de petite taille: «Bien connaître ses interactions<br />

avec sa clientèle est une exigence que<br />

chaque entreprise a ou devrait avoir. Toute PME<br />

a donc besoin au moins d’une base de données<br />

d’adresses bien tenue, répertoriant les sociétés,<br />

les contacts et les responsabilités.»<br />

«Avec le bon<br />

logiciel, toutes<br />

les démarches<br />

et les interactions<br />

relatives à<br />

l’acquisition et<br />

au suivi de la<br />

clientèle<br />

peuvent être<br />

planifiées,<br />

gérées et<br />

surveillées.»<br />

Roger Busch, Senior Consultant,<br />

topsoft Consulting<br />

Un aperçu centralisé des interactions<br />

Le principal avantage: un CRM fournit une<br />

vue d’ensemble détaillée de toutes les interactions<br />

avec la clientèle. E-mails, notes téléphoniques,<br />

documents d’offre: toutes les activités<br />

sont consignées de façon centralisée et donc<br />

consultables par chaque personne autorisée<br />

au sein de l’entreprise. Mais selon l’expert, un<br />

CRM a bien d’autres atouts: «Pour les sociétés<br />

qui dépendent de l’acquisition de nouveaux<br />

clients et projets, les solutions CRM offrent<br />

des fonctions permettant de piloter et de surveiller<br />

le processus de vente. Quand le client<br />

souhaite-t-il prendre sa décision sur l’offre<br />

soumise? En tant que vendeur, à quel moment<br />

dois-je le relancer? Quant aux entreprises travaillant<br />

principalement avec une base de clientèle<br />

stable, elles utilisent le CRM pour suivre la<br />

communication avec le client et notamment<br />

enregistrer les réclamations. Elles peuvent<br />

ainsi identifier de nouvelles possibilités de<br />

ventes croisées et poussées et les proposer à<br />

leur clientèle.»<br />

La qualité des données est déterminante<br />

Selon Roger Busch, un aspect est toutefois crucial:<br />

«Un CRM peut vous aider à gérer votre ▶<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

26 02/<strong>2023</strong>


CUSTOMER RELATIONSHIP MANAGEMENT<br />

Aperçu du<br />

marché des<br />

logiciels CRM<br />

Toutes les données sont fournies à titre purement<br />

indicatif. Les informations sur les solutions<br />

logicielles sont saisies par les fournisseurs<br />

eux-mêmes dans l’aperçu du marché topsoft<br />

(date de référence: 24.03.<strong>2023</strong>) et actualisées en<br />

permanence.<br />

Gestion des<br />

campagnes<br />

Représentation du déroulement de la campagne<br />

Libre définition des phases de campagne<br />

Transfert des leads dans l’Opportunity Mgmt<br />

Lancement de mailings basé sur des règles<br />

Définition des activités de suivi<br />

Planification des activités de suivi<br />

Acquisition et<br />

marketing<br />

Sélection des offres<br />

Vérification de la limite de crédit<br />

Key Account Management<br />

Veille concurrentielle<br />

Identification de la clientèle<br />

Gestion du contact avec la clientèle<br />

Marketing direct<br />

Gestion de l’offre<br />

Planification continue des ventes<br />

Planification commerciale/annuelle<br />

Calcul prévisionnel sur la base de l’historique<br />

Saisie des offres<br />

Date de relance<br />

Demandes de fournisseurs<br />

Surveillance des offres<br />

Agenda<br />

Enregistrement des interactions<br />

Répartition des activités<br />

Informations sur les priorités<br />

Planification des tâches à exécuter<br />

Planification des appels<br />

Prise de rendez-vous<br />

Nom<br />

Produit<br />

21.CRM<br />

Swiss21.org AG<br />

◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

Abex Visual-Adress<br />

Abex Software AG<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

Aeffectiv-CRM ProfBiz effimag Information<br />

Management AG<br />

blue office®<br />

blue office ag<br />

BSI CRM<br />

CAS genesisWorld<br />

cobra CRM<br />

combit CRM<br />

CRM – Microsoft<br />

Dynamics 365<br />

CRM SAP C/<br />

4HANA Sales Cloud<br />

CRManager<br />

cytanVertrieb<br />

BSI Business Systems<br />

Integration AG<br />

CAS Software AG<br />

cobra computerʼs<br />

brainware AG<br />

combit Software GmbH<br />

Nexplore AG<br />

AGILITA AG<br />

Intes GmbH<br />

HP Engineering GmbH<br />

djooze.crm<br />

Gartenmann<br />

Software AG<br />

econOffice CRM Datura Informatik +<br />

Organisation AG<br />

EGELI crm<br />

EGELI Informatik AG<br />

ForceManager<br />

HubSpot CRM<br />

Laurus CRM<br />

Mautic<br />

Microsoft D365 CRM<br />

CRM&SALES AG<br />

nextage GmbH<br />

LAURUS IT<br />

Inspiration AG<br />

Arcmedia AG<br />

BE-terna AG<br />

Microsoft Dynamics redPoint AG<br />

365 BC<br />

Microsoft Dynamics KUMAVISION AG<br />

365 for Marketing (Schweiz)<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

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◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

▶<br />

02/<strong>2023</strong> 27<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


CUSTOMER RELATIONSHIP MANAGEMENT<br />

Gestion des<br />

campagnes<br />

Acquisition et<br />

marketing<br />

Gestion de l’offre<br />

Agenda<br />

Représentation du déroulement de la campagne<br />

Libre définition des phases de campagne<br />

Transfert des leads dans l’Opportunity Mgmt<br />

Lancement de mailings basé sur des règles<br />

Définition des activités de suivi<br />

Planification des activités de suivi<br />

Sélection des offres<br />

Vérification de la limite de crédit<br />

Key Account Management<br />

Veille concurrentielle<br />

Identification de la clientèle<br />

Gestion du contact avec la clientèle<br />

Marketing direct<br />

Planification continue des ventes<br />

Planification commerciale/annuelle<br />

Calcul prévisionnel sur la base de l’historique<br />

Saisie des offres<br />

Date de relance<br />

Demandes de fournisseurs<br />

Surveillance des offres<br />

Enregistrement des interactions<br />

Répartition des activités<br />

Informations sur les priorités<br />

Planification des tâches à exécuter<br />

Planification des appels<br />

Prise de rendez-vous<br />

Nom<br />

myfactory<br />

mySTEPS.CRM<br />

nimfox CRM<br />

oceans CRM<br />

Produit<br />

myfactory Software<br />

Schweiz AG<br />

Step Ahead Schweiz AG<br />

Gartenmann<br />

Software A<br />

oceans GmbH<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

Odoo<br />

Camptocamp SA<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉<br />

Opacc Enterprise CRM Opacc Software AG<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

openCRX<br />

Proffix Px5<br />

Salesforce<br />

CRIXP Corp.<br />

Proffix Software AG<br />

elvadata ag<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

Salesforce.com<br />

Nexell GmbH<br />

◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

SAP Business One<br />

DATA UNIT AG<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

SelectLine CRM<br />

shakehands<br />

Kontor Pro<br />

SMARTCRM<br />

Softfolio CRM<br />

Sugar CRM<br />

SuperOffice CRM<br />

Topix8 CRM<br />

tosca CRM<br />

Vertec – CRM<br />

weclapp CRM<br />

Zoho CRM<br />

Gadola Information<br />

Systems GmbH<br />

ShakeHands<br />

Software Ltd<br />

SMARTCRM GmbH<br />

Leuchter IT Solutions AG<br />

weburi.com GmbH<br />

SuperOffice AG<br />

KMU Business<br />

Technologie Netzwerk<br />

dynasoft AG<br />

Vertec AG<br />

wawi GmbH<br />

KMU<br />

Digitalisierung GmbH<br />

◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉ ◉<br />

◉ ◉<br />

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<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

28 02/<strong>2023</strong>


CUSTOMER RELATIONSHIP MANAGEMENT<br />

clientèle, mais à condition que les données saisies<br />

soient de qualité. Lors de la mise en place<br />

d’un nouveau système, assurez-vous par conséquent<br />

que vos équipes soient bien formées et<br />

se perfectionnent régulièrement. En effet, pour<br />

tirer le meilleur profit du CRM, il faut que les<br />

données soient correctement saisies. Et n’oubliez<br />

pas: un CRM est un outil numérique utile,<br />

mais il ne remplacera jamais le contact personnel.»<br />

Des solutions individuelles pour des besoins<br />

individuels<br />

L’étendue du choix constitue un défi. En effet,<br />

difficile de garder une vue d’ensemble sur<br />

un marché suisse comptant 300 gros fournisseurs.<br />

À cela s’ajoutent de nombreux petits<br />

prestataires n’ayant que quelques installations<br />

et d’innombrables solutions individuelles spécialement<br />

conçues pour certaines entreprises.<br />

Pour trouver un système et un partenaire de<br />

mise en œuvre adéquats, il faut donc procéder<br />

de façon structurée et disposer d’une solide expérience.<br />

Pour la plupart des PME, choisir le<br />

L’expert<br />

Roger Busch accompagne<br />

des entreprises dans le choix<br />

et l’évaluation de logiciels<br />

professionnels ainsi que dans<br />

la conception et la réalisation<br />

de projets informatiques<br />

et de réorganisation<br />

complexes. Il intervient en<br />

tant que conseiller dans les<br />

branches et pour les fonctions<br />

les plus diverses, en<br />

Suisse et à l’étranger. Avant<br />

de rejoindre le réseau de<br />

conseil topsoft, cet ingénieur<br />

électricien et commercial a<br />

occupé différents postes chez<br />

un éditeur de logiciel actif<br />

à l’international et chez un<br />

grossiste suisse. Aujourd’hui,<br />

il soutient les PME de façon<br />

ciblée sur leur chemin vers<br />

une digitalisation efficace.<br />

topsoft.ch<br />

bon logiciel sur un marché aussi morcelé n’a<br />

rien d’évident: «Les exigences à l’égard du CRM<br />

varient d’une entreprise à l’autre. Il n’existe<br />

donc pas de solution valable pour toutes», indique<br />

Roger Busch. Il conseille aux entreprises<br />

de commencer par effectuer un état des lieux:<br />

quels sont nos processus les moins efficaces<br />

pour gérer les interactions avec la clientèle et<br />

qu’attendons-nous d’un CRM? Quels autres logiciels<br />

voulons-nous intégrer avec le CRM? Et<br />

enfin: quel est notre budget? «En cas de doute,<br />

faites appel à un conseil indépendant pour vous<br />

guider dans votre choix. Un CRM a beau avoir<br />

des fonctions techniques attrayantes, s’il ne<br />

vous aide pas au quotidien, l’objectif est raté.»<br />

Nous vous présentons ici un aperçu des principaux<br />

fournisseurs de solutions CRM en Suisse<br />

et espérons vous donner ainsi quelques pistes.<br />

<br />

●<br />

Plus de benefits.<br />

Pour vous et vos collaborateurs.<br />

Avec les avantages modulaires de Swibeco, vous<br />

augmentez le pouvoir d’achat de vos employés. Très<br />

simplement grâce aux réductions permanentes auprès<br />

de centaines d’enseignes et grâce aux benefits<br />

personnalisés, entièrement exonérés d'impôts. Ainsi<br />

vous attirez les meilleurs talents et améliorez la<br />

motivation de vos collaborateurs.<br />

Calculez vos économies et demandez une démo.<br />

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Inclus<br />

Pour sociétés<br />

avec contrat<br />

LPP ou APG<br />

d'AXA.<br />

02/<strong>2023</strong> 29<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


30<br />

ENTRETIEN MARKETING<br />

AVEC GIADA ILARDO<br />

«Il faut parfois<br />

savoir prendre<br />

des décisions<br />

radicales pour<br />

s’améliorer»<br />

Giada Ilardo a ouvert son premier studio de piercing à 16 ans. Aujourd’hui, elle exerce<br />

son activité dans une boutique phare de 450 m 2 répartis sur trois étages dans<br />

la Bahnhofstrasse, à Zurich. Elle nous explique comment elle a conquis le segment<br />

du luxe avec sa ligne de piercings et de bijoux et pourquoi, quand on est entrepreneuse,<br />

il faut parfois savoir prendre des décisions radicales.<br />

Entretien Melanie Ade<br />

Giada Ilardo, que signifient pour vous<br />

les tatouages et les piercings?<br />

Pour moi, ce sont des formes d’art qui non<br />

seulement ornent et embellissent le corps,<br />

mais peuvent aussi sublimer la particularité<br />

d’une personne. Nous voulons tous nous sentir<br />

beaux et uniques et nous affirmer par nos vêtements,<br />

nos styles capillaires et nos bijoux. C’est<br />

précisément ce que permettent le tatouage et<br />

le piercing.<br />

Votre success-story a commencé avec le<br />

piercing. Quel a été votre cheminement?<br />

À 14 ans, j’ai eu envie d’avoir mon premier<br />

piercing et, avec ma mère, nous avons cherché<br />

un studio approprié. Une expérience pour le<br />

moins décevante.<br />

Aviez-vous un business plan concret?<br />

Non, pas au sens où on l’entend habituellement.<br />

En réalité, l’entreprise a connu une<br />

croissance organique. Après ma formation,<br />

j’ai acquis le matériel nécessaire et réalisé mes<br />

premiers piercings sur mes copines, dans ma<br />

chambre à la maison. Le bouche-à-oreille a rapidement<br />

fait son œuvre, si bien que, après la<br />

famille et les amis, la clientèle a commencé à<br />

affluer de l’extérieur. Cinq mois plus tard, en<br />

décembre 1999, j’ouvrais mon premier studio<br />

de piercing et de tatouage.<br />

Comme je l’ai dit, je n’avais pas de véritable<br />

business plan, mais ma vision a toujours été<br />

claire: révolutionner la branche du piercing et<br />

du tatouage. Et, un jour ou l’autre, gérer une<br />

boutique sur la Bahnhofstrasse.<br />

Pourquoi?<br />

La plupart des lieux que nous avons vus<br />

étaient si crasseux et peu engageants que nous<br />

avons à peine osé y entrer. C’est à ce moment-là<br />

qu’a commencé à germer dans mon esprit l’idée<br />

que cette forme d’expression artistique ne devait<br />

pas être réservée au milieu underground,<br />

mais devait être accessible au plus grand<br />

nombre. Elle devait aussi se déployer dans un<br />

environnement où une mère et sa fille se sentiraient<br />

détendues et en sécurité. J’ai donc décidé<br />

de suivre une formation de piercing et de me<br />

lancer comme indépendante. J’avais 16 ans.<br />

Portrait<br />

Giada Ilardo est entrepreneuse<br />

et propriétaire de<br />

Giada Ilardo & Giahi, marque<br />

leader européenne du piercing<br />

et du tatouage. L’entreprise<br />

et ses deux boutiques<br />

phares de Zurich emploient<br />

aujourd’hui 30 collaboratrices<br />

et collaborateurs et artistes<br />

du monde entier.<br />

giahi.ch<br />

Quelles compétences faut-il avoir, à un<br />

âge aussi jeune, pour créer avec succès<br />

une entreprise?<br />

D’abord, il faut avoir une foi inébranlable en<br />

soi-même, en ses capacités et en ses idées. On<br />

doit être animé par la passion. Ensuite, il faut<br />

être tenace et ne jamais baisser les bras, même<br />

quand les choses ne se passent pas comme on<br />

le souhaiterait. Et enfin, il y a la chance, qui<br />

nous fait être au bon moment au bon endroit.<br />

Vous avez rapidement agrandi et<br />

étendu votre entreprise, puisque,<br />

▶<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

30<br />

02/<strong>2023</strong>


ENTRETIEN AVEC GIADA ILARDO<br />

Travailler dur, innover sans cesse<br />

et croire en soi: voilà le secret de la<br />

réussite de cette entrepreneuse<br />

dynamique.<br />

Photos: màd/Giahi<br />

«D’abord, avoir une foi inébranlable en soi-même,<br />

en ses capacités et en ses idées.»<br />

02/<strong>2023</strong> 31<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


ENTRETIEN MARKETING<br />

AVEC GIADA ILARDO<br />

six mois après la création de votre<br />

premier studio, vous en ouvriez<br />

un deuxième, puis trois autres.<br />

Quel est le secret de votre réussite?<br />

De l’extérieur, cela peut sembler rapide. En<br />

vérité, il m’a fallu 23 ans pour arriver où j’en<br />

suis aujourd’hui. C’est long. Si j’ai un secret,<br />

c’est d’innover sans cesse et de ne jamais faire<br />

du sur place. Au fil des années, j’ai continuellement<br />

développé mon entreprise pour l’adapter<br />

aux besoins de l’économie et de la société.<br />

Il faut être ambitieux et prêt à tout mettre en<br />

œuvre pour réussir.<br />

Y a-t-il aussi eu des coups durs?<br />

Bien entendu. Il y en a eu, il y en a encore et il<br />

y en aura d’autres, cela fait partie de l’entrepreneuriat.<br />

Mais ce sont ces situations-là qui nous<br />

renforcent et qui affûtent notre discernement,<br />

notre instinct et nos compétences. J’ai autant<br />

appris de mes échecs que de mes succès.<br />

Rétrospectivement, changeriez-vous<br />

quelque chose?<br />

Avec ce que je sais aujourd’hui, il y a beaucoup<br />

de choses que je ferais différemment. Mais,<br />

si je n’avais pas vécu ce que j’ai vécu, je n’aurais<br />

pas les mêmes connaissances et je ne serais pas<br />

l’entrepreneuse que je suis désormais. Donc:<br />

non, je ne changerais rien.<br />

Aujourd’hui, vous concentrez vos<br />

activités sur deux boutiques phares à<br />

Zurich. Vous avez fermé vos autres studios.<br />

Qu’est-ce qui a motivé ce changement<br />

de stratégie?<br />

Il faut parfois savoir prendre des décisions radicales<br />

pour s’améliorer. Les cinq studios marchaient<br />

bien. Mais, comme chacun était une<br />

boutique phare idéalement située, cela signifiait<br />

un travail logistique considérable, auquel<br />

s’ajoutait une structure des coûts inefficace. Je<br />

voulais un modèle commercial allégé, capable<br />

d’évoluer à un coût raisonnable. Aujourd’hui,<br />

nous avons tout réuni sous un même toit, de<br />

l’atelier aux sites de production de nos bijoux,<br />

et du showroom aux locaux techniques, ce qui<br />

nous permet d’exploiter les synergies de façon<br />

optimale. En outre, je suis bien plus proche de<br />

mon personnel et de ma clientèle qu’avant, et<br />

c’est pour moi un grand enrichissement sur le<br />

plan humain.<br />

Quel rôle l’emplacement joue-t-il dans<br />

votre branche?<br />

En quelques<br />

mots<br />

Tatouage ou piercing<br />

Les deux!<br />

Présence sur les<br />

réseaux sociaux<br />

Instagram<br />

Pour moi, l’école était<br />

Ennuyeuse<br />

Ma plus grande force<br />

Ma foi<br />

Ce n’est pas mon fort<br />

La patience<br />

Mes modèles<br />

personnels<br />

Tous ceux qui savent faire<br />

quelque chose mieux que moi<br />

Ce que je veux encore<br />

apprendre<br />

À piloter un avion<br />

<strong>Mon</strong> lieu préféré sur la<br />

Terre<br />

Partout où est ma famille<br />

Le lieu où je veux passer<br />

mes vieux jours<br />

Peu importe, pourvu que je<br />

puisse profiter de la vie et tout<br />

tenter<br />

De toute évidence, la boutique de la Bahnhofstrasse<br />

nous a permis de nous affirmer sur<br />

un nouveau segment de marché. Mais conquérir<br />

le marché du luxe grâce au piercing n’était finalement<br />

que la suite logique dans la concrétisation<br />

de ma vision. Cela dit, nous avons à peine<br />

commencé à déployer notre potentiel. Nous<br />

avons déjà reçu une série d’offres très intéressantes,<br />

que nous sommes en train d’étudier.<br />

Votre public cible est-il différent de<br />

celui des studios classiques?<br />

Toute personne est la bienvenue chez nous.<br />

D’ailleurs, notre public est très divers: de la maman<br />

qui veut offrir un percement des oreilles à<br />

son enfant à l’ado qui ose son premier piercing,<br />

en passant par le couple âgé qui recherche un<br />

bijou extravagant pour ses noces d’or. Et, bien<br />

sûr, le duo mère-fille, qui me touche toujours<br />

beaucoup.<br />

Les tatouages et les piercings sont-ils<br />

toujours aussi demandés, ou la tendance<br />

est-elle à plus de naturel?<br />

La demande pour les bijoux de corps ne faiblit<br />

pas. Ce qui a changé, c’est l’état d’esprit. Avant,<br />

se faire piercer ou tatouer était un acte de rébellion<br />

pour sortir du lot. De nos jours, il s’agit plutôt<br />

d’embellir son corps et de le rendre unique.<br />

Vous êtes une entrepreneuse pur-sang<br />

et mère de deux enfants. Comment<br />

conciliez-vous ces deux rôles?<br />

Pour commencer, je n’essaie pas d’être parfaite!<br />

J’ai la chance d’être très soutenue par ma<br />

famille et, dans mon entreprise à la structure<br />

bien huilée, je suis entourée de collaboratrices<br />

et de collaborateurs incroyables, grâce à qui je<br />

peux agir tout en souplesse.<br />

Quel est le signe distinctif de la<br />

culture d’entreprise de Giada Ilardo &<br />

Giahi?<br />

Nous favorisons une culture très inclusive,<br />

valorisante et ouverte. La hiérarchie, ce<br />

n’est pas pour nous: nous travaillons sur un<br />

pied d’égalité. Il m’importe que les problèmes<br />

soient abordés sans tarder et résolus ensemble,<br />

et c’est pourquoi nous cultivons une communication<br />

ouverte et constructive. D’ailleurs, mon<br />

bureau n’a pas de porte, si bien que je suis accessible<br />

à tout moment.<br />

Comment continue-t-on de développer<br />

une affaire comme la vôtre?<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

32 02/<strong>2023</strong>


L’entreprise de Giada Ilardo se<br />

distingue par sa propre collection de<br />

bijoux et de piercings, des concepts de<br />

tatouage individuels et personnalisés,<br />

ainsi qu’un environnement élégant et<br />

raffiné.<br />

Je suis très attentive aux nouveautés et à<br />

l’air du temps, j’observe l’évolution de notre<br />

branche tout en m’inspirant des idées qui émergent<br />

dans d’autres secteurs pour les intégrer<br />

dans mon modèle d’affaires en vue de créer de<br />

nouveaux débouchés. Par exemple, je vois un<br />

grand potentiel dans la conception de bijoux,<br />

et c’est pourquoi nous nous concentrons sur la<br />

création et la production de notre propre ligne<br />

de bijoux et de piercings. Le thème du métavers<br />

nous intéresse aussi beaucoup, et nous développons<br />

nos propres motifs de tatouage pouvant<br />

être achetés sous forme de jetons non fongibles.<br />

Dans le domaine de l’embellissement corporel,<br />

il y a aussi de nombreuses offres et prestations<br />

«Si j’ai un<br />

secret, c’est<br />

d’innover<br />

sans cesse et<br />

de ne jamais<br />

faire du<br />

sur place.»<br />

de services qui n’existent pas encore en Suisse.<br />

Tout cela reste passionnant!<br />

Quels souhaits formez-vous pour<br />

l’avenir?<br />

Pour moi-même, vivre ma vie pleinement,<br />

sous toutes ses facettes. Et pour mon entreprise,<br />

croissance et prospérité. <br />

●<br />

02/<strong>2023</strong> 33<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


Ma fierté<br />

Flavien Cassier,<br />

Rubbee<br />

Rubbee transforme le vélo classique en vélo électrique<br />

À la recherche d’un système simple et pratique<br />

pour convertir un vélo normal en vélo<br />

électrique, nous avons trouvé la perle rare en<br />

Rubbee, dont nous sommes devenus importateurs<br />

exclusifs pour la Suisse. L’utilisation du<br />

kit est simple: il se fixe sur la tige de selle et<br />

s’abaisse en un geste pour entraîner la roue arrière<br />

du vélo. Pour rouler en mode «normal»,<br />

il suffit de le relever. Rubbee est donc intéressant<br />

pour les personnes qui, par exemple,<br />

recherchent une assistance au pédalage pour<br />

leurs déplacements quotidiens, mais préfèrent<br />

faire travailler leurs muscles le week-end. Ce<br />

concept répond à une véritable demande, et<br />

le succès a été au rendez-vous dès la phase de<br />

lancement il y a trois ans. Installés à Rolle,<br />

nous réalisons environ 95% de nos ventes en<br />

ligne, essentiellement auprès d’une clientèle<br />

romande. Heureux de transmettre notre enthousiasme<br />

pour Rubbee et fiers d’avoir réussi<br />

à nous établir sur le marché romand, notre<br />

objectif est maintenant de développer notre<br />

activité en Suisse alémanique.<br />

rubbee.ch<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

34 02/<strong>2023</strong>


Ma fierté<br />

Pedro Schmidt,<br />

KA-EX<br />

Complément alimentaire KA-EX: histoire d’un succès<br />

L’idée de KA-EX m’est venue après une nuit bien arrosée<br />

avec des amis. Nous avons cherché en droguerie<br />

un produit pour nous remettre d’aplomb, mais avons<br />

fait chou blanc. C’est ainsi que j’ai décidé de m’atteler<br />

à la conception d’un produit qui favorise la récupération.<br />

Je disposais du savoir-faire nécessaire grâce à mes<br />

études de pharmacie. Après cinq années de recherche<br />

et de développement, KA-EX a été lancé en octobre 2017<br />

dans 15 pharmacies en Suisse. De 15, nous sommes passés<br />

à 50. Peu de temps après, notre produit était disponible<br />

dans toutes les pharmacies du pays. Notre entrée<br />

dans le commerce généraliste a rapidement suivi. À<br />

mesure que la popularité de KA-EX se développait, les<br />

sportives et les sportifs ont à leur tour découvert son<br />

effet régénérant. Nous sommes fiers d’approvisionner<br />

aujourd’hui le FC Bâle, le FC Zurich, quelques clubs de<br />

la Bundesliga et plus de mille athlètes professionnels.<br />

Nous sommes actuellement en pleine expansion sur de<br />

nouveaux marchés et ciblons plus particulièrement les<br />

États-Unis. Notre objectif à long terme serait un exit,<br />

à savoir une revente réussie ou une introduction en<br />

bourse. Nous pourrions avoir atteint la taille nécessaire<br />

pour cela dès 2025.<br />

ka-ex.com<br />

02/<strong>2023</strong> 35<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


Prenez place dans<br />

Audi Business Class<br />

En tant que PME, chez Audi, vous bénéficiez<br />

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consommateur. Financement par AMAG Leasing AG. Cette offre est valable pour les contrats de vente conclus jusqu’au<br />

30.6.<strong>2023</strong> ou jusqu’à révocation, sous réserve de modifications. Valable pour tous les véhicules importés par<br />

AMAG Import SA. Recommandation de prix sans engagement de l’importateur AMAG Import SA. * EnterprisePlus: offre<br />

commerciale, valable uniquement si l’entreprise est inscrite au registre du commerce et si l’immatriculation est au nom<br />

de l’entreprise.

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