Le Brécaillon - Musée Militaire Genevois
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sorties.<br />
MAI-JUIN 1860 - GENÈVE PROTÉGÉE PAR L'ARTILLERIE LUCERNOISE<br />
Dans ces désagréables conditions, les sous-officiers de la batterie prirent la<br />
plume et, dans la quatrième semaine de service, adressèrent, au nom de tous, une lettre<br />
à «Au Département militaire, à l'intention du haut Conseil d'Etat du canton de<br />
Lucerne». «On s'est vu contraint de rédiger une pétition pour informer les plus hauts<br />
responsables... Dans le service actuel à Genève, seul le vin s'achète facilement, mais<br />
tout le reste, même les moindres repas, sont incroyablement chers.» Pour celui qui ne<br />
reçoit pas d'argent de sa famille, il est impossible de vivre avec sa solde. En se référant<br />
à la bonne réputation de la Bttr 12, on croit que les très distingués Messieurs devraient<br />
accorder sans délai une petite compensation à ceux qui sont soumis aux obligations<br />
militaires et «qui se mettent à la disposition de la patrie, pour leurs sacrifices<br />
importants, étant donné que la plupart a déjà fait plusieurs cours de répétition». Signé<br />
par sept sergents, dix caporaux et deux appointés.<br />
<strong>Le</strong> retour au pays<br />
Avant que n'arrive une réponse de Lucerne, les préparatifs du retour<br />
commencèrent. On prit le train jusqu'à Neuchâtel, cette fois-ci sous une pluie<br />
abondante. Avant Yverdon, une roue chauffa, juste au-dessous d'un lot de munition de<br />
guerre. A leur arrivée, les soldats qui, pendant le trajet avaient gardé les pièces<br />
d'artillerie sur les wagons ouverts, ressemblaient à des ramoneurs trempés. De<br />
Neuchâtel, à pied on rejoignit Aarberg le premier soir et Soleure le lendemain à midi,<br />
assez tôt encore pour prendre le train pour Lucerne via Herzogenbuchsee et Olten. Là,<br />
il fallut tout de suite débarquer du train et marcher avec le shako (haut comme une<br />
tour) sur la tête, vers la place de la Poste, «accueillis avec enthousiasme par les<br />
habitants».<br />
Avant le licenciement, le directeur militaire lut une lettre dans laquelle le<br />
Colonel Ziegler établissait «un constat extrêmement honorable» pour la batterie et<br />
informait que le Gouvernement avait décidé la veille de payer aux sous-officiers et à<br />
la troupe deux jours de solde supplémentaires, les frais de repas en plus. <strong>Le</strong>s officiers<br />
reçurent un «Abendtrunk».<br />
Cette fois-ci à Lucerne, on distribua aussi des billets d'hébergement à ceux qui<br />
n'habitaient pas dans la ville, mais beaucoup préférèrent rentrer à la maison et revenir<br />
le lendemain avec le premier train du matin.<br />
<strong>Le</strong>s journaux locaux vantèrent les connaissances militaires et l'attitude<br />
remarquable des Lucernois, alors que «Der Bund» faisait remarquer qu'ils avaient<br />
mieux appris à connaître Genève et qu'une quantité de préjugés avaient été dissipés.<br />
<strong>Le</strong>s rapports quotidiens amicaux et l'échange de sentiments patriotiques et confédéraux<br />
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MAI-JUIN 1860 - GENÈVE PROTÉGÉE PAR L'ARTILLERIE LUCERNOISE<br />
avaient porté leurs meilleurs fruits et ce tant pour les <strong>Genevois</strong> que pour les Suisses<br />
alémaniques.<br />
<strong>Le</strong>s troupes cantonales qui, en 1860, firent leur service à Genève en portant le<br />
brassard fédéral, ne pouvaient pas rattraper les défaillances des diplomates. A Paris, on<br />
sut à quel point les Suisses, et non seulement les <strong>Genevois</strong>, furent divisés sur la<br />
question savoyarde. Quand les Savoyards se furent finalement prononcés dans un vote,<br />
adroitement mis en scène , contre la partition de leur pays, Napoléon III n'eut plus<br />
besoin de prendre des égards envers les revendications de la Confédération. Bien sûr,<br />
le Conseil Fédéral s'adressa dans cette affaire aux Puissances qui avaient signé le traité<br />
de Vienne de 1815, mais sans succès. A l'étranger, l'image de la Suisse fut altérée. <strong>Le</strong><br />
jeune État fédéral avait visiblement encore beaucoup à apprendre en ce qui concerne<br />
la politique étrangère. Cela n'a pas nui aux fiers souvenirs des artilleurs lucernois de la<br />
Bttr 12.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong><br />
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