Le Brécaillon - Musée Militaire Genevois
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QUELQUES SOUVENIRS «D'AVANT» LE MUSÉE MILITAIRE GENEVOIS<br />
La députée réplique à juste titre que sa question ne porte pas sur «l'utilité ou<br />
l'inutilité d'un musée militaire». Mais elle poursuit dans son idée, déclarant que «dans<br />
le futur musée militaire, on pourrait également montrer ce qu'est la troupe, ce qu'elle a<br />
été et surtout exposer les motivations socio-économiques qui poussaient les jeunes<br />
gens suisses à s'engager dans des régiments au service de l'étranger».<br />
Un an plus tard, le département est un peu plus précis en s'adressant au corps<br />
législatif, car sa demande de renouvellement de la subvention au budget 1980 est<br />
accompagnée d'une description de l'état du projet. <strong>Le</strong>s députés apprennent ainsi que le<br />
musée «de dimension modeste, est essentiellement destiné à illustrer l'histoire de la<br />
tradition militaire de Genève, canton suisse, de la Restauration à nos jours, et ceci par<br />
la mise en valeur de collections que les musées de la ville ne sont pas en mesure<br />
d'exposer, faute de place» (5) .<br />
…et ambiance de guerre froide au Conseil municipal<br />
Si la subvention de l'Etat est annuelle, celle que le Conseil administratif prévoit<br />
d'accorder est unique. Mais elle est six fois plus importante. Il n'est donc pas étonnant<br />
que le débat soit plus nourri. Par contre la ligne de fracture entre les intervenants est<br />
très semblable. Et comme au Grand Conseil, il y est moins question du montant ou de<br />
l'existence du musée que de grands problèmes politiques et idéologiques.<br />
Sollicité par l'association, le Conseil administratif part du constat suivant: bien<br />
que le Conseil d'Etat ait décidé le 14 octobre 1981 de prendre à sa charge le coût des<br />
travaux de réfection des locaux et qu'il ait renouvelé sa subvention, le musée ne peut<br />
ouvrir ses portes, encore et toujours pour des raisons financières. L'exécutif propose<br />
donc en avril 1982 un arrêté dont l'article premier stipule qu'il est ouvert «au Conseil<br />
administratif un crédit de 300 000 francs pour l'octroi d'une aide financière à caractère<br />
exceptionnel à l'Association du <strong>Musée</strong> militaire genevois destinée à l'aménagement<br />
muséographique et à la sécurité des objets exposés dans le futur <strong>Musée</strong> militaire<br />
genevois…»<br />
<strong>Le</strong> conseiller municipal Jacques Hämmerli prend le premier la parole pour<br />
déplorer que les riches collections du <strong>Musée</strong> d'art et d'histoire «croupissent dans des<br />
caisses, demeurant ainsi inaccessibles au public». Cette situation insatisfaisante est due<br />
non à la volonté du musée, mais au manque de place. Il s'agit de mettre en valeur la<br />
période de la Restauration à nos jours. Et de conclure: «Genève étant le seul canton<br />
romand qui ne présente quasiment rien de son histoire militaire au XIXe siècle,<br />
remédions sans retard à cet état de fait en étudiant avec bienveillance la proposition qui<br />
nous est soumise».<br />
A noter que «M. Hämmerli est pris à partie par la gauche» pendant son<br />
intervention. Ce qu'il faut sans doute considérer comme un euphémisme de<br />
mémorialiste…<br />
C'est d'ailleurs une conseillère du parti du travail qui intervient ensuite pour<br />
demander que la somme soit utilisée «en faveur de la recherche pour la paix», par<br />
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QUELQUES SOUVENIRS «D'AVANT» LE MUSÉE MILITAIRE GENEVOIS<br />
exemple en soutenant le GIPRI (Geneva International Peace Research Institute, fondé<br />
en 1980 ndla) dont la situation est précaire et dont elle prend bien soin de préciser qu'il<br />
ne s'agit pas d'une «officine téléguidée par des milieux frères ou amis»…<br />
C'est ensuite un représentant socialiste qui s'étonne que l'on ouvre un musée<br />
militaire à proximité du <strong>Musée</strong> de la Croix-Rouge, également subventionné par la<br />
Ville. Ceux qui s'intéressent aux armes n'ont qu'à se rendre à Morges ou à Thoune.<br />
Même si ce nouveau musée a «un caractère historique, folklorique, de nature à<br />
Lors de l’inauguration: MM. Petit, Gaudet-Blavignac et Dominicé (photo MMG).<br />
satisfaire certains nostalgiques des deux guerres», la Ville doit choisir son camp.<br />
J. Hämmerli rappelle alors que le <strong>Musée</strong> d'art et d'histoire n'expose que des<br />
pièces datant de l'époque de l'Escalade. Et l'Escalade «c'est un fait militaire. Ce n'est ni<br />
un pique-nique, ni une fête folklorique. C'est un fait militaire (…) Si expliquer aux<br />
générations d'aujourd'hui ce qui s'est passé autrefois, aussi dans le domaine militaire,<br />
est un crime, dites-le». Car il n'est pas question de créer un «temple à la gloire de<br />
l'armée».<br />
Un orateur libéral estime pour sa part qu'il s'agira plutôt de rendre hommage<br />
aux militaires qui ont rempli leurs obligations pendant les deux guerres mondiales. Et<br />
c'est un élu vigilant qui clôt ce premier débat en rappelant que Guillaume-Henri<br />
Dufour était général, mais qu'il est aussi l'un des fondateurs de la Croix-Rouge.<br />
Un second débat a lieu le 7 septembre 1982 sur les rapports des commissions<br />
des beaux-arts et des finances. <strong>Le</strong>s discussions au sein de la première de ces<br />
commissions ont été très animées car «deux tendances s'affrontent»: ceux qui veulent<br />
aider l'institut de recherches pour la paix et que crispe le refus de commémorer les<br />
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