28.01.2013 Views

Le Brécaillon - Musée Militaire Genevois

Le Brécaillon - Musée Militaire Genevois

Le Brécaillon - Musée Militaire Genevois

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

LAUSANNE 1964 ET GENEVE 1968 - L'ARMEE S'EXPOSE<br />

Car répétons-le encore une fois: en cette période de profondes mutations<br />

sociales et économiques, en pleine guerre froide, face aux grandes puissances,<br />

surgissent des interrogations et naissent des doutes. «Tout cela va vite, toujours plus<br />

vite. <strong>Le</strong> monde a tellement changé en 25 ans qu'il ne se reconnaît plus. Et la Suisse?<br />

(…) La Suisse entend-elle encore la marche du temps? L'Exposition de 1964 doit nous<br />

aider à répondre» affirme <strong>Le</strong> livre de l'Expo.<br />

Journée de l'armée (carte postale de l'Expo 64).<br />

A ces questions, dans le domaine militaire, la Suisse vigilante veut répondre<br />

(nous avons déjà mentionné les questions-réponses du Prologue). Répondre est<br />

d'autant plus nécessaire que certains mouvements se sont manifestés en faveur d'un<br />

désarmement unilatéral, qui montrerait ainsi l'exemple. Et même parmi ceux qui ne<br />

remettent pas en cause une défense nationale, il en est qui pensent que l'on dépense<br />

trop pour elle et que ces sommes pourraient servir à appuyer de par le monde la<br />

vocation humanitaire de la Suisse. «Ces questions, le Département militaire fédéral n'a<br />

pas voulu les taire; il en a conscience et le montre en abordant le dialogue avec le<br />

visiteur et en lui donnant les réponses qui fondent sa propre conviction» précise le chef<br />

50 <strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong><br />

LAUSANNE 1964 ET GENEVE 1968 - L'ARMEE S'EXPOSE<br />

de secteur dans le Livre d'or. (14)<br />

Il convient de mettre ces propos en perspective avec divers événements<br />

survenus dans la décennie écoulée. <strong>Le</strong>s années 50 sont en effet cruciales pour l'armée:<br />

elle doit franchir le seuil d'une nouvelle modernité, donc s'émanciper de conceptions<br />

héritées du dernier service actif (par exemple le Réduit). (15) Des questions<br />

fondamentales se posent: doctrine d'engagement, organisation et articulation des<br />

unités, équipement et armement, y compris atomique. C'est dire que le débat est nourri,<br />

d'abord au sein même de l'autorité et des cercles militaires, ensuite dans l'opinion<br />

publique.<br />

Il ne s'agit pas ici d'examiner en détail le «Konzeptionsstreit» qui oppose<br />

partisans d'une défense mobile, laquelle implique une forte mécanisation et un solide<br />

appui aérien, à ceux d'une défense plus statique, plus économique, établie sur un réseau<br />

de points d'appui. (16) L'OT 61 (organisation des troupes 1961) représente dans une<br />

certaine mesure un compromis entre ces deux conceptions. Elle remplace l'OT 51 et<br />

reste en vigueur plus de 30 ans (jusqu'à l'Armée 95). A son sujet, laissons la parole à<br />

Paul Chaudet, l'un des artisans de cette réforme: «Par l'organisation des troupes de<br />

1961, nous avons voulu une armée de campagne moins nombreuse, mais dotée d'une<br />

plus grande mobilité et d'une plus grande puissance de feu. Sous la couverture d'une<br />

aviation efficace, il importait que sa mise en place pût s'effectuer avec la sécurité<br />

nécessaire d'une protection frontière renforcée. L'abaissement de la limite d'âge pour<br />

le service de 60 à 50 ans devait permettre de tenir des effectifs mieux étoffés à la<br />

disposition des organismes de défense civile et de défense économique». Notons,<br />

s'agissant de ce dernier point, que l'on prépare ainsi le développement futur de la<br />

défense générale.<br />

La nouvelle organisation divise le territoire en quatre grands compartiments: la<br />

zone frontière, le plateau, le massif alpin et l'espace aérien. L'armée compte quatre<br />

corps d'armée, trois de campagne et un de montagne, soit 12 divisions (6 de campagne,<br />

trois mécanisées et trois de montagne). Comme mentionné ci-dessus, les classes d'âge<br />

sont modifiées et s'articulent comme suit: l'Elite de 21 à 32 ans, la Landwehr de 33 à<br />

42 ans et le Landsturm de 43 à 50 ans. Enfin les gardes locales, devenues<br />

singulièrement anachroniques, sont supprimées. Selon l'historien H. R. Kurz, l'OT 61<br />

ne réglait pas la question de la «conception opérative». Sous la pression des Chambres<br />

et suite à l'affaire des Mirages, le Conseil fédéral n'expose sa conception globale de la<br />

défense nationale qu'en 1966, dans un rapport présenté le 6 juin. (17)<br />

C'est aussi à cette époque que l'armée se modernise de façon spectaculaire:<br />

introduction du fusil d'assaut Fass 57 et de la tenue d'assaut; achats de blindés en<br />

quantité - chars légers 51 (AMX 13) et chars 55 (Centurion Mk III); processus<br />

d'acquisition d'un avion de combat moderne entamé en 1958 (Mirage III). Et la liste<br />

n'est pas exhaustive.<br />

L'armée ne manque pas l'occasion de montrer ces nouveautés au public. Avant<br />

de le faire à Lausanne en 1964, elle le fait, par exemple, à Payerne le 14 mai 1959.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong><br />

51

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!