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Le Brécaillon - Musée Militaire Genevois

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LAUSANNE 1964 ET GENEVE 1968 - L'ARMEE S'EXPOSE<br />

visiteur peut lire sur une paroi métallique, de part et d'autre d'un drapeau suisse, ces<br />

«mots incisifs»: Notre destin est en nos mains / Auf Dich kommt es an / Dipende da<br />

noi tutti / Da Tei dependa ei. Sous la terrasse se trouve l'exposition d'armes et<br />

d'équipements, ainsi qu'une section consacrée à la protection civile.<br />

Comme nous l'avons déjà relevé, l'objectif est clair: «il faut que soient dissipés<br />

les doutes qui peuvent parfois venir à l'esprit quant aux possibilités qu'a la Suisse de<br />

conserver, en notre temps, son indépendance» (Bulletin d'information n° 5). (6) En cela,<br />

l'armée se distingue du reste de l'Expo. Celle-ci est destinée, dans l'esprit des<br />

organisateurs, à questionner l'avenir, à s'interroger, donc dans une certaine mesure à<br />

douter. Si «la Suisse vigilante» part effectivement du constat que l'on peut douter,<br />

s'interroger et hésiter, elle y répond sans l'ombre d'un doute ou d'une hésitation: elle<br />

affirme la nécessité et la pérennité de la volonté de défense, laquelle trouve sa<br />

traduction dans une armée consciente de son rôle et bien équipée pour tenir celui-ci. (7)<br />

Cette affirmation de soi s'exprime non seulement dans l'exposition, mais<br />

également dans un programme d'activités diverses: manifestations sportives<br />

(championnats d'été par équipes, courses de patrouilles et d'orientation), assemblées<br />

d'associations (SCF et conductrices militaires) et surtout Journées de l'armée les 11-12<br />

mai et démonstration à Bière les 5 et 9 septembre. Pour Paul Chaudet, Conseiller<br />

fédéral en charge du Département militaire fédéral, «les défilés militaires de 1959 à<br />

Payerne, de 1963 à Dübendorf et les journées de Bière en 1964, ont donné une<br />

démonstration éclatante de notre volonté de défense. A ceux qui étaient enclins à en<br />

Plan et coupe de la Suisse vigilante (Lausanne 1964, construire une exposition).<br />

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LAUSANNE 1964 ET GENEVE 1968 - L'ARMEE S'EXPOSE<br />

douter, ils apportaient une réponse claire. La tenue des troupes, la participation et<br />

l'enthousiasme du public faisaient éclater au grand jour les sentiments de nos<br />

concitoyens». (8)<br />

Sans doute y a-t-il derrière cette assurance affichée un doute. Ou plutôt une<br />

certitude: si la cause est juste, la foi doit être entretenue. Et c'est un éternel<br />

recommencement…<br />

<strong>Le</strong> film<br />

<strong>Le</strong> film, dont nous avons vu qu'il est l'élément central de l'exposition, vaut à lui<br />

seul un bref développement.<br />

<strong>Le</strong>s milieux militaires sont conscients de longue date de l'utilité et de<br />

l'efficacité du cinéma. On ne reviendra pas ici sur l'intense activité du service<br />

cinématographique pendant la guerre pour contrer la propagande étrangère. On<br />

rappellera par contre qu'Armée et Foyer, en collaboration avec la Nouvelle Société<br />

Helvétique, soutient dès l'été 1957 la production d'un film dont le thème est l'esprit de<br />

milice (en Suisse, chaque citoyen est soldat). Il s'agit là de l'un des thèmes de<br />

prédilection de la défense spirituelle. Ce film sort en 1958 et est même projeté à la<br />

télévision le 1er août. Armée et Foyer envisage alors de produire une série de films,<br />

mais se heurte au manque de moyens (la première production lui a coûté 25'000 Fr.)<br />

Pour cette raison, un second projet sur le thème de la volonté de défense ne dépasse<br />

pas le stade des travaux d'écriture du scénario. Armée et Foyer, faute de pouvoir<br />

produire, prête beaucoup de films (816 en 1962). <strong>Le</strong> film qui a le plus de succès en prêt<br />

montre en 90 minutes l'histoire du communisme des origines à 1957 et souligne le but<br />

jamais abandonné de la révolution mondiale. (9)<br />

<strong>Le</strong>s concepteurs de la Suisse vigilante ont donc choisi, comme moyen de<br />

démonstration principal, le film. Il s'agit de montrer le degré d'instruction de l'armée et<br />

quel pourrait être son engagement, de donner un «aperçu de l'ampleur de nos<br />

préparatifs militaires, une idée frappante de ce que nous avons fait et faisons encore<br />

pour être prêts». Ce n'est pas un film de guerre, il n'est ni récréatif, ni didactique et ce<br />

n'est pas un documentaire, peut-on lire à l'époque. A défaut de préciser son genre, le<br />

Livre d'or de l'exposition le décrit ainsi: «Aussi n'est-ce pas un film comme les autres<br />

que l'armée décida de tourner pour frapper le visiteur, pour l'ébranler, pour solliciter sa<br />

participation aussi active que possible: il importait d'en faire en quelque sorte un acteur<br />

de l'action se déroulant sous ses yeux». (10)<br />

Conçu par la communauté de travail Dr Rudolf Farner/Hans Looser (Zürich),<br />

il est produit par Lothar Wolff (New York) et réalisé par John Ferno (Amsterdam).<br />

Cette réalisation étrangère provoqua de «vives réactions dans la presse et les milieux<br />

suisses du cinéma». L'explication donnée est la nécessité de tourner très rapidement un<br />

film «avec une certitude de réussite absolue». On ne mettait manifestement pas la<br />

même confiance dans les capacités de l'industrie suisse du cinéma et dans celles de la<br />

défense nationale…<br />

<strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong><br />

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