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Le Brécaillon - Musée Militaire Genevois

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L’AFFAIRE DE SAVOIE VUE PAR ADRIEN NAVILLE<br />

seraient bientôt appelées à se prononcer sur un projet de réunion où ne figurait point<br />

cette alternative. Aussitôt, des Savoisiens du Nord protestèrent par voie de pétition, une<br />

démarche dont Naville fit état:<br />

18 mars 1860<br />

Mon cher Monsieur Kinnaird,<br />

La déclaration de la Savoie du Nord accompagnée des 11500 signatures<br />

d'habitants de Faucigny et du Chablais a été portée à Berne par les délégués du<br />

comité avec l'adresse destinée au Conseil Fédéral. Cette députation a été très<br />

bien reçue par M. Frey Herosée, Président du Conseil Fédéral (9) . Elle a visité<br />

ensuite les divers représentants diplomatiques des Puissances étrangères à<br />

l'exception de l'ambassadeur de France et de celui de Sardaigne dont les<br />

Gouvernements avaient reçu directement des adresses spéciales. Chez tous ces<br />

ministres la députation a reçu un bon accueil. Elle se loue particulièrement de<br />

celui qu'elle a rencontré auprès des représentants de l'Angleterre, de la Russie<br />

et de la Prusse. Celui de l'Autriche tout en étant bienveillant s'est montré un peu<br />

plus froid. Depuis l'impression de la déclaration le nombre des signatures s'est<br />

accru. Il dépasse en ce moment la chiffre de 12000.<br />

J'ai appris de bonne source que la démarche de la députation<br />

savoisienne à Paris a été au moins en ce qui concerne le Faucigny décidée tout<br />

à fait en dehors des réunions régulières et officielles du Conseil provincial.<br />

Cela s'est arrangé chez l'un d'entre eux où l'on n'avait convoqué que des<br />

partisans de la France. <strong>Le</strong>s habitants du Chablais et du Faucigny sont très<br />

mécontents de se voir ainsi traités contre leur gré.<br />

Nous avons eu hier ici une<br />

assemblée populaire d'environ 3000<br />

personnes au sujet de la question de<br />

Savoie. Plusieurs membres du<br />

gouvernement genevois y ont parlé.<br />

L'assemblée a voté l'envoi d'une adresse<br />

au Conseil fédéral pour lui témoigner la<br />

confiance du peuple genevois et le<br />

suppléer de maintenir énergiquement les<br />

droits acquis de la Suisse et des<br />

espérances légitimes.<br />

J.Adrien Naville<br />

Frey Herosée<br />

La pétition des 12000 Savoisiens<br />

se heurtait à l'opposition du clergé, de la<br />

noblesse et de la bourgeoise qui se<br />

montraient tous hostiles au moindre<br />

26 <strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong><br />

L’AFFAIRE DE SAVOIE VUE PAR ADRIEN NAVILLE<br />

démembrement du pays.<br />

En Suisse, la question brouillait<br />

toutes les données politiques. Alors que<br />

les scissions entre conservateurs et<br />

radicaux disparaissaient dans un élan<br />

patriotique, tant le Conseil fédéral que les<br />

gouvernements cantonaux se divisaient<br />

sur la conduite à adopter. Un parti<br />

réclamait la levée de troupes et<br />

l'occupation des provinces neutralisées,<br />

l'autre prêchait la modération.<br />

<strong>Le</strong> 20 mars, le Conseil fédéral<br />

demanda à Auguste De la Rive de se<br />

rendre à Londres pour y réclamer les bons<br />

offices du gouvernement anglais.<br />

Connaissant les nombreuses relations<br />

Thouvenel<br />

importantes que Naville entretenait en<br />

Angleterre, De la Rive le pria de l'accompagner en qualité de secrétaire. Ils se<br />

rencontrèrent à Paris où Kern et le général Dufour les mirent au courant de l'état de<br />

leurs négociations avec le gouvernement français. Naville dressa un compte rendu de<br />

son voyage:<br />

25 mars 1860<br />

M. de la Rive ayant été invité par le Conseil fédéral à se rendre à<br />

Londres pour appuyer officieusement auprès des ministres et spécialement de<br />

Lord John Russell avec qui il est en relations la note de la Suisse aux<br />

puissances en date du 19 mars m'a écrit de Paris où j'étais pour m'inviter à<br />

l'accompagner. Il motivait sa demande sur l'impossibilité où il était en ce<br />

moment d'emmener son fils William avec lui et sur les relations que j'ai moimême<br />

en Angleterre. Je lui ai répondu par le télégraphe que j'acceptais et j'étais<br />

heureux de pouvoir aider en quelque chose cet excellent parent et ami, qui<br />

honore si fort notre pays par sa distinction en tous genres et en même temps, je<br />

me réjouissais de pouvoir faire quelque chose d'actif pour mon pays que je vois<br />

avec tant de chagrin à la veille de la crise la plus solennelle pour son existence.<br />

M. de la Rive arriva vendredi 23 mars à Paris dans notre hôtel et passa la<br />

journée à voir M. Kern et M. Dufour. Ces deux Messieurs avaient eu la veille<br />

une audience de l'Empereur dont ils étaient sortis assez attristés. <strong>Le</strong> Général<br />

Dufour paraissait même fort abattu. L'Empereur tout en les accueillant fort<br />

courtoisement ne leur avait guère donné d'espérance sur la question du<br />

Faucigny et du Chablais, si ce n'est de prendre la neutralité à sa charge et<br />

d'offrir des facilités douanières. Il avait attribué aux rapports de la députation<br />

savoisienne, qui disait que la Savoie ne voulait pas être démembrée, le<br />

<strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong><br />

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