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Le Brécaillon - Musée Militaire Genevois

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L’AFFAIRE DE SAVOIE VUE PAR ADRIEN NAVILLE<br />

recueillies ont été données sans aucune<br />

pression quelconque. La déclaration<br />

rédigée par un comité de simples citoyens<br />

a été envoyée dans les villages et là elle a<br />

été couverte de signatures. Elle y était<br />

pourtant en butte à la mauvaise humeur de<br />

l'administration, à l'hostilité du clergé et à<br />

la rivalité d'une déclaration française<br />

qu'appuyaient la noblesse de Chambéry et<br />

les intrigues du parti français. Malgré tous<br />

ces obstacles, elle a été signée par des<br />

paysans, des marchands, des hommes de<br />

toutes les classes et un examen sérieux<br />

m'a convaincu que les neuf dixièmes au<br />

moins de la population de ces provinces<br />

Perrier<br />

désirant avec ardeur leur réunion à la<br />

Suisse. La continuation d'une semblable<br />

manifestation deviendra sans doute presque impossible dorénavant, puisque le<br />

traité est signé et qu'en fait la France est maîtresse aujourd'hui dans la Savoie.<br />

Tous les fonctionnaires publics ont d'ailleurs intérêt à l'étouffer, car en devenant<br />

Suisses, leurs positions tendraient à diminuer, tandis qu'en devenant Français<br />

ils espèrent les améliorer.<br />

J. Adrien Naville<br />

Une grande excitation régnait à Genève et un peu partout l'on s'attendait à<br />

quelque démonstration populaire, voire même à un soulèvement en Savoie qui ferait<br />

reculer la France. Kinnaird lui-même avait conseillé à Naville de «faire agiter» la<br />

question par des assemblées publiques et mouvements de foule. Sans doute<br />

n'imaginait-il pas la tournure que prendraient les événements. <strong>Le</strong> 30 mars éclata une<br />

curieuse affaire qui fut résumée par le Journal de Genève:<br />

EXTRAIT DU JOURNAL DE GENÈVE DU 31 MARS 1860<br />

Nous écrivions hier à 3 heures de l'après midi:<br />

«Ce matin à 4 heures, une bande peu nombreuse d'hommes armés s'est<br />

emparée d'un bateau à vapeur stationné au Grand Quai et après avoir, par la<br />

force, contraint l'équipage à partir, s'est dirigée vers Thonon. Il paraît que le but<br />

était d'opérer sur ce point un débarquement pour soulever les populations dans<br />

l'intérêt prétendu de la cause Suisse.<br />

On ignore encore si ce projet de descente a pu se réaliser, mais on croit<br />

généralement que cette tentative, aussi stupide que criminelle, n'a pas même eu<br />

30 <strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong><br />

L’AFFAIRE DE SAVOIE VUE PAR ADRIEN NAVILLE<br />

un commencement de réussite. Unis dans un sentiment commun d'indignation,<br />

tous les partis s'accordent à flétrir par une réprobation universelle et profonde<br />

cette entreprise insensée qui est aussi contraire aux intérêts de la Suisse qu'à<br />

ceux de la Savoie.»<br />

La tentative dont nous venons de parler, n'a pas eu, en effet même un<br />

commencement de réussite. A 4½ heures, les Chasseurs du 20me accompagnés<br />

des trois Commissaires de Police, montaient sur le Guillaume Tell et<br />

atteignaient dans les eaux genevoises, entre Hermance et Bellerive, le bateau à<br />

vapeur l'Italie sur lequel était remonté à Evian, M. John Perrier, avec une<br />

trentaine de ses acolytes (12) . Ils ont été ramenés par le Guillaume Tell et conduits<br />

à l'Hôtel de Ville par la troupe, au milieu d'une foule immense qui témoignait<br />

unanimement l'indignation qui l'animait contre les auteurs d'une tentative dont<br />

le premier effet, si elle avait eu le moindre résultat, aurait été de jeter Genève<br />

<strong>Le</strong> Guillaume Tell. Premier bateau à vapeur genevois, lancé le 28 mai 1823<br />

15 x 75 pieds (environ 4,5 x 22 mètres), 12 chevaux, capacité: 200 passagers<br />

et la Confédération toute entière au milieu des complications les plus<br />

désastreuses.<br />

Du reste, tous les détails que nous recevons attestent qu'aucune<br />

descente armée et qu'aucune violation de territoire n'ont été la conséquence de<br />

cette échauffourée. Ainsi cette odieuse entreprise, dont les suites pouvaient être<br />

si funestes et dont l'issue touche au ridicule, n'aura eu pour résultat que de faire<br />

éclater à Genève, comme sur tous les points de la Suisse, le sentiment du<br />

respect des droits et de la nécessité de rester inébranlablement fidèles à<br />

l'autorité fédérale et aux principes de loyauté qui ont toujours fait le caractère<br />

comme la force de la politique suisse.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong><br />

L'émissaire diplomatique britannique à Berne ne cachait guère son irritation<br />

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