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20 Revue des musiques UNISONO 19 •2005 Lu récemment cet entrefilet dans un quotidien romand: «En Allemagne, plus de sept millions de personnes jouent dans des orchestres ou chantent dans des chorales. Ce sont notamment trois millions d’enfants et de jeunes gens, a indiqué le Centre allemand d’information sur la musique (MIZ). Selon le MIZ, il y a toujours plus de jeunes recevant une formation musicale. Le nombre d’étudiants des écoles publiques allemandes enseignant la musique a grimpé de 16% en dix ans. Il y avait environ 900 000 élèves dans ce type d’établissements en 2004.» Combien sommes-nous ? A l’aune des quelque 80 millions d’Allemands, cela fait un bon 9% de la population d’outre Rhin qui pratique la musique dite «populaire». Si la proportion est similaire en Suisse, nous devrions être plus de 600 000 à pratiquer ici un hobby musical. L’estimation est-elle exacte? Difficile à dire. On sait bien sûr que l’Association suisse des musiques regroupe environ 80 000 musi- Les solistes du Sousa Band (5) – Walter B. Rogers, cornet ciennes et musiciens. On peut probablement trouver quelque part la statistique des membres de l’Union suisse des chorales. Et poursuivre ainsi la quête. Mais une chose apparaît très vite à qui s’intéresse à la question: l’information n’est pas simple à obtenir. Une rapide recherche sur internet via un moteur de recherche ne donne guère de résultats. Tout au plus peut-on découvrir que «le Conseil suisse de la musique représente l’ensemble de la vie musicale suisse avec ses 2000 fanfares, ses 1850 chœurs, environ 200 orchestres professionnels et amateurs, 8 opéras, 380 écoles de musique et leurs 233 000 élèves et tous les autres centres de formation pour les métiers de la musique.» On peut donc supposer que les chiffres détaillés de musiciens ne sont pas directement disponibles sur la toile. Mais quelle importance? L’importance, c’est que cette absence est révélatrice. Dans un pays où l’on connaît à l’unité près le nombre de têtes dans le gros bétail ou les litres de lait produit, il n’est pas innocent que l’on ne puisse trouver de statistiques fiables sur le nombre de musiciens amateurs. Ce manque d’information illustre la faiblesse de notre position en tant que groupe de pression. Comment voudraiton faire un lobby efficace pour notre forme particulière de culture si l’on ne sait même pas combien de gens la pratiquent. Jean-Raphaël Fontannaz, rédacteur romand L’homme d’«Alexander’s Ragtime Band» Ami de jeunesse de Herbert L. Clarke, Walter B. Rogers a dirigé l’enregistrement de ce fameux premier standard du jazz en 1991. Jean-Raphaël Fontannaz La vie de Walter Bowman Rogers s’est souvent croisée avec celle de Herbert L. Clarke, dont il fut pendant longtemps l’assistant au sein du Sousa Band. Né dans l’Indiana, à Delphi, le 14 octobre 1865, Walter B. Rogers – comme Arthur Pryor d’ailleurs – illustre bien la facilité et la perméabilité des musiciens du 19 e siècle à jouer de différents instruments. Ainsi Walter Rogers était déjà un violoniste reconnu lorsqu’il commença à toucher du cornet. Son initiation au cuivre lui fut donnée par son père. Quintette à cordes et à vent! Dans son livre de souvenirs, «How I became a cornetist», Herbert L. Clarke raconte que Walter Rogers a aussi été considéré comme un enfant prodige du cornet. Les deux musiciens ont partagés de longues années de leur adolescence et leurs destinées se sont croisées à plusieurs reprises par la suite. A une époque, Rogers et le «Roi du cornet» traversaient les Etats-Unis de part en part en tournant comme membre d’un quintette à cordes (!), qui se doublait aussi d’un quintette de vents. Tous deux ont occupé des positions enviées. Ainsi, à la même époque où Herbert L. Clarke jouait comme cornet solo au sein du fameux 22nd Regiment Band de Gilmore, Walter B. Rogers tenait la même partition dans la formation du 7th Regiment Band de Cappa. Dix ans plus tard, les deux complices vont à nouveau se retrouver sous la houlette de John Philip Sousa. Lors des triomphes européens Walter B. Rogers a en effet rejoint le Sousa Band en 1899 et il en restera membre jusqu’en 1904. «Rogers a été mon assistant et collègue soliste dans la formation de Sousa à l’époque où nous avons organisé notre première tournée européenne, jouant notamment dans le cadre de l’Exposition mondiale de Paris et à travers toute l’Europe», raconte Herbert L. Clarke. La virtuosité des musiciens du Sousa Band – en particulier de ses cornets – va marquer tous les instrumentistes européens qui ont eu l’occasion de les entendre. Et l’écho de leurs prestations s’entendra jusque dans les régions les plus reculées où les amoureux des cuivres essaieront de se confronter aux solos présentés par la formation américaine.
UNISONO 19 •2005 Revue des musiques «The harp of Tara» C’est pendant sa période avec Sousa que Walter B. Rogers va aussi se mettre à la composition. Comme la plupart de ses collègues, il commencera par écrire d’abord des solos à sa propre intention. La pièce la plus célèbre née de sa plume est indiscutablement «The harp of Tara». Ce solo de cornet constitue une fantaisie sur un air populaire connu. A l’époque, cette œuvre a connu un remarquable succès populaire. Elle est aujourd’hui un peu tombée dans l’oubli et on peut sans doute le regretter. Le cake-walk et le ragtime Toujours grâce à Sousa, à côté des marches, polkas, scottisches et pièces de concerts Congrès mondial de WASBE-International à Singapour populaires, Walter B. Rogers va découvrir le cake-walk et le ragtime dont Arthur Pryor se fait le héraut au sein de la formation. Sentant le potentiel du ragtime – qui va se dégager du folklore pour devenir le jazz–, la compagnie de disques Victor va emprunter les meilleurs éléments du Sousa Band pour constituer en studio une formation interprétant «Alexander’s Ragtime Band» que venait de composer Irving Berlin en cette année 1911. Et le leader de cette formation intitulée «The Victor Military Band» et qui est véritablement aux origines du jazz n’est autre que Walter B. Rogers. Un enregistrement mythique Ses complices au sein du «Victor Military Band» sont Emile Keneke et Bert Brown (cornet); Frank Nouveau président élu Schrader (trombone); J. Fuchs (cornet et saxhorn alto); Otto Winkler et H. Reitzel (saxhorn alto, saxhorn ténor); Louis Christie et A. Levy (clarinette); Clement Barone (flûte et piccolo) ainsi que Herman Conrad (soubassophone) et William Reitz (percussion). L’enregistrement mythique a été effectué le 27 septembre 1991 à New York et est sorti sous le label 11027 Alexander’s Ragtime Band (Victor 17006). On ne sait malheureusement guère plus sur ce qu’il est ensuite advenu de Walter B. Rogers. Malgré diverses recherches, il n’a même pas été possible de déterminer où et quand ce musicien de Sousa est mort. Un cornettiste dont Herbert L. Clarke avait dit qu’il «avait la plus remarquable technique qu’aucun cornet qu’il ait jamais entendu»! Au bilan de la 12 e Conférence internationale de la WASBE à Singapour: nouveau comité et président ainsi que progression des membres. Prochaines conférences à Killarney (Irlande) en 2007 et à Cincinnati (USA) en 2009. Peter Bucher, traduction Jean-Raphaël Fontannaz La 12 e Conférence internationale de la WASBE s’est tenue du 10 au 17 juillet à Singapour. La Suisse était notamment représentée sur place par les musiciens de l’Harmonie d’Oerlikon-Seebach ZH. Par ailleurs, le jeune Fabien Girard (saxophone Une partie de la délégation suisse: Kurt Brogli, Emil Sutter, Oliver Waespi, Franz Ladner et Kurt Spiegel (de g. à) tenor) jouait dans le cadre de l’orchestre d’harmonie international des jeunes (IYWO). Nouveau président Le dépouillement du scrutin tenu en mars 2005 a donné les résultats suivants: le président pour la période 2007 à 2009 sera Glenn Price (Canada), accompagné de Danny Carroll (IR), Jim Cochran (USA), Martin Ellerby (GB), Rodney Winter (USA). Se retirent: Virginia Allen (USA), Timothy Foley (USA), Egil Gundersen (NOR) et Felix Hauswirth (CH). A cette occasion, le caissier et membre fondateur de la WASBE, Egil Gundersen, s’est retiré après 25 ans. Son enga- gement a été récompensé par son élévation au rang de membre d’honneur de la WASBE. Une nouvelle brochure présentant la WASBE sera disponible dès le 1 er janvier 2006 auprès du secrétariat permanent (Leon Bly) ou par mail wasbe@t-online.de. Pendant la saison 2004–2005, 288 nouveaux membres ont adhéré à la WASBE. Suisse: 2 e plus forte section Les sections les plus importantes – sur les 54 pays représentés – proviennent des Etats-Unis (242), devant la Suisse (162), l’Allemagne (112), l’Autriche (48), la France (43), la Hongrie (30). Les membres industriels (firmes) sont au nombre de 59 tandis que les membres associés (associations) sont 20. Les Suisses qui voudraient adhérer peuvent s’annoncer chez willy.eberling@swissonline.ch. Chiffres noirs Les comptes de la WASBE ont bouclé au 6 juin 2005 sur des avoirs de USD 8456.40 (sans les frais liés au Congrès), tandis que la Fondation WASBE dispose de USD 23 937.95. Entre deux congrès, les frais les plus importants concernent les frais d’administration (25 000 dollars), l’impression et l’envoi du bulletin d’informations (17 000), le journal (8000), le présidium (8500) et la gestion du site internet (4000). La WASBE offre un programme de formation pour directeurs. Le Conductor Scholarship- Program a été propose par cinq écoles: The University of Texas (Austin), The State University of New York (Fredonia), Canford Summer Music, The University of Calgary et The University of Michigan. Le projet «World of winds» En collaboration avec les Jeunesses musicales, un orchestre d’harmonie va être mis en place. La première phase aura lieu du 23 juillet au 6 août 2006 en Norvège. Le projet sera encore soutenu par l’UNESCO, la Norway Music Foundation et la WASBE International. Pour cette étape initiale, le directeur a été choisi en la personne de Rolf Gupta (de l’Orchestre symphonique de la radio norvégienne) tandis qu’Ole Antonsen (trompette) interviendra comme soliste invité. Les concerts auront lieu en Norvège (3 et 4 août 2006) ainsi qu’en Allemagne (6 août 2006). Pour plus de renseignements, consulter: www.world-of-winds.org. Cincinnati l’emporte Les médias de la WASBE (internet, bulletin d’informations et journal) accueillent bien volontiers toutes les contributions liées au monde des vents. Pour les envois, une adresse: wasbe@t-online.de. La prochaine Conférence de la WASBE aura lieu du 8 au 14 juillet 2007 à Killarney en Irlande, a indiqué le président Bert Aalders. Par ailleurs, parmi les cinq candidatures qui se sont présentées en décembre 2004 à Chicago (Oman, Kerkrade, Jeju/Corée, Cincinnati et Calgary), le comité de la WAS- BE a choisi de confier l’organisation de la Conférence de 2009 à la ville de Cincinnati aux Etats-Unis. C’est ainsi la troisième fois que l’association siégera en terre américaine, après Boston et San Luis Obispo. Elle a aussi tenu deux rencontres en Asie et sept en Europe. 21
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