page 18 - Fragile Suisse

Éditorial
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Chère lectrice, cher lecteur,
Un accident de train bouleverse irrémédiablement
la vie de Sonia F. Diagnostic :
un traumatisme cranio-cérébral. La
jeune femme de 30 ans, jusqu’alors
débordante de joie de vivre, se sent
subitement épuisée, fragile et souvent
déprimée. Le pire, c’est que ni elle ni
son entourage ne comprennent ce qui lui
arrive et pourquoi elle ne parvient pas
à retrouver son rythme d’avant l’accident.
Jusqu’à ce qu’elle consulte la conseillère
de la Helpline de FRAGILE Suisse.
Comprendre ce que signifie une lésion
cérébrale est décisif pour les personnes
concernées et les proches. Seule cette
compréhension permet d’accepter les
déficits et de reconstruire sa vie au
quotidien. Depuis dix ans, les professionnelles
de la Helpline contribuent à
soutenir les personnes concernées et
les proches dans ce cheminement. Elles
les conseillent aussi dans le domaine
des assurances, les orientent vers l’aide
de juristes et les épaulent face à des
problèmes d’ordre financier, familial,
professionnel ou social. En juin dernier,
FRAGILE Suisse célébrait cet anniversaire
en organisant une table ronde. Lisez
notre compte rendu de cette après-midi
en page 17.
La Journée mondiale de l’AVC,
le 29 octobre, sera pour FRAGILE Suisse
l’occasion de promouvoir la compréhension
à l’égard des personnes cérébrolésées.
Il convient en effet de sensibiliser
le public aux conséquences souvent
invisibles des lésions cérébrales. Lisez
nos contributions à ce sujet sur notre
page Facebook, sous fb.me/fragilesuisse
et sur notre site Internet www.fragile.ch.
Cordialement, Marcel Odermatt
«
Mark Mäder est médecin. Depuis le mois de juin, il est le nouveau président
de FRAGILE Suisse. Il a été pendant plus de 23 ans médecin-chef du Centre pour
paraplégiques et traumatisés cranio-cérébraux (« Rehab ») de Bâle.
Une lésion cérébrale ne disparaît
pas à la fin de la réadaptation. Elle
subsiste, la vie durant. Etant médecin
depuis plus de vingt ans, je sais
que la prise en charge médicale
classique, le traitement d’urgence
et la réadaptation des personnes
cérébro-lésées sont aujourd’hui bien
assurés. En revanche, la période qui
suit la réadaptation recèle des enjeux
décisifs pour les personnes concernées
et les proches. Comment s’organisera
désormais le quotidien ? Comment
les personnes cérébro-lésées et leur
entourage vont-ils apprendre à gérer
les déficits liés aux lésions cérébrales ?
Pour y parvenir, il faut se montrer
persévérant et aussi pouvoir compter
sur la compréhension de la société.
L’individu ne parvient plus à relever
seul tous ces défis.
C’est là que commence la mission
de FRAGILE Suisse. Cette association
vient directement en aide aux
personnes cérébro-lésées et à leurs
proches au moyen de nombreuses
prestations. Elle s’engage également
à faire comprendre au grand public ce
qu’est une lésion cérébrale et ce que
signifient dans la vie quotidienne les
handicaps invisibles, tels les troubles
de la perception. Ce travail de sensibilisation
m’apparaît comme primordial.
Comprendre les conséquences des
lésions cérébrales incite à l’empathie
et facilite donc l’intégration des personnes
cérébro-lésées. Cela contribue
à créer les conditions qui leur permettront
de retrouver leur place parmi
nous. La performance, la rapidité sont
aujourd’hui très importantes dans la
société. Des qualités comme la pondération
et la concentration – dont les
personnes handicapées ont besoin et
dont elles font preuve – ne sont plus
demandées. Pourtant, la lenteur est
très importante pour qui veut préserver
son équilibre.
En tant que nouveau président de
FRAGILE Suisse, je souhaite que nous
parvenions à franchir une nouvelle
étape dans l’intégration des personnes
cérébro-lésées ces prochaines
années. Grâce à ma profession, j’ai
acquis dans le domaine des lésions
cérébrales un savoir qui devrait me
permettre de contribuer à la réalisation
de cet objectif. Telle est la raison
pour laquelle j’ai résolu de me mettre
au service de FRAGILE Suisse.
»
Cordialement, Mark Mäder
16 FRAGILE Suisse 03 | 2013