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Rangliste Konzert- und Marschmusik - Website der ...

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Art lyriqueRevue des musiques«J’ai passé dix jours au Walhalla de l’opéra»Bayreuth! Richard Wagner y a créé un temple pour perpétuer son oeuvre. Avec une réussite exceptionnelle:le Festspielhaus de Bayreuth est la Mecque des wagnériens. Et de beaucoup d’autres: chaque année,il y a huit fois plus d’appelés que d’élus. J’en étais.Le Festspielhaus: majestueuxdans son émergence au sommetde la colline consacrée àWagner, mais spartiate dans leconfort offert aux spectateurs.Un business plan de génieDepuis plus d’un siècle,une intuition de génie a transforméBayreuth, modeste villereculée de Bavière, en un rendez-vousincontournable de lamusique lyrique internationale.Le concept de base imaginépar Wagner est aussi simpleque génial: disposer d’un lieude représentation tout entierdédié à sa musique avec unrendez-vous annuel, en été, oùviennent des artistes choisis etdévoués à l’oeuvre du maître.Et depuis 1876, le succès a étéDix jours et dix nuits à passerau Walhalla de la musique wagnérienne,difficile de réprimer unfrémissement. Même si, dans latouffeur des 32 degrés ambiants,tout geste inutile doit être évité.Quinze heures: l’inexorable pèlerinagedes plus fières limousinesteutonnes a commencé en directionde la verte colline dédiée àWagner. Car le rendez-vous estsélectif. Acquérir un sésame pourles Festspiele et faire partir deshappy few ne s’obtient que dehaute lutte ou à force de ténacité.Il faut souvent trois ou cinq ansavant de décrocher son billet…Mais la splendeur s’affiche à lahauteur: presque tous leshommes ont revêtu un smoking,et les pingouins sont ceux quin’ont pas senti le respect vestimentairequ’il fallait accor<strong>der</strong> aulieu. Malgré l’écrasante chaleur,les dames rivalisent dans leurstoilettes de soirée. Même les malheureuxqui patientent sous lesoleil avec, pour frêle espoir, leurdiscret carton «SUCHE KARTE»,même ces impassibles sont tirésà quatre épingles. Mais déjà lestrompettes appellent au spectacle.Il est temps d’entrer dans letemple…au rendez-vous sans que lerespect de la tradition n’étouffela créativité. Car les descendantsde Richard Wagner ontsu s’émanciper de ce carcantraditionaliste: ils n’ont conservéque ce qui donnait soncharme particulier à ces opéras:un début en milieud’après-midi avec des sonneriesde cuivres pour rameuterles spectateurs et le cadre duFestspielhaus.Dans sa sobriété dépouillée, le décor du deuxième acte de «Tannhäuser»épate: sons et couleurs se répondent et se confondent.Dimanche 3 août:L’entrée dans l’imposant bâtiments’effectue rapidement.Dans la salle rococo, l’efficienceprime. La quinzaine de portespermet aux 2000 personnes des’engouffrer sans heurts. Dans lesrangées, l’espace est compté.Juste de quoi laisser passer sonvoisin en se tenant debout. Et lessièges sont spartiates. Un peu develours pour les augustes fessiers,sinon seulement du bois. «Pourl’acoustique.» Trois rangs devant,une dame reste debout, lunettesde soleil sur le nez. Probablementpour ne pas être éblouie parl’éclat de sa robe aux millebrillants. Dans les loges, une sylphidea rehaussé sa toilette d’unperroquet multicolore qui illumineses cheveux d’ébène. Les lumièresfaiblissent: le spectaclequitte la salle pour la scène.Le premier acte surprend,avec son décor plutôt kitschyd’une prairie parsemée de fleurssur lesquelles glissent les jeux decouleurs des projecteurs. En revanche,le deuxième s’avère éclatant.Les mouvements sur lesétages de la scène sont synchronisésavec la musique du choeuren costumes chatoyants. Sons etcouleurs se répondent et seconfondent. En plus, le hérosTannhäuser se montre brillant, labelle Elisabeth poignante et lelandgrave Hermann imposant. Labasse coréenne qui tient ce rôlefait un triomphe mérité. Au pointque même mon voisin japonaislaisse tomber son masque d’impassibilitépour applaudir desmains et frapper des pieds!L<strong>und</strong>i 4 août:La température monte encoresur la colline wagnérienne. Il estvrai que, aujourd’hui, c’est la présentationde la création de l’année:Le Vaisseau Fantôme dansune nouvelle mise en scène deClaus Guth. La chaleur passe les35 degrés. Les messieurs hésitentencore un peu plus à tomber laredingote. Les dames transpirenten dolence et soupirent en silence.La recherche d’un billettient toujours de la quête duGraal. Un Autrichien essaie d’attirerla solidarité nationale en affichantle drapeau blanc et rougesur son carton.Sur le parvis du Festspielhaus,une brune cuivrée, hautperchée sur ses talons aiguilles,toute moulée dans une robe ennoir classieux, promène un décolletéaussi vertigineux que provoquant.Mais, impardonnablefaute de goût, elle porte surl’épaule des jumelles de champde course. De quoi calmer les ardeursdes plus puissants étalonsqu’elle aurait affolés.Le rideau se lève sur Le VaisseauFantôme. Mais, de navirepoint. Tout l’opéra se dérouledans un appartement bourgeoisavec un immense escalier tournant.Où est la grande machinerie?Où est le bateau fabuleux?Rien. Nichts. Nada. Le metteur enscène a transformé l’épopée wagnérienneen une interprétationUNISONO 13/14 • 2004 35

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