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CRITIQUE

Here is not Yemen

On a tou·te·s cet·te ami·e dont les goûts musicaux

sortent des sentiers battus. Il·elle écoute

certes de la pop comme tout le monde, mais ne se

contente pas des airs mainstream. C’est ainsi qu’un

soir, autour d’un bon verre de vin, cet·te ami·e vous

fait découvrir ce clip qui vous donne envie de déhancher

votre boule.

« Hana Mash Hu Al Yaman » (traduisez par « Ici,

ce n’est pas le Yémen ») reprend tout ce qui a fait

le succès des trois sœurs du groupe A-Wa. Juives

israéliennes d’origine yéménite, elles se sont fait

connaître en 2015 avec le tube « Habib Galbi ». Ce

mélange détonnant de chant arabe et de musique

hip-hop et électro s’était hissé immédiatement à la

tête du hit-parade israélien, avant de conquérir le

reste du Moyen-Orient. Preuve que tout ne divise

pas forcément aux pays du Levant.

Leur dernier album « Bayti Fi Rasi », dont est extrait

« Hana Mash Hu Al Yaman », raconte l’histoire

de leur arrière-grand-mère Rachel, qui a dû fuir le

Yémen en 1949, dans le cadre de l’opération Tapis

volant. C’est l’histoire d’un déracinement, le témoignage

par procuration d’une réfugiée. La musique

entraînante du clip, la chorégraphie éclatante

des danseur·euse·s et le style hors norme des trois

chanteuses nous feraient presque oublier la gravité

du propos. C’est là tout l’art d’A-Wa qui nous conte

la mélancolie avec panache et optimisme.

Sylvain Cabrol

A-Wa

« Hana Mash Hu Al Yaman »,

extrait de l’album « Bayti Fi

Rasi »

Clip

4 minutes

Les cendres du passé

L

’enfance est douloureuse : il faut la retirer, l’arracher

à sa peau.

« L'enfance est un couteau planté dans la gorge »,

tels sont les mots de Wajdi Mouawad qui résonnent

tout au long d’Incendies. Nawal Marwan décède

après de longues années de silence et ses enfants, les

jumeaux Jeanne et Simon, se retrouvent face à une

épreuve dont il et elle ne soupçonnaient pas l’existence

: remettre deux lettres, l’une à leur frère inconnu,

l’autre à leur père supposé mort. Il et elle doivent

remonter le fil d’un passé tu, celui d’une jeune fille

qui fuit son village natal pour apprendre à lire et à

écrire et qui se dressera contre la guerre de son pays.

Celui d’une mère aussi, dont le premier enfant lui

est arraché, dont le premier amour – le vrai – lui est

interdit. C’est à cet événement, à son identité, que

doivent remonter les jumeaux. Pour comprendre

qui elle était, ce qui s’est passé, pour comprendre,

peut-être, la seule phrase que leur mère ait prononcée,

juste avant de mourir : « Maintenant que nous

sommes ensemble, ça va mieux. »

Mais le prix de la vérité est lourd à porter. L’auteur

mène le lecteur à suivre le même cheminement

morcelé, le même questionnement et la même incertitude

que ceux traversés par les jumeaux. Au fil

des drames, des souvenirs brisés, des lignes rompues

et renouées, Mouawad trace de ses mots ciselés

le chemin pour enfin briser le silence.

Une quête. Parce qu’il y a « des vérités qui ne peuvent

être révélées qu'à la condition d'être découvertes. »

Amélie Gyger

Incendies (deuxième volet

de la tétralogie Le Sang des

promesses)

Wajdi Mouawad

Type d’œuvre : Pièce de

théâtre

176 pages

Un sacré numéro

Pour son premier roman, l’autrice nous plonge dans

le quotidien un poil solitaire de Catherine, professeure

de français et célibataire endurcie. L’héroïne,

entourée de Bénédicte (sa meilleure amie) et Luc (son

chat), décide de faire quelque chose de fou : appeler

un certain Jean-Philippe, dont le numéro s’est retrouvé

perdu dans les pages du livre qu’elle a emprunté

à la bibliothèque.

Si j’avais un perroquet je l’appellerais Jean-Guy est

un roman léger, absurde et pétillant, qui réussit à

nous amener du rire aux larmes. Il raconte avec justesse

le parcours du combattant de Catherine pour

réapprendre à aimer, ce qui n’est pas chose facile

puisque son ex petit-ami l’a traumatisée en la trompant

avec sa sœur.

Blandine Chabot réussit – malgré quelques clichés – à

créer une héroïne attachante. Maladroite, rigolote,

un peu cassée et une bonne amie, qui ne l’aimerait

pas ? La plus grande caractéristique de la protagoniste

reste le fait qu’elle sur-analyse tout ce qui lui

arrive. Elle prend ses décisions suivant les signes que

lui envoie la vie et croit en la numérologie.

Catherine est un personnage haut en couleurs, qui

doit faire face, durant deux cent quatre-vingt-cinq

pages, à des parents d’élèves insupportables, une

meilleure amie qui n’en est pas une, un adultère et

une solitude écrasante. Plus qu’une romance, l’autrice

nous offre un roman sur la vie, avec ce qu’elle a

de beau, de laid et de fou.

Julie Chautard

Si j’avais un perroquet je l’appellerais

Jean-Guy

Blandine Chabot

Roman

285 pages

24 12.2019

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