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B<br />
B A N D E D E S S I N É E<br />
LE MYSTÈRE DU JETEUR DE SORTS.<br />
SORCIÈRES SORCIÈRES (T. 1)<br />
Joris Chamblain et Lucile Thibaudier<br />
Les Malins, 48 p., 17,95$<br />
Deux sœurs sorcières, Harmonie<br />
et Miette, se retrouvent au<br />
cœur d’une intrigue dans leur<br />
village de sorciers : un fauteur de<br />
troubles jette des sorts à leurs<br />
camarades d’école. Mais peutêtre<br />
les victimes avaient-elles un<br />
peu mérité leur malheur, en se<br />
moquant de Miette qui n’a pas de<br />
pouvoir magique? Accusée à tort,<br />
Harmonie enquête pour défendre son innocence.<br />
Balais-majordome, dragon de compagnie et citrouilles<br />
parlantes accompagnent avec originalité les enquêtes<br />
policières à saveur de sorcellerie. Les jolis dessins<br />
de Lucile Thibaudier sauront à coup sûr séduire les<br />
jeunes lecteurs dès le premier coup d’œil. Dès 8 ans<br />
Émilie Renaud La Maison de l’Éducation (Montréal)<br />
PING-PONG<br />
Zviane, Pow Pow, 232 p., 27,95$<br />
Si vous avez une folle envie de<br />
mieux connaître Zviane, l’idéal est<br />
de lire les livres tirés des billets de<br />
son blogue. Le dernier en date,<br />
et qui m’a époustouflé, est Pingpong.<br />
Pourquoi « ping-pong »?<br />
C’est l’image choisie pour illustrer<br />
comment les deux passions de<br />
la bédéiste – la musique et le<br />
dessin – se renvoient la balle et<br />
s’entraident. Avec humour, autodérision et, surtout,<br />
un travail et un professionnalisme fou, Zviane réussit<br />
à nous communiquer l’essence de ses deux passions<br />
tout en nous amusant. S’étant au départ tournée<br />
vers l’autoédition, elle devait trouver le moyen de<br />
conformer sa BD au format des éditions Pow Pow.<br />
Quoi de mieux que de se commenter, ou mieux<br />
encore, de demander à des amis bédéistes de le faire<br />
pour remplir les marges?<br />
Shannon Desbiens Les Bouquinistes (Chicoutimi)<br />
L’AUTRE.<br />
LE RAPPORT DE BRODECK (T. 1)<br />
Manu Larcenet, Dargaud, 158 p., 39,95$<br />
Cette bande dessinée remarquable<br />
donne l’impression que<br />
l’attachant et dépressif Manu<br />
a définitivement cédé la place<br />
à Larcenet, un auteur puissant<br />
et incontournable! Bien qu’il<br />
l’ait déjà démontré dans sa<br />
magistrale série « Blast », il<br />
s’affirme d’autant plus ici comme<br />
un auteur mature qui, plutôt<br />
que d’adoucir sa noirceur par des ressorts comiques,<br />
l’embrasse pour creuser plus profondément encore<br />
dans l’âme humaine. Pour sa première adaptation, il<br />
déploie toute l’étendue de son talent graphique et<br />
exprime la peur de l’autre dans un noir et blanc violent.<br />
Cette xénophobie, parce qu’il faut bien la nommer,<br />
qui engendre la haine et qui rappelle que l’homme, à<br />
cause de son intelligence et de son esprit de meute,<br />
est l’animal le plus redoutable de la création. Bref,<br />
une œuvre essentielle pour convaincre les sceptiques<br />
qui douteraient encore de la force et de la portée du<br />
neuvième art!<br />
LE SCULPTEUR<br />
Scott McCloud, Rue de Sèvres<br />
485 pages, 46,95$<br />
On peut dire que Scott McCloud<br />
se sera fait attendre! Depuis Zot!,<br />
publié au début des années 90,<br />
il ne nous avait offert que des<br />
métaguides, très bien faits, cela<br />
dit, sur les codes et la manière de<br />
faire de la bande dessinée. Avec<br />
Le sculpteur, il vient confirmer<br />
l’espoir que, tout ce temps, il était<br />
occupé à peaufiner son chef-d’œuvre! Variation sur le<br />
thème de Faust, son roman graphique met en scène<br />
David Smith, un sculpteur à la carrière moribonde qui,<br />
le jour de son anniversaire, se verra offrir une seconde<br />
chance qu’il payera à fort prix. Mettant à profit sa<br />
grande connaissance du neuvième art, l’auteur arrive<br />
à nous plonger dans cette histoire fascinante. Sa<br />
maîtrise de la case, du dessin à l’encre, agrémenté<br />
d’aquarelle monochrome, et du découpage lui permet<br />
de capturer l’intensité des êtres et des moments<br />
fugaces. Ne passez pas à côté de cette merveille!<br />
Anne-Marie Genest Pantoute (Québec)<br />
70 • LES LIBRAIRES • SEPTEMBRE-OCTOBRE 2015<br />
Galeries Normandie • 2752, rue de Salaberry<br />
Montréal (QC) H3M 1L3 • Tél. : 514-337-4083<br />
librairiemonet.com • monet.leslibraires.ca<br />
Anne-Marie Genest Pantoute (Québec)<br />
LE VOLEUR DE LIVRES<br />
Alessandro Tota et Pierre Van Hove<br />
Futuropolis, 172 p., 45,95$<br />
De prime abord, le titre de ce livre<br />
évoque un cauchemar de libraire!<br />
Nous sommes dans le Paris de<br />
1953 où nous avons le bonheur<br />
de suivre Daniel Brodin, poète et<br />
voleur de livres. C’est d’ailleurs<br />
cette caractéristique qui l’aidera à<br />
adhérer à un petit groupe d’artistes<br />
qui voient le travail contre-productif<br />
et qui ne pensent qu’à faire la fête. J’aime beaucoup lire<br />
des livres qui se passent dans le Paris de ces années-là,<br />
avec cette impression que tout était à faire, à créer. L’aube<br />
des années 60 et toutes ses révolutions. C’est ce que<br />
j’ai retrouvé dans cette histoire. Être dans la peau d’un<br />
personnage pour qui les portes qui s’ouvrent pourraient<br />
l’amener très loin. Ou pas. À vous de le découvrir!<br />
Shannon Desbiens Les Bouquinistes (Chicoutimi)<br />
ROI OURS<br />
Mobidic, Delcourt, 112 p., 29,95$<br />
Dès les premières cases, sans un<br />
seul mot, l’auteur pose l’ambiance :<br />
une cérémonie chamanique au<br />
centre de grands totems et une<br />
jeune fille offerte en sacrifice à<br />
la déesse caïman. Loin d’être en<br />
accord avec ce type de pratique,<br />
le Roi Ours délivre la jeune Xipil,<br />
la forçant par le fait même à entrer<br />
dans le monde des divinités de<br />
la forêt. Loin de tout ce qu’elle connaît, Xipil devra<br />
apprendre à vivre détestée des siens, ridiculisée par les<br />
dieux animaux et incomprise par tous les autres. L’auteur<br />
Mobidic réussit en aussi peu qu’une centaine de pages<br />
à nous présenter une histoire profonde, bien ficelée<br />
et magistralement illustrée. Une perle de la bande<br />
dessinée que nous ne pouvons refermer sans un sourire<br />
triste au coin des lèvres.<br />
Isabelle Verrette Pantoute (Québec)