State, community, individual - Societal and Political Psychology ...
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Bernard Bernier<br />
Unité et diversité de l’État moderne au Japon<br />
150-151). En réalité, les hommes d’affaires,<br />
trop utiles aux dirigeants politiques et militaires<br />
à cause de leur contrôle de l’industrie<br />
lourde, nécessaire aux armements, ont été les<br />
seuls dans les secteurs non gouvernementaux<br />
à conserver une certaine autonomie, du moins<br />
jusqu’au début de 1945. Ils ont accepté la<br />
nationalisation de leurs industries qu<strong>and</strong> une<br />
bonne partie des leurs équipements ont été détruits<br />
par les bombardements américains.<br />
Dans les derniers mois de la guerre, la<br />
défaite étant inévitable, divers secteurs des<br />
groupes dirigeants au Japon ont commencé à<br />
élaborer des plans pour l’après-guerre. Parmi<br />
leurs objectifs, il y avait la protection de<br />
l’empereur et du système impérial et le maintien<br />
des forces armées. Des négociations par<br />
intermédiaires ont débuté avec le gouvernement<br />
américain qui n’a pas cessé d’exiger la<br />
reddition sans condition. Cette intransigeance<br />
de l’administration américaine a retardé la fi n<br />
du confl it, les autorités japonaises voulant des<br />
garanties au moins au sujet du maintien en<br />
poste de l’empereur. Il a fallu les deux bombes<br />
atomiques et une intervention extraordinaire de<br />
l’empereur dans le processus de prise de décision<br />
pour que la guerre se termine en août<br />
1945. Dès septembre 1945, les troupes américaines<br />
sont arrivées pour occuper le Japon.<br />
3. La démocratie d’après-guerre<br />
L’objectif premier des Américains durant<br />
l’occupation militaire était l’élimination du<br />
militarisme et du « fascisme » japonais. Les<br />
mesures pratiques à prendre n’étaient pas<br />
toutes clairement défi nies, mais les autorités<br />
américaines voulaient au minimum éliminer<br />
les forces armées, ce qui fut fait rapidement dès<br />
1945. Aucune décision ferme n’avait été prise<br />
au sujet du statut de l’empereur et des discussions<br />
vives ont eu lieu au Secrétariat d’État à<br />
Washington entre la « faction japonaise », favorable<br />
au maintien de l’empereur à cause de<br />
sa place dans l’univers politique et symbolique<br />
du Japon (certains ont br<strong>and</strong>i la menace d’une<br />
insurrection si les Américains éliminaient le<br />
système impérial), et la « faction chinoise »<br />
qui voulaient juger l’empereur comme criminel<br />
de guerre. Les autorités américaines auraient<br />
pu conserver le système impérial et dem<strong>and</strong>er<br />
la démission de l’empereur régnant, ce<br />
que plusieurs membres de la famille impériale<br />
elle-même souhaitaient. Mais le Général<br />
102<br />
MacArthur, le dirigeant suprême de l’armée<br />
d’occupation, a fi nalement convaincu Washington<br />
de conserver le système et de maintenir<br />
en poste l’empereur régnant.<br />
Mais les Américains n’en ont pas moins<br />
modifi é en profondeur le système politique<br />
japonais. Dès octobre 1945, ils ont fait libérer<br />
les prisonniers politiques et autorisé le développement<br />
des syndicats ouvriers et l’activité<br />
des partis politiques, y compris du Parti communiste.<br />
En 1946, ils ont imposé une nouvelle<br />
Constitution, présentée comme un ensemble<br />
d’amendements à la Constitution de 1889,<br />
mais qui modifi ait radicalement l’organisation<br />
du pouvoir. Premièrement, la Constitution<br />
transformait le rôle de l’empereur qui perdait<br />
tout pouvoir et devenait strictement un<br />
symbole de l’État et de la nation. Deuxièmement,<br />
elle donnait la souveraineté au peuple<br />
et non plus à l’empereur. Troisièmement, elle<br />
abolissait « pour toujours » l’armée japonaise<br />
et décrétait que le pays ne pourrait désormais<br />
avoir recours à la force pour régler les confl its<br />
internationaux. Quatrièmement, elle donnait<br />
plein pouvoir législatif au parlement, dont les<br />
deux chambres désormais seraient élues au<br />
suffrage universel. Cinquièmement, l’exécutif<br />
demeurait aux mains du cabinet des ministres,<br />
mais le Premier ministre devait nécessairement<br />
être issu du parlement, étant le chef du parti<br />
ayant le plus de sièges à la chambre basse. En<br />
outre, les ministres devaient être choisis parmi<br />
les élus.<br />
Le système mis en place par cette Constitution<br />
a assuré le développement de la démocratie<br />
parlementaire. En même temps, en éliminant<br />
l’armée, la Constitution débarrassait le pays<br />
de plusieurs des divisions qui avaient marqué<br />
l’exercice du pouvoir et miné la cohérence des<br />
politiques avant 1945, ce qui a eu pour effet<br />
une plus gr<strong>and</strong>e unité de l’État.<br />
Malgré les transformations profondes du<br />
système politique, certaines continuités par<br />
rapport aux années 1931-1945 sont visibles.<br />
Premièrement, la fonction publique a été très<br />
peu touchée par les réformes américaines. Afi n<br />
de minimiser les coûts de l’occupation, les autorités<br />
américaines avaient décidé de passer<br />
par la fonction publique japonaise pour appliquer<br />
les politiques qui devaient auparavant être<br />
votées par les deux chambres du parlement.<br />
Ils ont donc jugé comme criminels de guerre<br />
un nombre restreints de bureaucrates, comparé<br />
aux forces armées, aux politiciens et aux