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Mouvements anormaux (322) - Serveur pédagogique de la Faculté ...

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1. Définition<br />

<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

<strong>Mouvements</strong> <strong>anormaux</strong> (<strong>322</strong>)<br />

André Ali Chérif<br />

Janvier 2006<br />

Les mouvements <strong>anormaux</strong> ou mouvements involontaires traduisent un trouble <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

programmation et/ou <strong>de</strong> l'exécution du mouvement. Ils peuvent impliquer diverses parties du<br />

système nerveux mais plus spécialement les noyaux gris centraux ou le système cérébelleux.<br />

A l’exception <strong>de</strong>s tics, ils sont ne pas contrô<strong>la</strong>bles par <strong>la</strong> volonté. Ils surviennent<br />

habituellement en l'absence <strong>de</strong> paralysie. Parfois les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s sont peu ou non conscients <strong>de</strong><br />

l'existence <strong>de</strong> ces mouvements : c'est le cas par exemple dans certains syndromes choréiques.<br />

Dans l'immense majorité <strong>de</strong>s cas les mouvements disparaissent pendant le sommeil.<br />

Le terme “ mouvement anormal ”, consacré par l'usage, pourrait d'un point <strong>de</strong> vue purement<br />

sémantique prêter à confusion. Toute anomalie du mouvement ne doit pas être qualifiée <strong>de</strong><br />

“ mouvement anormal ”. Les anomalies du mouvement secondaires à une parésie ou une<br />

paralysie d'origine centrale (pyramidale) ou périphérique, les différentes ataxies locomotrices<br />

(pyramidales, cérébelleuses, proprioceptives, vestibu<strong>la</strong>ires, complexes) n'entrent pas dans ce<br />

chapitre. Il en est <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s mouvements survenant au cours d'une crise d'épilepsie<br />

généralisée ou partielle, <strong>de</strong>s troubles du geste <strong>de</strong> nature apraxique, <strong>de</strong>s mouvements<br />

s'intégrant dans une activité automatique au cours du sommeil (parasomnies), <strong>de</strong>s<br />

comportements moteurs accompagnant <strong>de</strong>s états psychiques pathologiques (crise d'agitation,<br />

stéréotypies gestuelles, manifestations hystériques motrices, etc...). Tous les mouvements<br />

<strong>anormaux</strong> ne sont pas systématiquement <strong>anormaux</strong> par leur aspect formel. Ainsi certains tics<br />

ou certains mouvements choréiques considérés isolément peuvent donner l'illusion d'un<br />

mouvement normal. Ici c'est <strong>la</strong> répétition et le caractère involontaire ou difficilement<br />

contrô<strong>la</strong>ble qui caractérisent <strong>la</strong> pathologie. Il est donc préférable d'associer les <strong>de</strong>ux termes et<br />

<strong>de</strong> parler <strong>de</strong> mouvements <strong>anormaux</strong> involontaires.<br />

2. Les différents types <strong>de</strong> mouvements <strong>anormaux</strong> involontaires<br />

La reconnaissance <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> mouvements <strong>anormaux</strong> involontaires repose sur<br />

l'observation clinique directe ou sur l'analyse d'un enregistrement vidéo. Dans les cas très<br />

difficiles un enregistrement électrophysiologique peut être utile mais c'est là affaire <strong>de</strong><br />

spécialistes (enregistrement électromyographique, recherche d'une activité électrique<br />

corticale accompagnant le mouvement,...).<br />

2.1. Tremblements<br />

Un tremblement est <strong>la</strong> résultante <strong>de</strong> mouvements oscil<strong>la</strong>toires rythmiques autour <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

position d'équilibre d'une articu<strong>la</strong>tion. Il se traduit lors d'un enregistrement<br />

électromyographique par une succession <strong>de</strong> bouffées rythmiques d'activité électrique séparées<br />

par une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> repos, les bouffées alternant sur les muscles agonistes et antagonistes. Il<br />

peut aussi intéresser un muscle isolément (<strong>la</strong>ngue, cor<strong>de</strong> vocale,...). L'origine <strong>de</strong>s décharges<br />

rythmiques <strong>de</strong>s motoneurones provoquant le tremblement est mal connue. La substance<br />

réticulée, le tha<strong>la</strong>mus (noyau ventro-<strong>la</strong>téral) pourraient jouer un rôle important et être le siège<br />

à l'état physiologique d'un rythme "trémorigène" qui s'exprimerait <strong>de</strong> diverses façons dans<br />

<strong>de</strong>s états pathologiques. Il existe en effet un tremblement physiologique infra-clinique,<br />

DCEM 2 - Module 12 “ Neurologie, Neurochirurgie ”<br />

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<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

susceptible <strong>de</strong> s'exprimer transitoirement dans <strong>de</strong>s situations particulières (froid, fatigue,<br />

émotion).<br />

Un tremblement se définit par sa topographie, sa fréquence, et surtout par ses circonstances<br />

<strong>de</strong> survenue (repos, maintien d'une attitu<strong>de</strong>, action).<br />

2.2. <strong>Mouvements</strong> choréiques<br />

<strong>Mouvements</strong> brusques, rapi<strong>de</strong>s, imprévisibles, chaotiques, pouvant intéresser un grand<br />

nombre <strong>de</strong> territoires (les membres, le tronc, le cou, <strong>la</strong> face). Les mouvements choréiques<br />

sont complexes et, considérés individuellement, peuvent parfois ressembler à <strong>de</strong>s gestes<br />

volontaires bien qu'ils soient illogiques par leur succession. Ils surviennent sur un fond<br />

d'hypotonie (hyperextensibilité, exagération du bal<strong>la</strong>nt). Par leur succession anarchique, leur<br />

aspect <strong>de</strong> contorsion, <strong>de</strong> maniérisme ils peuvent <strong>de</strong> loin évoquer <strong>la</strong> danse, ce qui a donné le<br />

nom au trouble. Les mouvements choréiques existent au repos mais sont amplifiés par<br />

l'activité volontaire (parole, station <strong>de</strong>bout, marche,...).<br />

Les mouvements sont diffus, bi<strong>la</strong>téraux mais parfois asymétriques. A <strong>la</strong> face ce sont <strong>de</strong>s<br />

grimaces, <strong>de</strong>s haussements <strong>de</strong> sourcils, <strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> succion; au cou <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong><br />

rotation, <strong>de</strong> flexion-extension comme si le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> était géné par un faux-col, <strong>de</strong>s<br />

mouvements “ d'oiseau aux aguets ”; au tronc <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> rotation, <strong>de</strong> flexionextension<br />

donnant l'impression <strong>de</strong> danse; aux membres supérieurs <strong>de</strong>s haussements d'épaules,<br />

<strong>de</strong> projection <strong>de</strong> l'avant-bras ou du bras, <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong>s doigts; aux membres inférieurs<br />

<strong>de</strong>s croisements <strong>de</strong> jambes lorsque le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> est assis, <strong>de</strong>s extensions <strong>de</strong> <strong>la</strong> jambe, <strong>de</strong>s<br />

contorsions <strong>de</strong>s pieds et <strong>de</strong>s orteils. La démarche est altérée, en zigzag, avec <strong>de</strong>s inégalité du<br />

pas et <strong>de</strong>s déséquilibres récupérés.<br />

Lors <strong>de</strong> l'enregistrement électromyographique on constate que seul le muscle agoniste est<br />

actif, comme lors d'un mouvement volontaire, mais <strong>la</strong> bouffée <strong>de</strong> potentiel est irrégulière et<br />

plus courte, moins soutenue qu'à l'état normal.<br />

2.3. <strong>Mouvements</strong> balliques<br />

Le mouvement ballique se caractérise par sa topographie limitée à un hémicorps et le plus<br />

souvent au seul membre supérieur et par <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> amplitu<strong>de</strong> du mouvement à type <strong>de</strong><br />

rotation et <strong>de</strong> projection (mouvements <strong>de</strong> <strong>la</strong>ncer) par <strong>la</strong> mise en jeu <strong>de</strong> <strong>la</strong> racine du membre.<br />

Les mouvements sont très violents pouvant entrainer <strong>de</strong>s blessures (“ folie muscu<strong>la</strong>ire ”).<br />

Avant que l’on ne dispose d'un traitement symptomatique (neuroleptiques) on pouvait<br />

observer <strong>de</strong>s évolutions fatales par épuisement.<br />

Le ballisme implique habituellement une lésion du noyau sous-tha<strong>la</strong>mique ou corps <strong>de</strong> Luys.<br />

Malgré ces spécificités on rapproche parfois le ballisme <strong>de</strong> <strong>la</strong> chorée. En effet on peut<br />

observer dans certaines chorées <strong>de</strong> grands mouvements <strong>de</strong> type ballique, associés aux autres<br />

mouvements choréiques.<br />

2.4. Dystonies<br />

Contraction muscu<strong>la</strong>ire soutenue fixant un membre ou une partie du corps dans une position<br />

extrême et produisant <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s stéréotypées chez un même ma<strong>la</strong><strong>de</strong> et aussi d'un ma<strong>la</strong><strong>de</strong> à<br />

l'autre pour le même type <strong>de</strong> dystonie. Le mouvement dystonique peut être spontané ou<br />

déclenché par un mouvement volontaire. Il résulte <strong>de</strong> <strong>la</strong> contraction excessive et prolongée<br />

<strong>de</strong>s muscles agonistes et aussi <strong>de</strong> muscles voisins qui normalement <strong>de</strong>vraient rester inactifs.<br />

On distingue les dystonies:<br />

selon <strong>la</strong> topographie: dystonie focale si elle se limite à un segment articu<strong>la</strong>ire,<br />

dystonie segmentaire si elle intéresse plusieurs segments, hémi-dystonie si elle atteint<br />

un hémi-corps, dystonie généralisée enfin pour le corps entier.<br />

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selon les circonstances d'apparition du mouvement: on oppose les dystonies<br />

spontanées <strong>de</strong>s dystonies déclenchées par un geste particulier (dystonies <strong>de</strong> fonction).<br />

Les dystonies sont très influencées par le contexte affectif et émotionnel et peuvent évoluer<br />

par phases d'aggravation et <strong>de</strong> rémission inexpliquées. Elles sont parfois sensibles à <strong>de</strong><br />

curieuses manoeuvres qui ont un effet suppressif (“ geste correcteur ”, par exemple appuyer<br />

légèrement sur <strong>la</strong> mandibule pour un torticoli spasmodique). Ces faits, joints au caractère<br />

parfois bizarre et singulier <strong>de</strong>s mouvements réalisés et à l'absence <strong>de</strong> mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />

lésion dans le système nerveux les ont fait considérer par certains comme <strong>de</strong>s manifestations<br />

névrotiques et <strong>de</strong> nombreux ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s ont été traités par psychothérapie avec <strong>de</strong>s fortunes<br />

diverses. L'évolution actuelle <strong>de</strong>s connaissances, en particulier dans le champ <strong>de</strong> <strong>la</strong> génétique,<br />

concourt à consacrer l'appartenance <strong>de</strong>s dystonies à <strong>la</strong> neurologie.<br />

2.5. Athétose<br />

Le mouvement athétosique est un mouvement reptatoire lent et stéréotypé qui se répète sans<br />

rythme particulier et impose aux membres <strong>de</strong>s déformations posturales transitoires mais<br />

soutenues. La lenteur résulte <strong>de</strong> <strong>la</strong> contraction simultanée <strong>de</strong>s muscles agonistes et<br />

antagonistes. Malgré les apparences, il existe un fond d'hypotonie entre les contractions.<br />

Le mouvement athétosique est fréquent au niveau <strong>de</strong>s mains et <strong>de</strong>s doigts: sur un fond<br />

d'hyperextension se produisent <strong>de</strong>s alternances <strong>de</strong> flexion-extension, d'écartement <strong>de</strong>s doigts,<br />

<strong>de</strong> pronation et d'extension du poignet, <strong>de</strong>s mouvements sinueux <strong>de</strong> reptation comparés<br />

parfois à <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> tentacules <strong>de</strong> pieuvres.<br />

Au membre inférieur c'est le pied qui participe le plus avec <strong>de</strong>s lents mouvements d'extension<br />

pouvant simuler un signe <strong>de</strong> Babinski au niveau du gros orteil.<br />

La face peut participer, avec <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> rictus, <strong>de</strong> grimace lente. L'atteinte <strong>de</strong>s<br />

muscles du pharynx et du <strong>la</strong>rynx peut provoquer <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole et <strong>de</strong> <strong>la</strong> déglutition.<br />

Dans certaines circonstances étiologiques peuvent se mêler <strong>de</strong>s mouvements choréiques et<br />

athétosiques. On parle alors <strong>de</strong> choréo-athétose.<br />

2.6. Myoclonies<br />

Les myoclonies sont <strong>de</strong>s secousses muscu<strong>la</strong>ires brusques, brèves, en éc<strong>la</strong>ir provoquées par <strong>la</strong><br />

décharge synchrone <strong>de</strong> motoneurones, sous l'influence <strong>de</strong> perturbations supra-segmentaires.<br />

On les c<strong>la</strong>sse:<br />

selon l'étendue et <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s territoires muscu<strong>la</strong>ires intéressés:<br />

o myoclonies parcel<strong>la</strong>ires lorsqu'un volume muscu<strong>la</strong>ire réduit se contracte,<br />

pouvant provoquer un mouvement minime (au niveau d'un doigt par exemple)<br />

ou pas <strong>de</strong> mouvement du tout. Dans ce cas <strong>la</strong> myoclonie est seulement visible<br />

et parfois ressentie par le ma<strong>la</strong><strong>de</strong>,<br />

o myoclonies segmentaires intéressant plusieurs muscles simultanément et<br />

provoquant un bref dép<strong>la</strong>cement (secousse) segmentaire,<br />

o myoclonies massives intéressant <strong>de</strong> façon simultanée et symétrique plusieurs<br />

segments ou l'ensemble du corps. On parle <strong>de</strong> secousses myocloniques si<br />

l'évènement est bref (20 à 60ms) et violent (chute, projection d'un objet tenu)<br />

ou <strong>de</strong> spasme myoclonique si l'évènement est plus prolongé (250 ms et plus).<br />

selon leur répartition spatiale (pour les myoclonies parcel<strong>la</strong>ires et segmentaires):<br />

o myoclonies localisées si elles affectent toujours le même territoire,<br />

o myoclonies sporadiques si elles affectent <strong>de</strong> façon imprévisible divers<br />

territoires.<br />

selon leur répartition temporelle:<br />

o myoclonies intermittentes (à intervalles longs et irréguliers),<br />

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o accès myocloniques lorsque les décharges surviennent par paroxysmes séparés<br />

par une accalmie,<br />

o myoclonies permanentes ou continues.<br />

selon les circonstances d'apparition:<br />

o myoclonies spontanées, sans facteur déclenchant,<br />

o myoclonies provoquées (ou aggravées) par <strong>de</strong>s évènements sensoriels (éc<strong>la</strong>ir<br />

lumineux, bruit, contact cutané) ou moteurs (mouvement volontaire ou simple<br />

intention <strong>de</strong> mouvement produisant <strong>de</strong>s myoclonies d'action et / ou<br />

intentionnelles).<br />

Cas particulier: les myoclonies du voile<br />

Il s’agit <strong>de</strong> myoclonies segmentaires, continues, <strong>de</strong> rythme rapi<strong>de</strong> (100 à 180 par minute),<br />

intéressant le voile du pa<strong>la</strong>is et pouvant diffuser à <strong>la</strong> face, au pharynx, aux muscles<br />

intercostaux, au diaphragme. Elles persistent même pendant le sommeil. Elles résultent d’une<br />

lésion, quelle que soit sa nature, <strong>de</strong>s fibres qui unissent l’olive bulbaire contro-<strong>la</strong>térale au<br />

noyau <strong>de</strong>ntelé du cervelet homo<strong>la</strong>téral aux myoclonies.<br />

2.7. Tics<br />

Les tics sont <strong>de</strong>s mouvements involontaires imitant <strong>de</strong>s mouvements volontaires (“ c'est une<br />

caricature d'acte naturel ”, Charcot) et qui se répètent à intervalles variables. Dans l'intervalle<br />

<strong>de</strong>s mouvements il n'existe aucune anomalie <strong>de</strong> <strong>la</strong> motricité ni du tonus. Ils ne perturbent pas<br />

le mouvement volontaire. Ils sont contrôlés mais seulement <strong>de</strong> façon transitoire par <strong>la</strong><br />

volonté, au prix d'une tension croissante et pénible suivie d'un phénomène <strong>de</strong> rebond<br />

(augmentation transitoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong>s tics). Leur fréquence <strong>de</strong> survenue peut se<br />

réduire transitoirement lorsque le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> est engagé dans une activité telle que le calcul<br />

mental ou lorsque son attention est détournée. Ils peuvent être très divers d'un ma<strong>la</strong><strong>de</strong> à l'autre<br />

mais sont assez stéréotypés chez un même ma<strong>la</strong><strong>de</strong>. Il s'agit en fait plus d'un véritable<br />

comportement échappant au libre arbitre du ma<strong>la</strong><strong>de</strong> que d'un simple mouvement. Parfois les<br />

ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s tentent <strong>de</strong> dissimuler leur tic en l'insérant dans un mouvement volontaire.<br />

Les tics touchent fréquemment <strong>la</strong> face (mimiques diverses, grimaces), <strong>la</strong> respirationphonation<br />

(ronflement, raclement <strong>de</strong> gorge, souffle nasal,...), <strong>la</strong> parole (exc<strong>la</strong>mation, juron),<br />

le cou et le tronc (haussements d'épaule, rotation du cou), les membres (c<strong>la</strong>quements <strong>de</strong>s<br />

doigts, coup <strong>de</strong> pied,...).<br />

2.8. Dyskinésies bucco-linguo-faciales<br />

Elles sont le plus souvent isolées et réalisent <strong>de</strong>s mouvements incessants <strong>de</strong> <strong>la</strong> région faciale<br />

péri-buccale, <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, parfois du pharynx. Le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> fait <strong>la</strong> moue, se lèche les lèvres,<br />

remue <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue dans <strong>la</strong> bouche ou entre les lèvres. Quelquefois apparaissent <strong>de</strong>s lésions<br />

traumatiques par frottement contre les arca<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ntaires. Le trouble est génant pour le ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

et très disgracieux s'il est important. Quelquefois les dyskinésies bucco-linguo-faciales sont<br />

associées à <strong>de</strong>s mouvements choréiques <strong>de</strong>s membres.<br />

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3. Les entités pathologiques correspondantes et les éléments <strong>de</strong><br />

leur diagnostic<br />

3.1. Tremblements<br />

3.1.1. Tremblement <strong>de</strong> repos<br />

Il caractérise <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Parkinson et les syndromes parkinsoniens. Si toutes les ma<strong>la</strong>dies<br />

<strong>de</strong> Parkinson et tous les syndromes parkinsoniens ne comportent pas un tremblement <strong>de</strong><br />

repos, <strong>la</strong> constatation <strong>de</strong> ce signe permet <strong>de</strong> retenir un <strong>de</strong> ces diagnostics, et le plus souvent<br />

celui <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Parkinson. Se reporter à <strong>la</strong> question “ ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Parkinson ”<br />

3.1.2. Tremblement postural ou d'attitu<strong>de</strong><br />

3.1.2.1. Le tremblement essentiel<br />

La cause <strong>la</strong> plus fréquente <strong>de</strong> tremblement postural est le tremblement essentiel (ou<br />

idiopathique) dont l'origine est inconnue. Il est parfois aussi qualifié <strong>de</strong> sénile parce qu'il est<br />

fréquent chez le sujet âgé, mais il peut aussi débuter chez le jeune adulte. Il est fréquent, plus<br />

fréquent que <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Parkinson (300 cas pour 100 000 habitants). Dans <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s<br />

cas existent <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts familiaux simi<strong>la</strong>ires, en faveur d'une hérédité autosomique<br />

dominante à pénétrance variable.<br />

Le tremblement est présent dans <strong>la</strong> posture mais aussi dans l'action (écriture, manipu<strong>la</strong>tion<br />

d'un verre,...). Il disparait au repos. Il est majoré par le froid, <strong>la</strong> fatigue, les émotions. Il<br />

affecte préférentiellement les membres supérieurs <strong>de</strong> façon bi<strong>la</strong>térale mais parfois<br />

asymétrique. Il peut intéresser le chef (mouvement <strong>de</strong> dénégation “ non-non ”, plus rarement<br />

d'affirmation “ oui-oui ”) et <strong>la</strong> voix (voix chevrotante). Il est plus rare au niveau <strong>de</strong>s membres<br />

inférieurs (un tiers <strong>de</strong>s patients). Il peut être mis en évi<strong>de</strong>nce dans <strong>la</strong> position du serment ou<br />

en <strong>de</strong>mandant au sujet <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cer ses in<strong>de</strong>x en opposition <strong>de</strong>vant lui. Il persiste en s'atténuant<br />

lors <strong>de</strong>s mouvements volontaires rapi<strong>de</strong>s mais en se renforçant en fin <strong>de</strong> mouvement (par<br />

exemple dans l'épreuve du doigt au nez, lorsque le doigt parvient au contact du nez). Son<br />

rythme est rapi<strong>de</strong> (6 à 12 Hertz), correspondant au rythme du tremblement physiologique.<br />

L'examen neurologique est par ailleurs strictement normal. En particulier il n'existe pas <strong>de</strong><br />

signes d'akinésie ni <strong>de</strong> rigidité. Ce tremblement est dans 50% <strong>de</strong>s cas calmé par <strong>la</strong> prise<br />

d'alcool. Son évolution est lentement progressive; sa fréquence diminue et son amplitu<strong>de</strong><br />

augmente avec le temps et il peut <strong>de</strong>venir un handicap notable. De plus il est assez mal toléré<br />

car il est vécu comme un signe <strong>de</strong> sénilité.<br />

Son diagnostic positif est purement clinique. Son traitement utilise les bétabloquants<br />

(Propanolol) ou <strong>la</strong> Mysoline® qui est un anti-épileptique. Les benzodiazépines peuvent le<br />

réduire mais <strong>de</strong> façon non spécifique. Dans les cas très invalidants du sujet jeune un<br />

traitement neurochirurgical peut être discuté (tha<strong>la</strong>motomie ou stimu<strong>la</strong>tion tha<strong>la</strong>mique à haute<br />

fréquence). Dans <strong>de</strong> nombreux cas, peu invalidants et du sujet âgé, l'abstention thérapeutique<br />

peut se discuter en raison <strong>de</strong>s résultats souvent médiocres du traitement médicamenteux et <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong>s effets secondaires génants <strong>de</strong>s médicaments.<br />

3.1.2.2. Autres causes <strong>de</strong> tremblement d'attitu<strong>de</strong><br />

Un tremblement d’attitu<strong>de</strong> peut s’observer chez les sujets angoissés, les alcooliques en état <strong>de</strong><br />

sevrage, les toxicomanes en état <strong>de</strong> sevrage, lors <strong>de</strong> l'hyperthyroïdie.<br />

Un grand nombre <strong>de</strong> médicaments sont susceptibles d'induire <strong>de</strong>s tremblements d'attitu<strong>de</strong><br />

(antidépresseurs, lithium, bronchodi<strong>la</strong>tateurs, <strong>de</strong>pakine, hormones thyroïdiennes, anti-<br />

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arythmiques, etc...). En présence d'un tremblement d'attitu<strong>de</strong> inexpliqué cette étiologie<br />

iatrogène doit être systématiquement recherchée.<br />

3.1.3. Tremblements d'action et d'intention (ou cinétique)<br />

Il est le plus souvent <strong>de</strong> nature cérébelleuse par atteinte du cervelet ou <strong>de</strong> ses voies <strong>de</strong> sortie<br />

(pédoncule cérébelleux supérieur). Le tremblement apparait dès l'initiation même du<br />

mouvement, se poursuit pendant son exécution en s'accentuant à l'approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> cible<br />

(tremblement intentionnel). Lorsqu'il est très ample on parle <strong>de</strong> “ dyskinésies volitionnelles ”.<br />

Il disparait au repos.<br />

Il accompagne diverses ma<strong>la</strong>dies provoquant <strong>de</strong>s lésions du système cérébelleux: sclérose<br />

en p<strong>la</strong>ques, ma<strong>la</strong>dies dégénératives intéressant le cervelet, séquelles <strong>de</strong> traumatismes<br />

crâniens, etc...L'examen neurologique montre alors d'autres anomalies appartenant au<br />

syndrome cérébelleux (hypotonie, dysmétrie,...).<br />

Plus rarement il peut correspondre au terme évolutif d'un tremblement d'attitu<strong>de</strong> dont<br />

l'ampleur s'est accentuée au cours <strong>de</strong>s années ("dyskinésie volitionnelle d'attitu<strong>de</strong>").<br />

Il peut être extrêmement invalidant surtout s'il est bi<strong>la</strong>téral.<br />

Le traitement du tremblement d’action est très difficile. Il ne répond à aucun médicament <strong>de</strong><br />

façon nette et durable. La stimu<strong>la</strong>tion tha<strong>la</strong>mique peut être discutée, au moins pour "libérer"<br />

une main. Ses résultats sont moins bons que pour le tremblement essentiel.<br />

3.2. <strong>Mouvements</strong> choréiques<br />

3.2.1. La ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Huntington<br />

La ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Huntington est une ma<strong>la</strong>die génétique à transmission autosomique dominante<br />

<strong>de</strong> pénétrance totale, le risque est donc <strong>de</strong> 50% chez les enfants d'un parent atteint. Sa<br />

prévalence est <strong>de</strong> 10 cas / 100 000 habitants. Le gène anormal est situé au niveau du<br />

chromosome 4. L'anomalie est une répétition excessive <strong>de</strong> CAG au sein du gène. Plus le<br />

nombre <strong>de</strong> répétitions est élevé, plus <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die est sévère et commence tôt au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie.<br />

Le gène co<strong>de</strong> pour une protéine (<strong>la</strong> huntingtine) dont <strong>la</strong> fonction est inconnue. Les lésions<br />

intéressent le striatum puis secondairement le cortex cérébral.<br />

La ma<strong>la</strong>die commence <strong>de</strong> façon insidieuse entre 30 et 50 ans dans 80% <strong>de</strong>s cas. Il existe <strong>de</strong>s<br />

formes juvéniles (moins <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong>s cas) et <strong>de</strong>s formes tardives débutant après 50 ans (10%<br />

<strong>de</strong>s cas). Il existe trois types <strong>de</strong> troubles: <strong>de</strong>s troubles psychiatriques et du comportement, un<br />

syndrome choréique, une démence. Les troubles psychiatriques associent repliement sur soi,<br />

modifications <strong>de</strong> <strong>la</strong> personnalité et du caractère, irritabilité, agressivité, dépression, raptus<br />

suicidaire, parfois idées délirantes. La chorée est typique, avec <strong>de</strong>s mouvements intéressant<br />

l'ensemble du corps. La démence est tardive et <strong>de</strong> type sous-cortico-frontal (démence souscorticale).<br />

Le début est marqué soit par <strong>de</strong>s modifications du comportement, soit par<br />

l'apparition <strong>de</strong> mouvements choréiques, soit par les <strong>de</strong>ux. Les formes infantiles sont<br />

particulières: <strong>la</strong> transmission est le plus souvent paternelle, le syndrome choréique est<br />

remp<strong>la</strong>cé par un syndrome akinéto-rigi<strong>de</strong> et une épilepsie myoclonique peut apparaitre en<br />

cours d'évolution.<br />

Dans sa forme habituelle <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die évolue <strong>de</strong> façon progressive sur 15 ans en moyenne vers<br />

l'état grabataire et <strong>la</strong> mort.<br />

Le diagnostic ne soulève pas <strong>de</strong> difficulté lorsque le tableau clinique est caractéristique et<br />

qu'il existe <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts familiaux. Toutefois ces <strong>de</strong>rniers peuvent être cachés <strong>de</strong> façon<br />

plus ou moins consciente ou remp<strong>la</strong>cés par <strong>de</strong>s diagnostics erronés (“ gâtisme ”, ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong><br />

Parkinson, dépression,...). Les formes d'allure “ sporadique ” sont en général <strong>de</strong>s formes<br />

tardives (chorée “ sénile ”), ou avec une histoire familiale peu informative (décès précoce<br />

d'un parent, incertitu<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> paternité,...). Le diagnostic génétique est possible chez un<br />

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ma<strong>la</strong><strong>de</strong> symptomatique (consentement éc<strong>la</strong>iré préa<strong>la</strong>ble et écrit, décret du 23 juin 2000). La<br />

confirmation du diagnostic a <strong>de</strong>s conséquences psychologiques sur le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> et sa famille et<br />

cette situation doit être assumée au mieux par l'équipe soignante. Le diagnostic chez <strong>de</strong>s<br />

patients à risque mais asymptomatiques (typiquement les enfants d'un ou d'une ma<strong>la</strong><strong>de</strong>) est<br />

possible mais soulève <strong>de</strong> difficiles problèmes d'éthique. Il doit être effectué dans <strong>de</strong>s centres<br />

spécialisés multidisciplinaires en respectant un protocole bien défini. Des entretiens<br />

préa<strong>la</strong>bles sont nécessaires et l'encadrement psychologique indispensable avant et après <strong>la</strong><br />

pratique du test. Le diagnostic prénatal est possible si un parent est ma<strong>la</strong><strong>de</strong> ou se sait porteur<br />

du gène pathologique.<br />

Le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die comprend surtout une prise en charge psychiatrique: traitement<br />

médicamenteux <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépression, <strong>de</strong>s troubles du caractère, <strong>de</strong>s troubles psychotiques; une<br />

psychothérapie <strong>de</strong> soutien peut être utile. Les neuroleptiques sont souvent utilisés car ils<br />

agissent à <strong>la</strong> fois sur les troubles du comportement et sur les mouvements choréiques. Un<br />

essai <strong>de</strong> traitement par greffes cellu<strong>la</strong>ires intra-cérébrales est actuellement en cours.<br />

3.2.2. Autres causes <strong>de</strong> mouvements choréiques<br />

3.2.2.1. Autres chorées héréditaires<br />

Des mouvements choréiques peuvent être présents dans différentes ma<strong>la</strong>dies neurologiques<br />

héréditaires très rares.<br />

3.2.2.2. Chorées acquises<br />

3.2.2.2.1. La chorée <strong>de</strong> Sy<strong>de</strong>nham (ou “ danse <strong>de</strong> Saint-<br />

Guy ”)<br />

Elle est <strong>de</strong>venue exceptionnelle dans les pays développés. Nous en donnons quelques<br />

éléments car elle peut quand même être rencontrée chez nous, et bien sûr <strong>de</strong> façon plus<br />

probable dans les pays en voie <strong>de</strong> développement. Elle appartient à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die rhumatismale<br />

survenant après une angine à streptocoque béta-hémolytique A., mais ne frappe pas<br />

systématiquement tous les enfants ayant présenté un rhumatisme articu<strong>la</strong>ire aigu dont on sait<br />

que <strong>la</strong> complication <strong>la</strong> plus grave est l'atteinte cardiaque (valvu<strong>la</strong>ire le plus souvent). Ceci<br />

faisait dire aux anciens praticiens, en présence d'une chorée <strong>de</strong> Sy<strong>de</strong>nham: “ le symptôme est<br />

au cerveau mais le risque est au coeur ”.<br />

C'est une ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> l'enfant d'âge sco<strong>la</strong>ire, plus fréquente chez <strong>la</strong> fille ( 2 à 3 fois plus) et<br />

plus fréquente à <strong>la</strong> saison froi<strong>de</strong>. Les lésions encéphaliques responsables (bien que les<br />

données soient anciennes et très limitées) sont inf<strong>la</strong>mmatoires et prédominent sur le striatum.<br />

Le mécanisme fait appel à une agression immunologique (il existerait une parenté<br />

antigénique entre <strong>de</strong>s composants du streptocoque et <strong>de</strong>s composants <strong>de</strong>s neurones <strong>de</strong>s<br />

noyaux gris centraux).<br />

La ma<strong>la</strong>die s'installe <strong>de</strong> façon insidieuse et les mouvements choréiques sont pendant quelques<br />

semaines discrets : ma<strong>la</strong>dresses, instabilité, dans un contexte d'altération du caractère qui font<br />

que l'enfant est plus réprimandé que considéré comme un ma<strong>la</strong><strong>de</strong>. En quelques semaines les<br />

mouvements choréiques <strong>de</strong>viennent manifestes touchant préférentiellement <strong>la</strong> face et les<br />

membres supérieurs, volontiers asymétriques. Il existe une hypotonie muscu<strong>la</strong>ire qui peut<br />

dans certains cas s'exacerber (“ chorée molle ”). Les troubles psychiques se renforcent:<br />

troubles <strong>de</strong> l'attention, <strong>la</strong>bilité émotionnelle, instabilité <strong>de</strong> l'humeur, insomnie. La guérison<br />

survient (<strong>de</strong> façon spontanée) en <strong>de</strong>ux mois , bien que puisse parfois persister pendant<br />

quelques années une instabilité psychomotrice. La récidive est possible dans les années qui<br />

suivent à l'occasion d'un épiso<strong>de</strong> infectieux et quelquefois chez <strong>la</strong> fille à l'occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

première grossesse.<br />

DCEM 2 - Module 12 “ Neurologie, Neurochirurgie ”<br />

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Le diagnostic est clinique et biologique (diagnostic du syndrome inf<strong>la</strong>mmatoire poststreptococique).<br />

L'IRM peut montrer les lésions inf<strong>la</strong>mmatoires striatales.<br />

Le traitement nécessite le repos et l'isolement. Il utilise <strong>de</strong>s neuroleptiques pour calmer<br />

rapi<strong>de</strong>ment les mouvements choréiques. Il faut par ailleurs traiter l'infection causale<br />

(antibiotiques) et réduire le syndrome inf<strong>la</strong>mmatoire par une corticothérapie.<br />

3.2.2.2.2. Autres chorées acquises<br />

On peut observer <strong>de</strong>s mouvements choréiques au cours <strong>de</strong> diverses affections neurologiques:<br />

diverses encéphalites virales, diverses encéphalopathies métaboliques, <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts<br />

hémorragiques ou ischémiques <strong>de</strong>s noyaux gris, <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies inf<strong>la</strong>mmatoires dont le lupus<br />

érythémateux disséminé. Les anticontraceptifs oraux pourraient <strong>de</strong> façon exceptionnelle<br />

déclencher une chorée (en réactivant une chorée <strong>de</strong> l'enfance ?).<br />

Les dyskinésies induites par <strong>la</strong> lévodopa chez le Parkinsonien revêtent fréquemment un<br />

aspect choréique. Se reporter à <strong>la</strong> question “ Ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Parkinson, Item 261 ”.<br />

3.3. <strong>Mouvements</strong> balliques<br />

Le ballisme, ou hémiballisme puisqu'il est pratiquement toujours limité à un hémicorps, est<br />

rare et encore plus rare avec <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> fréquence <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts hémorragiques<br />

cérébraux. L'hémiballisme correspond habituellement à une hémorragie du corps <strong>de</strong> Luys<br />

(noyau sous-tha<strong>la</strong>mique) et il débute <strong>de</strong> façon soudaine, parfois après une hémiparésie<br />

régressive. Il siège du côté opposé à <strong>la</strong> lésion.<br />

Il est atténué par les neuroleptiques (Largactil). Il a tendance a rétrocé<strong>de</strong>r spontanément en<br />

quelques semaines. Le traitement permet <strong>de</strong> passer le cap difficile <strong>de</strong> l'agitation muscu<strong>la</strong>ire<br />

incessante et épuisante.<br />

3.4. Dystonies<br />

3.4.1. Dystonies localisées<br />

3.4.1.1. Le torticoli spasmodique<br />

C’est une dystonie <strong>de</strong>s muscles du cou qui provoque une rotation et une inclinaison <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête<br />

selon un mouvement lent ou saccadé, dans une position qui peut tendre à se fixer. Il est<br />

provoqué par <strong>la</strong> contraction du muscle sterno-cléido-mastoïdien du côté opposé au<br />

dép<strong>la</strong>cement et du splénius du même côté. La contraction tonique peut aussi être émaillée <strong>de</strong><br />

secousses donnant un aspect clonique. Parfois un simple contact du doigt sur le menton réduit<br />

momentanément le trouble (“ geste conjurateur ”). Le muscle sterno-cléido-mastoïdien peut<br />

être le siège d’une hypertrophie. L’évolution est chronique, souvent marquée par <strong>de</strong>s<br />

rémissions imprévisibles. La cause est inconnue. Un mécanisme névrotique est parfois<br />

évoqué, à vrai dire sans gran<strong>de</strong> preuve. Le traitement est souvent décevant (benzodiazépines,<br />

anticholinergiques, re<strong>la</strong>xation, psychothérapie). Des injections locales <strong>de</strong> toxine botulinique<br />

peuvent être utilisées.<br />

3.4.1.2. La crampe <strong>de</strong>s écrivains<br />

C’est <strong>la</strong> variété <strong>la</strong> plus fréquente <strong>de</strong>s dystonies <strong>de</strong> fonction. Elle est déclenchée par l’écriture.<br />

Après quelques lignes ou quelques mots apparait une contraction tonique <strong>de</strong>s trois premiers<br />

doigts, puis du poignet, rendant l’écriture difficile ou impossible. Quelquefois un simple<br />

contact <strong>de</strong> <strong>la</strong> main saine sur <strong>la</strong> main dystonique suffit pour réduire momentanément le<br />

trouble. L’écriture au tableau est souvent respectée ou plus facile, ainsi que l’écriture sur un<br />

c<strong>la</strong>vier.<br />

DCEM 2 - Module 12 “ Neurologie, Neurochirurgie ”<br />

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Il existe d’autres variétés simi<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> dystonies focales <strong>de</strong> fonction (crampe <strong>de</strong>s<br />

instrumentistes: violonistes, pianistes,...).<br />

3.4.1.3. Le spasme médian <strong>de</strong> <strong>la</strong> face (ou syndrome <strong>de</strong> Meige)<br />

Il est aussi appelé blépharospasme car sa localisation aux orbicu<strong>la</strong>ires palpébraux est <strong>la</strong> plus<br />

fréquente. Il provoque une crispation bi<strong>la</strong>térale incoercible <strong>de</strong>s paupières entrainant une<br />

occlusion <strong>de</strong>s yeux privant brutalement le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> vue. La durée <strong>de</strong>s spasmes varie <strong>de</strong><br />

quelques secon<strong>de</strong>s à une minute ou plus. Les accès se répètent avec une fréquence variable<br />

pouvant dans les cas graves être <strong>la</strong> cause d’une gène fonctionnelle visuelle considérable. Ils<br />

sont aggravés par <strong>la</strong> lumière vive, <strong>la</strong> marche dans <strong>la</strong> rue, les émotions.<br />

Le spasme médian <strong>de</strong> <strong>la</strong> face peut s’étendre au fil <strong>de</strong>s années aux muscles péri-buccaux,<br />

masticateurs, linguaux, pharyngés, cervicaux (syndrome cervico-linguo-masticateur).<br />

Son traitement médicamenteux est très difficile (benzodiazépines, anticholinergiques,...). La<br />

toxine botulinique peut être une ai<strong>de</strong> précieuse pour limiter le blépharospasme.<br />

3.4.1.4. Cas particulier: l’hémispasme facial<br />

Il se caractérise par <strong>la</strong> survenue <strong>de</strong> contractions toniques ou cloniques d’une hémiface, dans<br />

les muscles innervés par le nerf facial. Il est limité au début à l’orbicu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s paupières<br />

(occlusion brève d’un oeil produisant un clignement renforcé) puis peut s’étendre au reste <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> face. Les spasmes sont spontanés ou déclenchés par <strong>la</strong> parole, <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> <strong>la</strong> face,<br />

<strong>de</strong>s stimu<strong>la</strong>tions sensorielles.<br />

L’hémispasme est dit post-paralytique lorsqu’il constitue <strong>la</strong> séquelle d’une paralysie faciale<br />

périphérique.<br />

Il est dit primitif lorsqu’il s’installe <strong>de</strong> façon insidieuse sans paralysie préa<strong>la</strong>ble, résumant le<br />

tableau clinique. Dans ce cas il doit faire rechercher une souffrance débutante du nerf facial<br />

(compression tumorale, malformation <strong>de</strong> <strong>la</strong> charnière occipito-vertébrale, compression par un<br />

anévrysme artériel, conflit vasculo-nerveux dans <strong>la</strong> fosse postérieure,etc...). Le traitement est<br />

essentiellement étiologique pour l’hémispasme primitif, à condition qu’une étiologie puisse<br />

être mise à jour. Dans tous les cas une action symptomatique partielle peut être obtenue par le<br />

Tégrétol®.<br />

3.4.2. Dystonies généralisées<br />

La dystonie <strong>de</strong> torsion généralisée (dystonia musculorum <strong>de</strong>formans) se caractérise par<br />

l’intensité et <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong>s spasmes dystoniques à l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> muscu<strong>la</strong>ture striée avec<br />

une prédilection pour <strong>la</strong> muscu<strong>la</strong>ture axiale provoquant <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> déformation<br />

amples et puissants en hyperlordose (dysbasie lordotique), en flexion <strong>la</strong>térale ou en rotation<br />

(spasme <strong>de</strong> torsion), <strong>de</strong>s spasmes du visage. La participation <strong>de</strong> <strong>la</strong> muscu<strong>la</strong>ture <strong>de</strong>s membres<br />

réalise <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> contorsion variés, avec enroulement, flexion, adduction, etc...<br />

L’hyperactivité incessante entraine une hypertrophie muscu<strong>la</strong>ire. La ma<strong>la</strong>die débute souvent<br />

dans l’enfance et s’aggrave progressivement. Il s’agit en fait d’un ensemble <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies soustendues<br />

par un déterminisme génétique encore imparfaitement connu. Une forme est bien<br />

individualisée: <strong>la</strong> dystonie <strong>de</strong> type 1 dont le diagnostic par <strong>la</strong> biologie molécu<strong>la</strong>ire est<br />

possible. Le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> dystonie généralisée <strong>de</strong> type 1 par <strong>la</strong> neuro-stimu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s<br />

globus pallidus est actuellement à l’essai, avec <strong>de</strong>s premiers résultats très encourageants.<br />

3.5. Athétose<br />

Il s’agit le plus souvent d’une hémi-athétose associée aux autres séquelles d’une hémiplégie<br />

infantile.<br />

DCEM 2 - Module 12 “ Neurologie, Neurochirurgie ”<br />

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L’athétose double est plus rare; elle est <strong>la</strong> séquelle d’une encéphalopathie néonatale, soit par<br />

traumatisme mécanique, soit par anoxie (état marbré du striatum). Son traitement est quasi<br />

inexistant. Exceptionnellement <strong>la</strong> L-Dopa a donné quelques résultats.<br />

3.6. Myoclonies<br />

Les causes <strong>de</strong>s myoclonies sont très nombreuses et variées. Le plus souvent les myoclonies<br />

ne résument pas les signes cliniques; elles s’intègrent dans divers syndromes plus ou moins<br />

caractéristiques d’un diagnostic. Certaines sont physiologiques: hoquet, myoclonies du<br />

sommeil (endormissement).<br />

Causes les plus fréquentes <strong>de</strong> myoclonies:<br />

Myoclonies épileptiques isolées ou associées à d’autres manifestations épileptiques:<br />

phase clonique <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise tonico-clonique, épilepsie photosensible, “ petit-mal ”<br />

myoclonique. Plus rarement: Hypsarythmie (syndrome <strong>de</strong> West), syndrome <strong>de</strong><br />

Lennox-Gastaut, épilepsie partielle continue <strong>de</strong> Kojewnikoff.<br />

Myoclonies associées à <strong>de</strong>s crises épileptiques généralisées et à un syndrome <strong>de</strong><br />

détérioration mentale progressive (épilepsies myocloniques progressives): ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong><br />

Lafora, ma<strong>la</strong>die d’Unverricht-Lundborg; associées à un syndrome cérébelleux<br />

d’aggravation progressive: dyssynergie cérébelleuse myoclonique <strong>de</strong> Ramsay-Hunt.<br />

Myoclonies évoluant dans le contexte <strong>de</strong> diverses ma<strong>la</strong>dies neurologiques:<br />

o diverses encéphalopathies toxiques ou médicamenteuses<br />

o diverses encéphalopathies métaboliques (hépatique, hyponatrémie,<br />

hypoglicémie,...).<br />

o encéphalopathie post-anoxique (syndrome <strong>de</strong> Lance et Adams) entrainant <strong>de</strong>s<br />

myoclonies intenses d’intention et d’action très invalidantes.<br />

o dans le cours évolutif tardif <strong>de</strong> diverses ma<strong>la</strong>dies dégénératives ( ma<strong>la</strong>die<br />

d’Alzheimer, hérédodégénérescences spino-cérébelleuses,...).<br />

o au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Ceutzfeldt-Jakob ( plutôt en fin d’évolution).<br />

3.7. Tics<br />

3.7.1. Tics <strong>de</strong> l’enfant et <strong>de</strong> l’adolescent<br />

Les tics sont fréquents surtout chez l’enfant et à l’adolescence. Ils se rencontrent plus<br />

fréquemment chez le garçon. Ils peuvent parfois persister à l’âge adulte ou plus rarement<br />

apparaitre. Chez l’enfant ils sont souvent bénins mais doivent néanmoins alerter et faire<br />

rechercher une situation <strong>de</strong> tension psychologique passagère ou <strong>de</strong> conflit névrotique plus<br />

durable en cours d’instal<strong>la</strong>tion.<br />

3.7.2. La ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong>s tics ou ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Gilles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tourette<br />

C’est une affection caractérisée par <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> tics remarquables par leur nombre et leur<br />

fréquence. Elle débute souvent au cours <strong>de</strong> l’enfance et évolue <strong>de</strong> façon chronique durant<br />

toute <strong>la</strong> vie. Les tics sont associés à <strong>de</strong>s phénomènes vocaux à type <strong>de</strong> raclements <strong>de</strong> gorge,<br />

<strong>de</strong> grognements, <strong>de</strong> cris. Parfois existe aussi une copro<strong>la</strong>lie (émission <strong>de</strong> mots orduriers).<br />

La ma<strong>la</strong>die possè<strong>de</strong> souvent un caractère familial, à rechercher soigneusement car il existe<br />

<strong>de</strong>s formes atténuées qui peuvent être passées sous silence. Dans sa forme achevée <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die<br />

est très invalidante car elle interfère avec <strong>la</strong> vie sociale et professionnelle. Sa nature<br />

biologique ne fait aucun doute mais son substratum probablement génétique n’a pas encore<br />

été établi. Le traitement médicamenteux, utilisant surtout les neuroleptiques, n’amène qu’une<br />

amélioration partielle et souvent transitoire.<br />

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3.8. Dyskinésies bucco-linguo-faciales<br />

3.8.1. Dyskinésies aiguës <strong>de</strong>s neuroleptiques<br />

On peut observer chez <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> tout âge <strong>de</strong>s mouvement <strong>anormaux</strong> <strong>de</strong> survenue brutale<br />

après une seule prise <strong>de</strong> neuroleptique. Ces mouvements revêtent l’aspect <strong>de</strong> dyskinésies<br />

bucco-linguo-faciales volontiers associées à <strong>de</strong>s mouvements dystoniques du tronc et <strong>de</strong>s<br />

membres. Parfois le trouble moteur aigu se limite à un blocage <strong>de</strong>s globes ocu<strong>la</strong>ires le plus<br />

souvent vers le haut (“ crise oculogyre ”). Ces inci<strong>de</strong>nts peuvent survenir chez un ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

psychiatrique après l’absorption ou l’injection d’un neuroleptique ou bien après l’absorption<br />

d’un neuroleptique “ caché ” dans diverses situations (notamment <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> Primpéran®<br />

pour traiter <strong>de</strong>s nausées).<br />

3.8.2. Dyskinésies tardives <strong>de</strong>s neuroleptiques<br />

Ce sont les plus fréquentes. Elles apparaissent après <strong>de</strong>s traitements prolongés, utilisant <strong>de</strong>s<br />

doses importantes <strong>de</strong> neuroleptiques, chez <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s psychiatriques. On estime que le<br />

risque <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> ces dyskinésies augmente avec <strong>la</strong> durée du traitement (risque cumu<strong>la</strong>tif<br />

<strong>de</strong> 5% par année <strong>de</strong> traitement). On peut aussi les observer, chez <strong>de</strong>s sujets généralement<br />

âgés, qui ont pris au cours <strong>de</strong>s mois ou <strong>de</strong>s années précé<strong>de</strong>nts un neuroleptique à faible dose,<br />

éventuellement un neuroleptique “ caché ” prescrit pour une indication non psychiatrique (Cf.<br />

Question “ Ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Parkinson ”).<br />

Ces dyskinésies sont très disgracieuses et génantes. Parfois elles ne se limitent pas à <strong>la</strong> sphère<br />

oro-faciale et s’éten<strong>de</strong>nt au tronc et aux membres. Il peut exister une akathisie (sensations<br />

désagréables dans les membres inférieurs s’accompagnant du besoin impérieux <strong>de</strong> les remuer<br />

et <strong>de</strong> déambuler).<br />

Le traitement <strong>de</strong>s dyskinésies tardives <strong>de</strong>s neuroleptiques est très difficile. Souvent<br />

l’amélioration n’est obtenue que par <strong>la</strong> reprise d’un traitement neuroleptique, créant un<br />

véritable cercle vicieux. Les dyskinésies spontanées sont elles aussi en partie sensibles à un<br />

traitement neuroleptique.<br />

La prévention <strong>de</strong> cette redoutable complication est fondamentale:<br />

limiter au maximun les indications <strong>de</strong>s neuroleptiques, en les réservant<br />

essentiellement aux troubles psychotiques.<br />

limiter autant que faire se peut <strong>la</strong> posologie et <strong>la</strong> durée d’utilisation.<br />

surveiller l’état moteur du ma<strong>la</strong><strong>de</strong>.<br />

3.8.3. Dyskinésies primitives du sujet âgé<br />

Des dyskinésies bucco-linguo-faciales peuvent être observées <strong>de</strong> façon apparemment<br />

primitive chez <strong>de</strong>s sujets âgés. Un interrogatoire soigneux i<strong>de</strong>ntifie parfois <strong>la</strong> prise antérieure<br />

d’un médicament neuroleptique permettant <strong>de</strong> porter alors le diagnostic <strong>de</strong> dyskinésies<br />

tardives. Dans les cas où aucune prise médicamenteuse suspecte n’a pu être repérée on<br />

considère qu’il s’agit <strong>de</strong> dyskinésies spontanées du sujet âgé dont l’étiologie est inconnue.<br />

4. Cas particuler <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Wilson<br />

La ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Wilson (dégénérescence hépato-lenticu<strong>la</strong>ire) est une ma<strong>la</strong>die familiale<br />

génétique autosomique récessive dont les lésions essentiellement hépatiques et cérébrales<br />

(noyaux gris centraux) sont liées à l'accumu<strong>la</strong>tion du cuivre. L'accumu<strong>la</strong>tion du cuivre est due<br />

à un déficit <strong>de</strong> <strong>la</strong> synthèse <strong>de</strong> sa protéine <strong>de</strong> transport p<strong>la</strong>smatique, <strong>la</strong> coerulop<strong>la</strong>smine. Les<br />

premiers signes apparaissent souvent dans l'enfance ou l'adolescence, mais parfois <strong>de</strong> façon<br />

plus tardive jusqu'à l'âge <strong>de</strong> 50 ans. La séméiologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die associe selon <strong>de</strong>s<br />

DCEM 2 - Module 12 “ Neurologie, Neurochirurgie ”<br />

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configurations variées, <strong>de</strong>s troubles hépatiques (hépatite aiguë, cirrhose progressive), <strong>de</strong>s<br />

troubles mentaux (troubles du comportement, troubles du caractère, ralentissement cognitif,<br />

troubles psychotiques, délires,...), <strong>de</strong>s troubles neurologiques ( syndrome akinéto-rigi<strong>de</strong>,<br />

dystonies, troubles cérébelleux).<br />

En pratique ce diagnostic doit être évoqué en présence <strong>de</strong> tout mouvement anormal<br />

involontaire inexpliqué survenant chez un patient <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 40 ans, et en particulier en<br />

présence d'un syndrome parkinsonien. Le diagnostic repose sur <strong>la</strong> constatation d'anomalie<br />

hépatiques, <strong>la</strong> mise en évi<strong>de</strong>nce par examen à <strong>la</strong> <strong>la</strong>mpe à fente d'un anneau <strong>de</strong> Kayser-<br />

Fleischer au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> cornée (dépot <strong>de</strong> cuivre), <strong>la</strong> présence d'hypersignaux à l'IRM au<br />

niveau <strong>de</strong>s noyaux gris centraux, le dosage <strong>de</strong> <strong>la</strong> coerulop<strong>la</strong>smine (taux très diminué),<br />

l'augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuprémie libre et <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuprurie. En l'absence <strong>de</strong> traitement l'évolution se<br />

fait vers un état grabataire. Le traitement est efficace, basé sur <strong>la</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong>s apports<br />

alimentaires <strong>de</strong> cuivre et surtout l'usage d'un ché<strong>la</strong>teur permettant l'augmentation <strong>de</strong><br />

l'excrétion urinaire du cuivre (Pénicil<strong>la</strong>mine).<br />

La ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Wilson comporte différents troubles moteurs qui peuvent s’associer <strong>de</strong> façon<br />

variable d’un ma<strong>la</strong><strong>de</strong> à l’autre. C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle nous <strong>la</strong> signalons <strong>de</strong> façon isolée,<br />

non intégrée à une variété particulière <strong>de</strong> mouvement anormal. On peut observer:<br />

un tremblement d’intensité variable, prédominant dans le maintien d’une attitu<strong>de</strong>.<br />

Ce<strong>la</strong> va du tremblement fin limité au poignet au grand tremblement invalidant du type<br />

dyssynergie cérébelleuse myoclonique.<br />

<strong>de</strong>s myoclonies d’action<br />

<strong>de</strong>s mouvements choréiques ou athétosiques<br />

<strong>de</strong>s troubles du tonus pseudo-parkinsoniens (rigidité en flexion)<br />

<strong>de</strong>s contractions dystoniques à l’origine <strong>de</strong> difficultés lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> marche, perturbant<br />

l’exécution <strong>de</strong>s mouvements fins, tout particulièrement l’écriture et modifiant <strong>la</strong><br />

mimique (“ faciès wilsonien ”).<br />

une lenteur <strong>de</strong>s mouvements évoquant une akinésie. La parole peut être très altérée, à<br />

<strong>la</strong> fois par l’akinésie et <strong>la</strong> dystonie, et être quasi inaudible.<br />

Le diagnostic <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Wilson ne doit pas être méconnu car il existe <strong>de</strong>s possibilités<br />

thérapeutiques notables. Il doit être évoqué <strong>de</strong>vant tout trouble moteur inexpliqué du<br />

sujet jeune et <strong>de</strong>vant un trouble mental associé à <strong>de</strong>s modifications motrices atypiques. En<br />

l’absence <strong>de</strong> traitement l’évolution se fait vers un état grabataire.<br />

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