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LUCRÈCE : <strong>De</strong> <strong>rerum</strong> <strong>natura</strong> LIVRE I <strong>De</strong> <strong>la</strong> <strong>Nature</strong><br />
505. corporis atque loci, res in quo quaeque geruntur,<br />
506. esse utramque sibi per se puramque necesse est.<br />
507. Nam qua cumque uacat spatium, quod inane uocamus,<br />
508. corpus ea non est ; qua porro cumque tenet se<br />
509. corpus, ea uacuum nequaquam constat inane.<br />
510. Sunt igitur solida ac sine inani corpora prima.<br />
511. Praeterea quoniam genitis in rebus inane est,<br />
512. materiem circum solidam constare necesse est ;<br />
513. nec res ul<strong>la</strong> potest uera ratione probari<br />
514. corpore inane suo ce<strong>la</strong>re atque intus habere,<br />
515. si non, quod cohibet, solidum constare relinquas.<br />
516. Id porro nihil esse potest nisi materiai<br />
517. concilium, quod inane queat <strong>rerum</strong> cohibere.<br />
518. Materies igitur, solido quae corpore constat,<br />
519. esse aeterna potest, cum cetera dissoluantur.<br />
520. Tum porro si nil esset quod inane uocaret,<br />
521. omne foret solidum ; nisi contra corpora certa<br />
522. essent quae loca complerent quae cumque tenerent<br />
523. omne quod est spatium, uacuum constaret inane.<br />
524. Alternis igitur ni mirum corpus inani<br />
525. distinctum, quoniam nec plenum nauiter extat<br />
526. nec porro uacuum ; sunt ergo corpora certa,<br />
527. quae spatium pleno possint distinguere inane.<br />
528. Haec neque dissolui p<strong>la</strong>gis extrinsecus icta<br />
529. possunt nec porro penitus penetrata retexi<br />
530. nec ratione queunt alia temptata <strong>la</strong>bare ;<br />
531. id quod iam supra tibi paulo ostendimus ante.<br />
505. La matière et l’espace où toute chose s’accomplit,<br />
506. Il faut que chacun d’eux existe par lui-même, et soit pur.<br />
507. Car là où l’espace est vacant, ce que nous nommons « vide »,<br />
508. Il n’y a pas de corps ; mais en revanche, là où se tient<br />
509. Le corps, il ne saurait y avoir aucunement le vide ;<br />
510. Les corps premiers sont donc pleins et sans aucun vide.<br />
511. Mais comme il existe dans les choses créées, un vide,<br />
512. Il faut bien qu’il y ait de <strong>la</strong> matière autour,<br />
513. Car on ne peut logiquement admettre que des corps<br />
514. Puissent avoir et retenir un vide caché en leur sein,<br />
515. Sans une enveloppe solide pour le contenir.<br />
516. Continuons : Il n’y a qu’un agrégat de matière<br />
517. Qui soit capable de tenir le vide enfermé,<br />
518. Et donc <strong>la</strong> matière, qui est faite de corps solides,<br />
519. Peut demeurer éternelle, alors que tout se désagrège.<br />
520. D’autre part, s’il n’était un espace qui est le vide,<br />
521. Tout serait donc solide ; et si n’étaient des corps<br />
522. Bien définis pour remplir les lieux qu’ils occupent,<br />
523. Tout ne serait qu’espace, et le vide partout.<br />
524. S’il n’est pourtant ni tout à fait vide, ni tout à fait plein<br />
525. C’est donc sans aucun doute, que le vide et le plein<br />
526. Se délimitent l’un par l’autre, et qu’il existe des corps<br />
527. Pour séparer le vide et le plein dans l’espace.<br />
528. Ceux-là, nul coup porté de l’extérieur ne les détruit,<br />
529. Rien ne peut les pénétrer complètement, rien ne peut<br />
530. Les atteindre, et rien ne peut les ébranler,<br />
531. Ainsi que je te l’ai déjà expliqué plus haut 18 .<br />
18 « plus haut » cf. vers 241-par exemple.<br />
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