LUCRECE De rerum natura De la Nature

LUCRÈCE : De rerum natura LIVRE I De la Nature
1105. neue ruant caeli tonitralia templa superne
1106. terraque se pedibus raptim subducat et omnis
1107. inter permixtas rerum caelique ruinas
1108. corpora soluentes abeat per inane profundum,
1109. temporis ut puncto nihil extet reliquiarum
1110. desertum praeter spatium et primordia caeca.
1111. Nam qua cumque prius de parti corpora desse
1112. constitues, haec rebus erit pars ianua leti,
1113. hac se turba foras dabit omnis materiai.
1114. Haec sic pernosces parua perductus opella;
1115. namque alid ex alio clarescet nec tibi caeca
1116. nox iter eripiet, quin ultima naturai
1117. peruideas: ita res accendent lumina rebus.
1118.
1119.
1120.
1105. Le ciel tonitruant sur nous s’effondrerait,
1106. Et sous nos pas la terre soudain s’ouvrirait ;
1107. Dans cet écroulement des choses et des cieux,
1108. Des corps décomposés, tout irait vers l’abîme :
1109. En un instant, un seul, ne resterait plus rien
1110. Qu’un espace désert peuplé de corps aveugles 37 .
1111. Que la matière vienne à manquer en un endroit,
1112. Où que ce soit, et ce sera la mort : comme une porte
1113. Où la totalité des éléments s’engouffrera.
1114. Voilà donc ce savoir auquel tu parviendras sans peine,
1115. Car on t’y conduira ; et une chose éclairant l’autre,
1116. La nuit ne pourra te cacher les utltimes secrets :
1117. Les choses d’elles-mêmes iront s’illuminant.
37 «Caeca». Comme ailleurs (au vv. 277, 295, 328, 779), on peut hésiter sur le sens à donner
à ce mot : «invisible» ou «aveugle»? Je pense qu’il faut tenir compte du contexte, et ici,
«aveugles» me semblent mieux poursuivre la métaphore apocalyptique, en faisant des corps
premiers eux-mêmes des éléments «errants à l’aveuglette».
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