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LUCRÈCE : <strong>De</strong> <strong>rerum</strong> <strong>natura</strong> LIVRE I <strong>De</strong> <strong>la</strong> <strong>Nature</strong><br />
532. Nam neque conlidi sine inani posse uidetur<br />
533. quicquam nec frangi nec findi in bina secando<br />
534. nec capere umorem neque item manabile frigus<br />
535. nec penetralem ignem, quibus omnia conficiuntur.<br />
536. Et quo quaeque magis cohibet res intus inane,<br />
537. tam magis his rebus penitus temptata <strong>la</strong>bascit.<br />
538. Ergo si solida ac sine inani corpora prima<br />
539. sunt ita uti docui, sint haec aeterna necesse est.<br />
540. Praeterea nisi materies aeterna fuisset,<br />
541. antehac ad nihilum penitus res quaeque redissent<br />
542. de nihiloque renata forent quae cumque uidemus.<br />
543. At quoniam supra docui nil posse creari<br />
544. de nihilo neque quod genitum est ad nil reuocari,<br />
545. esse inmortali primordia corpore debent,<br />
546. dissolui quo quaeque supremo tempore possint,<br />
547. materies ut subpeditet rebus reparandis.<br />
548. Sunt igitur solida primordia simplicitate<br />
549. nec ratione queunt alia seruata per aeuom<br />
550. ex infinito iam tempore res reparare.<br />
551. <strong>De</strong>nique si nul<strong>la</strong>m finem <strong>natura</strong> parasset<br />
552. frangendis rebus, iam corpora materiai<br />
553. usque redacta forent aeuo frangente priore,<br />
554. ut nihil ex illis a certo tempore posset<br />
555. conceptum summum aetatis peruadere finem.<br />
556. Nam quiduis citius dissolui posse uidemus<br />
557. quam rursus refici ; qua propter longa diei<br />
558. infinita aetas ante acti temporis omnis<br />
559. quod fregisset adhuc disturbans dissoluensque,<br />
560. numquam relicuo reparari tempore posset.<br />
532. On voit donc que sans vide rien ne peut être cassé<br />
533. Ni broyé, ni coupé, ni fendu en deux,<br />
534. Que rien ne peut absorber l’eau non plus que le froid vif,<br />
535. Ni le feu dévorant qui vient pourtant à bout de tout.<br />
536. Et d’autant plus une chose renferme de vide<br />
537. D’autant plus elle se <strong>la</strong>isse ébranler et détruire.<br />
538. Ainsi donc, si les corps premiers, comme je l’ai dit,<br />
539. Sont pleins et sans vide, ils sont forcément éternels.<br />
540. Et plus encore : si <strong>la</strong> matière n’était pas immortelle<br />
541. Toutes les choses seraient déjà retournées au néant<br />
542. Pour en renaître de nouveau, telles que nous les voyons.<br />
543. Et puisque, je l’ai dit, rien ne se crée à partir de rien,<br />
544. Que nulle créature ne retourne jamais au néant,<br />
545. Il faut bien que les corps premiers soient immortels<br />
546. Car c’est en eux que tout corps, à <strong>la</strong> fin se résoud,<br />
547. Pour que <strong>la</strong> matière puisse suffire à refaire les choses.<br />
548. Ce sont donc des éléments parfaitement solides et simples,<br />
549. Car sinon ils n’auraient pu franchir les âges<br />
550. Et renouveler toutes choses à l’infini.<br />
551. Et si enfin <strong>la</strong> nature n’avait assigné un terme<br />
552. À <strong>la</strong> division des choses, alors les corps matériels<br />
553. Seraient maintenant tellement fragmentés<br />
554. Que rien de ce qu’ils pourraient produire ne pourrait<br />
555. Dans un dé<strong>la</strong>i fixé, atteindre le terme de sa vie.<br />
556. On peut voir en effet que toute chose se détruit plus vite<br />
557. Qu’elle ne se reconstitue ; ainsi tout ce que le temps<br />
558. Dans <strong>la</strong> durée longue et même infinie des jours passés<br />
559. Aurait détruit, brisé, et dissous, jusqu’ici – jamais<br />
560. Le temps qui resterait ne pourrait suffire à le réparer !<br />
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