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Légende<br />
Henri Rousseau : «Le Rêve», 1910.<br />
1 - Invocation<br />
à Vénus<br />
On pourrait s’étonner de voir Lucrèce, réputé matérialiste et<br />
disciple d’Épicure, commencer son grand poème par... une invocation<br />
à <strong>la</strong> déesse Vénus! Mais en fait, il s’agit ici d’un «topos»,<br />
d’un élément de rhétorique en quelque sorte «obligé»: un poème<br />
de cette ampleur se doit de commencer par une «invocation»,<br />
une sorte de «dédicace» comme ce<strong>la</strong> se fera communément et<br />
constamment par <strong>la</strong> suite dans tous les livres... Mais on voit très<br />
vite que <strong>la</strong> «Vénus» dont il s’agit ici n’est pas véritablement <strong>la</strong><br />
«déesse» dont les récits mythologiques sont pleins, mais bien<br />
<strong>la</strong> <strong>Nature</strong> elle-même, prise comme une entité globale, une sorte<br />
de principe vital. Et si le «<strong>De</strong> Rerum Natura» est un poème philosophique,<br />
il est d’abord et avant tout un poème: cette «ouverture»<br />
montre pleinement que Lucrèce ne veut pas simplement<br />
rapporter et développer <strong>la</strong> pensée d’Épicure, il écrit aussi une<br />
oeuvre poétique, avec un lyrisme tout à fait convaincant.