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les robustes anim<strong>au</strong>x pour les retenir ou les exciter,<br />
c’est ainsi qu’avec de l’adresse et de vigoureux efforts<br />
on fait passer la montagne des richesses, sans<br />
l’écrouler, sous l’arc de triomphe rustique. C’est surtout<br />
le dernier charroi, appelé la gerb<strong>au</strong>de, qui demande ces<br />
préc<strong>au</strong>tions, car c’est <strong>au</strong>ssi une fête champêtre, et la<br />
dernière gerbe enlevée <strong>au</strong> dernier sillon est placée <strong>au</strong><br />
sommet du char, ornée de rubans et de fleurs, de même<br />
que le front des bœufs et l’aiguillon du bouvier. Ainsi,<br />
l’entrée triomphale et pénible du chou dans la maison<br />
est un simulacre de la prospérité et de la fécondité qu’il<br />
représente.<br />
Arrivé dans la cour du marié, le chou est enlevé et<br />
porté <strong>au</strong> plus h<strong>au</strong>t de la maison ou de la grange. S’il est<br />
une cheminée, un pignon, un pigeonnier plus élevé que<br />
les <strong>au</strong>tres faîtes, il f<strong>au</strong>t, à tout risque porter ce farde<strong>au</strong><br />
<strong>au</strong> point culminant de l’habitation. Le païen<br />
l’accompagne jusque-là, le fixe, et l’arrose d’un grand<br />
broc de vin, tandis qu’une salve de coups de pistolet et<br />
les contorsions joyeuses de la païenne signalent son<br />
in<strong>au</strong>guration.<br />
<strong>La</strong> même cérémonie recommence immédiatement.<br />
On va déterrer un <strong>au</strong>tre chou dans le jardin du marié<br />
pour le porter avec les mêmes formalités sur le toit que<br />
sa femme vient d’abandonner pour le suivre. Ces<br />
trophées restent là jusqu’à ce que le vent et la pluie<br />
détruisent les corbeilles et emportent le chou. Mais ils y<br />
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