Sur les traces de Virginia Woolf, à la rencontre d ... - Philippe Legouis
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Gaughin » qui se déroulera <strong>à</strong> <strong>la</strong> « Stafford Gallery » et qui permettra <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> lecture postimpressionniste<br />
initiée par Roger Fry lors <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong> novembre 1910). Cette secon<strong>de</strong><br />
exposition organisée par Roger Fry en octobre 1912 p<strong>la</strong>cera Cézanne, décédé six ans auparavant, au<br />
centre <strong>de</strong>s attentions, prédominant et père <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle école, détrônant Manet et fortement<br />
représenté par une trentaine <strong>de</strong> ses œuvres alors que Gaughin et Van Gogh seront volontairement<br />
sous-exposés, sans pour autant remettre en question leur génie.<br />
Clive Bell <strong>rencontre</strong>ra lui aussi Pablo Picasso, notamment <strong>à</strong> l’Académie <strong>de</strong> France <strong>à</strong> Rome (Vil<strong>la</strong><br />
Médicis) ou encore <strong>à</strong> Paris rue <strong>de</strong> La Boëtie vers <strong>les</strong> années 1919-1920 où, en cette occasion, il fera <strong>la</strong><br />
connaissance d’amis et col<strong>la</strong>borateurs du grand maître en <strong>les</strong> personnes d’Erik Satie ou encore <strong>de</strong> Jean<br />
Cocteau. Clive Bell connaîtra également Henri Matisse mais <strong>de</strong> manière moins proche qu’<strong>à</strong> travers sa<br />
re<strong>la</strong>tion avec Pablo Picasso (NB : Henri Matisse, qui fut notamment chef <strong>de</strong> file du fauvisme, était un<br />
grand ami <strong>de</strong> Simon Bussy, personnage évoqué ci- après). Le lien <strong>à</strong> <strong>la</strong> peinture française se créera<br />
aussi par <strong>la</strong> sœur <strong>de</strong> Lytton Strachey, Dorothy, qui épousera le peintre français Simon Bussy, lequel<br />
donnera, un temps, <strong>de</strong>s cours <strong>à</strong> Duncan Grant. Dorothy <strong>de</strong>viendra par ailleurs <strong>la</strong> traductrice officielle<br />
en <strong>la</strong>ngue ang<strong>la</strong>ise <strong>de</strong> André Gi<strong>de</strong>. Le lien se fera encore par <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> Jacques Raverat, autre<br />
peintre français, grand ami <strong>de</strong> <strong>Virginia</strong> décédé le 7 mars 1925 : « (...) Depuis mes <strong>de</strong>rnières notes dans<br />
ce journal il y a quelques mois <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>, Jacques Raverat est mort ; après avoir longtemps désiré<br />
mourir. Il m’avait écrit au sujet <strong>de</strong> Mrs Dalloway une lettre <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle je dois un <strong>de</strong>s plus beaux jours<br />
<strong>de</strong> ma vie. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si je n’ai pas vraiment accompli quelque chose cette fois-ci » <strong>Virginia</strong><br />
<strong>Woolf</strong>, « Journal » 7/4/1925. La connexion française se fera également par <strong>la</strong> <strong>rencontre</strong> <strong>de</strong> André<br />
Dunoyer <strong>de</strong> Segonzac, peintre naturaliste aux accents expressionnistes, mais encore par Pierre C<strong>la</strong>irin,<br />
peintre <strong>de</strong> grand talent qui occupera notamment <strong>les</strong> anciens ateliers du célèbre peintre Paul Gauguin<br />
au manoir <strong>de</strong> Lezavarn <strong>à</strong> Pont-Aven en Bretagne. Sans oublier l’influence <strong>de</strong> André Derain, un <strong>de</strong>s<br />
peintres <strong>les</strong> plus audacieux du fauvisme, remarquable <strong>de</strong>ssinateur et sculpteur également, grand ami <strong>de</strong><br />
Clive Bell qui se rapprochera du cubisme en <strong>de</strong>venant ami <strong>de</strong> Pablo Picasso ; André Derain travaillera<br />
aussi avec Henri Matisse qu’il connaîtra en 1898 <strong>à</strong> l’Académie <strong>de</strong> Paris et avec le peintre Maurice <strong>de</strong><br />
V<strong>la</strong>minck qu’il <strong>rencontre</strong>ra en 1900 avec lequel il <strong>de</strong>viendra ami également. André Derain fera en<br />
outre <strong>la</strong> connaissance du poète Guil<strong>la</strong>ume Apollinaire fin 1904 (NB : A noter <strong>de</strong> manière<br />
complémentaire au sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion avec le peintre Simon Bussy, qu’Angelica Bell re<strong>la</strong>tera en<br />
détails dans l’interview <strong>de</strong> septembre 2003 qu’elle me consentira, que celui-ci était également un ami<br />
<strong>de</strong> Paul Valéry, d’André Gi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> Roger Martin du Gard- le lien entre <strong>la</strong> peinture et l’écriture est<br />
ici, me semble-t-il et une fois encore, nettement mis en exergue).<br />
Des liaisons prépondérantes vont donc s’établir entre le milieu culturel français et <strong>les</strong> membres du<br />
Groupe <strong>de</strong> Bloomsbury. De nombreux contacts se produiront ainsi entre certains <strong>de</strong>s plus grands<br />
artistes <strong>de</strong> l’époque qui al<strong>la</strong>ient <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s grands noms du XX ème siècle et ce par <strong>les</strong> connexions <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Hogarth Press, <strong>à</strong> travers <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> <strong>Virginia</strong> <strong>Woolf</strong> avec ses amis écrivains et avec ceux qui y<br />
seront publiés, mais aussi par <strong>les</strong> liens très riches avec le milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> peinture entretenus par Vanessa<br />
Bell et Duncan Grant, ainsi que par Roger Fry et Clive Bell, qui connaîtront tous quatre <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s<br />
maîtres <strong>de</strong> leur génération, <strong>de</strong> cette historique époque <strong>de</strong> foisonnement culturel où <strong>de</strong>ux arts majeurs<br />
sembleront s’unir au sein d’une même sensibilité- « Bloomsbury » traduira alors <strong>la</strong> fusion <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
milieux en une gran<strong>de</strong> cause artistique commune...<br />
En tant que peintres talentueux, Vanessa et Duncan seront <strong>de</strong>ux moteurs très importants <strong>de</strong> ce volet<br />
prépondérant au sein du Groupe. Mais c’est tout <strong>de</strong> même l’Œuvre <strong>de</strong> <strong>Virginia</strong> <strong>Woolf</strong> qui confortera<br />
définitivement <strong>la</strong> renommée du Cercle <strong>de</strong> Bloomsbury, ainsi que <strong>la</strong> bril<strong>la</strong>nte carrière (non artistique il<br />
est vrai) <strong>de</strong> John Maynard Keynes, sans pour autant obérer le caractère avéré et reconnu <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong><br />
ces artistes. John Maynard Keynes sera effectivement un économiste internationalement réputé et<br />
officiellement missionné dans ce domaine par le gouvernement britannique et dont certaines <strong>de</strong>s<br />
théories économiques sont toujours <strong>à</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s grands principes d’équilibre en <strong>la</strong> matière ; il sera en<br />
outre l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pères créateurs du Fonds Monétaire International (avec Harry Dexter White) lors<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Bretton-Woods du 20 juillet 1944, vingt et un mois avant sa mort.<br />
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