Le Dynamot - Association de biodynamie du Québec
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La Saint-Jean<br />
Par Rudolf Steiner<br />
Comment se prépare-t-on l’âme pour fêter la Saint-<br />
Jean? En vivant pleinement l’effervescence menant<br />
au don <strong>de</strong> soi. En ressentant l’expiration <strong>de</strong> la terre<br />
qui laisse aller vers le cosmos tout ce qu’elle a reçu<br />
au cœur <strong>de</strong> l’hiver, alors qu’elle était en pleine possession<br />
<strong>de</strong> son essence. En ressentant «la chevauchée<br />
flamboyante <strong>du</strong> Soleil autour <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>». En réapprenant<br />
la faim <strong>de</strong> l’âme pour cette fête. En comprenant<br />
le message suivant: <strong>de</strong>puis le printemps, une croissance<br />
animée a pris possession <strong>de</strong> la terre. Maintenant<br />
le cosmos, par l’action <strong>du</strong> soleil, appelle la terre<br />
à s’ouvrir sans réserve à l’univers.<br />
Ce qui suit est extrait <strong>de</strong> «<strong>Le</strong>s fêtes <strong>de</strong> l’année et leur<br />
intériorisation», par Rudolf Steiner, Éditions anthroposophiques<br />
Roman<strong>de</strong>s<br />
«<strong>Le</strong> regard intense <strong>de</strong> la Saint-Jean<br />
L’atmosphère <strong>de</strong> la Saint-Jean, nous <strong>de</strong>vons la<br />
ressentir comme une entrée dans les impulsions<br />
<strong>de</strong> l’esprit, et comme un abandon <strong>du</strong> domaine<br />
<strong>de</strong>s impulsions sensibles. Nous <strong>de</strong>vons la ressentir<br />
comme vibrante, ondoyante, ondoyant<br />
d’un esprit qui, comme un *daïmon, passe <strong>du</strong><br />
sensible au spirituel, et <strong>du</strong> spirituel au sensible.<br />
Nous <strong>de</strong>vons apprendre aisément à donner, par<br />
l’atmosphère <strong>de</strong> la Saint-Jean, une forme telle<br />
à notre esprit qu’il ne s’attache pas seulement<br />
comme <strong>de</strong> la poix aux contours figés <strong>de</strong>s pensées,<br />
mais qu’il s’adapte aux idées ondoyantes,<br />
vivantes. Nous <strong>de</strong>vons pouvoir remarquer la<br />
lueur <strong>du</strong> sensible qui brille, la lueur <strong>du</strong> sensible<br />
qui s’éteint, et <strong>de</strong> l’esprit brillant dans le spirituel<br />
qui va s’éteignant. Nous <strong>de</strong>vons ressentir le symbole<br />
<strong>de</strong> la luciole qui s’allume, et trouver également<br />
une signification dans le déclin <strong>de</strong> sa lueur.<br />
<strong>Le</strong> ver luisant s’allume, puis il s’éteint. Mais<br />
au moment où il s’éteint, il laisse en nous une<br />
trace vivante <strong>de</strong> la vie ondoyante <strong>du</strong> spirituel<br />
dans le sensible crépusculaire. Et quand nous<br />
voyons partout dans la nature les petites on<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> l’esprit, comme nous voyons dans le sensible<br />
la lueur symbolique <strong>du</strong> ver luisant scintillant<br />
puis s’éteignant, nous pouvons, à l’ai<strong>de</strong> d’une<br />
conscience pleine, claire, luci<strong>de</strong>, trouver la juste<br />
ambiance <strong>de</strong> la Saint-Jean pour notre époque.<br />
Cette juste ambiance <strong>de</strong> la Saint-Jean, nous en<br />
avons besoin; car si nous ne voulons pas glisser<br />
à un déclin définitif, il faut que nous parcourions<br />
notre époque <strong>de</strong> façon telle que l’esprit apprenne<br />
à s’animer <strong>de</strong> feu, et que nous apprenions à<br />
Page 13<br />
suivre en le comprenant le spirituel animé d’une<br />
vie ar<strong>de</strong>nte.<br />
L’atmosphère <strong>de</strong> la Saint-Jean - elle est tournée<br />
vers l’avenir <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> la Terre! Non plus<br />
la vieille attitu<strong>de</strong> qui ne comprend que le jaillissement<br />
et le bourgeonnement <strong>de</strong> la nature extérieure,<br />
et qui est heureuse <strong>de</strong> pouvoir enfermer<br />
ce jaillissement, ce bourgeonnement, et <strong>de</strong> placer<br />
sous la lumière électrique ce qui d’ordinaire<br />
s’épanouissait avec joie dans la lumière <strong>du</strong> soleil.<br />
Il nous faut bien plus apprendre à reconnaître<br />
la lueur scintillante et la floraison <strong>de</strong> l’esprit, <strong>de</strong><br />
sorte que la lumière électrique per<strong>de</strong> l’importance<br />
qu’elle a à présent; mais que par là nous ayons un<br />
regard, le regard <strong>de</strong> la Saint-Jean, mieux aiguisé<br />
pour percevoir l’antique lumière solaire qui nous<br />
apparaît quand nous ouvrons le vaste horizon<br />
spirituel - non seulement l’horizon terrestre étroit,<br />
mais le grand horizon qui va <strong>de</strong> Saturne à Vulcain.<br />
Si nous laissons agir sur nous, et <strong>de</strong> manière<br />
juste, la lumière qui nous apparaît dans ce vaste<br />
horizon, toutes les mesquineries <strong>de</strong> notre époque<br />
pourront nous apparaître dans cette lumière,<br />
alors nous pourrons aller <strong>de</strong> l’avant, et aller plus<br />
haut. Sinon, si nous ne pouvons pas nous y déci<strong>de</strong>r,<br />
nous rétrogra<strong>de</strong>rons et déclinerons. Ce qui<br />
est en cause partout aujourd’hui, c’est la liberté<br />
humaine, la volonté humaine. Il s’agit partout aujourd’hui,<br />
pour l’homme, <strong>du</strong> choix libre et autonome<br />
entre la marche en avant et la marche en<br />
arrière, entre la montée et la <strong>de</strong>scente.»<br />
* «Daïmon» est un mot grec dont nous avons fait «démon»,<br />
mot qui connote un seul aspect <strong>du</strong> «mon<strong>de</strong> daïmonique»: un<br />
aspect d’ombre et <strong>de</strong> tentation. Cette ré<strong>du</strong>ction représente un<br />
appauvrissement considérable <strong>de</strong>s expériences humaines<br />
que recouvre le terme grec. Toute culture a sa daïmonologie,<br />
c’est-à-dire une théorie et une expérience <strong>de</strong> puissances<br />
supra ou infrapsychiques (esprits, anges, archanges, génies,<br />
démons, démiurges, djinns, chérubins, gnomes, fées...)<br />
dont l’apparition peut signifier pour l’être humain une rencontre<br />
avec son propre <strong>de</strong>stin: salut, tentation, chute, oracle,<br />
conseil, gui<strong>de</strong>, initiation,<br />
perte, présage...<br />
«Il faut que nous ressentions,<br />
que nous<br />
comprenions que cette<br />
atmosphère <strong>de</strong> la Saint-<br />
Jean est le point <strong>de</strong> départ<br />
<strong>de</strong> ce qu’exprime<br />
cette parole: «Il faut<br />
qu’Il grandisse, et que<br />
je diminue.»<br />
(Steiner)