L'histoire de Maximus sous format pdf - WebRing

laisse jamais te voir pleurer.
- C'est mon meilleur ami.
La voix de Maximus était faible et les larmes qu'il retenait rendaient sa gorge douloureuse.
- Je sais, mais l'amitié est une chose étrange dans l'armée. Par exemple, même si je tiens beaucoup à toi,
il se peut qu'un jour je t'envoie au combat en sachant qu'il y a un grand risque que tu y meures. Mais je le
ferai. Peut être qu'un jour, tu devras le faire aussi avec des hommes auxquels tu seras attaché. C'est une
des choses les plus difficiles à faire quand on est un chef, Maximus. Tu dois être fort pour les hommes qui
sont sous ton commandement. Ils ont peur et se reposent sur la force de caractère de leurs chefs pour les
rendre plus forts. Si ces chefs laissent voir qu'ils ont peur, les hommes sont fichus. Est-ce que tu
comprends ?
Maximus acquiesça lentement.
- C'est un travail difficile que d'apprendre à commander et ça va beaucoup plus loin qu'être le meilleur
combattant. Et la raison pour laquelle je passe autant de temps avec toi, mon garçon, c'est que je sens
que tu sais ces choses d'instinct. Quelqu'un doit juste les mettre en perspective pour toi.
Darius fit un large sourire.
- Et c'est moi.
- Êtes-vous intervenu pour que je devienne un citoyen de Rome ?
Darius haussa les épaules comme si il s'agissait d'une broutille.
- Hmm, hmm
- J'ai une énorme dette envers vous.
- Tu ne me dois rien d'autre que de devenir le meilleur que tu puisses être. J'ai de grands espoirs pour toi,
Maximus. Ne me déçois pas.
Maximus hocha solennellement la tête et s'adossa contre le tronc noueux du grand chêne, réconforté par
la présence de son aîné.
Chapitre 11 : 166 après Jésus-Christ
Le temps passait vite en Germanie.
La présence menaçante des légions avait contenu les tribus de leur côté du fleuve mais la vigilance était
constante et l'entraînement se poursuivit pendant les quatre années suivantes puisqu'il semblait que la
guerre finirait par arriver tôt ou tard.
Quelques tribus germaniques avaient même progressé loin dans le Sud et menaçaient l'Italie car les
légions là-bas avaient été réduites à cause du besoin d'hommes dans l'Est.
En 166, Maximus était devenu un séduisant jeune homme de 20 ans avec des connaissances
exceptionnelles dans tous les domaines des arts de la guerre. Bien qu'il n'ait jamais vu une vraie bataille, il
avait participé à de nombreuses simulations et ses prouesses avec les armes coupaient le souffle de
Darius.
Celui qui talonnait Maximus de près était Quintus et les deux hommes étaient des rivaux acharnés dans
chaque aspect de la vie. Mais Quintus tenait toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête de
Maximus : sa naissance dans une noble famille romaine, ce qui voulait dire qu'il pourrait éventuellement
devancer largement Maximus dans le commandement. Cependant, Maximus avait à cet instant un
avantage qui surpassait la haute naissance de Quintus : une amitié profonde avec un centurion qui
partageait beaucoup de secrets avec lui, des informations confidentielles qui n'étaient pas sensées sortir
du praetorium.
Une nuit, Maximus et Darius étaient assis dans la tente de ce dernier, passant la soirée en jouant aux dés
et en buvant du vin pendant que le centurion annonçait les dernières nouvelles.
- Nous avons été avertis que la guerre dans l'Est est finie, Maximus, et que les légions sont retournées à
Rome.
- Ce sont de bonnes nouvelles.
Maximus pensait à Lucius, comme il le faisait souvent, et se demanda comment son ami s'en était sorti.
- Ce ne sont pas tout à fait de bonnes nouvelles. Non, ce ne sont pas de bonnes nouvelles du tout.
Un plissement apparut sur le front de Maximus, faisant ressortir la peau entre ses yeux et descendre les
extrémités de ses sourcils. Ses yeux bleu-vert sérieux demandaient une réponse.
- Que veux-tu dire ?
Darius regarda le jeune homme. La séduction de Maximus était évidente, même dans la lumière diffuse de
la lampe à huile qui faisait des tâches lumineuses sur les boucles brunes qu'il chassait toujours de son
front d'un mouvement de tête ou qu'il ramenait en arrière avec ses doigts. Beaucoup de jeunes femmes
des villages voisins trouvaient le soldat vraiment très attirant et il n'avait aucun mal à passer du temps en
compagnie de femmes consentantes lorsqu'il en avait envie.
Ces cheveux devraient disparaître, pensa Darius, si ils allaient faire la guerre. Avoir les cheveux longs était
dangereux, sans parler de la difficulté à les garder propres, et la propreté était une priorité dans l'armée.
Il soupira en voyant la barbe de plusieurs jours qui couvrait la mâchoire et le cou du jeune homme. Il ne
semblait pas vraiment vouloir se laisser pousser la barbe mais n'avait pas l'air non plus de vouloir se raser
régulièrement, ce qui faisait qu'il avait toujours l'air un peu négligé - une apparence dont Darius
soupçonnait qu'elle plaisait aux femmes.
Maximus portait une armure de cuir ce soir, qui faisait ressortir ses larges épaules et ses bras musclés.
Une image qui retenait assurément l'attention.
14