L'histoire de Maximus sous format pdf - WebRing

Sentant l'angoisse de Lucilla, il changea de sujet.
- Racontez-moi ce que vous avez fait depuis que je vous ai vue en Espagne.
Lucilla soupira.
- Pas grand-chose.
Maximus s'arrêta et la regarda.
- Pas grand chose ?
(1) Adjoint du centurion (équivalent d'adjudant)
(2) Transmet aux soldats le mot d'ordre du général
(3) Soldat attaché à un centurion (ordonnance)
- Je suppose que vous pensez que je mène une vie excitante et prestigieuse.
Elle rit sèchement à l'acquiescement de son compagnon.
- C'est tout le contraire. Je suis beaucoup plus protégée que la plupart des femmes de mon âge. Je
m'ennuie à mourir. Venir ici est la première aventure qui m'arrive depuis mon voyage en Espagne.
- Vous rencontrez sûrement beaucoup de gens ?
- Des politiciens assez vieux pour être mon père.
Maximus détecta une note d'amertume dans sa voix.
- Et leurs ennuyeuses familles. Les gens vraiment intéressants sont dans les rues de Rome et je n'ai pas
le droit de me mêler à eux. C'est peut être pour cela que je vous apprécie autant.
Sa voix était presque timide, à présent.
- Vous êtes si réel. Vous avez eu une vraie famille. Vous avez de vrais amis qui vous aiment pour ce que
vous êtes et non pour ce que vous représentez. De bien des façons, vous connaissez bien plus de choses
que moi sur la vie, Maximus.
Une plainte venant de derrière les fit s'arrêter et ils se retournèrent d'un bloc pour voir le chien qui s'assit
immédiatement sur son arrière-train. Maximus s'accroupit et le caressa doucement.
- Je ne m'étais pas rendu compte que nous étions allés si loin. C'est beaucoup trop pour lui, à présent.
Il leva les yeux vers Lucilla.
- Cela vous dérangerait-il si nous nous asseyons quelques instants ?
- Pas du tout. Où ?
Il se releva et désigna l'arrière d'une rangée de tentes à sa droite.
- Il y a des souches sur les côtés des intervalles.
- Je vous suis.
Maximus se dirigea entre deux tentes, suivi de près par Lucilla mais ils furent arrêtés à nouveau par un
aboiement frénétique. Hercule ne voulait pas bouger, mais il ne voulait pas non plus que ses compagnons
s'en aillent. Lucilla éclata de rire lorsque Maximus lui ordonna de se taire sans aucun résultat.
- Chien borné, grogna le soldat.
- Il a l'air d'avoir mal, Maximus. Pourquoi ne le portez-vous pas ?
Lucilla plaisantait mais Maximus releva le chien, mit rapidement un genoux à terre, glissa sa tête sous le
ventre de l'animal et hissa un Hercule abasourdi sur ses larges épaules, avec les pattes du chien dans
chacune de ses mains sur sa poitrine.
Ravie, Lucilla se mit à applaudir, tout comme les hommes qui pouvaient apercevoir le séduisant jeune
couple.
Maximus inclina la tête avec un air faussement sérieux puis se dirigea ver la grande zone dégagée au
milieu des tentes, Hercule sur ses épaules ayant l'air d'une cape de fourrure épaisse avec la queue
frétillante. Il déposa le chien sur le sol à côté d'une souche puis offrit le siège à Lucilla avant de s'asseoir
dans l'herbe à ses pieds.
- Au moins, il ne chassera pas les moutons, dit Maximus en désignant les animaux qui raccourcissaient
l'herbe en la broutant.
- Est-ce là que la bataille va se dérouler ?
- Oui, juste ici.
- Mon frère va adorer. Il aime tout ce qui se termine par une blessure ou la mort. Je ne sais pas pourquoi,
mais ça l'excite. Il voudra sûrement participer. Il se considère comme un vrai combattant, vous savez.
- Il est vraiment très jeune pour cela.
- Oui, mais il voit cela tout le temps. Ma mère l'emmène voir les jeux du cirque et ils passent toute la
journée à s'amuser en regardant des gens mourir. Puis ma mère...
- Oui ?
Lucilla secoua la tête.
- Rien.
Elle regarda les hautes branches des grands arbres par-dessus l'enceinte du camp.
- Qu'y a t-il au dehors ?
- Dans cette direction, le Danube. C'est très large, très profond et très froid.
- J'aimerais le voir.
- Je doute qu'on me permette de vous emmener là-bas. L'ennemi est juste sur l'autre rive du fleuve.
Parfois, on peut les entendre la nuit se crier des ordres.
- Maximus, je veux vraiment y aller.
- Peut être, si un contingent de prétoriens nous y accompagne.
- Non. Juste vous et moi.
- C'est impossible, Lucilla.
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